Macron prépare de nouvelles privatisations

dimanche 12 novembre 2017.
 

2) Orange, FDJ, ADP... Ces bijoux de famille que veut céder Macron

Bruno Le Maire a promis des cessions d’actifs publics "dans quelques semaines". Le groupe Aéroport de Paris, Orange et la Française des Jeux pourraient être les premiers visés.

L’Etat actionnaire prépare les grandes manœuvres

Les banquiers d’affaires se préparaient à interrompre d’un moment à l’autre leurs vacances, pour lancer les cessions d’actifs de l’Etat au cœur de l’été. Ce sera finalement pour la rentrée. Samedi 2 septembre, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, a expliqué, depuis les bords du lac de Côme où il participait à un forum économique : " Je vais annoncer dans quelques semaines que nous allons privatiser certaines entreprises pour avoir de l’argent afin de financer l’innovation. "

Petit couac : le terme de privatisation, trop restrictif, a dû être rapidement corrigé, y compris par le premier ministre, Edouard Philippe. Il s’agira bien de cessions de participations de l’Etat, y compris lorsque ce dernier ne dispose que d’une position minoritaire. En clair, seraient potentiellement concernés aussi bien le groupe Aéroport de Paris (ADP), détenu à 50,63% par l’Etat qu’Orange, dont l’Etat et BPIFrance ne possèdent " que " 23%.

" Si Bruno Le Maire a souhaité parler de privatisation, c’est parce qu’il se trouvait en Italie, où la récente nationalisation du chantier naval STX continue de faire des vagues, rattrape l’entourage du ministre. Il s’agissait de montrer que l’économie française reste bel et bien ouverte. " Le groupe ADP et Orange figurent effectivement parmi les premières entreprises potentiellement concernées par les manœuvres qui s’engagent. Dès juillet, devant les rumeurs de privatisations, la Caisse des dépôts a même marqué son intérêt pour une reprise d’une partie des actions ADP.

Vif débat au sujet de la FDJ

Du côté d’Orange, c’est Stéphane Richard, lui-même, PDG du groupe, qui insiste pour une sortie de ses actionnaires étatiques… encombrants. En campagne pour décrocher un troisième mandat à la tête de l’opérateur l’an prochain, l’ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde a Bercy a peu apprécié l’attitude récente des administrateurs venus du public. Lorsque son grand projet, la création d’Orange Bank, est arrivé en conseil d’administration, les représentants de la puissance publique se sont abstenus. Motif : ne pas mécontenter les banquiers de la place parisienne en permettant la naissance d’un nouveau concurrent…

Autre cession régulièrement envisagée : celle d’une partie du capital de la Française des Jeux. L’ancien secrétaire d’Etat au Budget a contribué a consolidé cette hypothèse en révélant, sur son blog le 7 juillet, qu’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, avait poussé il y a deux ans à la vente de la Française des Jeux (FDJ). Contre l’avis d’Eckert puisque, comme il le précise : " Vendre la FDJ rapporterait une seule fois une recette exceptionnelle de quelques centaines de millions, mais priverait l’État de sa capacité à imposer toutes les règles de prévention à l’addiction, de lutte contre le blanchiment, d’interdiction de jeu pour les mineurs … " Le débat pourrait donc rester vif sur ce sujet.

Enfin, une cession des titres Thales, dont l’Etat détient 26%, serait particulièrement intéressante d’un point de vue financier : le titre a triplé en cinq ans. Mais pour prendre ses bénéfices, l’Etat devra accepter de passer sous le niveau de participation de Dassault.

Pas question de boucler les fins de mois de l’Etat

La déclaration de Bruno Le Maire en Italie confirme un point : il ne sera pas question d’utiliser ces futures rentrées d’argent pour boucler les fins de mois de l’Etat. La crainte d’une telle vente des bijoux de famille avait surgit dès l’annonce des difficultés budgétaires rencontrées par le gouvernement, peu après sa formation en mai. Depuis, le premier minsitre et le président de la République ont tranché : les cessions abonderont un fonds destinées à l’innovation, conformément à une promesse électorale du candidat Emmanuel Macron. Ce véhicule financier devrait se monter à 10 milliards d’euros – sans que l’on sache encore si la somme proviendra uniquement de ventes de participations ou s’appuiera également sur les dividendes empochés par l’Etat actionnaire.

Dans tous les cas de figures, le portefeuille de l’Etat promet d’être profondément modifié dans les prochaines semaines. Et tant pis si la Bourse est moins vaillante qu’avant l’été…. Car au-delà de l’intérêt financier, Emmanuel Macron souhaite à cette occasion remettre de l’ordre dans les participations publiques. L’Agence des participations de l’Etat (APE), dirigé par Martin Vial, avait commencé à plancher à la rédaction d’une nouvelle doctrine, dans la foulée d’un sévère rapport de la Cour des comptes, publié en janvier. Ce dernier dénonçait un manque de lisibilité et de clair partage des rôles entre l’APE, BPIFrance et la Caisse des dépôts. L’un des rédacteurs du dossier, Marc Schwartz avait peu de temps après rejoint les équipes de campagne d’Emmanuel Macron, auprès duquel il a pu laisser infuser ses idées.

Par Grégoire Pinson

https://www.challenges.fr/france/or...

1) Avec Macron, le spectre de futures privatisations

Avec la perspective d’une nouvelle loi sur la transformation de l’économie, le gouvernement d’Édouard Philippe pourrait bien procéder à de nouvelles privatisations dans la droite ligne de la loi Macron et des politiques libérales précédentes.

Attention, sabordage en vue. En 2018, Emmanuel Macron et son gouvernement pourraient bien préparer une nouvelle loi sur «  la transformation de l’économie  ». Et son cortège de privatisations. C’est en tout cas ce qui se dit dans les couloirs du ministère de l’Économie et des Finances et que relève le Monde des 13 et 14 août. Bruno Le Maire, locataire de Bercy, souhaiterait en effet étendre sa loi-cadre censée aider les petites et moyennes entreprises (TPE-PME) à «  toutes les sociétés, quelle que soit leur taille  ». Avec un calendrier mené tambour battant comme le reste des mesures de ce gouvernement de la République en marche (LREM). Parlementaires, patrons et organisations de salariés seraient consultés en automne prochain, tandis que des start-up et des sociétés de conseil devraient collaborer avec le ministère de l’Économie pour «  élaborer des propositions  ». Le texte devrait quant à lui être transformé en projet de loi dans la foulée (premier trimestre 2018) par Bruno Le Maire et Benjamin ­Griveaux, son secrétaire d’État. Dérégulations tous azimuts

Cette annonce de dérégulations tous azimuts n’est pas une surprise venant d’un gouvernement choisi sur mesure par Emmanuel Macron. Avant d’occuper les bureaux de Bercy sous le quinquennat Hollande, celui-ci avait déjà pointé les secteurs publics de l’économie et les acquis sociaux à démanteler lorsqu’il a rédigé le rapport de la commission Attali en 2008. Aux manettes de l’économie française de 2014 à 2016, il s’est empressé de joindre le geste à la parole en libéralisant le transport interurbain par autocar et en dérégulant le travail du dimanche. Avec la promesse de créer 22 000 emplois et de décupler la croissance dans les commerces désormais ouverts tout le week-end, on allait voir ce qu’on allait voir. Las, deux ans après la promulgation de la loi Macron à coup d’article 49-3, il serait pourtant bien hasardeux de défendre ces mesures pour justifier de poursuivre dans cette voie. L’horizon des 22 000 emplois créés s’éloigne de plus en plus avec à peine 1 500 nouveaux postes comptabilisés par les services ministériels. Les alléchants prix bas affichés pour concurrencer le rail se sont bien vite heurtés au mur de la rentabilité économique, qui a conduit deux sociétés de bus (sur les cinq présentes au moment de la libéralisation) à mettre rapidement la clé sous la porte. Quant au travail du dimanche, même les économistes libéraux étaient forcés d’admettre que son effet sur le chiffre d’affaires des commerçants était insignifiant, les dépenses de consommation se répartissant sur une durée plus longue sans pour autant augmenter. Continuité idéologique

Sans efficacité prouvée, pourquoi alors s’obstiner à privatiser si ce n’est par continuité idéologique  ? La réponse est sans doute à chercher dans ces libéralisations qui se profilent avec cette future loi sur la transformation de l’économie prévue pour l’an prochain. Une idée fixe d’Emmanuel Macron, qui, après avoir sorti discrètement par la fenêtre son projet #noé («  nouvelles opportunités économiques  ») destiné à favoriser l’entreprise et mort-né face à la mobilisation contre la loi travail, s’apprête à le faire revenir par la porte. Plus ravageur encore puisque, en juillet dernier, dans une réponse à la question écrite de la sénatrice Fabienne Keller (LR), Bruno Le Maire annonçait déjà que le gouvernement allait «  céder les participations de l’État dans un certain nombre d’entreprises publiques  », avec des mesures prises, selon lui, dès le mois de septembre. Même si les secteurs concernés ne sont pas tous connus pour l’instant, des risques pèsent sur des activités comme les réseaux téléphoniques ou encore l’aviation civile. Là encore, on peut y voir la poursuite de mesures déjà prises sous le mandat de François Hollande puisque, dans la loi qui portait son nom, Emmanuel ­Macron avait déjà procédé à l’ouverture du capital d’aéroports régionaux tels que ­Toulouse, Nice ou Lyon. Au prétexte de dégager des fonds à hauteur de 10 milliards d’euros pour financer de «  l’innovation  », le gouvernement pourrait céder aux appétits de Vinci, qui lorgne depuis longtemps sur Paris Aéroport (anciennement Aéroports de Paris), dont la société est déjà actionnaire à hauteur de 8 %.

Macron n’aime plus les photos Changement de pied pour celui qui a tant travaillé son image  : Emmanuel Macron a porté plainte pour «  harcèlement et tentative d’atteinte à la vie privée  » contre un photographe de presse qui le suivait sur son lieu de vacances à Marseille. Selon l’Élysée, confirmant une information de VSD, le photographe s’est introduit «  sur la propriété privée  » (la résidence du préfet de région) où campent pourtant les policiers chargés de sa sécurité.

Olivier Morin, L’Humanité


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