En accusant un homme comme Gérard Filoche d’être antisémite, c’est la lutte commune contre tous les racismes qui est attaquée

lundi 18 décembre 2017.
 

par Michel Warschawski, militant pacifiste, cofondateur et président du Centre d’information alternative de Jérusalem

C’est à la fois en tant qu’ami de Gérard Filoche et comme militant juif-israélien que je m’adresse à vous aujourd’hui.

Je connais Gérard Filoche depuis plus de quarante-cinq ans et, si j’ai eu parfois des divergences politiques avec lui, j’ai une certitude. Il n’est pas et n’a jamais été raciste. Un point c’est tout.

Gérard Filoche est aujourd’hui une double victime, victime d’abord des nouvelles technologies et de la rapidité des réseaux sociaux. Les militants de notre génération en ont fait souvent l’expérience, par des réactions trop hâtives qu’il nous faut immédiatement corriger, ce qu’a évidemment fait Gérard Filoche.

Mais quand on est un militant qui dérange, on n’a pas droit a l’erreur. Et le faux pas de Gérard Filoche a fourni un prétexte à ses nombreux adversaires dans et hors du Parti Socialiste pour lancer une cabale contre lui et le délégitimer.

Gérard Filoche est aujourd’hui la victime d’une campagne qui instrumentalise la terrible accusation d’antisémitisme pour le détruire et pour faire taire ses combats.

L’accusation d’antisémitisme pour faire taire des voix qu’on ne veut pas laisser s’exprimer est d’une terrible efficacité. Demandez à Daniel Mermet ou encore à Edgar Morin comment ils ont vécu cette accusation infamante quand ils dénonçaient les crimes israéliens dans les territoires occupés au début des années 2000.

Cette instrumentalisation de l’accusation d’antisémitisme, dont Gérard Filoche est aujourd’hui la nouvelle victime, est aussi une banalisation de ce fléau. Or l’antisémitisme français est encore aujourd’hui trop réel pour qu’on se paie le luxe de le banaliser, même s’ils sont nombreux ces antisémites vieille France qui se sont recyclés dans l’islamophobie qui est plus dans l’esprit de notre temps de régression.

Une régression qui valorise aujourd’hui la délation et la balance, on balance son porc et on balance son adversaire politique, souvent dans l’anonymat des réseaux sociaux. Or, ils ne sont pas si loin ces temps ou la délation avait pourri la France, ou des voisins balançaient leurs voisins ou leurs concurrents commerciaux à la Gestapo, du seul fait qu’ils étaient juifs.

En prenant la défense de Gérard Filoche, on ne rend pas seulement justice à un militant calomnié. On lutte également contre ce renouveau d’une culture de délation et de diabolisation de tout ceux ou celles qui refusent de célébrer la messe de la pensée unique. En accusant un homme comme Gérard Filoche d’être antisémite, c’est la lutte commune contre tous les racismes qui est attaquée.


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