Besson, Kouchner... L’ère du soupçon

jeudi 17 mai 2007.
 

Ce matin j’étais à l’Elysée pour la cérémonie d’installation du nouveau président de la république. En effet tout le bureau du sénat est présent pour représenter notre assemblée. Je suis membre du bureau du Sénat. Comme il règne une ambiance horrible depuis l’annonce des débauchages et des retournements de veste, j’ai passé le début d’après midi à répondre aux vannes, aux gens qui se posent des questions sans écouter les réponses et ainsi de suite.

Bref, je suis à cran. Mais je comprends bien d’où vient ce soupçon généralisé, sérieux ou rigolard. Je mesure quel venin est à présent instillé ! Aux yeux de beaucoup dorénavant, un socialiste quoiqu’il ait dit auparavant est désormais susceptible de retourner sa veste « pour avoir un bon poste ». Je crains que cela nous coûte cher aux législatives. Cette fois ci la blessure est profonde. Elle discrédite toute parole avant même qu’elle soit prononcée en discréditant par avance celui qui parle : « demain il dira le contraire pour un bon poste ! ».

Sarkozy marque un point. Pourvu que ce ne soit pas un point d’intention de vote. Ensuite il impose le thème de « l’ouverture » qui a pour but d’assécher d’un coup la diabolisation de Sarkozy que certains ont cru malin d’instrumentaliser pour faire campagne. Encore un point d’appui de moins. La manœuvre est grosse bien sur. Mais elle est efficace.

Quant à ceux qui entrent au gouvernement il est évident que ce sont des alibis conscients du mal qu’ils font. Nous avons non seulement le droit de les mépriser mais c’est même un devoir moral. De toutes les sottises entendues à ce sujet en voici une particulièrement lourde : tel important qui serait débauché par Sarkozy « méritait d’être à ce poste » alors que les socialistes l’ont « toujours maltraité ».

Je ne vous fais pas l’injure de démonter cet argument qui en dit long sur la vision de la politique réduite au plan de carrière de ceux qui osent le présenter. Mais le codicille est vite amené : quiconque flétri ces comportements serait un sectaire ! C’est le moment de rappeler qu’en démocratie il est nécessaire que des opinions contraires s’expriment pour qu’il y ait débat et que le peuple souverain tranche par son vote. Après quoi le devoir démocratique c’est de reconnaître cette décision, c’est-à-dire de l’accepter pour soi-même.

Il y a une majorité et une opposition. Chacune sert le pays à sa manière. Si passer de l’opposition à la majorité est noble et rester opposant une forme de sectarisme alors c’est qu’on n’admet pas qu’il y ait une opposition. Un sage ami africain m’a dit « le plus dur en démocratie ce n’est pas d’accepter d’avoir gagné c’est d’accepter d’avoir perdu ». Celui qui n’est pas prêt à accepter d’avoir perdu ne peut pas comprendre pourquoi il est important de gagner.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message