53% pour Sarkozy : Une bonne nouvelle pour Neuilly, une mauvaise nouvelle pour Clichy

lundi 7 mai 2007.
 

Mauvaise nouvelle pour les salariés français !

1 - La victoire de Nicolas Sarkozy est une mauvaise nouvelle pour les salariés de France et pour la gauche dans le monde entier.

C’est une bonne nouvelle pour Bush et une mauvaise pour ses opposants aux Etats-unis et sur la planète.

Que les électeurs français aient laissé passer un « Thatcher-Berlusconi » est un mauvais signe pour tous ceux qui défendent la perspective d’un monde meilleur.

La victoire de Sarkozy est une bonne nouvelle pour Neuilly, une mauvaise nouvelle pour Clichy. C’est une bonne nouvelle pour le capital financier, pour le Medef, pour le Cac 40, pour les groupes Bouygues, Lagardère, Dassault, Rothschild, pour les multinationales qui contrôlent les grands médias audiovisuels, les armes et la finance.

C’est le pire pouvoir contre les droits sociaux depuis Pétain.

C’est une mauvaise nouvelle pour les 22 millions de salariés ayant un emploi et pour les chômeurs, les retraités, les précaires, qui seront visés par les attaques annoncées contre leurs droits au travail, contre le Smic, contre leurs droits face aux licenciements, contre le droit syndical, contre la réduction de la durée du travail, contre le droit de grève, contre le droit à la santé gratuite, contre la laïcité et les services publics...

C’est une mauvaise nouvelle pour les jeunes, les étudiants, qui vont voir leurs chances de bénéficier d’une formation de haut niveau publique et gratuite réduite.

Normalement, aucun salarié n’aurait dû voter pour Sarkozy sauf à méconnaître ses intérêts les plus élémentaires : mais la propagande des grands médias a été plus puissante que jamais pour masquer, mystifier le programme réel du chef de l’Ump.

Sarkozy a pris quasiment toutes les méthodes de communication de Le Pen : auto-victimisation, discours anti-pensée unique (alors qu’il l’incarne) mélopée nationaliste, brutalité au karcher, démagogie anti-chômeurs, anti-fonctionnaires, anti-assistés, contre l’immigration, contre l’insécurité, pour l’eugénisme... et il a réussi à prendre les voix de Fn et à les élargir.

Sarkozy a promis, de « liquider » jusqu’au souvenir du plus grand mouvement de grève des salariés de l’histoire de ce pays, en mai-juin 68. Il a défié les syndicats et d’avance appelé à leur défaite.

2 - Pourtant, il n’y avait rien de fatal à cette défaite de la gauche.

La droite sortante était discréditée, les conditions étaient réunies pour sa défaite, les électeurs majoritairement orientés à gauche.

Des millions de manifestants s’étaient levés contre la politique libérale lors des grandes grèves de février à juin 2003 pour défendre les retraites à 60 ans à taux plein et par répartition : quand la droite imposa les lois Fillon, il y eut 66 % de l’opinion selon les sondages pour s’y opposer !

Les 28 mars et 13 juin 2004, la gauche obtint un raz-de-marée sans précédent avec 7 % de mobilisation électorale supplémentaire, en mars 20 régions sur 22 à gauche, 51 départements sur 100 à gauche et, en juin, une majorité aux européennes, notamment pour « une Europe des 35 h » et un « Smic européen ».

La preuve en est encore qu’en 2006, lorsqu’elle fut unie et mobilisée de janvier à avril contre le Cpe, la gauche syndicale et politique, salariés et jeunes, gagna et mit le gouvernement Chirac-Sarkozy à genoux !

La victoire du chef de l’UMP en 2007, pas plus que celle de l’UDR en juin 68, n’effacera la puissance et les exigences du mouvement social.

3 - Cette défaite vient des erreurs des leaders de la gauche, notamment du Ps, ces deux dernières années.

Si toute la direction de la gauche s’était retrouvée en phase avec sa base, avec le peuple de gauche, en appelant à voter massivement « non » le 29 mai 2005, la gauche aurait été combative, conquérante, unie et aurait créé une dynamique irrésistible, victorieuse jusqu’en 2007. L’unité partielle “de la gauche de la gauche” a échoué dés lors qu’elle cherchait à remplacer l’irremplaçable : l’unité de toute la gauche sur un programme antilibéral.

La « démocratie participative » aurait dû permettre d’écouter les aspirations profondes si clairement manifestées de 2003 à 2006 : il fallait construire une unité de toutes les forces de la gauche, formuler un programme de profonde transformation sociale pour abroger toutes les mesures réactionnaires de la droite, s’appuyer sur l’unité syndicale et des mouvements de jeunesse, afin de balayer le scepticisme entretenu par le manque d’audace des gouvernements de gauche précédents. Et répondre aux urgences sociales.

Le Parti Socialiste aurait dû fonder son orientation sur la recherche d’une alternative cohérente politiquement, vraiment à gauche, appuyée sur le salariat et non se laisser guider par la versatilité des sondages et l’impressionnisme d’une “opinion publique” mal cernée.

La gauche ne peut gagner sans une forme d’unité et un programme avancé avec des mesures phares (comme en 1981, nationalisations, réduction du temps de travail, congés payés, salaires, droits nouveaux), et ce n’est pas la recherche tardive d’électeurs de gauche égarés sur le vote UDF-Bayrou qui pouvait rattraper cela. Le « rejet » de Sarkozy était un puissant moteur, mais il a manqué le carburant de l’unité à gauche sur des objectifs communs.

4 - Sarkozy n’a cessé de répéter qu’il était le porte-parole « d’une droite décomplexée qui entendait être bien à droite » et imposer son programme.

Il a gagné en partie sur la détermination qu’il a ainsi impulsée dans son camp. Le débat n’a même pas été dévoyé comme en 2002 sur la sécurité, il a été question de questions économiques et sociales, de l’emploi, et c’est anormal que sur ce terrain, il ait pu gagner !

La leçon, c’est qu’il faut, en face de Sarkozy, une « gauche décomplexée qui soit bien à gauche » et réponde aux aspirations de ses électeurs, aussi fidèle aux salariés que la droite est fidèle au patronat.

Une gauche qui se reconstruise et s’unifie, en proposant de redistribuer vraiment les immenses richesses de la France d’aujourd’hui. Il faut qu’elle ne craigne pas d’affirmer que l’éradication du chômage de masse proviendra du partage du temps de travail sans baisse de salaire, que le maintien du montant des retraites exige une augmentation des cotisations patronales, que la gauche redonnera à la part des salaires ce qui a été transféré aux profits depuis 25 ans... afin que les mesures concrètes du programme de la gauche soient cohérentes, claires et compréhensibles à la différence des formules sociales libérales qui, en essayant de concilier les intérêts du Medef et ceux des travailleurs, sèment le doute.

Car à quoi sert une gauche qui ne se bat pas pour redistribuer les richesses ?

Il faut une refondation à gauche : un grand congrès fondateur d’un grand parti démocratique unifié de toute la gauche, sur un projet antilibéral !

5 - Pour gagner, Sarkozy s’est appuyé sur la logique des institutions anti-démocratiques de la Ve République.

L’élection présidentielle est une élection quasiment « faite » pour la droite et ses puissants relais financiers et médiatiques. Seul François Mitterrand dans des circonstances exceptionnelles (un effet différé de mai 68 justement et un programme avancé) a réussi à l’emporter. Ce type d’élection personnalise la politique pour mieux dépolitiser les personnes.

Le scrutin parlementaire est mille fois plus démocratique, et l’inversion du calendrier électoral en 2002 fut une grande erreur. Il faut lutter plus que jamais pour une VIe République sociale, parlementaire, démocratique, laïque.

L’urgence est d’empêcher la droite néo-libérale extrémiste de disposer de tous les pouvoirs. La droite garde la présidence de la République. Elle dispose de la majorité au Sénat. La majorité des membres du Conseil constitutionnel ont été nommés par la droite. Quant au « 4ème pouvoir », les grands médias, nul ne peut plus ignorer qu’ils sont dans le camp de la droite.

Pas de démoralisation, pas de répit, il faut tout faire pour que la gauche obtienne le maximum d’élus aux législatives du 10 et 17 juin.

Rassemblons vite la gauche, préparons des accords programmatiques et de désistement pour être le plus fort possible les 10 et 17 juin, redonnons une orientation déterminée à gauche, contre une mainmise totale sur toutes les institutions par une droite dure, agressive, rapace, pas d’alliance avec le prétendu "centre".

Et préparons, dans l’unité, les mobilisations unitaires nécessaires pour faire échec aux mauvais coups programmés.

D&S


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