Italie naisance du mouvement « Potere al popolo », cousin de La France Insoumise (4 articles)

vendredi 20 juillet 2018.
 

- D) Potere Al Popolo (par Ensemble)

- C) Manifeste pour une liste populaire aux prochaines élections

- B) Après la 2ème assemblée nationale (Sinistra Anticapitalista)

- A) En Italie aussi (Jean-Luc Mélenchon)

C) Potere Al Popolo (par Ensemble)

https://www.ensemble-fdg.org/conten...

Point culminant d’une initiative lancée cet automne, la première Assemblée Nationale de la liste « Potere al Popolo » s’est tenue à Rome le dimanche 17 décembre. Plus de 1000 personnes issues de collectifs militants, centres sociaux, associations, mouvements écologiques, syndicats et partis politiques, se sont réunies pour adopter le principe d’une liste unique de la gauche antilibérale et anticapitaliste aux prochaines élections législatives du printemps 2018, après plus de 80 réunions préparatoires au niveau local.

Le projet « Potere Al Popolo » est né d’un collectif militant napolitain, Je so Pazzo, (je suis cinglé), qui a transformé un hôpital psychiatrique désaffecté en centre social et espace de mobilisation. Ce projet vient après de nombreuses expériences, ces derniers mois, de constituer un « nouveau sujet politique » à la gauche du Parti Démocrate. Plusieurs tentatives ont eu lieu « par le haut » autour de la structure « Sinistra Italiana », principalement animée par les élus de Socialisme Ecologie et Liberté et des dissidents du Parti Démocrate, sous l’œil intéressé et critique de Rifondazione Comunista. Aujourd’hui, cette expérience se limite, pour l’essentiel à un groupe parlementaire. Pour dépasser les limites de cette première tentative, les animateurs de la campagne du Non au référendum constitutionnel ont lancé au printemps un processus constituant pour une liste de gauche, hors Parti Démocrate et refusant toute insertion dans un projet de recomposition d’un soi-disant « centre-gauche ». C’est ce que l’on a appelé le processus « Brancaccio » du nom du théâtre où s’est déroulée la première assemblée du projet.

Mais cette initiative, après quelques premiers succès, s’est embourbée dans des batailles d’appareils impulsées par les scissionnistes de gauche du Parti Démocrate, ex PCI, comme M. D’Alema et P. Bersani, qui ont décidé de créer leur propre parti, le MDP, mouvement démocratique et progressiste. Les débats complexes qui en ont découlé, les confusions entretenues dans les rapports avec les composantes politiques de « centre-gauche » ont abouti, ces dernières semaines, à la constitution d’une liste pour les élections,Liberi E Uguali (libres et égaux), présidée par Pietro Grasso, ancien président du Sénat. Liste attrape-tout, peu claire sur les questions européennes et sur les alliances politiques.

C’est dans cette situation que les forces radicales impliquées dans le processus Brancaccio ont répondu à l’appel du collectif napolitain « Je So Pazzo »et se sont engagées à soutenir le défi lancé depuis la base. Au-delà des collectifs locaux, des forces politiques comme Rifondazione, le « nouveau » PCI, Sinistra Anticapitalista et d’autres groupes autour de revues comme Contropiano, ont participé à l’Assemblée du 17 décembre à Rome. Assemblée à laquelle participait également l’ambassadrice de Palestine en Italie et des délégations de la France Insoumise et de Unidos Podemos.

En affirmant : « nous ne sommes pas la troisième liste de gauche, mais la seule », l’Assemblée a adopté le manifeste ci-dessous.

On pourra également lire (en anglais et en français) sur le site de Potere Al Popolo, un texte qui décrit les débuts de cette initiative innovante dans la reconstruction d’une gauche anticapitaliste en Italie.

https://poterealpopolo.org/a-new-gr....

Mathieu Dargel

B) Manifeste pour une liste populaire aux prochaines élections

Nous avons trop attendu…. Maintenant nous nous portons candidats !

Nous sommes les jeunes qui travaillons au noir, les précaires à 800 euros par mois et qui en ont besoin, qui souvent émigrent pour trouver mieux. Nous sommes les travailleu(r)ses soumis chaque jour et des chantages plus lourds et offensants pour notre dignité. Nous chômeuses, en chômage partiel ou en pré-retraite. Nous sommes les retraités qui vivent de peu, même s’ils ont peiné toute leur vie et qui maintenant ne voient plus d’avenir pour leurs enfants. Nous sommes les femmes qui lutent contre la violence masculine, le patriarcat, les disparités de salaire pour un travail égal. Nous sommes les personnes LGBT discriminées sur le lieu de travail et par les institutions. Nous sommes les banlieusards, habitants des zones périphériques, qui se battent avec des transports publics inefficaces et l’absence de services. Les malades qui attendent des mois pour une visite dans le service public de la santé, parce qu’ils ne peuvent se permettre la santé privée. Les étudiants des écoles fracassées à qui ce pays refuse tout futur. Nous sommes les travailleuses et travailleurs qui produisent la richesse de ce pays.

Mais nous sommes aussi ceux qui ne cèdent pas au désespoir et à la résignation, qui ne supportent pas de vivre dans une Italie toujours plus aigrie, triste, appauvrie et injuste. Tous les jours nous nous engageons, nous nous organisons en comités, associations, centres sociaux, partis et syndicats, dans les quartiers, dans les rues ou sur les lieux de travail, pour nous opposer à l’inhumanité de notre temps, au cynisme du profit et de la rente, aux discriminations de tous types, à la perte de la démocratie.

Nous croyons en la justice sociale et à l’autodétermination des femmes, des hommes, des peuples.

Tous les jours, nous pratiquons la solidarité et le mutualisme, le contrôle populaire sur les institutions qui ne s’occupent pas de nos intérêts. Ces dernières années, nous avons lutté contre les licenciements, le Jobs Act, la réforme Fornero et la réforme de l’école et de l’Université ; contre les privatisations et les coupes dans la Santé et les services publics ; pour la défense des biens communs, du patrimoine public et de l’environnement, contre les poisons, les spéculations, les mafias et la corruption, pour les droits civils ; contre les politiques économiques et sociales antipopulaires de l’Union Européenne ; contre le renversement de la Constitution née de la Résistance et pour son actualisation. Pour un monde de paix, dans lequel les ressources disponibles sont destinées aux besoins sociaux et non aux dépenses militaires. Et chaque jour nous nous engageons à construire une sociabilité, une culture et des services accessibles à toutes et tous.

Nous avons décidé de nous présenter aux élections politiques de 2018. Toutes et tous ensemble.

Parce que cette partie du pays, exclue, est désormais la majorité et doit être entendue. Parce que si personne ne nous représente, si personne ne soutient jusqu’au bout nos combats, alors nous devons le faire nous-mêmes. Parce que nous sommes fatigués d’attendre que quelqu’un vienne nous sauver…

Nous avons décidé de nous présenter pour créer un front contre la barbarie, qui a aujourd’hui mille visages : le chômage, le travail qui exploite et humilie, les guerres, les migrants abandonnés à la noyade en mer, la violence masculine envers les femmes, un modèle de développement qui détruit l’environnement, les nouveaux fascismes et racismes, la rhétorique de la sécurité qui devient répression.

Nous avons décidé de nous présenter en faisant tout à l’inverse

En partant du bas, d’un réseau d’assemblées territoriales où nous pouvons nous rencontrer, nous connaître, nous unir, définir les objectifs d’un programme partagé. Nous voulons choisir ensemble des personnes dignes, déterminées, qui soient en mesure de faire entendre la voix de la protestation, qui ont une histoire de lutte et d’engagement crédible et qui rompent l’entrelacs des affaires, de la criminalité, des clientèles, des privilèges et de la corruption.

Le Pouvoir au Peuple, cela signifie construire une démocratie réelle

Au travers des pratiques quotidiennes, les expériences d’auto-gouvernement, la socialisation des savoirs, la participation populaire. Pour nous les prochaines élections ne sont pas une fin, mais bien un moyen pour sortir de l’isolement et de la fragmentation, un instrument pour faire entendre la voix de ceux qui résistent et pour donner naissance à un mouvement qui mette réellement nos besoins au centre.

Un mouvement de travailleuses et de travailleurs, de jeunes, de chômeurs et de retraités, de compétences mises au service de la communauté, de personnes engagées en associations , comités territoriaux, expériences civiques, d’activistes et de militants, qui implique les partis, les réseaux, les associations de la gauche sociale et politique, antilibérale et anticapitaliste, communiste, socialiste, environnementaliste, féministe, laïque, pacifiste, libertaire, « méridionaliste », qui se sont opposées toutes ces années et ne se sont jamais rendues.

La télévision qualifie de « gauche » un catégorie politique qui a mené des politiques antipopulaires indiscernables de celles de la droite. Nous voulons unir la gauche réelle, celle qui est invisible dans les media, qui vit dans les conflits sociaux, dans la résistance sur les lieux de travail, dans les luttes, dans les mouvements contre le racisme, pour la démocratie, pour les biens communs, la justice sociale, la solidarité et la paix.

Nous affronterons cette campagne électorale dans la joie, l’humanité et l’enthousiasme. Avec l a volonté de faire irruption sur la scène politique en retournant les thèmes de la campagne électorale. Nous n’avons pas peur d’échouer, car nous continuerons à faire, avant, pendant et après la campagne électorale, ce que nous avons toujours fait être actifs sur nos territoires. Parce chaque relation construite, chaque affrontement qui aura acquis visibilité et consensus, chaque personne arrachée à l’apathie et à la résignation seront pour nous déjà une victoire. Nous ne construisons pas simplement une liste, mais un mouvement populaire qui travaille pour une alternative de société, bien au-delà des élections.

Ensemble, nous pouvons remettre le pouvoir aux mains du peuple, nous pouvons commencer à décider de nos vies et de nos communautés. Qui accepte le défi ?

B) Italie : Après la seconde assemblée nationale de « Potere al popolo » par Sinistra Anticapitalista

http://www.europe-solidaire.org/spi...

Un article sur la réunion nationale du 17 décembre 2017, à Rome, en vue de présenter une liste pour les élections législatives du printemps 2018. On peut lire en ligne le manifeste de « Popolo al potere ».

Potere al popolo : il y avait encore plus de monde, cette fois. Plus que les 800 qui étaient venus au Théâtre Italia il y a vingt-neuf jours. Plus de mille, cette fois, qui remplissaient L’ambra Jovinelli après avoir tenu environ quatre-vingts assemblées locales dont les images, agrandies, défilaient sur un écran géant, derrière la tribune. Sur les gradins, on pouvait aussi voir les banderoles en plusieurs langues de la manifestation de la veille.

Potere al popolo est devenu, entre temps, le nom de la liste. Il y a un logo, maintenant, essentiel, avec ses demi-lunes rouges et cette étoile de guingois et rouge comme si elle avait été dessinée sur un mur, très vite, pendant une journée de lutte. Le Programme et l’affiche circulent déjà sur le Net. Le programme est crédible, radical, radicalement réformiste mais il réussit à remettre en tête des mots qui semblaient désuets et qui ont été prononcés par de nombreux orateurs : révolution, passion et même peuple dans son acception de monde des humbles, des exclus, des exploités, sans l’ambiguïté du grillisme ni de toutes les sortes de populismes. Pour les candidats, cela sera dit à la fin, c’est au niveau local que seront composées les listes avant le rush final de la recherche des signatures. En attendant, y compris pour briser la conjuration du silence de la presse bien pensante, la liste fera déjà une apparition le 26 décembre : une distribution de tracts devant les centres commerciaux ouverts.

L’assemblée de Rome visait à donner de l’élan aux militants et activistes venus d’un peu partout, beaucoup d’entre eux étant restés en ville après la manifestation Diritti per tutti (des droits pour tous). Et c’est ce qui s’est passé. Il fallait officialiser les résultats d’un travail de constitution et de socialisation qui, en quatre semaines, a changé le paysage à gauche après l’euthanasie du parcours, par ailleurs peu exaltant et ambigu, depuis le début, du Brancaccio, pour que puisse naître la liste Grasso « gonflée » par Repubblica et manifesto, comme un soi-disant antidote au Pd.

En examinant attentivement ce théâtre on s’aperçoit « qu’il y a de la méthode dans cette folie », pour reprendre les paroles d’Eleanora Forenza, l’eurodéputée Prc/ Altra Europa. Il s’agit en somme d’une cérémonie dont l’importance est le passage de témoin par des générations d’une gauche qui a connu des victoires et des défaites, aux nouvelles générations. C’est Haidi Giuliani, la maman de Carlo mais aussi une ex-députée du Prc au temps du second Prodi, qui a ouvert la réunion, suivie par l’adhésion passionnée de Nicoletta Dosio, représentante historique du mouvement No Tav qui intervient après les saluts des invités internationaux (Moreneo, de Podemos, Amard, de France Insoumise et Maite Mola de Izquierda Unida). « Cela ne ressemble pas vraiment à une assemblée électorale », observe la professeure de grec à la retraite venue de la Valle qui continue à résister. De nombreuses voix, avant et après, expliqueront que cette histoire ne s’achèvera pas avec les élections, que ce qui fait irruption sera de longue durée de façon à ne pas laisser la gauche entre les mains des auteurs du massacre social des ces vingt dernières années et à rompre avec la période du néolibéralisme qui « a enseigné au peuple à se détester lui-même » : Giorgio Cremaschi, d’Eurostop, Mauricio Acerbo, secrétaire du Prc, l’homologue du Pci, Mauricio Alboresi, Franco Turigliatto de Sinistra Anticapitalista.

« Nous sommes en train de faire ce qui est juste – a dit Turigliatto – c’était nécessaire du point de vue social et du point de vue politique : il aurait été dramatique que la supposée reconstruction de la gauche vienne de personnages comme D’Alema et Bersani qui sont précisément notre problème. Ce sont ceux qui ont créé les conditions de la défaite du mouvement des travailleurs et qui l’ont accompagnée, ceux qui ont imposé le jobs act, aboli l’article 18. La manifestation d’hier a démontré que l’on peut reconstruire l’unité des exploités et de ce qui est le nouveau prolétariat migrant. L’enjeu est l’unité au-delà des frontières. L’enjeu est de dire ça suffit avec les délégations, seules les luttes des classes subalternes peuvent obtenir des résultats. Nous voulons construire un nouveau mouvement de masse qui soit l’acteur du changement. La construction de l’unité est aussi la construction de l’unité entre les générations. Le problème c’est que c’est la mise en valeur du capital qui domine et qu’il ne faut attendre aucun nouvel âge d’or ; nous devons réactiver la « vieille » lutte de classe parce que nos vies doivent valoir mieux que leurs profits. »

A la tribune, encore une fois, deux femmes de je so’pazz, le centre social napolitain qu’a occupé l’ex-Opg et qui, après l’euthanasie du Brancaccio, a rempli et élargi l’espace que le Mdp, Si e Possibile auraient voulu occuper entièrement et réduire au silence.

Alternent au micro, à égale dignité, les voix des luttes, les témoignages des regroupements locaux – de Lampedusa à la Vallée de Suza, de la Thyssenkrupp à Almaviva - et les visages les plus connus des organisations politiques. On entendra l’écrivain Christian Raimo, qui mène une enquête sur les étudiants et la politique et le parterre sera enflammé par Francesca Fornario, auteure satirique populaire qui, désormais, fréquente régulièrement Potere al Popolo. Elle connaît beaucoup de femmes qui « ont été amoureuses de Giovanni mais qui, ensuite, ont épousé Giovanni ». Maintenant, le temps est venu de ne pas épouser Giovanni, d’être « là où le cœur bat ».

« Nous avons tous ensemble accepté le défi – commente pour finir je so’ pazzo – et nous le relèverons ensemble, jusqu’au bout. Parce que même s’il est vrai que nous n’avons pas d’argent et que nous n’avons pas de noms célèbres, que, pour le moment, on ne parle pas de nous dans les journaux et que la télévision nous ignore, nous avons quelque chose d’unique. Nous avons la certitude de pouvoir compter sur chacun de nous, parce que nous ne remplissons pas les théâtres, les cercles et les rues avec des bus payés d’avance et des personnages connus. Chacun de nous, et déjà nous sommes des milliers, est libre de tout intérêt et de toute peur. Nous affronterons cette bataille avec les armes qui sont les nôtres et que nos ennemis ne peuvent pas neutraliser. Maison par maison, université par université, sur les lieux de travail, dans les luttes et dans toutes les provinces nous continuerons à porter les idées pour lesquelles nous nous battons. Et elles sont simples, au-delà des termes techniques des programmes sans fin, et ce sont celles qui nous unissent tous : travailler sans être exploités, ne pas être obligés d’émigrer et vivre dans des territoires qui soient ni exploités ni abîmés. Parce qu’il s’agit d’une folie qui a commencé avec ces élections mais qui ne s’arrêtera pas un jour de mars avec un résultat en pourcentage ; ils comprendront vraiment que nous sommes tellement fous que nous continuerons jusqu’à la victoire ».

Sinistra Anticapitalista

A) En Italie aussi (Jean-Luc Mélenchon)

https://melenchon.fr/2017/12/18/en-...

Après la réunion de fondation du mouvement de Zoe Konstantoupoulou à Athènes, c’est la deuxième fois que nous participons à l’émergence d’une force politique nouvelle cousine de notre mouvement « La France insoumise » devenue une des références les plus importantes des mouvements de cette nature dans toute l’Europe.

Tandis que je me trouvais à Barcelone, Gabriel Amard me représentait à un évènement italien que je ne pouvais suivre moi-même. Gabriel est un des dirigeants du combat pour le droit à l’eau en France. Mais il est aussi un des animateurs de « La France insoumise » avec lequel je milite depuis qu’il avait dix-neuf ans, il y a trente ans. Dans la présidentielle de 2012, il dirigeait les « évènements » c’est-à-dire la mise en place de tous les temps forts de masse de cette campagne, marches, meetings et ainsi de suite. Ensuite, en 2017, il assumait le poste stratégique de la collecte des signatures de parrainage que nous menions seuls contre tous. Je donne toutes ces précisions pour que mes lecteurs sachent que c’est un observateur particulièrement aigü qui était nos yeux et nos oreilles dans l’événement italien.

Après la réunion de fondation du mouvement de Zoe Konstantoupoulou à Athènes, c’est la deuxième fois que nous participons à l’émergence d’une force politique nouvelle cousine de notre mouvement « La France insoumise » devenue une des références les plus importantes des mouvements de cette nature dans toute l’Europe. De plus, Gabriel parle l’Italien. De la sorte, il était donc le meilleur truchement pour moi auprès des italiens du nouveau groupe en formation. Je lui ai demandé de m’adresser un court résumé de ce qu’il a vu sur place. Il a intitulé son rapport : « Petite note de voyage en Italie à Rome à la rencontre de « Potere al popolo » ». Je la reproduis ici pour vous associer du mieux que je peux à notre aventure commune pour la construction d’une alternative populaire européenne. Une alternative indépendante, sans compromis avec les sociaux-démocrates, la droite, et les débris du vieux monde ou de l’espoir trompé et foulé au pied du genre d’Alexis Tsipras et Syriza. Voici le coup d’œil de Gabriel.

« Cela vaut le coup de faire un voyage en train de 10 heures dans chaque sens de Lons le Saunier à Rome à l’invitation des Assemblées « Potere al popolo ». En effet, les assemblées territoriales adossées à des centres sociaux donnent ici naissance à un mouvement citoyen pour » donner le pouvoir au peuple » en français. Elles traduisent une disponibilité politique de la jeunesse à s’auto-organiser et entraîner d’autres générations pour refonder quelque chose de populaire en Italie en dehors des partis politiques traditionnels »

J’ajoute au récit de Gabriel : et de la vieille gauche usée jusqu’à la corde dans les compromis pourris. Le plus puissant parti communiste d’Europe occidentale a fini sa décadence jusqu’au point d’être un « parti démocrate » où ses vieux bureaucrates grenouillent avec les survivants de la démocratie chrétienne et du parti socialiste italien. Gabriel continue :

« J’ai entendu ici nombre d’assemblées territoriales parler de solidarités concrètes et d’auto-organisation et aussi de traduction politique des luttes pour « changer le quotidien des exploités « . Je vois bien que des forces politiques ne sont pas très loin et sont disponibles pour soutenir cette démarche. J’espère qu’ils sauront se mettre à disposition sans chercher à récupérer cette énergie et cet enthousiasme naissant. Ce sont près de 90 assemblées territoriales qui se sont tenues ces dernières semaines en Italie et près de 1000 représentant-e-s qui se sont retrouvé-e-s aujourd’hui à Rome. Leur première objectif est de présenter des candidatures aux élections législatives du mois de mars prochains en Italie. Mais ils ont solennellement pris l’engagement de continuer en dehors des élections. Ces assemblées territoriales proposent au peuple d’occuper lui-même la scène politique. Très clairement un vent de dégagisme peut se lever. Il faudra sûrement que toute cette jeunesse issue des centres sociaux italiens se tiennent à distance des organisations politiques traditionnelles.

Mais je veux être fidèle à la pensée des organisateurs ou, en tous cas, de ce que j’ai compris après avoir pris le temps de poser maintes questions à Tania , Giuliano, Viola, Chiara, Eleonora, Fabio. Ce 17 décembre 2017, dans un théâtre bondé à Rome, plus de 1000 personnes, de toutes les régions d’Italie, ont écouté les propositions des assemblées territoriales, la voix des travailleurs en lutte, le récit des citoyens qui se battent pour défendre leur territoire contre des opérations de « spéculation écologiquement criminelles » qui les détruisent, les témoignages de ceux qui, sur le terrain, s’auto-organisent pour récupérer ce qui leur est nié, le droit de vivre une vie digne.

Voilà le message entendu aujourd’hui et que ces assemblées comptent porter pendant la campagne électorale et au-delà : « le monde libéral n’est pas le seul possible, aucune force naturelle ne contraint la jeunesse à émigrer et la majorité de la population à travailler pour 3 euros de l’heure, y compris le dimanche ». Dans ce monde-là, ils préviennent : » Nous n’avons plus rien à perdre ! La raison est de notre côté et nous avons le nombre, il est temps de reprendre le pouvoir, dont nous sommes les légitimes dépositaires ! » Toutes leurs interventions convergent : « Nous regardons avec solidarité ceux qui, en Europe comme dans le monde, luttent pour améliorer leur vie quotidienne. Ceux qui se sont battus, en France, contre la Loi Travail et les ordonnances, mais aussi en Grèce, en Espagne, en Catalogne, en Portugal, ceux qui se sont élevés contre la gestion libérale de la crise. C’est ensemble que nous réussirons à briser les chaînes de cette Union Européenne des traités qui répand la misère et fomente la haine et la division du Peuple. « 

Que la vibration de ces mots arrive jusqu’à vous mes chers lecteurs, dans ce temps de pause qu’il faut rendre aussi festives que possible. Nous ne sommes plus seuls. De tous côtés surgissent des énergies et des regroupement à vocation tribunicienne et populaire. Notre patient combat sans concession a augmenté la confiance en soi des insoumis de toutes les peuples. Et nous augmentons notre détermination en les voyant se lever.


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