Extrême droite : un danger concret

samedi 4 novembre 2017.
 

Un groupe de pieds nickelés d’extrême droite avait imaginé divers complots morbides. Leur projet essentiel consistait à s’attaquer à des lieux de culte musulman. Mais ils imaginaient aussi, entre deux bières, s’attaquer à des responsables politiques. C’est ainsi que mon nom et celui de monsieur Castaner ont été évoqués. Je ne surestime pas l’importance des conclusions des soirées bien arrosées au cours desquels de tels olibrius s’exaltent. Ceux-là semblent particulièrement stupides. Pour autant, je ne sous-estime pas non plus la menace. Car l’extrême droite identitaire s’est bien structurée et organisée ces dernières années. Plusieurs grandes villes, comme Lyon et Lille en connaissent une infection particulière. Pendant que toute la bonne société concentrait sa vigilance et ses capacités d’indignation sur les musulmans et les actes terroristes qui pourraient en venir, leurs gosses, imbibé par l’ambiance dominante, se sont organisés en société violente. Il n’en est jamais question. Ce complot d’extrême droite permet enfin qu’un peu de lumière passe sur cet univers si glauque.

Car ce ne sont pas les islamistes qui montent en commando dans les autobus de Lille ni qui font des « vérifications d’identité » dans certaines rues de Marseille. Ce sont les groupes de nazillons. Les parades dans la rue avec les drapeaux ethniques, les intrusions de toutes sortes, les clubs réservés à certain public et ainsi de suite, tout cela est une réalité bien concrète. Il n’y a pas besoin d’être très intelligent, ni très visionnaire, pour deviner ce qui va finir par se produire. Le groupe « OAS » qui voulait commettre un attentat contre monsieur Castaner et contre moi avait surtout en vue des lieux de culte musulman. La rumeur veut, si l’on en croit monsieur Collomb, le ministre de l’Intérieur, que ce groupe n’était pas « très avancé » dans ses plans meurtriers. Mais ces divers projets ont une cohérence qu’ont également bien d’autres groupes de cette nature. Au demeurant, il semble que tout cela ait été en tout cas assez sérieux pour que le dirigeant du groupe ait déjà fait quatre mois de prison préventive et que ses neuf complices soient mis en examen pour des incriminations extrêmement graves. J’ai demandé la fermeture du local à Marseille dans lequel ces comploteurs ont tous fait de nombreux passages. Au demeurant, plusieurs plaintes ont été déposées contre les occupants de ce local compte-tenu des exactions auxquelles ils se livrent dans le quartier. Nous verrons quelles seront les conclusions des autorités sur le sujet.

En réalité, il s’agit de savoir si le gouvernement est réellement prêt à s’attaquer aux problèmes de la violence d’extrême droite ou s’il s’en accommode. Dans ce cas, il commettrait une grave erreur dont il devra assumer les conséquences si l’un ou l’autre de ces groupes finit par pouvoir passer à l’action ! Pour l’instant j’ai bien noté la jubilation de certains médiacrates. Et le travail qu’ils effectuent pour protéger les militants d’extrême droite des conséquences de leurs actes. Les exemples ne manquent pas. Traitement « à la rigolade », photos flétrissantes de moi et ainsi de suite. Parfois, des records d’ignominie sont battus. Ainsi quand certains mettent sur un même plan la violence contre le véhicule d’un DRH et une tentative d’attentat contre monsieur Castaner et moi. C’est le cas de Monsieur Aphatie pour qui ma vie a la même valeur que celle d’une voiture. La dégringolade du sens des valeurs et du respect dû aux autres est un des spectacles les plus consternants qu’il m’a été donné de constater après que l’affaire de ce complot d’extrême droite a été connue.

On se souvient que j’avais ici même mis en garde contre le harcèlement et la hargne de ceux qui, à force de nous montrer du doigt dans de tels termes, nous désignaient à la vindicte des violents. J’avais même écrit que si leurs actes aboutissaient, les plus moralement dégénérés dans la sphère médiatique n’hésiteraient pas à dire même que « vous l’avez bien cherché » ! C’est exactement ce qui vient de se produire. À l’époque où j’avais fait cette analyse l’infamie du système médiatique avait consisté pour Le Canard enchaîné comme pour quelques autres, à présenter mon propos comme une menace… contre les journalistes ! Autre manière de nous désigner encore une fois comme des cibles « qui l’ont bien cherché ». Je n’y reviens que pour mettre en garde une nouvelle fois. Quand un journal comme « Minute » peut afficher sur sa une la photo de Danièle Obono avec en grand titre « Faites la taire », dans un tel contexte, comment peut-on le comprendre autrement que comme une injonction violente ? Pourquoi aucun des grands indignés permanents n’ont-ils pas un mot sur le sujet ? Qu’est-ce qui les bloque avec Danièle ? Ce cas est extrême mais je ne compte plus le nombre de déclarations ou de phrases dans des tribunes où l’on nous enjoint de nous « taire » face aux arguments prétendument imparables qui nous sont opposés. D’une façon ou d’une autre ce vocabulaire est un aveu. Appliqué au cas de Danièle Obono, il se présente comme une menace physique. Ni le président de l’Assemblée nationale dont elle est membre, ni aucun commentateur spécialisé dans l’indignation permanente n’aura rien dit ! Les bras m’en tombent ! Faut-il que nous soyons vraiment « à part » pour qu’un tel traitement nous soit infligé en toute bonne conscience. Ce n’est pas tout.

Je suis stupéfait de voir que personne ne se pose de questions quant un ministre de l’Intérieur ne prévient ni un de ses collègues au gouvernement ni le président d’un groupe d’opposition de menaces contre eux. Je suis sidéré de voir que le même ministre de l’Intérieur peut annoncer que, sans m’avoir prévenu, il m’a fait suivre pour ma sécurité pendant quatre mois. Personne ne trouve cela dérangeant quand il s’agit du président d’un groupe d’opposition et d’un pays démocratique. Rien. Pas un mot. Toutes les grandes âmes qui s’indignent contre nous pour un oui pour un non, un demi-adjectif, un mot manquant dans une phrase, qui n’hésitent devant aucune outrance verbale ni aucune comparaison les plus démentes à notre sujet, tout ceux-là n’expriment aucun doute sur une telle situation. Pas plus que personne ne semble troublé par le fait que je n’ai jamais été informé d’aucune manière au cours de ces quatre derniers mois avant l’arrestation de tout le groupe ni, surtout, depuis lors ! Oui, à cette heure, personne n’a encore pris contact avec moi pour m’expliquer, si peu que ce soit, ce qui s’est passé.

Pour ma part je n’ai pas hésité un seul instant à manifester ma solidarité avec monsieur Castaner, comme je l’avais fait, en pleine campagne présidentielle avec messieurs Fillon et Macron et madame Le Pen dont on apprenait qu’ils avaient été menacés ! Je n’ai pas hésité à associer tous les députés, quelles que soient leurs convictions, à la résistance que je voulais exprimer face aux menaces des violents. Toute la représentation nationale s’est alors levée pour partager ma réplique. C’est un grand moment républicain que je n’oublierai pas. Mais je n’oublierai pas non plus le silence des dirigeants des partis de la vieille gauche dont pas un responsable n’a trouvé le temps de faire un communiqué ou d’exprimer une pensée personnelle. Je crois que cela témoigne du nombrilisme dans lequel ils ont sombré, incapables aussi qu’ils sont de prendre la mesure des dangers qui planent sur nous tous. Et du fossé qui désormais nous sépare quand le mot « camarade » ne veut plus rien dire, même face aux fascistes.


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