Retour sur le premier tour : Maintien de spécificités de l’électorat de gauche par rapport à l’électorat de droite

dimanche 6 mai 2007.
 

Les commentateurs insistent sur l’aspect de plus en plus autonome de l’électorat par rapport aux grands courants, gauche et droite de la vie politique. Je ne le crois pas.

1) Comme pour toutes les élections précédentes, les sondages font apparaître des différences toujours aussi significatives entre gauche et droite en ce qui concerne les motivations du vote :

* "La lutte contre les inégalités et les injustices a-t-elle joué dans votre vote" ? 53% des électeurs de la gauche antilibérale répondent oui, 42% des électeurs de Ségolène Royal, 29% de Bayrou, 19% de Sarkozy et 17% de Le Pen. Même différenciation entre gauche et droite sur la défense du système de protection sociale ( retraites, santé...), sur l’amélioration de l’école, sur la lutte contre la pauvreté, sur l’environnement, sur l’intégration des minorités dans la société française.

* Par contre "la lutte contre l’insécurité a-t-elle joué dans votre vote ? " : 53% de oui pour Le Pen, 43% pour Sarkozy, 8% pour Royal et la lutte contre l’immigration clandestine : 60% de oui pour Le Pen, 30% pour Sarkozy, 11% pour Bayrou, 4% pour Royal...

2) Le même constat d’une différence de nature entre électorats peut être fait en ce qui concerne les évènements ayant influencé le vote.

Quels évènements sont mis en avant prioritairement par les électeurs de gauche ?

* les indemnités de départ de certains patrons

* le plan social d’Airbus

Quels évènements sont mis en avant prioritairement par les électeurs de droite ?

* les affrontements entre des jeunes et la police à la Gare du Nord (63% pour Le Pen, 43% pour Sarkozy, 19% pour Royal et Gauche antilibérale)

* les attentats au Maroc et en Algérie ; les exigences des talibans pour la libération des otages français...

3) Un sondage exprime bien cette différence de nature entre électorat de droite et électorat de gauche. Voici la question : "Y a-t-il un autre candidat que celui que vous avez choisi pour lequel vous avez sérieusement envisagé de voter ? Si oui, lequel ?"

51% des électeurs de Ségolène Royal répondent oui dont 32% pour Olivier Besancenot, 6% pour Marie George Buffet, 10% pour Voynet..., seulement 2% pour Sarkozy, 0% de Villiers, 0% Le Pen.

L’électorat de Nicolas Sarkozy est lui, extrêmement homogène et totalement réfractaire à la gauche. Les flux de voix à droite s’opèrent entre Sarkozy, Le Pen et De Villiers, moins vers Bayrou.

Par contre, environ 2% de l’électorat flotte entre extrême droite et extrême gauche. Cela représente 13% au sein de l’électorat Le Pen en 2007.

4) Autre sondage significatif

" Dans les mois et les années qui viennent, souhaitez-vous que la société française soit une société avec plus de libertés individuelles ou une société avec plus d’ordre et d’autorité ?"

Réponse "une société avec plus de libertés individuelles" : Gauche antilibérale 62%, Ségolène Royal 66%, Sarkozy 16%, Le Pen 18%

Réponse " une société avec plus d’ordre et d’autorité" : Gauche antilibérale 30%, Ségolène Royal 27%, Sarkozy 83%, Le Pen 80%.

5) Remarques sur l’électorat de la gauche antilibérale

Pendant longtemps, l’électorat du Parti Communiste était le plus homogène du champ politique.

Aujourd’hui, parmi les quatre grands courants : extrême droite, droite, gauche, gauche antilibérale, ce dernier apparaît comme le plus aléatoire avec des électeurs qui se sont souvent déterminés sur la fin de campagne.

Les motivations du vote dessinent un électorat qui n’est pas plus cohérent sur les orientations de gauche que celui de Ségolène Royal. Tel est le cas par exemple sur l’intégration des minorités dans la société française, sur l’environnement, sur la lutte contre la pauvreté, sur l’amélioration du pouvoir d’achat, sur l’amélioration de l’enseignement...

Par contre, cet électorat de la gauche antilibérale est en pourcentage plus ouvrier et populaire que celui de Ségolène Royal.


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