Le prix Nobel de la paix décerné à la Coalition internationale pour l’abolition des armes nucléaires

mercredi 11 octobre 2017.
 

L’ICAN est à l’origine de l’adoption d’un traité historique d’interdiction de l’arme atomique : ce traité, élaboré en quelques mois, a été adopté en juillet par 122 pays.

Le prix Nobel de la paix 2017 a été décerné, vendredi 6 octobre, à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons, ICAN) pour ses efforts contre ces armes de destruction massive, au cœur de tensions internationales en Iran et en Corée du Nord.

« Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu’il ne l’a été depuis longtemps. Certains pays modernisent leurs arsenaux nucléaires, et le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel, comme le montre la Corée du Nord », a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen, qui a appelé les puissances nucléaires à des « négociations sérieuses » en vue de détruire leur arsenal.

Ce consortium d’ONG succède au président colombien, Juan Manuel Santos, récompensé en 2016 pour ses efforts en faveur du processus de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

L’ICAN a poussé à l’adoption du traité de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur l’interdiction des armes nucléaires : ce traité, élaboré en quelques mois, a été adopté en juillet par 122 pays. Il entrera en vigueur dès lors qu’il aura été ratifié par 50 d’entre eux, ce qui pourrait prendre des mois.

Les neuf puissances nucléaires – Etats-Unis, Russie, Chine, Inde, Pakistan, Israël, France, Royaume-Uni, Corée du Nord – ont refusé jusqu’ici d’entendre parler d’un texte, dont la gestation a coïncidé avec la montée de la crise nord-coréenne. « L’annonce d’aujourd’hui ne change pas la position des Etats-Unis sur ce traité », qui « ignore les défis sécuritaires actuels rendant la dissuasion nucléaire nécessaire », a déclaré vendredi un porte-parole du département d’Etat américain.

La directrice de l’ICAN, Beatrice Fihn, a réagi peu après l’annonce en estimant que l’attribution du prix Nobel de la paix était « un grand honneur ». Dans un communiqué, elle a lancé un appel aux nations pour qu’elles interdisent « maintenant » l’arme atomique :

« C’est un moment de grande tension dans le monde, alors que les déclarations enflammées pourraient tous nous conduire très facilement, inexorablement, vers une horreur sans nom. Le spectre d’un conflit nucléaire plane à nouveau largement. S’il y avait un moment pour que les nations déclarent leur opposition sans équivoque aux armes nucléaires, ce moment serait maintenant. »

« L’élection du président Donald Trump a mis beaucoup de gens très mal à l’aise, à l’idée qu’il puisse, à lui seul, autoriser l’utilisation des armes nucléaires », a déclaré la directrice de l’ICAN, lors d’une conférence de presse à Genève. Mme Fihn a également critiqué le fait que le nouvel occupant de la Maison Blanche avait montré qu’il « n’écoute pas » toujours les experts.

L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), organisation politico-militaire qui réunit trois des puissances atomiques de la planète, a réservé un accueil mitigé au choix du comité Nobel. S’il « salue l’attention donnée à ce sujet », son secrétaire général, Jens Stoltenberg, « regrette que les conditions pour aboutir à un désarmement nucléaire ne soient aujourd’hui pas favorables ». Opposée au texte soutenu par l’ICAN, l’OTAN demande une prise « en compte des réalités de l’environnement de sécurité actuel ».

Une coalition d’une centaine d’ONG

Constituée officiellement en 2007, à Vienne, en marge d’une conférence internationale du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), l’ICAN est une coalition internationale réunissant dans une centaine de pays des centaines d’organisations humanitaires, environnementales, de protection des droits de l’homme, pacifistes, et pour le développement.

L’ICAN a su rallier à sa cause les activistes du monde entier, mais aussi des célébrités. L’archevêque sud-africain et Prix Nobel de la paix Desmond Tutu, le musicien de jazz Herbie Hancock ou encore le dalaï-lama font partie de ceux qui soutiennent l’organisation, dont le siège se situe dans les bâtiments du Conseil œcuménique des Eglises, à Genève, près de l’ONU.

L’ICAN est financée par des donateurs privés et par des contributions de l’Union européenne et d’Etats, dont la Norvège, la Suisse, l’Allemagne et le Vatican. Le budget annuel de l’organisation avoisine le million de dollars.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters


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