Parcoursup : Super parcours contre les lycéens

mardi 6 février 2018.
 

3) La modeste mobilisation étudiante du 1er février appelle à devenir grande le 6 février

Source : https://rapportsdeforce.fr/classes-...

Plus de 10 000 étudiants et lycéens ont manifesté jeudi 1er février dans une petite vingtaine de villes. À l’appel de nombreux syndicats d’étudiants, de lycéens et d’enseignant, ils ont dénoncé la mise en place d’une sélection à l’entrée de l’université. Une nouvelle journée de grève est prévue la semaine prochaine.

« Nous sortons juste des partiels. Le temps de mobilisation a été très court, et le travail militant a été accaparé depuis plus d’un mois par une occupation de l’université pour héberger des mineurs isolés », explique un militant nantais de Solidaires étudiant. Loin d’être déçu par le faible nombre de manifestants dans sa ville, il met en avant une diversité de niveau de sensibilisation d’une université à l’autre. Tout en pronostiquant une mobilisation en construction, amenée à grandir.

À Nantes, 250 étudiants et lycéens se sont regroupés avant d’être immobilisés par les forces de l’ordre et empêchés de se rendre jusqu’au rectorat. L’université voisine de Rennes 2, plus avancée dans la construction du mouvement, a été bloquée au petit matin. Une décision prise la veille en assemblée générale. Mais dans la rue, la manifestation n’a pas dépassé les 300 personnes. Par contre à Toulouse, un millier d’étudiants ont défilé dans le centre-ville. Comme à Rennes, la fac du Mirail a voté le blocage de l’université pour la journée du 1er février. À Marseille et à Clermont-Ferrand, quelque 500 jeunes ont répondu à l’appel. À Lyon, Lille et Montpellier, ils étaient autour de 300. Plus fourni, le défilé parisien a réuni 10 000 personnes selon le syndicat enseignant FSU. Des manifestations ont touché d’autres villes universitaires comme Caen, Bordeaux ou Strasbourg.

Partout, étudiants, lycéens et enseignants ont demandé le retrait du Plan étudiant, de la réforme du baccalauréat et de la plateforme Parcoursup gérant les inscriptions à l’université. Ils ont dénoncé la mise en place d’une sélection déguisée. Les syndicats étudiants accusent le gouvernement de casser un verrou : celui de l’accès à l’université, dans la filière de son choix, pour tous les bacheliers. Ils voient poindre un tri social à l’entrée des études supérieures, la mise en place d’une université à deux vitesses, et demain une augmentation importante des frais d’inscriptions. Avec pour conséquence, de pousser les étudiants et leur famille vers des prêts étudiants comme aux États-Unis ou en Angleterre.

Nouvelle mobilisation le 6 février

La journée du 1er février a été marquée par quelques blocages. Outre les facs de Rennes et de Toulouse, des étudiants ont barré l’entrée de l’université de Jussieu à Paris. Des lycées ont connu le même sort à Paris, Marseille, Lyon et dans plusieurs autres localités. Cependant, le rectorat de Paris a annoncé des perturbations limitées à seulement une dizaine d’établissements de la capitale. Malgré un nombre de blocages assez réduit, quelques assemblées générales ont fait le plein d’étudiants comme à Tolbiac, Jussieu ou Villetaneuse, pour la région parisienne. Et évidemment Toulouse qui fait un peu office de locomotive du mouvement.

La mobilisation étudiante ne prend pas fin avec cette première journée nationale. Malgré une mobilisation encore assez faible, les organisations syndicales de l’université ont d’ores et déjà proposé une nouvelle date le 6 février. Elles rejoignent un appel à la grève lancé seul par le Snes-FSU pour les enseignants du second degré et font le pari que le mouvement va se développer.

2 février 2018 Stéphane Ortega

2) Avec Parcoursup, les boîtes privées se frottent déjà les mains…

La réforme de l’entrée en fac, qui impose des compétences minimales, va faire le bonheur des officines privées de certification et de coaching scolaire. Telle Cambridge Assessment pour la maîtrise de l’anglais.

Le marché du soutien scolaire remercie déjà Macron. Le 3 janvier, Cambridge Assessment English a été le premier à publier un communiqué pour saluer la réforme de l’orientation du gouvernement et se rappeler au bon souvenir des lycéens et de leurs parents… On comprend la joie du groupe britannique qui fait de la certification d’anglais dans une vingtaine de pays. Désormais, chaque filière universitaire doit, en effet, préciser sur la nouvelle plateforme Parcoursup les «  attendus  » – compétences – que doivent posséder les bacheliers qui veulent s’y inscrire. Or, parmi ces critères qui permettront aux facs de trier les bons et mauvais «  profils  », l’un revient avec insistance  : la maîtrise d’une langue vivante, et notamment l’anglais.

Dans la plupart des licences de droit, d’économie, de sciences humaines, de maths, d’informatique ou encore la première année de médecine, le niveau B1 (niveau classe de terminale) est clairement exigé. Logique, après tout, pour des bacheliers. Oui, sauf que les universités, au-delà des avis des conseils de classe de terminale auxquels ils auront accès, vont chercher des critères «  objectifs  » pour départager les lycéens en concurrence. Et à ce petit jeu, ceux qui auront les moyens de certifier leur niveau via un organisme privé et de le signaler dans leur lettre de motivation – désormais obligatoire – auront une longueur d’avance.

«  Avec leur certificat d’anglais en poche, B1 ou B2, voire C1, les candidats aux licences “en tension” vont pouvoir sortir du lot et montrer leur motivation et leur excellence académique  », claironne ainsi Cambridge. Qui promet de tout faire «  pour permettre au maximum de lycéens de passer une certification avant la clôture de Parcoursup dans l’un de nos 60 centres d’examen en France  ». À des prix compris entre 150 et 200 euros la certification, ils ont effectivement un joli pactole à se faire. De leur côté, les lycéens peuvent préparer le chéquier s’ils veulent «  prouver  » leur potentiel face à leurs camarades, ou plutôt leurs concurrents.

L’ambition de Cambridge Assessment English va même au-delà. L’organisme connaît bien l’éducation nationale. Via un partenariat signé depuis 2008, il assure chaque année la certification de quelque 43 000 élèves de seconde en section européenne. Avec l’irruption de la sélection en fac, le groupe privé revoit ses ambitions à la hausse. «  Nous voudrions élargir nos partenariats avec l’éducation nationale au-delà de ces classes européennes, expliquait récemment Cécile Loyer, la responsable communication du groupe en France et en Europe. À long terme, notre objectif est aussi d’aider à la certification du baccalauréat.  » Rien que ça  ! Et les choses ont l’air de bien avancer. «  Nous sommes en contact avec le ministère pour que le bac certifie le niveau d’anglais conformément au cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) sur lesquelles Cambridge s’appuie déjà.  » En clair  : privatiser et marchandiser des services éducatifs, Cambridge Assessment n’est pas contre. Et Jean-Michel Blanquer  ?

L’anglais n’est évidemment qu’un exemple. Le système de sélection sur la base d’«  attendus  » fait saliver toutes les officines privées de soutien scolaire, dont le chiffre d’affaires annuel, en plein boom, dépasse déjà les 2,5 milliards d’euros. «  Plus la formation s’individualise, plus les vendeurs de coaching prospèrent, relève Marine Roussillon, animatrice du réseau école du PCF. Gageons que nombre d’entre eux se bousculeront pour assurer en quelques semaines la remise à niveau exigée pour la spécialité choisie et délivrer des certifications maison…  »

Laurent Mouloud Chef de la rubrique société, L’Humanité


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