Pouvoir, sexe et climat

dimanche 3 décembre 2017.
 

M. Weber, philosophe, vient de publier Pouvoir, sexe et climat. Biopolitique et création littéraire chez G. R. R. Martin, Éditions du Cénacle de France, 2017. (ISBN 978-2-916537-22-1) ; cf.

Pourquoi le Trône de fer — dont le titre original est A Song of Ice and Fire — de George Raymond Richard Martin (1948–), et tout particulièrement son adaptation par HBO (« Home Box Office », une chaîne de télévision payante US-américaine), rencontre-t-il un succès quasiment planétaire ? À cause de la créativité de l’auteur, magistralement mise en image par des producteurs richement inspirés ? Parce que la vie « post-moderne » suscite, plus que jamais, un besoin de fantastique, de rêve et de mystère ? Ou plutôt car cette fiction politique agit comme révélateur de la crise que nous traversons ? Une crise dont les ramifications apparaissent totalement imprévisibles, et qui met en évidence les vices de la finance, la vacuité du politique et la factualité du changement climatique.

Les meilleurs livres politiques — écrivait en substance Orwell — sont « ceux qui vous disent ce que vous savez déjà [1] ». Il s’agit cependant d’une connaissance particulière : je sais, et je sais que je sais, mais, en même temps, je ne veux pas le savoir et, parfois, je ne peux pas savoir que je sais. Un bon livre nous réconcilie donc avec nous-mêmes et avec notre préhension consciente, et appréhension inconsciente, du monde alentour. Cette connaissance est ici double : elle porte sur les événements contemporains, et sur la nature du pouvoir et de son exercice.

Martin met en scène dans son roman deux menaces génériques, qu’il emprunte à une ancienne mythologie germanique : la glace et le feu. Le spectre septentrional (« Ice ») est constitué par la venue de l’hiver, de ses malheurs, de ses monstres froids (les « White Walkers » ou « Others »), et surtout de ses conséquences géopolitiques : les flux de réfugiés climatiques et économiques (les « wildlings » ou « Free Folk ») que Jon Snow cherche à canaliser. Le grondement méridional (« Fire ») s’origine dans la soif démocratique des esclaves des « cités libres » (Orwell serait heureux de cette pirouette), attisée par Daenerys Targaryen, et dans ses dragons. De ce point de vue, le récit de Martin, aussi complexe soit-il, est structuré par un axe qui traverse King’s Landing et qui unit Jon Snow et Daenerys Targaryen (qui sont du reste parents [2]). De plus, le pouvoir a été usurpé deux fois à Westeros : il a été confisqué au peuple et pris aux héritiers légitimes (ou aux derniers en date à se prétendre légitimes).

S’il fallait proposer un raccourci saisissant avec nos sociétés moribondes, on pourrait avancer les deux thèses suivantes. D’une part, nos existences sont prises en tenaille par deux menaces similaires : le changement climatique, la famine qu’il annonce et les flux de réfugiés qui s’y originent, directement et indirectement, et le feu qui anime les peuples opprimés et qu’aucune mesure liberticide ne sera à même de contenir. D’autre part, penser froidement et systémiquement l’exercice du pouvoir — qui diffère de l’œuvre de gouverner — confronte tôt ou tard à la schizophrénie, à la sociopathie et à la psychopathie. Les sources de notre interprétation seront précisées chemin faisant ; notons déjà que les grands classiques de la philosophie politique (Machiavel, Hobbes, Locke, Sade…) cèdent ici la place à Orwell et, dans une moindre mesure, à Whitehead, Foucault et Lorenz [3]. L’apport de l’éthologie sera en effet précieux pour distinguer les modalités de la prédation, de l’agression et de la violence.

En somme, contextualiser le Trône de fer permet de comprendre sa dynamique interne, son succès, et de jeter quelque lumière sur notre époque. De quoi parlons-nous ? De la crise globale systémique qui va balayer nos sociétés. De qui parlons-nous ? Des oligarques qui se font passer pour une élite. Comment gouvernent-ils ? Par la guerre, le complot et la torture. Pourquoi ? Il y a une folie propre à l’exercice du pouvoir.

1. Le Trône de fer

« Si on veut faire une œuvre un tant soit peu originale, on n’a pas besoin de reconnaissance ou du moins, il ne faut pas en attendre [4]. » L’écriture de ce roman épique, qui rappelle tout à la fois Balzac, Dumas, Hugo et Zola, a commencé abruptement en 1991. Martin était alors déterminé à suivre son instinct littéraire plutôt que de créer à tout prix un scénario rentable, ce que les anglo-saxons appellent un « blockbuster ». Depuis lors, sept volumes ont été publiés ou sont en gestation — A Game of Thrones (1996), A Clash of Kings (1998), A Storm of Swords (2000), A Feast for Crows (2005), A Dance with Dragons (2011), The Winds of Winter (attendu en 2016), et A Dream of Spring [5]— et rien ne dit que Martin s’en tiendra là.

L’adaptation télévisée, qui est en cours depuis 2011, et à laquelle Martin participe en tant que producteur délégué et scénariste [6], appartient à un créneau qui avait été déjà exploré, mais avec moins de succès, par d’autres séries mettant en scène un épisode de l’histoire européenne en insistant lourdement sur la violence — et tout particulièrement la violence sexuelle — des gouvernants. Rome (deux saisons, 2005 et 2007) décrit la transition de la République à l’Empire au premier siècle avant notre ère et la guerre civile de César (49–45). The Tudors (quatre saisons : 2007–2010) dépeint le règne d’Henry VIII d’Angleterre (1491–1547). The Borgias (trois saisons : 2011–2013) propose une version romanesque du pontificat d’Alexandre VI (1592–1503). Game of Thrones (à l’antenne depuis 2011) est, quant à elle, directement inspirée de la Guerre des Deux-Roses (1455–1487), qui a opposé les maisons Lancaster et York, et de la guerre de succession entre les Capétiens et les Plantagenêt (1159–1259), telle qu’elle a été rendue par Druon [7]. La série Rome mise à part, le Moyen Âge tardif a donc été résolument mis en vedette ces dernières années.

Ces feuilletons télévisés ne sont certes pas les seuls à proposer une vision cynique du monde politique. House of Cards (BBC 1990, puis Netflix 2013–) [8], par exemple, met également en relief les conspirations permanentes des principaux protagonistes pour acquérir et conserver le pouvoir. Mais l’intrigue, si machiavélique soit-elle, y produit ses effets dans une configuration « business as usual », alors que le Trône de fer dévoile comment la pourriture politique suscite une crise systémique et multiplie ses conséquences dramatiques. On est également à mille lieues de la vision très fleur bleue de Downton Abbey (2010–2015), qui met en scène des aristocrates délicieusement sophistiqués condamnés à arbitrer les conflits parfois sordides qui agitent leurs domestiques.

Il faudra se poser la question de cette fascination pour le Moyen Âge et pour les vies sacrifiées aux réalités politiques les plus abjectes [9]. Demandons-nous tout d’abord dans quel cadre cette abjection résonne.

2. Un climat plombé

Nous sommes en présence de deux importantes questions complémentaires : d’une part, dans quel contexte biographique les péripéties du récit de la Guerre des trônes ont-elles été conçues ? ; d’autre part, dans quel cadre socio-politique sont-elles lues et visionnées par la multitude ? Il faut retrouver l’humilité platonicienne, qui n’est ni feinte, ni cynique, lorsque le philosophe écrit : « il nous suffit d’accepter en ces matières un conte vraisemblable [10] ».

La première question est plutôt exégétique et d’un intérêt secondaire pour notre argument pragmatique. Afin d’approximer l’horizon qui se profile chez Martin, il serait en effet nécessaire, mais pas suffisant, d’envisager son point de vue sur les différents aspects de la crise actuelle. Lors d’une interview, Martin rappelle à ce propos que Tolkien a lui-même toujours refusé d’admettre que Le Seigneur des anneaux (1954) constitue une allégorie de l’Angleterre au lendemain de la Seconde Guerre mondiale [11]. Martin ne précise toutefois pas la nature exacte de son allégorie personnelle, à supposer qu’elle existe : la (re-)construire, ou à tout le moins l’esquisser à partir de données historiques et d’hypothèses de lecture, est précisément un des buts que s’assigne le présent essai.

La seconde question est pragmatique : elle envisage les conséquences plutôt que les sources. Que peut-on conclure du récit de Martin étant donné l’état présent du monde ? La crise financière et ses satellites économiques, socio-politiques et énergétiques définissent une crise globale systémique qui est bien plus profonde que les crises systémiques de 1870 et de 1929. Les pics énergétiques sont en effet déterminants pour une société qui est bâtie sur une abondante énergie et, de facto, sur son gaspillage. Le pic de l’uranium (1980), le pic du pétrole conventionnel (2004), et le pic du gaz (2010) rendent inéluctable l’effondrement culturel annoncé déjà, mais pour d’autres raisons, par Tocqueville en 1835, par Emerson en 1836 et par Thoreau en 1849.

Parfois la création littéraire permet d’aborder plus directement la réalité du quotidien que des travaux dits scientifiques [12]. Quel est, en trois mots, la nature de ce sentiment atmosphérique qui rend la crise globale à la fois évidente, omniprésente, et douteuse, évanescente ? Chômage, austérité et chaos.

Primo, si le taux de chômage harmonisé est, dans nos contrées (et selon les données du B.I.T.), de l’ordre de 8 %, le taux d’emploi (soit le rapport entre la population active occupée et la population en âge de travailler) est, par contre, de l’ordre de 60 %. Le différentiel donne une idée de la prise en charge réelle du chômage (30 % de personnes en sont exclus) et dévoile la magnitude et le caractère endémique du sous-emploi. En fait, la situation est pire qu’en 1933. Quoi qu’il en soit des statistiques [13], les populations précarisées et paupérisées sont en passe de devenir majoritaires, et l’imminence de ce basculement est palpable dans l’atmosphère de certains quartiers, voire de certaines villes — on pense notamment à Détroit (Michigan). La moitié de la population en âge de travailler est donc constamment sommée de sortir de sa léthargie, de se rendre employable, d’accepter si nécessaire (et généralement ça l’est) un emploi dévalorisant, précaire et sous-rémunéré, en espérant ne pas être remplacé trop rapidement par une machine. Du reste, si l’emploi en question n’est pas, à terme, automatisable, on suspecte qu’il n’est pas rentable non plus, et qu’il est donc socialement inutile, c’est-à-dire jetable. Le créneau le plus en vogue semble être celui des gens de maison, des domestiques sans statut, des hommes-à-tout-faire et des repasseuses-de-luxe. Mais pour combien de temps ? Des progrès énormes ont semble-t-il été réalisés dans la « robotisation » de la filière de l’aide à la personne [14]. Qui pourrait seulement prétendre y voir une bonne nouvelle ?

Secundo, la démocratie représentative a joui d’une certaine efficacité à l’époque où le capitalisme industriel était triomphant et le communisme militant ; avec l’avènement du capitalisme financier et l’effondrement du bloc soviétique, le recours aux élections est devenu proprement carnavalesque — ce qui ne veut toutefois pas dire que les citoyens soient restés sans pouvoir politique. Au contraire, le pouvoir citoyen est encore immense, mais il ne s’agit plus que du pouvoir que leur confère leur consommation, et cette consommation est aiguillée par les contingences de la vie biologique et les contraintes de la vie sociale : il faut travailler pour survivre et paraître pour vivre. Le producteur docile pourra donc s’épanouir comme consommateur assidu. Dans un environnement économique propice, l’oligarchie peut ainsi se contenter de manipuler le consommateur, mais lorsque viennent de très grands vents, il faut malheureusement s’en remettre à des solutions plus expéditives : le capitalisme financier retourne alors à ses amours fascistes et l’électeur-jetable, devenu brièvement consommateur dévoué, n’est plus qu’un interné en puissance. Telle est la vraie signification politique de l’austérité. La société de consommation a vécu, et le consommateur peut maintenant mourir d’oisiveté, d’inanition, de chagrin ou de dépit, selon ses moyens, sans que le pouvoir de l’oligarchie soit aucunement ébranlé. Les pressions sociales exercées par le chômage et par l’austérité sont complémentaires : la seconde achève le travail d’exclusion entamé par le premier. Mais ce n’est pas suffisant pour atomiser les masses.

Tertio, le chaos totalitaire. La démocratie représentative n’a aucun avenir dans la configuration crisique actuelle. Dès 1974, l’économiste Heilbroner tire les conséquences du premier Rapport Meadows au Club de Rome (1972) et fait remarquer que seul un régime « très autoritaire » permettra de piloter la dépression économique qui s’annonce avec l’effondrement de la biosphère et la raréfaction des ressources, à commencer par le pétrole [15]. A posteriori, il faut constater qu’une reprise en main politique de l’économie, dès les années soixante-dix, aurait peut-être permis d’éviter la crise globale systémique actuelle. Il ne reste malheureusement maintenant, comme l’envisageait Heilbroner, qu’à subir un totalitarisme second. C’est de fait le tournant pris depuis 2001 aux États-Unis, d’abord, et en Europe, ensuite. Jean-Claude Paye montre, analyse juridique à l’appui, que la terre de la liberté et la patrie des courageux [16] est entrée dans la dictature souveraine, sans visée de retour au principe de légalité [17]. On retrouve au fond les mêmes conclusions chez Giorgio Agamben, Alain Badiou et Slavoj Zizek.

Ces trois réalités ne constituent pas qu’un continuum sémantique : elles balisent la descente aux enfers des sociétés capitalistes.

3. L’enfer du pouvoir

Dans ce climat plombé, l’orchestre joue toujours. Les sirènes du consumérisme n’ont sans doute jamais été aussi séduisantes : l’obsolescence programmée des biens laisse indifférent ou suscite un enthousiasme infantile, le crédit à la consommation continue son œuvre de sape de l’économie réelle, et la publicité est plus omniprésente que jamais. Il existe depuis le début du XIXe siècle un inceste entre publicité, désinformation, mésinformation, bruit et propagande. Le marché de la « communication » a été créé par l’hybridation des nouvelles « évidences » comportementalistes et psychanalytiques. Il doit beaucoup à Edward Bernays (1891–1995) [18], qui fonde la première firme de « relations publiques » en 1919, et au « Committee on Public Information », auquel participent Bernays et Walter Lippmann (1889–1974), qui utilise l’expression « engineering of consent » déjà en 1922. Les médias ont, quant à eux, compris l’importance de l’ « infotainment » (1980) pour captiver leur audience. Comment survivre à l’audimat alors que s’informer fatigue et finalement déprime ? En rendant l’information divertissante, tout simplement. Dernièrement, le « tittytainment » (1995) a été jugé plus expédient et, avec lui, le passage du divertissement à l’abrutissement et à la stupeur.

Face à cette dégradation résolument triste du tissu social, on entrevoit la décadence apparemment joyeuse de l’oligarchie. Il est essentiel, à ce propos, de s’entendre sur le lexique utilisé : ouvrons une parenthèse afin de définir les formes de gouvernement. Aristote (Politique, III, vii) développe, à la suite de Platon (République, III), une typologie des systèmes politiques qui aura une grande descendance (elle sera par exemple reprise par Hobbes). Il travaille avec deux questions : « qui gouverne ? » (un seul, une minorité, la majorité ?) et « dans quel but ? » (ses intérêts ou le bien commun ?). Ce faisant, Aristote ébauche une théorie des castes qui lorgne vers une théorie des classes. La matrice heuristique obtenue est la suivante : monarchie/tyrannie ; aristocratie/oligarchie ; démocratie/anarchie.

Si un seul individu gouverne, nous obtenons, dans le meilleur des cas, une monarchie. Ce n’est pas un mauvais système dans la mesure où, théoriquement, le roi accède au trône sans devoir perdre sa virginité politique dans des luttes sans merci. De plus, un souverain éclairé (Platon parle du « philosophe-roi ») est susceptible de mener son peuple beaucoup plus sûrement qu’un conseil ou qu’une assemblée. Lorsqu’une tempête doit être surmontée, on s’en remet au capitaine de la même manière que la guerre est l’affaire du stratège. L’histoire montre toutefois que le monarque n’est pas toujours éclairé, loin s’en faut, et que le danger de la tyrannie est toujours présent.

Le même argument peut valider un régime aristocratique, c’est-à-dire le gouvernement des meilleurs, de ceux qui sont les mieux éduqués et les plus vertueux. Chez Platon il y avait d’ailleurs déjà une pensée de la philosophie comme aristocratie. En pratique, l’aristocratie dégénère facilement en technocratie, en gérontocratie ou en ploutocratie (le gouvernement des plus riches).

Jusqu’ici, on ne rencontre pas de vote et d’élection, si ce n’est dans un sens très limité. Dès lors que l’assemblée des citoyens est appelée à diriger collectivement la Cité, une telle procédure est inévitable. La lecture d’Aristote n’est toutefois pas naïve : la démocratie n’est pas le gouvernement du peuple mais celui des pauvres, et ceux-ci ne sont pas nécessairement très avisés dans leur gestion.

Deux corrections lexicales sont donc importantes : d’une part, nos sociétés ne sont pas gouvernées démocratiquement, mais oligarchiquement ; d’autre part, cette oligarchie ne peut être qualifiée d’ « élite » car elle n’est pas une aristocratie, c’est-à-dire qu’elle ne cherche pas à gouverner pour le bien commun. L’enfer du pouvoir possède bien des facettes. Il y a d’abord les victimes de l’exercice du pouvoir ; il faudra préciser comment et pourquoi on devient victime. Il y a ensuite ceux qui se brûlent les ailes en cherchant à gravir les échelons du pouvoir. Il y a enfin le piège de la folie qui menace de se refermer sur ceux qui parviennent à préserver leurs prébendes.

En somme, le roman de Martin met en évidence notre crise globale systémique et jette une lumière très crue sur les pathologies du pouvoir politique (schizophrénie, sociopathie, psychopathie). Il offre une pornologie du pouvoir qui est clairement susceptible de réveiller ses lecteurs, un peu comme G. Debord il y a cinquante ans…

Michel Weber

http://chromatika.academia.edu/Mich...

« The best books […] are those that tell you what you know already. » (George Orwell, Nineteen Eighty-Four [1949]. Introduction by Thomas Pynchon, London, Penguin Books, 2003, p. 229)

Daenerys est la fille du roi Aerys II Targaryen (dit le « Roi fou ») et de Rhaella Targaryen, sœur d’Aerys II ; Jon Snow est le fils du prince Rhaegar Targaryen (frère de Daenerys) et de Lyanna Stark, la sœur d’Eddard Stark. (Le dernier épisode de la saison six — S6E10 — anticipe sur ce point The Winds of Winter.)

Nicolas Machiavel, Le Prince [1532], Thomas Hobbes, Léviathan [1651], John Locke, Traité du gouvernement civil [1690], Carl Schmitt, Théologie politique [1922], Whitehead, Procès et réalité. Essai de cosmologie [1929], G. Orwell, Nineteen Eighty-Four [1949], Léo Strauss, Pensées sur Machiavel [1958], M. Foucault, Cours du Collège de France, 1978–1979 : Naissance de la biopolitique [2004].

François Roustang, Le Thérapeute et son patient. Entretiens avec Pierre Babin, Paris, Éditions de l’Aube, 2001, p. 12.

Éditions citées : A Game of Thrones [1996], London, Harper Voyager, 2003 ; A Clash of Kings [1998], London, Harper Voyager, 2003 ; A Storm of Swords. One : Steel and Snow [2000], London, Harper Voyager, 2003 ; A Storm of Swords. One : Blood and Gold [2000], London, Harper Voyager, 2003 ; A Feast for Crows [2005], London, Harper Voyager, 2006 ; A Dance with Dragons [2011], London, Harper Voyager, 2012. Les traductions françaises sont publiées par les Éditions Pygmalion et rééditées par J’ai lu. Les scènes du feuilleton sont, quant à elles, identifiées par la saison et l’épisode : « S3E10 » désigne le dixième épisode de la troisième saison.

Martin a été l’auteur du scénario d’un épisode par saison (S1E8, S2E9, S3E7, S4E2) avant de se consacrer uniquement (par la force des choses) à l’écriture des livres : la saison 6, qui débutera en avril 2016, anticipera certains fils du récit des Winds of Winter.

« The Accursed Kings has it all : iron kings and strangled queens, battles and betrayals, lies and lust, deception, family rivalries, the curse of the Templars, babies switched at birth, she-wolves, sin and swords, the doom of a great dynasty and all of it (or most of it) straight from the pages of history. And believe me, the Starks and the Lannisters have nothing on the Capets and Plantagenets. Whether you’re a history buff or a fantasy fan, Druon’s epic will keep you turning pages : it is the original game of thrones. » (George R. R. Martin, « My hero : Maurice Druon », The Guardian, 3 April 2013 : http://www.theguardian.com/books/20...) Martin se réfère aux Rois maudits de Maurice Druon (Librairie Plon et Éditions Del Luca, 1955–1977), qui occasionnèrent également deux adaptations télévisées (en 1972–1973 et en 2005).

Le feuilleton US-américain de 2013 reprend la série éponyme de 1990, elle-même manifestement inspirée des vénérables Yes Minister (BBC 1980–1984) et de Yes, Prime Minister (BBC 1986–1988).

On connaît la description fameuse de Hobbes de l’état de nature : « the life of man [is] continual fear, and danger of violent death ; and the life of man, solitary, poor, nasty, brutish, and short. » (Hobbes, Leviathan, Cambridge University Press, 1996, p. 84)

« […] should be satisfied to ask for no more than the likely story. » (Platon, Timée et Critias, in Œuvres complètes, tome X. Texte établi et traduit par Albert Rivaud, Paris, Société d’Édition « Les Belles Lettres », 1985, 29d, cité par Whitehead dans Adventures of Ideas [1933], p. 106 ; cf. la Lettre VII, 341c, citée par Adventures of Ideas [1933], p. 147) Descartes ne dira pas autre chose dans sa Correspondance avec Élisabeth, 1643–1649.

http://www.vanityfair.fr/culture/se...

« Fiction here is likely to contain more truth than fact. » (Virginia Woolf, A Room Of One’s Own, New York, Harcourt, Brace and Company, 1929, chap. I ; cf. Pierre Bourdieu, La Domination masculine, Paris, Éditions du Seuil, 1998, p. 76.)

Tout qui a étudié, ne fût-ce que brièvement, cette belle discipline connaît les nombreuses étapes qui demandent une décision de l’analyste (choix et mesure des données pertinentes, définition des variables, choix du modèle, du type d’erreur, etc.) et celles qui permettent l’interprétation (par exemple l’hypothèse de la linéarité d’un trend) sont encore plus nombreuses.

« Romeo est un robot humanoïde d’Aldebaran Robotics qui vise à être un véritable assistant et compagnon personnel. » (http://projetromeo.com/) Ce projet n’a bien sûr ni queue ni tête : ce n’est pas un androïde qui risque de remédier à la solitude endémique de nos contemporains ; à la limite on pourrait penser à un vaste programme d’aide centré sur l’offre d’un chien d’assistance et de compagnie aux personnes à mobilité réduite.

Robert Heilbroner, An Inquiry into the Human Prospect, New York, W. W. Norton & Company, Inc., 1974 ; Janine Delaunay, Donella H. Meadows, Dennis Meadows, Jorgen Randers, William W. III Behrens, Halte à la croissance ? Enquête sur le Club de Rome & Rapport sur les limites de la croissance [1972]. Préface de Robert Lattes, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1972.

« The land of the free and the home of the brave. » (Hymne national des États-Unis d’Amérique, 1814)

Jean-Claude Paye, La Fin de l’État de droit. La lutte antiterroriste : de l’état d’exception à la dictature, Paris, Éditions La Dispute, 2004 ; cf. Dany-Robert Dufour, L’individu qui vient… après le libéralisme, Paris, Éditions Denoël, 2011. Une récente étude avance la même thèse, mais avec plus de retenue — les États-Unis ne sont plus une démocratie, mais une oligarchie — : « Our analyses suggest that majorities of the American public actually have little influence over the policies our government adopts. Americans do enjoy many features central to democratic governance, such as regular elections, freedom of speech and association, and a widespread (if still contested) franchise. But we believe that if policymaking is dominated by powerful business organizations and a small number of affluent Americans, then America’s claims to being a democratic society are seriously threatened. » (Martin Gilens and Benjamin I. Page, « Testing Theories of American Politics : Elites, Interest Groups, and Average Citizens », Perspectives on Politics, Volume 12, Issue 03 / September 2014, pp. 564-581, ici p. 577)

Edward Bernays, Propaganda (New York, Horace Liveright, 1928) et The Engineering of Consent (Norman, University of Oklahoma Press, 1947/1955).

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