Affaire Clearstream : la nécessaire démission du gouvernement Villepin Sarkozy

samedi 29 avril 2006.
 

Que savons-nous aujourd’hui sur cette trouble affaire Clearstream ? En 2004, un anonyme envoie au juge Van Ruymbeke un listing de transferts de fonds (millions de dollars) et de numéros de compte chez Clearstream, holding financière basée au Luxembourg, déjà soupçonnée de couvrir des opérations financières douteuses. Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss Kahn, Alain Madelin et Jean Pierre Chevènement cités sur ce listing, se portent partie civile ; les juges D’Huy et Pons sont chargés de l’enquête. En 2005, le juge Van Ruymbeke démontre que ce listing est un faux. En 2006, la justice perquisitionne chez EADS ( entreprise dont un dirigeant est proche de Dominique de Villepin), au ministère de la défense, chez le général Rondot (conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales au ministère de la défense)...

Fin avril 2006 : le scandale explose. La presse présente l’affaire comme étant le résultat d’une manipulation de Dominique de Villepin pour casser Nicolas Sarkozy. La perquisition chez le général rondot apporte aux juges des éléments précis car celui-ci notait méticuleusement ses rendez-vous et leur contenu sur de petits carnets ; devant les juges, il confirme que dominique de Villepin lui a demandé d’enquêter sur Nicolas Sarkozy. Ledit Villepin s’emmêle dans ses explications, justifications, dates de rencontres et contenu de ses rencontres. Quant à Nicolas Sarkozy, il est à présent soupçonné d’avoir plus intelligemment manipulé que les autres.

Après sa tentative de passage en force sur un CPE, profondément contradictoire avec le droit du travail et la tradition républicaine de notre pays, après son intransigeance et sa déculottée, le gouvernement Villepin Sarkozy est incapable de faire valoir l’intérêt général ; sa démission est donc à l’ordre du jour.

Dans une telle situation, nous ne pouvons que soutenir le communiqué publié hier par Henri Emmanuelli : "La situation ne peut rester en l’état. Le crédit de la France est gravement atteint. A ce stade, le gouvernement ne dispose plus de la crédibilité minimum nécessaire à l’exercice de la fonction exécutive, qui inclut la direction des services de l’Etat.

Or, à l’évidence, des services de l’Etat ont été utilisés à des fins plus que douteuses. La justice elle-même est le théâtre d’une polémique entre juges du siège et juges du parquet.

Entre ceux qui savaient et manipulaient et ceux qui prétendent chercher la vérité alors qu’ils la connaissent, la coupe est pleine.

Mensonges et omissions, manipulations et contre-manipulations, dévoiement des services sont les effets d’une lutte fratricide au sein de la majorité, qui échappe à ses propres acteurs pour éclabousser désormais l’ensemble de l’appareil de l’Etat.

Il appartient au Président de la République d’agir très rapidement pour permettre à la France de sortir de cette situation inacceptable en nommant un nouveau gouvernement".

Pourquoi cette affaire est-elle si compliquée et politiquement si importante ? Vu l’araignée financière transnationale que représente Clearstream, toute enquête la concernant touche à la fois au coeur du capitalisme financier transnational, à des opérations financières passées (frégates taïwanaises), aux liens entre capitalisme et hommes politiques, enfin au coeur des contradictions du gouvernement Villepin Sarkozy. Cela fait beaucoup.

L’analyste politique Dominique Reynié a bien résumé la situation actuelle de la droite française : "La droite était divisée sur le CPE, elle est en concurrence interne pour la présidentielle et a désormais sur les bras une affaire aux relents barbouzes... cela risque de faire beaucoup pour l’électorat qui est tenté de dire, maintenant ça suffit, c’est le tour de la gauche".

Pour François Hollande, c’est "tout le système du président Jacques Chirac qui se délite" ; "Jacques Chirac ne peut laisser l’Etat dans cet état" ; "ne rien dire, ne rien faire serait la pire des attitudes" ; "c’est son règne qui finit dans l’agonie, c’est à lui d’en écrire la dernière page" ; un président de la République "ne peut pas laisser la France ainsi avec un Etat discrédité, une majorité divisée, un Premier ministre sans la moindre autorité et un ministre de l’Intérieur dont on ne sait s’il est le manipulé ou le manipulateur". Faisant allusion à cette affaire, Ségolène Royal a affirmé hier à Courières que "le respect, les traditions, l’imagination, la générosité, les valeurs humaines, c’est ça le sens de l’action politique".

Vu l’écho public de cette affaire, les magistrats du pôle financier du parquet de Paris ont la lourde responsabilité de l’éclaircir, quitte à auditionner Dominique de Villepin.


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