69 bonnes raisons (et beaucoup d’autres) de ne pas voter Nicolas Sarkozy (Témoignage Chrétien)

samedi 5 mai 2007.
 

1- Je ne suis pas son « Cher compatriote »

Ce n’est pas la peine (en plus, c’est se faire du mal) d’énumérer une fois de plus les raisons évidentes qu’il y a à ne pas voter Sarko. Mais il y en a au moins UNE que les bonnes gazettes n’ont pas mise en avant et qui me traumatise grave.

Imaginez un peu. La République a des us et coutumes. Et l’un de ces moments autant obligatoires que privilégiés est, pour le Président, le 31 décembre au soir ou bien le 1er janvier au matin, de souhaiter une BONNE année aux Français, ses CHERS compatriotes, car il est le Président de TOUS les Français. Je regrette, pas de tous. Parce que moi, zéro. Vous avez un verre de champagne à la main, vous rigolez avec vos amis, vous embrassez tendrement votre famille et voilà l’autre, à la télé, qui vous souhaite une BONNE année. C’est pas croyable, pas humain, c’est impossible. Je ne serai jamais son CHER compatriote. Tout sauf ça.

par Jean-Bernard Pouy, écrivain.

2- Avec lui, le rêve est impossible

Parce que si j’aimais un garçon, je rêverais de pouvoir lui envoyer des mails d’amour sans craindre qu’ils soient interceptés. Parce que, si ce même garçon était noir, je rêverais de pouvoir imaginer une vie avec lui sans la peur qu’il soit menacé dans son propre pays. Parce que j’aime Anne Teresa de Keersmaeker, Louis-René des Forêts et Barbara. Parce que je ne crois pas que l’on naisse pédophile. Parce que j’ai une petite fille. Parce qu’un homme qui avoue que la phrase la plus absurde qu’il ait entendue est « Connais-toi toi-même » de Socrate me terrifie. Je rêve d’un monde où se connaître permettrait de s’accepter et d’accepter les autres. Je dirais cela à un enfant. Je ne voterai pas Nicolas Sarkozy parce que, là où je place mes rêves, avec lui, le rêve est impossible. Quand je dis « rêve », je pense à Desnos. Et, simplement pour cela, simplement en mémoire de Robert Desnos, pour rien au monde, je ne voterai Nicolas Sarkozy.

par Nathalie Kuperman, écrivain.

3- Il me rappelle Messier

Je n’ai pas du tout confiance en Sarkozy. Il me rappelle Messier, l’ancien patron de Canal +. Quand il est arrivé, il a pleuré devant nous, expliquant combien il était heureux d’être là et qu’il ne toucherait pas à un seul d’entre nous. Et voilà qu’un peu plus tard, il virait six cents personnes. Il nous a fait un superbe numéro de comédien. Pour Sarkozy, c’est pareil. Je ne crois pas à ce qu’il raconte. Je ne veux pas d’un Président acteur.

par Jules-Édouard Moustic, animateur sur Canal +.

4- « J’ai toujours eu un problème avec Neuilly-Auteuil-Passy... » par Jean-François Bizot, patron de radio Nova.

5- Les poubelles de Le Pen

Achèteriez-vous une voiture d’occasion à ce type ? Ce fameux slogan consacré à Nixon par les pacifistes américains, à l’époque de la guerre du Vietnam, s’appliquerait bien à Sarkozy. Que penser d’un type qui se fait construire à un tarif de faveur un superbe appartement dans une zone qu’il a la possibilité de rendre constructible d’un trait de plume ? Comment faire confiance à un homme qui paraît considérer qu’un parachute doré de 8,5 millions d’euros est dans l’ordre des choses, mais qui voudrait diminuer les retraites et les confier à des fonds de pension ? C’est-à-dire à un personnage décidé à dépouiller les pauvres pour donner davantage aux riches ? A moins d’être aussi riche et cynique que ses copains Bernard Tapie et Noël Forgeard, un tel vote relève du plus pur masochisme.

Travailler plus pour gagner plus ? Qu’il aille donc le dire aux trois millions de chômeurs qui voudraient bien trouver un job, et à tous les temps partiels qui revendiquent de passer à temps complet, comme les nettoyeurs de la gare d’Austerlitz qui viennent de faire grève pendant un mois pour l’imposer. En face, ni le discours ni le programme de sa rivale ne sont certes de nature à susciter l’enthousiasme. Mais voir un politicien qui va chercher ses bulletins dans les poubelles de Le Pen occuper l’Élysée représenterait une défaite pour tout ce que le pays compte d’honnêtes gens. Alors, si vous ne voulez pas que la France de demain ressemble à l’Amérique de Bush d’aujourd’hui...

par Gérard Delteil, écrivain.

6- Le salaire de la peur

Dimanche 22 avril, 14h50, on ne sait encore rien, et c’est le moment que je choisis pour écrire, les nerfs à vif, ébloui par la lumière, il fait si beau partout ! Au bureau de vote, il y avait plus d’une demi-heure de queue, les vieux agitaient leurs cannes, les enfants jouaient et criaient, beaucoup de jeunes souriaient. Qu’attendaient-ils, qu’espéraient-elles ? D’où vient cette nervosité, cette tension, cette inquiétude ? Faut-il des raisons raisonnables ou laisser parler l’ordre du cœur, comme disait Blaise Pascal ?

Il me semble que nous avons besoin de nous sentir liés les uns aux autres, que nous avons besoin de solidarité, de respect mutuel et de tolérance. Parce que nous vivons dans une société de mépris, de préjugés, de machisme, où, plus qu’à d’autres époques, règne la loi du plus fort, du plus riche, du mieux né. La société que nous propose Nicolas Sarkozy, faux cow-boy sur son cheval camarguais, c’est une société qui craint les femmes et les immigrés. Un monde policier, assertif et violent. Je n’en veux à aucun prix. C’est le salaire de la peur.

par Geneviève Brisac, éditrice, écrivaine.

7- Une jeunesse racaille ou stupide

Nicolas Sarkozy pense que la jeunesse est soit racaille, soit stupide, que le suicide des adolescents est génétique, que l’on peut déceler chez les enfants de 3 ans les signes d’un futur délinquant ! Que faire d’un homme politique qui a peur de la jeunesse ?

par Mouss, chanteur de Mass Hysteria.

8- Il privilégie le rapport de force

Au-delà de tout ce qui me différencie de Nicolas Sarkozy aux plans politique et philosophique, je constate que sa forme de pensée lui fait privilégier le rapport de force sur la négociation, le clivage sur le rassemblement. Dans une société aussi inquiète que la société française, c’est le plus sûr chemin vers les affrontements de toutes natures.

par Didier Daeninckx, écrivain.

9- Il flatte les instincts les plus vils

Je suis aussi ulcéré qu’effrayé par la manière dont Nicolas Sarkozy a franchi nombre de lignes jaunes, et en klaxonnant, pour arracher « avec les dents » les voix des électeurs du Front national à leur leader historique et atteindre plus de 30 %. Je ne partage nullement les agapes de ceux qui se réjouissent que ces électeurs aient - selon une formule bien trop consacrée - réintégré un soi-disant « Pacte républicain ». On ne ramène pas des électeurs à la raison en flattant leurs instincts les plus vils, en ostracisant, en discriminant, en brutalisant, en effrayant. On les ramène juste dans son propre camp et par pur opportunisme électoral.

Pour gagner.

Prétendre « réduire l’influence du Front national » est un noble projet mais s’il ne s’agit que d’un alibi commode qui autorise à ingérer puis à recracher, à la face du pays, certaines de ses idées, la méthode me répugne. Bien sûr, je vois bien que durant les deux semaines qui s’annoncent, Nicolas Sarkozy va tenter de se recentrer pour rassurer et ramener cette fois au bercail une partie des électeurs de François Bayrou. Son discours de dimanche 22 avril, le soir, était un premier pas en ce sens. Mais le mal est fait. Ce qui est dit est dit. Et monsieur Bayrou serait bien inspiré de mesurer le caractère intolérable des excès de Nicolas Sarkozy au moment de préparer la suite...

Vous l’avez compris, il m’apparaît aujourd’hui illogique de combattre politiquement Nicolas Sarkozy sans voter au second tour pour la candidate qui va l’affronter le 6 mai. Ce n’est pas un soutien. Juste un vote. Je n’agis nullement par conviction socialiste. Ni avec le moindre enthousiasme militant. Ou encore par affinité, mais simplement en conscience. Et surtout en dépit de tout ce qui a pu m’exaspérer depuis des mois dans certaines de ses postures (« l’ordre juste », quelle connerie...) ou chez certains de ses soutiens. Et puis, si le 6 mai Ségolène Royal est élue, eh bien, je regagnerai(s) aussi vite mes pénates pour m’NRVer dès que nécessaire...

par Guy Birenbaum, directeur des éditions Privé.

10- Je refuse de monter dans le train des puissants

Comment choisir parmi toutes les raisons qui font que je ne voterai pas Sarkozy ? Comment choisir de ne pas voter Sarkozy, d’ailleurs, alors que, médecin, « notable », je pourrais, sans risque apparent, accepter le projet de société de celui qui s’affuble des bésicles de Blum et de la barbe de Jaurès pour faire adopter le programme de Thatcher et de Berlusconi ?

Mais pour cela, il me faudrait accepter une vision du monde incompatible avec ce qui me reste d’une éducation chrétienne. Il me faudrait accepter que l’autre est un ennemi, que la société en tant que telle n’existe pas, et que le règne de la compétitivité « libre et non faussée » départagera les bons, « ceux qui se lèvent tôt », des mauvais, des assistés en tout genre, génétiquement programmés.

La grande victoire du néolibéralisme, c’est bien d’avoir laminé ainsi, patiemment, pendant des années, au bénéfice des grands profiteurs du système, la notion même de solidarité, hier socle d’une éducation humaniste, aujourd’hui vieille lune passéiste incompatible avec les enjeux d’un monde de la gagne et de la hargne.

Je refuse ce monde. Je refuse de monter dans le train des puissants et de regarder ailleurs pendant qu’on détache le wagon de queue. Et je voudrais dire à chacun de ceux qui hésitent, qui ont pu, parce que leur vie est dure, être un temps séduits par ce discours de stigmatisation de l’Autre, du « profiteur des Assedic », du « RMIste payé à rien foutre », du « CMUiste abuseur de carte Vitale »... dans l’esprit des puissants, l’« Autre »... c’est Toi.

par Christian Lehmann, médecin généraliste, écrivain.

11- « Voter contre Sarkozy ? Je ne savais pas qu’on avait le droit... »

par Olivier Baroux, (Kad et O)

12- Il n’a rien compris aux banlieues

Sarkozy est un homme qui ne rassemble pas. Il concentre une telle violence contre lui, c’est effrayant. Cette réaction est la conséquence des termes qu’il emploie. Son incompréhension des sujets qu’il traite, comme la banlieue, est inquiétante. Sa politique visant à l’expulsion des enfants d’immigrés est inacceptable ! Mon engagement auprès de l’association SOS Enfants sans frontières est incompatible avec les idées de M. Sarkozy. Sa mainmise sur les médias est une autre source de crainte. Pour résumer, je ne crois pas que ce soit un démocrate.

par Dan Franck, écrivain.

13- Lili

Elle arrivait de sa Hongrie, Lili / du haut de ses vingt-deux ans, Lili / dans une France ouverte aux immigrés / nommée le pays des libertés / jusqu’au fin fond des quartiers. / Les gènes de la gêne congénitale, Lili / si jeune elle se suicide, Lili / cinq jours de coma à l’hôpital / on ne peut pas aller plus mal / la Sécu la soigne comme une reine. / Elle aimait tant ce pays, Lili / elle rêvait d’université, Lili / pour devenir une grande savante / la vie en décida autrement / mais elle apprit la langue. Elle traduisait pour les bétonneurs, Lili / elle lancait des appels d’offre, Lili / elle aidait à acheter pour la France / ce que la Hongrie avait à vendre / par-dessus le mur de Berlin. / Pour décrocher des marchés fabuleux, Lili / ils ne craignent pas le frauduleux, Lili / elle trouvait ça plutôt bluffant / pour eux c’était un jeu d’enfant / les dessous de table par-dessus les Alpes. / Elle n’avait pas de compte en Suisse, Lili / plutôt RMIste qu’autre chose, Lili / mais dans les grandes sociétés / frottée aux parachutistes dorés / elle affûtait son beau français. La France tu l’aimes ou tu la quittes, Lili / c’est vrai elle aime tant la France, Lili / elle en mangerait mais ça les démange / d’accuser les étrangers / de manger le pain des Français. / Elle s’est fait naturaliser, Lili / le médecin assermenté l’a tripotée, Lili / c’est dire que sa carte d’identité / elle l’a vraiment méritée / à la sueur de sa honte. / Ça fait vingt ans, c’était hier, Lili / ça fait dix ans que tu es romancière, Lili / quand brutalement ta douce France / te rejoue la Hongrie de ton enfance / Un pays où on a peur.

par Eva Almassy, écrivain.

14- Je suis un homme libre ! un artiste libre !

Je crois aux valeurs du partage, de la communication, et de l’écologie... Je ne voterai pas Sarko car il ne me représente pas !!!

par Guizmo, chanteur.

15- Les projets de Nicolas Sarkozy sont très dangereux pour notre pays et son peuple.

Nous l’avons vu à l’œuvre pendant cinq ans avec, par exemple, ses lois sur la délinquance qui, non seulement n’ont pas permis de réduire les violences, mais ont stigmatisé les plus fragiles, les étrangers, les chômeurs, les jeunes... ont criminalisé les militants et les acteurs sociaux pour mieux les faire taire. Sa conception de la police n’a cessé de creuser le fossé entre elle et la population. Sous prétexte de réhabiliter le travail, il s’attache en réalité à abroger les droits sociaux, à démanteler le code du travail pour généraliser la flexibilité et la précarité. Il accentue les inégalités, allège les impôts pour les puissants et méprise les plus modestes.

Au nom de la loi du marché, il démantèle les services publics, y compris ceux de la santé. Au plan international, il prône l’alignement de la France sur la politique américaine de Bush. Candidat de la droite, il a repris tout au long de sa campagne des idées d’extrême droite qu’il s’est attaché à banaliser. Le projet qu’il défend est une société autoritaire et brutale, porteuse de divisions et de discriminations où la concurrence exacerbée entre les êtres humains est la règle. S’il était élu président de la République, il briserait les valeurs démocratiques, humanistes et de solidarité auxquelles nous tenons dans notre pays.

par Jacqueline Fraysse, médecin.

16- La « philo » de Sarko

La morale universelle, comme les grandes religions, commande : « Aide le plus faible ! » Dans la bouche de l’ex-ministre de l’Intérieur, cela donne : « La faiblesse est toujours une provocation. »

Pour la tradition humaniste, la liberté est au fondement d’une vie authentiquement humaine ; aucun déterminisme (social, culturel, génétique, etc.) ne nous condamne a priori à une identité fixe. L’être humain n’est pas préprogrammé : il choisit, s’invente, résiste, devient. Dans la bouche de l’actuel candidat à la présidence, cela donne : « On ne choisit pas son identité. »

M. Sarkozy ne se contente pas de naturaliser la faiblesse, ni de la stigmatiser, il la criminalise. Non seulement ils méritent leur état subalterne mais, surtout, ils doivent être tenus pour responsables des violences qu’ils subissent « inévitablement ». Inversion très bushienne, au demeurant : l’agresseur est en état de « légitime violence ». C’est là que le danger affleure, sacrifiant le bon sens pour la loi du plus fort, l’optique de la racaille.

Les faibles n’avaient qu’à être forts. S’ils ne l’ont pas pu, c’est qu’ils ne l’ont pas voulu car ils préfèrent rester faibles - c’est-à-dire, pour M. Sarkozy : oisifs, assistés, profiteurs, resquilleurs, parasites, immigrés « subis », voyous... Ils l’ont donc « bien cherché ». Sans doute étaient-ils prédestinés, mais les gènes de la faiblesse, de la délinquance et du multirécidivisme n’ayant pas encore été découverts, imputons-leur pour lors une mauvaise volonté.

Cessons de les défendre, cessons de les aider, plaignons plutôt les plus forts qui n’ont pu résister à la tentation masochiste des faibles et les ont fatalement exploités, pourchassés, discriminés, licenciés, anéantis. Les faibles - chômeurs, sans-papiers, SDF, minorités... - méritent notre réprobation.

M. Sarkozy nous invite donc à une course au harcèlement, à un match de boxe généralisé, à un écrasez-vous-les-uns-les-autres conforme à la ligne maniaco-répressive qui rythme compulsivement ses discours. À ce jeu, l’État policier sera toujours le plus fort. La société civile n’a qu’à bien se tenir. Ou mieux voter.

par Vincent Cespedes, philosophe.

17- Pour apprendre à s’aimer les yeux fermés

Je ne veux pas que Sarkozy soit mon président. Comme je suis lâche, mon fils me reprochera de ne pas aller lui dire en face tout le mal que je pense de ses méchantes idées. Ses idées toutes rikiki qui puent le rance, la naphtaline des beaux habits et le travail, famille, patrie. Je ne veux pas de lui comme président car j’ai chialé en entendant « la France tu la quittes ou tu l’aimes » juste après avoir vu Indigènes et aussi parce que la déviance dans les gènes, c’est vraiment un truc qui me gêne.

Je ne veux pas de lui car j’aime les chansons d’amour, les poèmes de Garcia Lorca, les mélodies raï et la voix d’Ismaël Lo. Je ne veux pas de lui car j’aime les pelouses vertes, les drapeaux rouges ou noirs et les rires des enfants.

Tiens, parlons-en des enfants. Les gosses ont toujours la trouille qu’un croquemitaine soit planqué sous le lit. Va leur expliquer que le chef des croquemitaines va pioncer cinq ans à l’Élysée.

Les gosses, je veux qu’on leur prépare un pique-nique dans les champs, pas un déjeuner d’affaires. Je veux qu’on leur apprenne à s’aimer les yeux fermés pas à s’échanger des cartes de séjour dans la cour de récré. Je veux pas qu’on leur dise qu’ils sont cons à la première dictée parce que leur père marche nus pieds. Les gosses, je veux leur apprendre à rêver toute leur vie, le nez dans le vent et la tête au soleil.

C’est bien de rêver, même quand on est grand, ça permet d’imaginer qu’on n’aura jamais la tronche d’un mec comme lui accrochée dans les mairies.

par Arnaud Gobin, romancier.

18- Ne pas serrer la main du diable

Pour sûr, ce n’est pas la peine d’affubler Nicolas Sarkozy d’une petite moustache comme on le voit sur les affiches des panneaux électoraux, je sais faire la différence entre un extrémiste qui fonde son projet sur le racisme et un homme de droite qui essaie de se maintenir dans le champ démocratique. Mais cette droite dure qui veut baptiser un de ses ministères de l’appellation la plus ambiguë qui soit, « Immigration et Identité nationale », joue avec le feu.

Il ne faut pas serrer la main du diable, disait-on chez moi, c’est toujours lui qui l’emporte, et je n’aime pas la main droite que Sarkozy tend à ceux dont il veut récupérer les voix. Je ne fais pas confiance à cet homme à l’ego surdimensionné, capable, avec de tels dérapages, de se prendre les pieds dans la mue de sa prochaine métamorphose et d’entraîner ses électeurs dans sa chute. Je n’aime pas ceux qui mettent en place une société d’exclusion, de confrontation et de mépris.

Tant d’années à le voir élaborer sa stratégie politique à partir du ministère de l’Intérieur, tant d’années à le voir appeler les journalistes au chevet de son gynécée, puis de les faire virer quand ils révèlent ses états d’âme. Je ne veux pas d’une France fascinée par la propre image de sa frénésie au point de renier son humanisme. Je ne voterai pas pour Nicolas Sarkozy.

par Franck Pavloff, écrivain.

19- Je ne voterai pas par rejet

Je ne souscris pas au « tout-sauf-Sarko ». Si je ne vote pas pour lui, c’est tout simplement parce que celle qui se présente en face de lui me séduit.

par Jacques Duquesne, journaliste.

20- Nicolas Sarkozy est véritablement dangereux dans le sens où il a révélé son vrai visage : celui de l’extrémisme.

On l’a vu faire des appels du pied aux électeurs du Front national en cultivant les thèmes de l’immigration et en mettant en avant son projet de ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration. Cette idée de classer les immigrés comme du bétail m’indigne profondément. La deuxième raison est sa politique étrangère. Son soutien affiché à Bush est un grand péril pour la France. Notre pays a, jusqu’alors, évité l’affrontement avec les groupes terroristes, je crains qu’une telle alliance ne change cette donne. La conjoncture d’une politique répressive à l’intérieur du pays et d’une politique aventureuse et guerrière à l’extérieur représente une véritable bombe à retardement.

Les électeurs qui ont voté pour M. Sarkozy se sont faits duper. J’espère que le bon sens va jouer au second tour. Vivre ensemble en paix doit être le message d’un président. On peut aimer profondément la France, ses valeurs, ses habitants, sans choisir quelqu’un de dangereux et de manipulateur.

par Rachida Khalil, comédienne.

21- Vous ne serez jamais mon Président

Le 24 juillet 2006, un « détail » me fit comprendre combien mes craintes de le voir arriver au pouvoir étaient justifiées. Interpellé par la police à la suite d’un PV bidon que j’avais osé contester, menotté aux pieds et aux chevilles, embarqué par douze policiers déchaînés, méprisant la déontologie, après que je me fus rebellé, l’un d’eux, coup de matraque dans les côtes, me glissa à l’oreille un menaçant : « T’as de la chance qu’Il soit pas président ! » faisant froid dans le dos.

Ces violences policières m’ont incité à écrire (et publier) une Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, ministre des Libertés policières, ignorée des médias, à laquelle ledit ministre n’a pas daigné répondre. Car Nicolas Sarkozy, contrairement à ce que pourraient laisser croire ses gesticulations, ne connaît ni le courage, ni la courtoisie. Deux raisons de plus à mon aversion, qui me laissent penser que cet homme-là est tout sauf un homme d’État.

Il y a cinq ans, l’extrême droite était au second tour. En 2007 aussi. Mais ça se voit moins. à la place d’un borgne haineux, anti-sémite, xénophobe, nous avons un petit homme bien élevé, souriant, capable, le temps d’une campagne, d’abandonner au fond de sa poche ses principes de rupture. Mais ce qu’il y a, en vérité, au fond de sa poche, c’est une boîte de Pandore. Cet homme-là porte en lui les germes du totalitarisme et de la guerre civile. Si par malheur il était élu, il faudra entrer en RÉSISTANCE. Nicolas Sarkozy, dussiez-vous être élu, vous ne serez JAMAIS mon président. Car moi, pendant cinq ans, je me considérerai comme un citoyen APATRIDE. Et nous serons nombreux dans ce cas.

par Jean-Jacques Reboux, écrivain.

22- Une France alignée sur les États-Unis

Avec Sarkozy au pouvoir, nous courons le risque de subir la continuité de la politique menée par la droite française (Villepin et consort), mais avec des mesures néolibérales encore plus dures. Sur le plan international, c’est aussi le risque de voir la France plus que jamais alignée sur les États-Unis.

par Christophe Aguitton, militant altermondialiste.

23- L’oraison du plus mort est toujours la meilleure

Le 6 mai, je ne voterai pas la « Peur ». La « Peur » a peur de tout. Depuis son enfance, elle court, elle fuit les fantômes hongrois d’un château qui n’existe pas, comme le père de la « Peur » fuyait à l’après-guerre les spectres de sa collaboration avec l’occupant.

La « Peur » depuis son plus jeune âge ressemble à Dolfi, le jeune héros du K de Buzzati, tremblante et humiliée, cultivant la cécité sur un douloureux passé. Elle est si rapide que même son ombre ne parvient pas à la suivre. De toute façon, elle ne supporte pas la gémellité. C’est un éternel Caïn, poursuivi par le regard d’Abel. Son futur est déjà son passé.

La « Peur » est mauvaise conseillère. Elle n’aura donc pas de conseiller. La « Peur » a grandi. Elle déplace maintenant ses terreurs de citadelles en places fortifiées : de Neuilly jusqu’aux grands ministères. Comme elle craint les pauvres, comme elle craint d’être pauvre, la « Peur » a pris comme copains deux lingots : Martin le communicant et Arnaud l’argentier. Ils lui tiennent la main, la béquillent, mais n’apaisent toujours pas son désarroi, quand elle part à la conquête de la fonction suprême. Afin de mieux armer le bras de son projet, elle commence par distiller son pathos mortifère auprès d’un public hébété, fragile et perméable ; elle fracture et violente les inconscients. La « Peur » devient soudain partageuse et distributive, s’affichant avec un masque débonnaire encore fragile. Mais rien n’y fait, des entités menaçantes peuplent son imaginaire. Elle est déjà plus loin, et les senteurs musquées des jardins de l’Élysée ne seront qu’une étape, et un miroir aux alouettes pour les lecteurs de Gala. Elle en est maintenant persuadée : la paix, sa paix, est ailleurs, dans les entrailles de la terre, dans l’abri anti-atomique de Taverny. Allez ! Faites un effort ! Essayez d’imaginer ! La « Peur » caresse de l’index le bouton nucléaire ; elle se sent pour la première fois pacifiée par ce contact sensuel et moelleux, comme une réminiscence de l’aréole maternelle. C’est décidé ! Le 6 mai, je ne voterai pas Nicolas Sarkozy. par Jean-Michel Ripaud, écrivain.

24- Que sera demain ? Les jeunes des banlieues, pendant les émeutes, nous ont tendu un miroir, qui nous renvoyait une image cruelle de notre société. Une société où les entreprises licencient tout en amassant de gros profits. Une société qui n’a plus d’argent pour son éducation et sa santé, mais qui allège les impôts des gros revenus. Une société qui crée des besoins et incite à consommer toujours plus, mais qui fabrique des exclus à qui elle refuse le minimum vital. A la colère des jeunes a répondu l’arsenal répressif : police, tribunal, condamnations, incarcérations, expulsions... Le couvercle a été remis sur les banlieues, mais le feu couve toujours. On sait que la manière dont on traite les immigrés est un test pour la société. La politique sécuritaire de l’ancien ministre de l’Intérieur a fait des étrangers un problème et une menace. Ils ont été stigmatisés. La chasse aux enfants des familles sans papiers est une régression des droits humains qui soulève l’indignation et provoque la mobilisation de beaucoup. Si les droits humains des familles sans papiers sont ainsi bafoués, qu’en sera-t-il demain pour les nôtres ? par Jacques Gaillot, évêque de Partenia.

25- Il cultive la loi du plus fort En tant que syndicaliste, les raisons de ne pas voter pour Nicolas Sarkozy sont nombreuses. Il est notamment porteur d’un projet ultralibéral, de régression sociale et d’attaques contre le droit de grève. Mais fondamentalement, la raison qui me conduira au bureau de vote le 6 mai est mon refus du projet de société dont il est porteur : un projet qui développe la peur de l’autre, de l’étranger, du différent ; un projet qui cultive la loi du plus fort, celle du mérite personnel et de la compétition entre les individus, entre les groupes ; un projet qui favorise le repli identitaire et exacerbe les communautarismes au lieu de construire de la solidarité et de l’égalité. Un projet qui rejette, exclut et stigmatise les plus fragiles, les plus faibles. Un candidat qui, face aux inquiétudes de toutes sortes qui traversent la société française, se pose en homme providentiel qui porterait dans ses gènes son destin de président de la République ! S’opposer à Nicolas Sarkozy le 6 mai ne règle évidemment pas la question qui nous est posée de construire de réelles alternatives aux politiques libérales : mais c’est, à mon sens, une condition pour pouvoir demain encore développer des mobilisations sociales. par Annick Coupé, syndicaliste.

26- Je me souviens de « Zéro de conduite » de Jean Vigo

Sarkozy n’en est plus au projet, au programme, mais à la mise en œuvre. Le flash-back est déjà là. Deux points de montage :

1/ Le mariage du passéisme et du capital, de l’école du Petit Chose (A. Daudet, 1868) et du Medef : comment ne pas y voir un retour en arrière idéologique qui ne sert qu’à masquer - c’est-à-dire à accélérer - la destructrice marche du marché ? C’est une imposture de déguiser le capital mondialisé en vertueux patriote, défenseur de la veuve et de l’orphelin. Je me souviens de Zéro de conduite de Jean Vigo, qui date de...1933 (longtemps avant Mai-68). Faut-il « plus de respect » ? Je suis du temps de l’irrespect.

2/ Pied-noir, fils, petit-fils et arrière-petit-fils d’Italiens immigrés en Algérie, je peux dire que je suis consterné par la volonté sarkozienne de remplacer l’Histoire par le mythe. Propager la fable pour blancs bébés d’une colonisation généreuse et nourricière, lavée du sang qu’elle a fait couler, c’est nier les massacres, parmi tant d’autres, de Nouvelle-Calédonie (1917), de Sétif (1945) ou de Madagascar (1947), c’est refouler les guerres coloniales, celle d’Indochine, celle d’Algérie. Mais pourquoi, diable, les colonisés se sont-ils soulevés contre une France qui les traitait avec tant d’aménité ? Je me souviens de Moi, un Noir, de Jean Rouch (1959). Je suis du temps de l’insurrection contre les Empires coloniaux des Visages Pâles, ceux d’avant le multimédia, et depuis. par Jean-Louis Comolli, cinéaste.

27- « La première raison relève de l’esthétique morale, et toutes les autres en découlent. » par Frédéric H. Fajardie, écrivain.

28- Pour plus de dialogue social

Il y a tout lieu de craindre, si Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir, une rupture dans le mauvais sens du terme. D’abord, la France, sur un plan économique et social, n’a pas besoin de rupture. Elle a besoin de ce que Ségolène Royal propose, à savoir une évolution vers le modèle scandinave, vers plus de dialogue social. Nicolas Sarkozy est dans une logique de démembrement des acquis sociaux et des services publics. Sa proposition consistant à travailler plus pour gagner plus est dangereuse car les Français travaillent déjà beaucoup et sont déjà productifs.

Par ailleurs, l’écologie et le développement durable ne sont pas ses priorités. Ces questions exigent de grandes interventions publiques et que l’on s’oppose fermement aux lobbies, ce qui n’est pas dans son optique non plus.

par Guillaume Duval, rédacteur en chef de « Alternatives Économiques ».

29- Le mépris de la concertation sociale

On a beaucoup glosé, à raison, sur les dangers du programme de Nicolas Sarkozy, mélange inédit de néo-libéralisme bushien et d’idéologie maurassienne ; on s’est légitimement ému de la pyromanie d’un responsable politique dont la seule efficacité réelle a été de dresser des catégories de la population contre d’autres. S’est-on assez inquiété des lieutenants de Sarkozy, à commencer par François Fillon, donné comme possible Premier ministre en cas de victoire du président de l’UMP ? Qu’on se souvienne de la façon dont, ministre des Affaires sociales, il a imposé la réforme du système des retraites dans le mépris de la concertation sociale ; qu’on se rappelle la brutalité qu’il a opposée aux lycéens mobilisés contre sa Loi sur l’école. Dans les deux cas, une méthode de gouvernement qui laisse augurer de la manière politique des années à venir, dans l’hypothèse où Sarkozy l’emporterait. Quand on estime que l’enjeu même de la politique est d’accroître le pouvoir de chacun sur sa propre vie, quand on croit que cette politique s’invente aussi dans les mobilisations, dans les associations et dans les Organisations non gouvernementales, rien n’est plus urgent, à l’heure qu’il est, que de faire barrage à Nicolas Sarkozy et à ceux qui gouverneront avec lui. Voter Ségolène Royal, c’est, dans cette perspective, se ménager la possibilité même de continuer à travailler politiquement, fût-ce d’une manière conflictuelle, et autrement que sur le seul mode de la résistance. par Philippe Mangeot, ancien président d’Act-Up.

30- Je veux rester une intellectuelle libre

Je ne voterai pas Sarkozy parce que j’aime une France libre et responsable, la démocratie, non la force, la diversité et non une identité nationale figée. Ségolène a ses défauts. Oui, Sarkozy a quelques bonnes idées. Je ne sais pas à coup sûr lequel serait le meilleur président, mais je sais lequel ne répond pas à mes attentes. Nos jeunes demandent des emplois, et nos anciens aide et considération. Cela n’est possible que dans une société du partage et de la générosité, pas dans celle imaginée par Sarkozy, et entièrement tournée vers le profit. Certes, le travail est notre dignité, mais faut-il encore s’en donner les moyens en réformant l’école et l’université pour préparer nos jeunes à une société dynamique. Sans oublier que la culture, aussi, est le socle de la civilisation. Sarkozy aime-t-il le savoir ?

Et Ségolène ? J’ai le cœur à gauche et j’ose croire qu’elle ne le méprise pas, non plus que les intellectuels. La France a besoin d’une économie forte, de cadres performants, d’ouvriers qualifiés, mais aussi d’intellectuels dignes de ce nom, comme ceux qui ont fait hier sa gloire aux yeux du monde. Pas seulement d’intellectuels médiatiques, traîtres à l’idéal dreyfusard, s’alliant avec la droite et pactisant avec le nationalisme, comme leurs prédécesseurs des années 1920, dénoncés par Julien Benda dans La Trahison des clercs. Je ne voterai pas Sarkozy parce que je suis une intellectuelle libre et que je veux le rester.

par Esther Benbassa, directrice d’études à l’École pratique des Hautes Études.

31- Il ne s’adresse qu’aux individus

Si on se réfère à son action politique, preuve est faite qu’il n’a pas le sens des fondamentaux, du non-négociable, des principes qu’il faut nécessairement préserver pour qu’une société continue - pacifiquement, collectivement - de prospérer socialement. Bien sûr qu’il faut réformer ; aucune démocratie adulte n’y coupe. Mais pour bien réformer, il faut impérativement s’inscrire dans un cadre de valeurs démocratiques et de justice sociale. Et Nicolas Sarkozy est prêt à faire voler ce cadre en éclats. Je crois tout simplement qu’il n’a aucun sens de la citoyenneté, ni de la République. Il s’adresse aux seuls individus, en titillant leur petite différence, quitte à diviser la société. Lui qui cite à tout-va l’identité française, il a tout simplement manqué ce fait essentiel que l’on ne dissocie pas, en France, démocratie et République. En fait, il est sans ambition réelle pour notre pays. Sans vision. Le concernant, il est en proie à tous les fantasmes. Mais pour le rêve collectif, vous repasserez...

par Cynthia Fleury, philosophe.

32- « Il serait le plus fort ! Eh bien alors, j’opte pour la raison du plus faible. Il y a la Raison, pour ne pas voter Sarkozy. »

par Remo Gary, chanteur.

33- Trouver une bonne raison... choix crucial : Mythomanie ou schizophrénie ?

Paranoïa ou syndrome de persécution ?

Mégalomanie ou folie des grandeurs ?

Revanche à prendre ou soif de pouvoir ?

Sadisme, masochisme ou les 2 ?

Complexe d’infériorité ou de supériorité ?

Peur, haine, manipulation ou les 3 ?

par Imhotep, membre du groupe IAM.

34- Pour une présidence sereine

Les années Sarkozy au ministère de l’Intérieur, ce fut :

• La fin d’une justice neutre et indépendante par la nomination de proches comme directrice de la police judiciaire, procureur général de Paris et procureur des Hauts-de-Seine.

• Le mauvais exemple donné aux jeunes à qui il demande de respecter les lois et la justice alors qu’en tant que ministre de l’Intérieur, il a été condamné pour violation d’une décision de justice dans l’affaire du Tecknival.

• Les mensonges sur les décisions de justice quand, par exemple, il a prétendu qu’une décision avait été rendue par « un juge qui doit payer » alors qu’il s’agissait d’une décision collégiale, rendue avec l’avis favorable du parquet, du directeur de la maison d’arrêt, du service éducatif, du psychologue, dans le seul but de manipuler la peine d’une famille à son profit.

• Le désir de tout diriger, au mépris de la séparation des pouvoirs et des compétences des ministres de la Justice.

• La stratégie visant à opposer la justice et la police qui devraient pourtant travailler ensemble.

• Les annonces frénétiques de réformes pénales inutiles, non pensées, non financées et au final inefficaces (une augmentation sans précédent du nombre des violences aux personnes).

Qui pourrait contrecarrer son désir de pouvoir s’il devenait, comme président de la République, le président du Conseil supérieur de la magistrature ? Sous la Ve République, le Président doit être serein, respectueux des contre-pouvoirs, apaisé, fédérateur. Il est l’inverse.

par Dominique Barella, ancien président de l’Union syndicale des magistrats.

35- Démocratie oblige

Les démocraties occidentales obligent à la démagogie. Il faut, pour conquérir une majorité de voix, répondre à des intérêts divers et même parfois opposés. Nous appelons à voter Ségolène Royal non pas pour ce qu’elle nous promet, mais pour l’histoire qu’elle incarne. De cette histoire-là, de l’histoire de la gauche, de l’histoire des pauvres gens et de leurs défenseurs, je me sens proche.

Et parce que je ne crois pas beaucoup aux conversions de Nicolas Sarkozy et de François Bayrou qui incarnent, eux, l’histoire de la bourgeoisie française et de ses privilèges, je ne crois pas non plus aux concessions à la droite de la candidate qui, quoi qu’elle en dise, reste jusqu’à nouvel ordre la candidate du Parti socialiste.

Démocratie oblige, comme je le disais plus haut.

par Ariane Ascaride, comédienne et Robert Guediguian, réalisateur.

36- Pour un état pluraliste

J’aime la diversité, les rencontres, les découvertes, les couleurs de notre pays, le mélange des sons, des langues, des musiques et des cuisines. Tout simplement, j’aime la vie !

Pour toutes ces raisons, je ne voterai pas Nicolas Sarkozy qui va mener une politique répressive et discriminatoire de contrôle de la population. Avec lui, l’ensemble des droits économiques, sociaux et culturels sont menacés. Il veut un État ambulance basé sur la charité privée et la compassion, il ne sait pas ce que sont les valeurs de la solidarité. Il n’hésitera pas à faire tout cela, il l’a dit ! Peu lui importe que ce soit en rupture avec notre cadre démocratique ou que cela entraîne une rupture institutionnelle de l’ordre et de nos valeurs. Ainsi ne veut-il pas imposer une construction européenne favorisant la loi du marché, contraire aux valeurs de l’Humanité.

Il va s’aligner sur la politique nord-américaine et demander que la France mène une politique d’agression contre les peuples, peu lui importe que l’ordre onusien soit démantelé, peu lui importe de remettre en cause le cadre multilatéral de l’ONU qui est l’une des avancées majeures de l’Humanité tout entière.

Il préfère, ici et ailleurs, une société darwinienne où règne le plus fort qui écrase les plus faibles et la soumission des citoyens et des peuples à un ordre injuste et dangereux.

Je ne me reconnais pas dans l’État que demande N. Sarkozy. Je ne me reconnais pas dans un État autoritaire. Je me reconnais dans les valeurs fondatrices de la République dont la source remonte à 1789.

Je me reconnais dans un État pluraliste et démocratique. Nous sommes nombreux à désirer continuer à vivre ici, tous ensemble !

par Mireille Fanon-Mendès France, militante associative.

37- Le renvoyer à Neuilly

N’en doutons pas, Nicolas Sarkozy a un projet. Et il compte bien l’appliquer. Au menu, pour le pire et le pire : l’alliage toxique entre ultralibéralisme et autoritarisme. Si le leader de l’UMP gagne, ce sera moins de protections sociales, moins de droits attachés à la personne, moins de services publics, moins de libertés mais plus de précarité et de flexibilité, plus de concurrence, toujours davantage de casse du droit du travail et de chasse aux sans-papiers. Du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite à la baisse des impôts pour les plus riches, en passant par la remise en cause du droit de grève, les reculs sociaux ne manqueront. L’État qui se dégagera un peu plus encore de la sphère économique affirmera son autorité par un retour à l’ordre et la mise sous surveillance de nos libertés.

Nicolas Sarkozy est un homme qui attise les peurs et oppose les individus entre eux. Quand nous avons besoin d’humanité et de solidarité. Du « Kärsher » à la « racaille », les insultes envers certaines populations sont insupportables et incompatibles avec la fonction d’un homme d’État qui a vocation à rassembler. Le champion de l’UMP brille également par sa confusion des pouvoirs : interventionnisme dans les affaires de justice, connivence avec les milieux d’affaires et remise en cause de l’indépendance des journalistes. J’ai peur pour mon pays, je suis inquiète pour les classes populaires, je suis préoccupée de l’avenir de notre démocratie. Le 6 mai, sans hésiter - sans grande illusion non plus... -, je voterai pour Ségolène Royal.

par Clémentine Autain, directrice du mensuel « Regards ».

38- Pour sauver notre système social

Le premier tour a été dominé par une question centrale : pour ou contre Nicolas Sarkozy. Exacerbé par le présidentialisme et la médiatisation, cet enjeu a dominé tous les autres. A gauche, le dramatique danger de voir l’emporter une coalition de la droite et de l’extrême droite a produit un véritable effet de souffle du vote dit « utile » qui a joué massivement en faveur de Ségolène Royal, et même pour une part de François Bayrou. Il a particulièrement joué sur les électrices et électeurs les plus déterminés à faire gagner la gauche, notamment un grand nombre d’électrices et d’électeurs communistes. Ces résultats ne sauraient traduire l’audience réelle du Parti communiste dans notre pays. Nicolas Sarkozy est un homme dangereux qui a délibérément choisi de reprendre les thèses insupportables du Front national afin de devenir le candidat de la droite et de l’extrême droite. Il doit absolument être battu. Lucide sur les insuffisances et les ambiguïtés du programme de la candidate socialiste, j’appelle à voter et faire voter Ségolène Royal le 6 mai.

La situation est difficile. Avec moins de 40 % des suffrages exprimés, la gauche réalise un de ses plus bas scores sous la Ve République. Jusqu’au 6 mai, il faut tout faire pour battre Sarkozy. C’est vital pour notre peuple qui, sans cela, subirait durant cinq ans la politique ultralibérale d’une droite décidée à en finir une fois pour toutes avec notre système social.

par Gérard Streiff, journaliste.

39- « J’ai toujours voté socialiste et je continuerai à voter socialiste quelle que soit la personne en face. »

par Théo Klein, avocat.

40- Nous vivons une époque fabuleuse

Nous vivons une époque fabuleuse où :

• des policiers en pleine forme physique traînent devant les tribunaux des gens cabossés qu’ils accusent d’agression envers eux,

• des enfants sont attendus par la police à la sortie des écoles,

• le pilier d’un gouvernement en faillite se prétend le candidat de « la rupture » avec ledit gouvernement,

• un homme qui passe son temps à brandir des menaces dit vouloir nous guérir de la peur,

• des gens qui demandent l’asile politique sont renvoyés dans leur pays, où ils trouvent la mort,

• un homme qui prêche l’exclusion parle de venir au secours des « handicapés de la vie » etc., etc.

Bref, une époque où un pyromane se fait passer pour un pompier. Cet homme-là est bien l’héritier d’un système dans lequel un Président voleur se posait en victime. De façon tout aussi « abracadabrantesque », cet homme qui stigmatise les autres se prétend victime d’une diabolisation.

C’est parce qu’il dit tout et son contraire, qu’il sème la confusion et la division sous la bannière « ensemble » que je ne voterai pas Nicolas Sarkozy.

par François Guérif, directeur des Éditions Rivages.

41- Comment va la vie en France ?

Le 4 avril, j’ai pris l’avion pour Budapest afin d’y célébrer, en famille, les 93 ans de mon père.

Mon père est très étonné d’être encore de ce monde, il s’attendait depuis toujours à mourir jeune comme ses deux parents : à l’âge de 10 ans, il avait perdu son père, à 12 sa mère. Troisième enfant d’une fratrie de cinq, quatre garçons et une fille, il a vu son jeune frère et sa petite sœur intégrer l’orphelinat tandis que lui, déjà assez grand pour travailler, a dû arrêter l’école et gagner sa vie en tant qu’apprenti. Autodidacte, il est devenu un homme cultivé.

Lorsque, petite fille, je lui avais demandé de quoi sont morts mes grands-parents, il m’a dit : « De misère, de pauvreté. ». La veille de mon départ, donc, le 3 avril au soir, je regarde les informations sur France 2 et j’apprends que ce jour-là, à l’heure du repas de midi, une directrice d’école primaire a fait aligner, le long de la barrière de la cour de récré, la vingtaine de petits garçons et petites filles dont les parents n’avaient pas réglé le prix de la cantine. Elle leur a fait distribuer de l’eau et du pain sec. Je regarde, j’écoute et je commence à faire ma valise.

Mes larmes ne se sont mises à couler que le lendemain lorsque, en réponse à la question de mon père « alors, comment va la vie en France ? », je lui ai raconté cette histoire. Je lui ai également raconté celle d’une autre directrice d’école, celle qui avait le courage de chasser les flics de Sarko venus arrêter un grand-père dont les papiers n’étaient pas en règle, devant la porte de l’établissement où il était venu chercher sa petite-fille.

Sàrközy, en hongrois, veut dire « de l’île boueuse ». Il porte, hélas, bien son nom. Avec la peur au ventre et l’espoir au fond du cœur.

par Livia Javor, psychothérapeute.

42- Le degré zéro des sciences humaines

Ensemble, tout devient possible, chacun connaît. Sur une affiche détournée, le slogan sarkozyste devient : « 

Ensemble, sans les pauvres, les étrangers, les RMIstes, la gauche, l’extrême gauche, les communistes, le CDI, les homosexuels, les intermittents, les séropositifs, les handicapés, un ministère de l’Éducation, de la Culture, les journalistes indépendants, les Noirs, les Arabes, les Noah, les Thuram et le mec qui a piqué ma femme, tout devient possible. » Bien vu. Loin des propos tout miel du soir du premier tour, le vrai Sarkozy est là. Nettoyer le terrain est son art de gouverner.

Ministre de la Police, il fait voter en mars une loi belliqueuse de prévention de la délinquance juvénile, et veut dicter sa politique pénale au tribunal pour enfants de Bobigny. Il fait expulser des sans-papiers en nombre, même mineurs, et invente le fichier Éloi de surveillance des citoyens en contact avec des étrangers (annulé par le Conseil d’État). Il veut traquer les germes d’asocialité dès la crèche et tient des propos néo-conservateurs sur les dispositions innées à la pédophilie ou au suicide ! Sarkozy, le degré zéro des sciences humaines et sociales. Sous le drapeau de l’ordre public et de la protection des faibles, l’incontrôlable est capable de tout, et surtout du pire. Quand un exécutif tout-puissant ne respecte même plus l’indépendance et l’impartialité judiciaire, il y a grand danger pour nos libertés publiques. C’est de loin le plus grave. On ne pourra pas dire qu’on ne le savait pas.

par Michel Chauvière, directeur de recherche au CNRS.

43- Tout nous oppose

Nous ne voterons pas Sarkozy pour deux raisons, au moins. D’un point de vue général, il incarne une société qui joue la carte de la division à outrance, il nous prépare à une guerre du tous contre tous, comme sorti des entrailles d’un Léviathan revigoré. À titre personnel, nous avons une relation très suivie avec M. Sarkozy depuis cinq ans. En 2002, il a déposé une plainte contre nous, comme ministre de l’Intérieur. Il n’a pas attaqué notre musique mais un texte écrit dans un petit journal que l’on avait publié pour accompagner la sortie d’un album, dans lequel on rappelait que certaines personnes décédaient suite à des violences policières. Or, sa plainte a été déboutée en première instance, puis en appel. Mais il continue et nous poursuit en cassation. Ce procès nous a coûté 14 000 euros en frais d’avocat. Tout nous oppose. Selon lui, il n’y aurait qu’une forme d’insécurité, celle qui vient des pauvres, des couches populaires. On ne parle pas de leur insécurité matérielle, ni de la criminalité qui vient d’en haut. Depuis vingt ans que l’on vit dans des quartiers populaires, à Paris et en banlieue, nous n’avons pas été tendres non plus avec les socialistes. Mais à tout prendre, mieux vaut l’hypocrisie socialiste que la brutalité arrogante de Sarkozy.

par La Rumeur.

44- Notre pays a besoin de mesure

Je suis et je serai toujours profondément de gauche.

L’idée même de voter pour Nicolas Sarkozy est donc pour moi inconcevable. Nicolas Sarkozy constitue une menace. Il est animé par trop de hargne pour diriger notre pays avec mesure et générosité. Il est par trop sectaire pour agir dans le respect et l’intérêt du plus grand nombre.

par Pascal Dessaint, écrivain.

45- Pour protéger l’école de la République

Parmi les nombreuses raisons que j’ai de ne pas voter pour Sarkozy, et de voter contre, je n’en citerai qu’une qui suffit à elle seule. Quelqu’un qui ose retirer des enfants de l’école de la République pour les envoyer vers un destin pour le moins incertain ne peut pas être président de cette République.

par Françoise Balibar, physicienne.

46- Le relais de la pensée Bush

Nicolas Sarkozy pratique au niveau hexagonal la politique que mène Bush au niveau mondial. Il est le digne héritier du Président américain. Sarkozy est dangereux car il attise les tensions et provoque les clivages en relayant la pensée de Bush en France. Il a derrière lui la puissance économique, financière, doctrinaire et médiatique de Bush. Il suscite les clivages civilisationnels, culturels et économiques entre les hommes. Il a la même vision manichéenne du monde. Sarkozy est un pyromane exacerbé. C’est un pur idéologue, conscient de ce qu’il fait et dit. Ses dérapages sont voulus et montrent son vrai visage. Il fait semblant d’éteindre le feu avec un bidon de pétrole ! Le plus grand danger chez Sarkozy réside dans sa politique étrangère, miroir de sa politique intérieure. Si Bush part en guerre contre l’Iran, il est à parier que Sarkozy le suivra !

par Jean-Claude Amara, cofondateur de Droit au Logement et de Droits Devant !

47- Un cancre devenu chef de gang

C’est un cancre qui a dû sécher les cours de biologie, devenu chef de gang, et qui propose encore, aujourd’hui, de débattre de l’importance de la prédétermination génétique chez ceux qu’il voit comme des déviants sociaux et marginaux de la norme admise. Type du sale personnage, modèle roquet hargneux aux dents longues, issu d’un canevas de roman de SF des années 70, dangereux pour la démocratie dont il se fait le héros et le héraut, il ne craint pas de courtiser en s’adressant à tous les peureux qu’il protégera, mauvais comédien mais larme à l’œil pour cette facette d’une quasi-réincarnation squattée de l’abbé Pierre...

par Pierre Pelot, écrivain.

48- La France mérite mieux

Le « rassembleur » excelle dans l’amputation de la France des pages de son histoire. Cela ne conforte pas son idéal de société, qui est élitiste (l’immigration choisie en est l’instrument), xénophobe (même s’il s’en défend et parvient à tromper une partie de l’électorat noir et arabe) et marchande. Le candidat de l’UMP aura réussi, en quelques années, à banaliser le racisme anti-noir en accablant les Africain(e)s au lieu de se dire que chaque jeune Malien, Sénégalais, Camerounais... qui émigre dans la clandestinité aura d’abord assisté, impuissant, au pillage de son pays dans le cadre de l’ordre économique mondial dont il est l’un des fervents défenseurs. La France peut assurément mieux pour elle-même, l’Afrique et le monde.

par Aminata D. Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali.

49- « SARKOZY = RÉPUBLIQUE - 1905 = 0 »

par Cyril Aouizerate, président du club Spinoza.

50- Le bon plaisir du prince

Beaucoup de candidats, de Bayrou à Buffet en passant par Royal, ont explicitement appelé à changer de République. Ils font tous le même constat : cinquante ans de présidentialisme ont atrophié la démocratie représentative. La France est devenue le régime le plus anachronique et archaïque de toute l’Union européenne. Sa Constitution est à elle seule un obstacle à l’engagement de la France dans la construction d’une Europe démocratique. Les décisions, depuis les questions de Défense jusqu’aux nominations aux emplois stratégiques, y relèvent d’un « bon plaisir du prince » de type monarchique. La séparation des pouvoirs est bafouée tous les jours, y compris et surtout pour ce qui est du « quatrième pouvoir », celui des médias. Cette situation est un facteur de crise grave entre les gouvernants et les gouvernés. Or, Nicolas Sarkozy propose de l’amplifier. Il a déjà envahi le ministère de la Justice quand il était ministre de la Police ; il a annoncé l’effacement du Premier ministre de l’organigramme institutionnel sans pour autant proposer un véritable régime présidentiel avec ses nombreux contre-pouvoirs. En fait, il veut s’imposer comme le seul chef de la majorité parlementaire, exploitant en cela tous les effets pervers du quinquennat présidentiel. Sa fascination pour le pouvoir et la violence qu’il met dans cette passion toute personnelle élargiront la fracture démocratique déjà si forte. Sarkozy est le candidat d’une oligarchie surpuissante et c’est la raison pour laquelle je ne voterai pas pour lui.

par Paul Alliès, professeur de science politique.

51- Pour un vrai changement de cap

« Toute protection contre un mal nous met sous la dépendance de ce mal », écrivait vers 1840 le philosophe américain Emerson. C’est la question que je me pose s’agissant de Sarkozy. Il nous protège du Front national en nous plaçant sous la dépendance de ses grands thèmes, de l’insécurité, du repli nationaliste. Il y a cependant chez lui une capacité à déplacer la question, et c’est un libéral, comme on le voit sur les questions religieuses autant que sur les questions économiques. Mais si on ne veut pas de la nouvelle alliance qui se dessine, dans tant de régimes de la planète, entre un libéralisme économique et un autoritarisme politique, il faudrait aller beaucoup plus résolument vers un véritable libéralisme politique.

Et là, je pense que Sarkozy ne veut pas aller jusqu’au bout de la grande « réforme » qu’il préconise. C’est pourquoi il risque de nous planter dans une situation durcie et manichéenne. On peut cependant faire un rêve : c’est que Sarkozy, comme De Gaulle face à l’événement, trahisse sa majorité et prenne le virage radical que nous attendons des politiques. Celui d’une prise en compte enfin sérieuse des menaces climatiques, de l’épuisement des ressources, de nos impasses énergétiques, et des guerres que tout cela prépare, notamment dans l’opposition entre un Nord barbare d’excessive puissance et un Sud barbare d’excessive faiblesse. C’est à nous de faire sentir l’imminence de l’événement qui décidera, quel que soit le Président, le changement de cap à accomplir.

par Olivier Abel, théologien protestant.

52- On ne naît pas pédophile

Tous les candidats disent des bêtises. Mais tous les candidats ne disent pas des choses qui, tout simplement, interdisent de voter pour eux. Nicolas Sarkozy est crédité aujourd’hui du maximum d’intentions de votes. Il est réellement susceptible d’accéder à la présidence de la République française. Or, il a dit quelque chose (au moins une chose) qui nous interdit de voter pour lui. Nous, généticiens, psychiatres, anthropologues, juristes, philosophes, sommes indignés à l’idée que le président de la République Française puisse penser et dire qu’il pense qu’« on naît pédophile ». Chacune des sciences, chacun des savoirs que nous représentons et pratiquons s’inscrivent en faux contre cette affirmation. Gregor Mendel, Sigmund Freud, Marcel Mauss, René Cassin, Emmanuel Kant, Paul Ricœur et Jacques Derrida pensaient de même.

par Barbara Cassin, philosophe.

53- Cet homme est dangereux

Le titre du numéro 2 de la défunte Série Noire s’applique très bien au numéro 1 de l’UMP : quel autre qualificatif pour un ministre en exercice qui déclare sans gêne aucune vouloir utiliser les pouvoirs de sa charge pour vider ses querelles personnelles et qui intervient en personne pour faire interdire de parution un livre qui lui déplaît (la première chose que brûlent les ennemis de la liberté, ce sont les livres, il n’est pas inutile de le rappeler), ou pour faire renvoyer un rédacteur en chef à ses yeux pas assez dans le rang, un candidat qui trépigne de rage au maquillage d’un studio de télévision dont la direction ne rampe pas assez à son goût devant ses bottines et qui professe le principe de fatalité génétique pour expliquer la pédophilie ou le suicide - vous confieriez, entre autres, les quelques 60 mégatonnes de la dissuasion nucléaire à un illuminé capricieux incapable de maîtriser ses nerfs, vous ?

Moi pas.

Cela dit, Nicolas Sarkozy serait dépourvu de toute dangerosité que je persisterai à voter comme je l’ai toujours fait, en me souvenant, chaque fois que je suis dans un isoloir, que j’ai été sinon content, du moins pas si malheureux que ça de vivre en France quand elle était « socialiste » (avec des guillemets, quand même) plutôt que sous le joug du libéralisme effréné du Royaume-Uni thatchérien ou des États-Unis façon Reagan et Bush père & fils. Alors, aujourd’hui comme hier... Mieux vaut se ramasser une mauvaise gauche qu’une bonne droite, ça fait toujours moins mal.

par Jean-Hugues Oppel, écrivain.

54- En souvenir de Sartre

« Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles je ne vais pas voter pour Nicolas Sarkozy. La raison principale est son choix du libéralisme. Il en revient à l’abandon d’une société humaine à des forces qui la dépassent. Face à cette politique, je lui répondrai par une citation de Jean-Paul Sartre : “L’homme est condamné à inventer l’homme”. L’option du libéralisme, c’est d’abandonner tout moyen de peser sur le destin de la société, alors qu’il faut choisir son propre chemin.

par Albert Jacquard, généticien.

55- Il a une attitude dévastatrice

Je ne voterai pas Sarkozy parce qu’il a amplement fait montre de son aptitude dévastatrice à opposer et à dresser, les unes contre les autres, différentes parties de la population (les policiers contre les jeunes, les travailleurs contre les assistés, les nantis contre la « racaille », les « réguliers » contre les « déviants », etc.). La première qualité requise pour être un chef d’État démocratique n’est pas la répression brutale et l’exclusion spectaculaire, mais la capacité à rassembler et à fédérer les composantes, forcément multiples et diverses, de la Nation.

par Hourya Benis Sinaceur, directrice de recherche au CNRS.

56- Les ravages de la Berlusconisation

L’ère consumériste dite des Trente Glorieuses a rongé la société comme un cancer. La déculturation et la dépolitisation ont avancé à grand pas derrière le masque de l’abondance. Certains analysaient et dénonçaient le phénomène de façon plus ou moins maladroite comme Pasolini, Illich ou Guy Debord. La destruction des villes en temps de paix, avec la « périphérisation » des nouvelles couches moyennes ou immigrées (en habitat pavillonnaire, en grands ensembles ou en HLM), la montée en puissance de la grande distribution (super et hypermarché) allant de pair avec l’automobile et la télévision, sapaient subrepticement la citoyenneté, fabriquant un deuxième peuple quasi invisible et sans parole, mais volontiers manipulé par un pouvoir médiatique et sans scrupule lié aux firmes transnationales. La mondialisation, favorisant un grand déménagement et le démantèlement des filets de protection sociale, a achevé la destruction de la culture populaire. Ces évolutions ont ouvert la voie à une classe politique populiste, corrompue, voire criminelle. En Italie, le phénomène Berlusconi en est une illustration caricaturale. Mais la berslusconisation, avec ou sans le cavaliere, poursuit ses ravages dans toute l’Europe et au-delà. Le phénomène des « majorités satisfaites », selon l’heureuse analyse de John Kenneth Galbraith, faisant basculer les classes moyennes de la solidarité à l’égoïsme individuel, et les États occidentaux dans la contre-révolution néolibérale démantelant l’État-providence, a tout à la fois permis la transition et masqué le phénomène. Il faut tout faire pour épargner à notre pays ce totalitarisme rampant médiatique, policier et affairiste dont Sarkozy est le porteur arrogant.

par Serge Latouche, professeur émérite.

57- Six raisons de voter Nicolas Sarkozy

1) Si vous pensez qu’une femme ne peut être présidente de la République, parce que « le sexe » manque de compétence, de sérieux et d’intelligence politique - c’est une affaire génétique -, Nicolas Sarkozy est votre homme.

2) Si vous estimez qu’avec l’expulsion massive des travailleurs immigrés, des sans-papiers, des demandeurs d’asile, ainsi que de leurs femmes, enfants et petits-enfants, on peut résoudre le problème du chômage, assurer nos retraites et combler le trou de la Sécurité sociale, vous n’avez qu’un seul choix : Nicolas Sarkozy.

3) Si vous croyez que grâce à un ministère de l’Identité nationale, , on va purifier notre identité française de toutes les scories et mélanges introduits au cours des siècles par les foules d’étrangers et immigrés qui se sont établis dans l’Hexagone - Phéniciens, Normands, Romains, Juifs, Italiens, Portugais, Espagnols, Maghrébins, Africains -, alors il faut sans hésiter choisir Nicolas Sarkozy.

4) Si vous pensez que les graves problèmes sociaux des banlieues pauvres n’ont rien à voir avec l’exclusion sociale, le chômage, les discriminations racistes et peuvent se résoudre en envoyant beaucoup plus de policiers et CRS, pour nettoyer la « racaille » « au Kärcher », votez pour l’ex-ministre de l’Intérieur, qui a si bien réussi jusqu’ici. 5) Si vous pensez que la politique économique néolibérale - privatisations des services publics, réductions des dépenses sociales - a fait ses preuves dans le monde entier, à condition qu’on l’applique de façon bien plus vigoureuse que jusqu’à présent, Nicolas Sarkozy est de loin le meilleur candidat. 6) Enfin, si vous pensez que George Bush est un ami de la paix et de l’Humanité, et que la France devrait se rallier dans l’enthousiasme aux Croisades du Grand Empire, vous avez bien fait de choisir Nicolas Sarkozy. par Michael Löwy, sociologue des religions.

58- Pour une poignée de mains

Sarkozy exprima ses regrets que l’« arrogance » de la France à l’ONU l’ait empêchée d’entrer dans le Club des vaincus (Bush, Aznar, Tony Blair, Berlusconi) qui déclencha et perdit la guerre d’Irak. Le résultat électoral désastreux de ces quatre-là l’a amené à plus de prudence verbale. Peut-on croire ce nouveau janséniste qui prêche la prédestination avec impossibilité de rachat. On vient au monde pédophile sans qu’aucune transformation puisse modifier le destin, sans tenir compte que Jansénius lui-même, une demi-heure avant de mourir, reconnut : « Je sens que des changements seraient difficiles. Cependant, si le Saint-Siège exige quelques changements, je suis un fils obéissant et soumis à l’Église. » Remplacez Église par néolibéralisme et Saint-Siège par Maison-Blanche et vous comprendrez que Sarkozy, comme Jansénius lui-même, peut maintenant pondérer : « Rien n’est exclu a priori ; ce qui compte, c’est l’efficacité. S’agissant de sanctions en dehors du Conseil de sécurité, ce n’est pas un problème de principe. Mais il est, bien sûr, préférable d’avoir une résolution de l’ONU. » Donc, avec Sarkozy, terminé le panache, la France accepterait des sanctions contre l’Iran sur la base d’une « coalition de pays volontaires », indépendamment du Conseil de sécurité. Ce serait encore une fois la guerre et la fin du multilatéralisme prôné par Jacques Chirac, qui a donné à la France, au Moyen Orient et dans le monde, un prestige important.

par Ramon Chao, journaliste.

59- Pourquoi je ne voterai pas Sarko ?

Parce que c’est un homme du XIX°siècle. En particulier il n’a pas compris comment fonctionne une économie moderne. Une économie moderne est fondée sur les synergies, les réseaux, la dynamique public-privé. Sa mesure de suppression des fonctionnaires (comme si ça allait « dynamiser » l’économie !) témoigne de cette conception libérale absurde : plus d’Etat égale moins de marché. Ne pas toucher aux revenus rentiers est absurde. Croire qu’en diminuant l’impôt sur les successions on dynamise une société est proprement berlusconien. Et si j’avais une seule petite mesure qui m’interdirait de voter pour lui, ce serait sa promesse de ne pas toucher à la redevance audio, mais de faire entrer plus de pub à la télé et à la radio publique. Quant à la recherche comme facteur dynamique de la croissance, en particulier la recherche dans le développement durable, il ne peut pas comprendre. Tant pis.

par Bernard Maris, économiste.

60- « ...la situation politique révoltante dans ce pays qui est le nôtre, et dans toute l’Europe, avait été peut-être l’élément décisif qui avait déclenché la catastrophe (ma maladie), parce que toute l’évolution politique allait contre tout ce dont j’avais la conviction que cela aurait été juste, et dont maintenant encore j’ai la conviction que ce serait juste. La situation politique s’était à ce moment-là brusquement détériorée d’une manière qu’on ne pouvait plus qualifier que de révoltante et mortelle. Les efforts de dizaines d’années étaient annulés en quelques semaines, l’État déjà instable depuis toujours, s’était effondré en quelques semaines, la stupidité, la cupidité, l’hypocrisie régnaient tout à coup comme aux pires époques du pire régime, et les hommes au pouvoir oeuvraient à nouveau sans scrupules à l’extirpation de l’esprit. Une hostilité générale à l’esprit, que j’avais observée depuis des années déjà, avait atteint un nouveau paroxysme répugnant, le peuple ou plutôt les masses populaires étaient poussées par les gouvernants à assassiner l’esprit et excitées à livrer la chasse aux têtes et aux esprits. Du jour au lendemain tout était à nouveau dictatorial, et, depuis des semaines et des mois, j’avais déjà éprouvé dans ma chair à quel point on exige la tête de celui qui pense. Le sens civique des braves bourgeois, bien décidé à se débarrasser de tout ce qui ne lui convient pas, c’est-à-dire avant tout ce qui est tête et esprit, avait pris le dessus, et, tout à coup était à nouveau exploité par le gouvernement, et pas seulement par ce gouvernement, mais par tous les gouvernements d’Europe. Les masses esclaves de leur ventre et des biens matériels, s’étaient mises en mouvement contre l’esprit. Il faut se méfier de celui qui pense et le persécuter...Pendant ces semaines-là, les rêves d’un monde voué à l’esprit avaient été trahis...Les voix de l’esprit s’étaient tues. Les têtes étaient rentrées dans les épaules. La brutalité, la bassesse et la vulgarité régnaient désormais sans partage... »

par Marie-Jozé Mondzain, philosophe.

61- Il a rendu ringard tout contre-pouvoir

Cet homme représente tout ce qu’il y a de plus effrayant dans cette société : un positivisme à l’américaine qui exclut toute réflexion, toute lenteur, tout doit aller vite, comme son ascension, il a rendu tout contre-pouvoir ringard et méprisable ; quelqu’un qui doute et réfléchit - conditions de notre survie mentale dans un monde si complexe - n’a plus sa place, c’est un attardé.

Sa vision fait perdurer et même amplifie le pouvoir de l’occident colonialiste, eugéniste, de toute façon supérieur à toute autre civilisation, où le recul, l’imaginaire, la foi en l’invisible et dans les imprévus sont bannis : il faut savoir qui l’on est, pas de temps à perdre, pas se faire bouffer, se protéger ("je vais vous protéger" : 22/04/07) unique logique possible éradiquer le mal,

ça veut dire que le mal n’est jamais en nous, mais ailleurs, à l’extérieur de soi, aucune remise en cause de soi possible ; c’est peut être cette fausse virilité-là qui séduit des Français qui n’ont déjà plus de vraie vie sociale, mais une fausse vie nourrie par les images, les phrases toutes faites, des rapports en réseaux, mode de vie délicieusement bercé par la télévision (qu’il est d’ailleurs devenu vieux jeu de critiquer) l’incapacité à vraiment parler (et non "communiquer"), parler profondément, pour sonder les vraies blessures et trouver des épanouissements cachés, cet homme ne parle que de solution totale, pratique, rapide, efficace, et ne pourra qu’accélérer le virage d’un mode de vie où l’on s’ignore les uns les autres, où on a pas le temps de penser, et d’où la vraie vie sociale EST BANNIE.

par Fantazio, musicien.

62- Nicolas Sarkozy est dans la même optique atlantiste que Georges Bush parce qu’il a été faire photographier leur poignée de main, en septembre dernier. De plus il veut, avec Angela Merkel, faire passer un traité constitutionnel européen « light », en conservant les parties 1 et 2 dans lesquelles un paragraphe dit « l’OTAN est l’instrument de notre défense et l’instance de sa mise en oeuvre », donc il accepte l’alliance avec les Etats-Unis.

par Susan George, membre d’Attac.

63- Pourquoi je ne saurais me résoudre à voter pour Nicolas Sarkozy

La Droite a longtemps prospéré sur une illusion. Voire une prestidigitation. L’art de croire et de faire croire qu’elle excelle au pouvoir, championne de l’économie efficace, du plein emploi et surtout, surtout, de la sécurité. De mirage en vanité, elle a considérablement détérioré la situation individuelle et collective des citoyens, à la mesure quantitative que révèlent les statistiques, à une mesure bien plus ample sur le champ de la confiance et sur ce bien commun inestimable, le lien civique et social. Le candidat de l’UMP fut un ministre puissant, tant à l’Intérieur qu’à l’Economie et aux Finances, se mêlant de tout, d’Education et de Justice, cumulant les fonctions exécutives, dérogeant aux injonctions présidentielles, méprisant les usages et la jurisprudence, défiant la primature, s’imposant aux siens par un putsch et créant le désordre. Il reste un homme politique bruyant, livrant un corps à corps éperdu à une société qu’il veut charnelle comme s’il ne parvenait pas à en saisir les contours, comme s’il lui fallait en éprouver la consistance et la résistance en la frappant du dos de la main. Il se plaint, en s’en délectant, d’être diabolisé. N’est-ce pas l’inévitable revers d’un pouvoir personnalisé à l’excès. Nul besoin, cependant, de l’accabler. Il suffit de déceler son rapport privatif aux institutions, son communautarisme furtif, la souplesse de ses convictions laïques, ses méfiances envers la solidarité, ses menaces à la presse, son exaspération sur les luttes sociales, son appétence pour l’empoignade, sa propension à céder aux thèses qui prédestinent, condamnent et excluent, pour comprendre que si ses fortes tentations et multiples tentatives pour réduire les libertés ne mettent pas trop en péril la démocratie, ses croyances naturalistes et son éthique de l’affrontement maltraitent la matrice républicaine qui nous fait tenir ensemble. Il suffit de sonder ses ambitions minimales pour l’Europe, ses dispositions sommaires pour la diplomatie et la géopolitique. Il y a là déjà assez à craindre. Plus encore que ses idées, son inconstance. Nul besoin d’en faire un diable. Cette foi en soi qui le rend si désinvolte envers nous, c’est déjà plus qu’il n’en faut.

par Christiane Taubira, Députée de Guyane.

64- Nicolas cette année veut être délégué. C’est son rêve depuis tout petit. On sait tous pourquoi il est comme ça. On en est même responsable. On s’est tous foutu de sa gueule à l’appeler « le nain » dès la maternelle. Mais y’a deux classes, il s’est fait pote avec deux balèzes. Ils ont foutu la trouille à tout le monde jusqu’au secrétariat et Conseillers d’Education.

Depuis, y’a des pions partout, la sonnerie dit « méfiez-vous de vos voisins ». À la bibliothèque, y’a plus que des articles sur la peur et le racket. On a presque envie de le faire ou d’y croire, à force de le lire et de l’entendre.

Depuis, interdit aux filles de mettre des jupes et de jouer à plus de 3 aux billes. Y’a des caméras même dans les toilettes. Et comme au vélo il est lent (à cause des oreilles) alors il a mis des radars pour limiter sa vitesse, que si tu ne les respectes pas, les profs de sport te prennent ton argent de poche et ce brigand de Nicolas et ses gorilles touchent leur part.

Avant si t’avais des soucis à la maison et si ton bulletin était pas signé on te laissait le temps.

Depuis, on te remet dans le bus pour la maison.

Là où il est bon, ce petit teigneux, c’est pour semer la zizanie. Il a réussi à foutre la merde entre les blacks et les beurs et entre les juifs et les asiat’ ! V’la l’ambiance à la récré !

Je lui avais dit de ne pas sécher les cours d’éducation civique, il m’a pas écouté ! T’imagines s’il était président plus tard ! pire ! s’il était Chef des Armées ?

par Nicolas Police, chanteur.

65 - Je vote contre Nicolas Sarkozy, plutôt deux fois qu’une, parce qu’au delà du discours de prêcheur attrape-tout du candidat, je connais la réalité de ce qu’il a déjà commencé à mettre en oeuvre pendant les cinq ans passés comme ministre de l’Intérieur. ?

Une police essentiellement répressive, dressée d’abord à la chasse à l’immigré "clandestin", puis à la chasse aux basanés, et donc de plus en plus raciste, porteuse d’une guerre civile larvée, une société figée dans lea peur de l’autre et le déterminisme social, avec ce projet insensé de détection des comportements déviants dès la maternelle que Sarko a déjà soutenu et qu’il reprendra, n’en doutons pas, s’il est Président. La destruction de la liberté d’expression et des garanties d’une société démocratique, comme l’annonçaient les pressions sur les juges, les pressions sur la presse et la télévision (le coté Berlusconi de Sarko), que mettra en musique le grand ministère de l’Identité nationale qu’il nous promet en cas de victoire. Réécriture de l’Histoire (haro sur la repentance de 1940 à nos jours), poursuite des déviants devant des tribunaux aux ordres, et pourquoi pas déchéance de ceux dont l’identité ne serait pas jugée conforme. On est tout près de ce « ministère de la Vérité » orwellien dont Geremek dénonce la progressive mise en place en Pologne. Un vent mauvais souffle sur toute une partie de l’Europe, il faut l’abattre. ?

par Dominique Manotti, écrivain

66 - Le projet de Nicolas Sarkozy, profondément conservateur et fortement autoritaire, provoque le conflit permanent dans la société française : entre les générations, dans le monde du travail, entre les territoires et, surtout, entre les plus fortunés et les plus démunis.

Sur les questions de santé, cruciales pour l’avenir de notre société, ses propositions sont à la fois inefficaces économiquement et injustes socialement, voire même dangereuses. En proposant, par exemple, des franchises sur les soins (pas de remboursement en dessous d’un seuil annuel), le candidat de l’UMP veut créer un mur d’argent dans l’accès aux soins, éloignant davantage les familles pauvres qui hésitent déjà tant à se faire soigner. En outre, ces franchises signeront un coup d’arrêt dramatique aux politiques de prévention pourtant si fondamentales. . En un mot, le projet de Nicolas Sarkozy va à l’encontre de la justice et du progrès social, à l’heure où les actions politiques, en matière de santé entre autres, doivent au contraire œuvrer pour la valorisation du capital humain de chacun de nos concitoyens.

par Jean-Marie Le Guen, député PS.

67 - Parce que je suis, sans doute, de droite

. *Parce que je ne veux pas d’une France de la haine et de la rancoeur

. *Parce que je ne veux pas d’une France ultra-sécuritaire

. *Parce que je ne veux pas d’une France qui ait pour seule valeur l’argent

. *Parce je ne veux pas d’une France dans laquelle soient ignorées les valeurs liées à la culture

. *Parce que je trouve vulgaire la démagogie populiste

. *Parce que m’ insupportent les discours émaillés de fautes de syntaxe

. *Parce que je préférerais que La Princesse de Clèves reste au programme des concours de l’administration.

par Christophe Mercier, écrivain.

. 68 - Arrêtons Sarkozy

Incompétent. Ministre de l’économie, il n’a tenu aucune de ses promesses sur le pouvoir d’achat ou contre les délocalisations. Ministre de l’intérieur, sa politique pour la sécurité est un échec.

Menteur. Il a menti en affirmant que les deux jeunes électrocutés de Clichy étaient des voleurs. Il a menti en jurant que GDF resterait public, puis en soutenant sa privatisation pour la fusion avec Suez.

Mystificateur libéral. Il est contre l’augmentation du SMIC : pour gagner plus il faut travailler plus. C’est la thèse du patronat. Il a promis une baisse des prélèvements obligatoires à hauteur de 4% du PIB, soit 72 milliards ! Il a célébré l’abbé Pierre, mais à Neuilly, il y a moins de 3% de logements sociaux contre les 20% exigés par la loi. On comprend qu’il ait été ovationné à l’université d’été du MEDEF.

Dangereux. Il a délibérément provoqué les jeunes des quartiers populaires, parce que l’insécurité est son fonds de commerce. Quand il dénonce « l’assisté qui gagne plus que celui travaille dur », il tente de dresser la population contre ces « privilégiés ». Quand il dénonce « l’arrogance française » chez Bush, à propos de la guerre en Irak, il confirme qu’il pourrait entraîner le pays dans les aventures internationales de son modèle américain. Pour draguer l’extrême droite, il a multiplié les arrestations d’étrangers à la porte des écoles, dans les queues des restaurants du cœur. Cela donne la nausée. Alors, inversons la consigne policière : arrêtons Sarkozy.

par Yves Salesse, ex-porte-parole de la campagne Bové.

69- Pourquoi je ne pas voterai pour Nicolas Sarkozy

En tant que citoyen enseignant, je note que les solutions préconisées par M. Sarkozy, en stigmatisant la jeunesse, en amalgamant insécurité, immigration, banlieue et jeunesse, créent de nouvelles tensions. Que vaut un pays qui ne croit plus en sa jeunesse ? Les acquis sociaux hérités de longues luttes sociales sont menacés par un modèle social qui désigne des catégories à la vindicte populaire (les enseignants et les fonctionnaires par exemple). Tout est organisé pour défaire l’unité du tissu social. En tant que démocrate, je ne peux pas souscrire aux thèses frontistes qui désignent l’émigration, africaine en particulier, comme bouc émissaire des difficultés économiques et sociales et de l’insécurité. Ces mêmes considérations favorisent l’intimidation et la menace, avec une application contestable pour les minorités visibles.

En tant que militant de la cause africaine, je constate que Nicolas Sarkozy est le fils héritier des réseaux de la Francafrique. Ses propositions en direction des pays africains sont dangereuses. Il soutient les dictatures prédatrices qui entretiennent la pauvreté de ce continent. Son concept d’émigration choisie priverait l’Afrique de ses élites après qu’elle a été spoliée de ses matières premières et de sa main d’œuvre.

par Benjamin Toungamani biochimiste, professeur de mathématiques à Orléans, président de France Congo Education.


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