Délire : Quand Jean-Luc Mélenchon est accusé d’antisémitisme dans L’Humanité

mardi 26 décembre 2017.
 

Dans le cadre de sa chronique tenue dans "L’Humanité", l’écrivain Jean Rouaud a publié un billet accusant sans détour Jean-Luc Mélenchon d’"antisémitisme". Ce qui a fait bondir les proches du leader des Insoumis avant que le directeur du journal communiste ne prenne la plume en personne, ce mercredi 13 décembre, afin de condamner ce propos.

Siné licencié pour antisémitisme : une ignominie à analyser (Jacques Serieys)

1) En calomniant Jean-Luc Mélenchon, Jean-Rouaud insulte tous les anti-fascistes (Benoit Schneckenburger, PG)

Pas dans l’Humanité, quand même ? Si, même dans l’Humanité, journal fondé par Jean Jaurès, on peut lire des calomnies infâmes sur Jean-Luc Mélenchon, sous la plume du pourtant d’habitude talentueux Jean Rouaud. Ce dernier a franchi un cap, il reprend à son compte les accusations d’antisémitisme proférées à gauche et à droite, hier contre le front de gauche, aujourd’hui contre les insoumis. Jean-Luc Mélenchon, les insoumis et toutes celles et ceux qui se sont reconnus dans le programme l’avenir en commun sont visés.

Calomnieux, retords sans jamais citer Jean-Luc Mélenchon, mais la ficelle est autant grosse qu’injurieuse et lâche , il n’hésite pas à nier des années de combats anti-fascistes, à insulter toutes celles et ceux qui sont fiers, dans leur chair et dans leurs idées, d’affronter l’extrême droite et de porter le triangle rouge qui le manifeste. Comment peut-il croire que ce triangle rouge servirait d’une stratégie pour faire oublier l’étoile jaune et l’extermination des juifs ? Cette calomnie, portée ailleurs par Manuel Valls ou la Fondapol de Reynier, vise également à empêcher toute critique de la politique du gouvernement israélien.

Il s’agit de terroriser toutes celles et ceux qui se contentent d’apporter un soutien à la cause du peuple palestinien. Il s’agit d’empêcher toute remarque qui viserait les prises de position du Crif, qui affiche un soutien inconditionnel à la politique menée par l’actuel gouvernement israélien. Cette manipulation apparaît non seulement délétère contre ceux qui sont ainsi injustement accusés d’antisémitisme, mais elle finit par en nier le fait même. L’antisémitisme est un crime, une forme de racisme qui disparaît quand tout propos politique anti-israélien est qualifié de tel. Que la rédaction de l’Humanité prenne ses responsabilités, elle qui a aussi souvent été accusée à tort d’antisémitisme et s’élève à son tour contre cette tribune parue dans ses colonnes.

2) Délire : Quand Jean-Luc Mélenchon est accusé d’antisémitisme dans L’Humanité

Source : https://www.marianne.net/politique/...

On savait qu’entre les communistes et le chef de file des Insoumis, l’ambiance n’était pas vraiment à la chaude camaraderie. Mais pas que l’animosité irait jusqu’à l’insulte. Pis, que Jean-Luc Mélenchon subirait un procès en antisémitisme de la part de ses ex-alliés du Front de gauche. Pourtant, dans l’édition de l’Humanité de ce mardi 12 décembre - journal fondé par Jean Jaurès en 1904 puis passé dans le giron communiste dans les années 20 -, l’écrivain Jean Rouaud n’y va pas par quatre chemins dans la chronique hebdomadaire qu’il tient depuis 2015.

Ce texte accuse sans détour Jean-Luc Mélenchon de verser dans "l’antisémitisme". Rien de moins. Selon lui, "on a beau mettre la main sur le cœur en prenant un air outragé du genre moi, jamais, c’est du poison qui se distille. Et il est faux de penser qu’il se cantonne aux divisions d’extrême droite". Sans jamais nommer l’ex-candidat à la présidentielle mais en l’affublant de sympathiques sobriquets comme "l’apprenti bolivariste" ou "le général Quinoa de l’Assemblée", Jean Rouaud estime que cet antisémitisme s’est révélé au grand jour dans une note de blog du tribun rédigée après son passage dans L’Emission politique le 30 novembre. "Parce que de rechute en rechute il n’est pas possible de faire comme s’il ne s’agissait que de dérapages isolés imputables à la fatigue, à un emballement lyrique ou à un journaliste pugnace", écrit-il.

Triangle rouge contre étoile jaune

Le 4 décembre, le député des Bouches-du-Rhône avait publié une longue, très longue analyse revenant entre autres sur son passage dans l’émission de France 2 quatre jours plus tôt. Dans ce texte d’un peu plus de 40.000 signes, on pouvait lire dans sa première version : "J’ai cru Léa Salamé de bonne foi quand elle m’a invité (…) J’ai cru à un super débat sur les deux doctrines économiques en présence et ainsi de suite. Je ne me suis pas préoccupé de ses liens familiaux, politiques et communautaires. Quand elle m’a pris à partie sur mon patrimoine de riche, moi le fils d’un postier et d’une institutrice, j’aurais pu lui en jeter de biens bonnes à la figure en matière de patrimoine et de famille".

Une attaque contre la journaliste pas plus détaillée (de quel communautarisme parle Jean-Luc Mélenchon ?), qui sera modifiée quelques heures plus tard, donnant : "Je ne me suis pas préoccupé de ses liens familiaux et communautaires politiques". Entretemps, la phrase initiale aura notamment été relevée par l’éditorialiste de France Inter Thomas : "Cette phrase n’est normalement pas du registre mélenchonien. Elle est (et je ne fais jamais ce parallèle, mais là…), elle est lepéniste (jean-mariste)".

Pour le chroniqueur de L’Huma, cet épisode n’est en fait qu’une pierre parmi tant d’autres. "Pendant la présidentielle, il n’avait pas été difficile d’interpréter en sous-texte les symboles mis en avant (…) comme le triangle rouge se substituant sur le cœur à l’étoile jaune", avance-t-il carrément. Et de se lancer dans une analyse alambiquée estimant que ce triangle rouge arboré sur le veston mélenchonien "revient, par cette substitution de signe (avec l’étoile jaune ndlr), à s’emparer de la souffrance de l’autre, à la recouvrir, et in fine à la nier". En si bon chemin, Rouaud ne s’arrête pas là puisqu’il accuse également Mélenchon de complicité avec Renaud Camus, l’écrivain d’extrême droite, chantre du "grand remplacement". "Au même moment le fanatique du grand remplacement expliquait que la Shoah (sans la nommer, ce serait la reconnaître) n’est rien en comparaison de ce génocide programmé des Blancs européens face à la déferlante de tous ceux qui ne le sont pas. Il est des voisinages qui interdisent absolument de découper comme au pochoir des cercles, communautaires ou autres, à l’intérieur de l’humaine condition", pointe l’auteur de la chronique, intitulée "La répétition".

Un proche de Mélenchon dénonce une "calomnie"

Un point de vue qui a évidemment fait bondir de sa chaise, et sur son clavier, Benoit Schneckenburger, le garde du corps philosophe du tribun de la France insoumise et secrétaire national du Parti de gauche. "Pas dans L’Humanité, quand même ? Si, même dans L’Humanité, journal fondé par Jean Jaurès, on peut lire des calomnies infâmes sur Jean-Luc Mélenchon, sous la plume du pourtant d’habitude talentueux Jean Rouaud…", commence l’enseignant et docteur en philosophie. Pointant une "calomnie" qui viserait "à empêcher toute critique de la politique du gouvernement israélien", Schneckenburger dénonce une "manipulation (qui) apparaît non seulement délétère contre ceux qui sont ainsi injustement accusés d’antisémitisme, mais elle finit par en nier le fait même. L’antisémitisme est un crime, une forme de racisme qui disparaît quand tout propos politique anti-israélien est qualifié de tel." Et demande à "la rédaction de L’Humanité" de prendre ses "responsabilités (…), elle qui a aussi souvent été accusée à tort d’antisémitisme".

Pas dans L’Humanité, quand même ? Si, même dans L’Humanité (...) on peut lire des calomnies infâmes sur Jean-Luc Mélenchon… Benoît Schneckenburger

Le patron de L’Huma voit rouge

Message entendu. Dans l’édition de ce mercredi 13 décembre, le patron du journal communiste prend la plume, une fois n’est pas coutume, en défense de Jean-Luc Mélenchon. Dans un billet publié dans les pages Débats & Controverses et intitulé "Pas ça !", Patrick Appel-Muller dénonce "un texte qui ne passe pas !". "Echappée à notre attention, la chronique de Jean Rouaud, hier, ouvre contre Jean-Luc Mélenchon – jamais nommément cité – un mauvais procès en ’antisémitisme’", affirme-t-il.Mettant en cause la thèse du chroniqueur selon laquelle le port par l’Insoumis en chef du triangle rouge aurait pour but de remplacer l’étoile jaune, "comme si les martyrs s’opposaient…", le directeur de la rédaction voit rouge lorsque "la chronique dépeint un voisinage avec Renaud Camus" : "Qui peut prétendre sérieusement que Jean-Luc Mélenchon, auteur de puissants discours sur l’horizon méditerranéen de la France, puisse avoir quoi que ce soit de commun avec l’écrivain d’extrême droite ?".

Rappelant qu’à L’Humanité " nous ne confondons pas le droit au débat d’idées (…) avec une entreprise de discrédit", le patron conclut : "’Le courage c’est de chercher la vérité et de la dire’, lançait Jaurès, le 30 juillet 1903. Cela reste notre boussole."

Ça va mieux en le disant.

Par Bruno Rieth

3) Pas ça ! Par Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité

Notre journal s’est enrichi depuis des années des contributions de chroniqueurs extérieurs qui cheminent en liberté avec nous. Ils ont noué un dialogue fécond avec nos lecteurs qui se sont souvent sentis interpellés, parfois provoqués, par ces pensées d’ailleurs. Mais là, c’est un texte qui ne passe pas !

Echappée à notre attention, la chronique de Jean Rouaud, hier, ouvre contre Jean-Luc Mélenchon – jamais nommément cité – un mauvais procès en « antisémitisme » en faisant référence à un qualificatif, rapidement corrigé par le député de la France Insoumise, lancé à une journaliste après une émission de France 2.

Le fait même que ce dernier arbore un triangle rouge au revers de la veste est interprété comme la volonté d’effacer l’étoile jaune, de faire disparaître « la « victime » modèle du peuple juif » au profit des résistants et politiques dont « aucun n’a été versé directement dans les camps d’extermination », et comme la volonté de substituer comme « seul peuple élu » les « damnés de la terre ».

Comme si les martyrs s’opposaient… Comme si évoquer le numéro 31 685 tatoué à Auschwitz-Birkenau sur le bras de Marie-Claude Vaillant-Couturier effaçait la mémoire des juifs directement dirigés des wagons vers les fours crématoires. Comme si relever le rôle joué par un officier russe dans la révolte de Sobibor niait le courage de ceux qui, dans les baraquements entretenaient le feu de la révolte contre l’horreur du Zyklon B. Comme si des juifs communistes ou résistants n’avaient pas disparu dans les chambres à gaz. Comme si la Shoah n’était pas une horreur indépassable.

Plus grave encore, la chronique dépeint un voisinage avec Renaud Camus, « fanatique du grand remplacement » expliquant « que la Shoah (sans la nommer ce serait la reconnaître) n’est rien en comparaison de ce génocide programmé des Blancs européens face à la déferlante de tous ceux qui ne le sont pas ». Qui peut prétendre sérieusement que Jean-Luc Mélenchon, auteur de puissants discours sur l’horizon méditerranéen de la France, puisse avoir quoi que ce soit de commun avec l’écrivain d’extrême-droite ?

À l’Humanité, nous ne confondons pas le droit au débat d’idées - et même à la confrontation rude des points de vue, nous la revendiquons - avec une entreprise de discrédit. « Le courage c’est de chercher la vérité et de la dire », lançait Jaurès, le 30 juillet 1903. Cela reste notre boussole.

Patrick Apel-Muller Directeur de la rédaction


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