Catalogne : Oui à un processus politique. Non aux violences policières

dimanche 8 octobre 2017.
 

A) Inquiétante escalade répressive du gouvernement espagnol (Ligue des droits de l’Homme)

Les événements qui se produisent en Catalogne concernent toute l’Europe, et la France en particulier. Si la Ligue des droits de l’Homme (LDH) n’a pas à prendre position pour ou contre l’indépendance de la Catalogne, elle entend rappeler des principes qui valent en tout état de cause.

La revendication d’indépendance n’a pas à être criminalisée. Une réponse judiciaire et policière ne peut être une solution politique. Un peuple doit être consulté quand il en manifeste, de manière aussi évidente, la volonté. Réprimer cette aspiration et cette volonté au nom de la loi relève alors d’une application illégitime de celle-ci. Les intimidations et violences infligées aux participant-e-s à cette tentative de consultation populaire traduisent une conception de la démocratie par le gouvernement espagnol qui en ignore les fondements.

La LDH condamne cette attitude qui ne peut conduire qu’à un durcissement du conflit. Elle assure de sa solidarité celles et ceux qui en sont les victimes.

La LDH reste très attentive aux suites de cette situation explosive au cœur de l’Union européenne, d’autant plus à la veille de nouvelles manifestations de protestation.

B) Réactions Parti de Gauche, Jean—Luc Mélenchon et Alexis Corbière

Catalogne : stop à la répression (Parti de Gauche)

Le gouvernement Rajoy a dès le début choisi le rapport de force avec les organisateurs du référendum sur l’indépendance de la Catalogne. Il a ainsi commis une terrible erreur dans un pays ou les cicatrices de l’histoire sont encore ouvertes. La violente répression en cours d’une foule pacifique en est la conséquence.Quelle soit la position sur l’indépendance de la Catalogne, cette violence est inexcusable.

Le PG demande au gouvernement français d’intercéder auprès de son homologue espagnol avant que la situation ne dégénère plus encore.

Eric Coquerel, député France Insoumise et coordinateur du Parti de Gauche, & Danielle Simonnet, coordinatrice du Parti de Gauche

Pour le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, la situation en Catalogne est préoccupante. « L’Etat espagnol perd son sang-froid. La nation ne peut être une camisole de force », a-t-il réagi sur Twitter.

Un de ses proches collaborateurs, le député Alexis Corbière, a quant à lui estimé que « la brutalité policière qui se déroule actuellement en Catalogne est scandaleuse, choquante, insupportable ».

C) Catalogne : l’Etat de droit doit être respecté, Rajoy est la honte de l’Europe ( Pierre Laurent, PCF)

Les nouvelles qui m’arrivent de minute en minute de Catalogne sont extrêmement préoccupantes. Le déploiement policier et l’usage de dispositifs anti-émeutes contre les citoyens de Catalogne sont indignes d’une démocratie. Le gouvernement conservateur de l’Etat espagnol ferme toute possibilité de solution démocratique et pacifique. Il ne fait qu’approfondir la crise structurelle de l’Etat espagnol et des institutions issues de la « Transition démocratique ». Rajoy est la honte de l’Europe. De nombreux secteurs de la gauche espagnole et catalane exigent sa démission. Je me fais le relai de cette exigence.

Une grave crise démocratique se déroule aux portes de la France. J’appelle publiquement Emmanuel Macron et les ministres concernés, Jean-Yves Le Drian et Nathalie Loiseau, à cesser leur soutien à Rajoy sur cette question et à condamner la politique de répression menée par le gouvernement espagnol.

Il est plus que jamais nécessaire de restaurer l’Etat de droit en Catalogne. La seule solution pour sortir de la crise avant que la situation ne dégénère plus gravement encore est de permettre la libre expression des citoyens catalans et des peuples d’Espagne, et de mettre en place les conditions d’une solution politique démocratique. Les libertés publiques fondamentales, aujourd’hui bafouées par Rajoy, doivent être respectées. Je soutiens les efforts et initiatives de la gauche espagnole et catalane, qui, dans sa diversité, vient de publier un « Manifeste pour la liberté, la fraternité et la coexistence » appelant à sortir de cette crise dans le respect du droit des peuples à s’exprimer librement.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

D) Catalogne : De la bataille des urnes à la grève générale (NPA)

La délégation du NPA présente lors du référendum en Catalogne le 1er octobre a vécu deux journées intenses, enthousiasmantes et riches en enseignements sur ce vote historique et la mobilisation massive qui l’accompagne.

Près de 3 millions de Catalans ont voté dimanche dernier, donnant une majorité écrasante pour le « Oui » à l’indépendance de la Catalogne sous forme de république (rappelons que l’État espagnol est une monarchie constitutionnelle, héritée de la « transition » qui a suivi la dictature de Franco). Et ce malgré le vol de 750.000 bulletins de vote par la police nationale envoyée pour réprimer violemment cet exercice démocratique. Ce qui s’est produit en Catalogne est un mouvement de désobéissance massive et une grande expérience d’organisation populaire.

Défendre le référendum

Avant la multiplication des intimidations, actions de répression, perquisitions, le mouvement indépendantiste catalan se traduisait par un processus plutôt institutionnel, accompagné de mobilisations massives lors de la Diada (Fête nationale de la Catalogne). Mais, dans la dernière semaine, des comités de défense du référendum, impulsés au départ par la gauche indépendantiste, se sont créés partout. Les associations de la société civile liées à la Généralité, comme l’Assemblée nationale catalane ou Omnium, y ont participé, tout comme la base de Podem, de Catalunya en Comú1 et de collectifs sociaux. Mais aussi les associations de parents d’élèves et les professeurEs, car les comités de défense ont constitué la colonne vertébrale de l’initiative « Écoles ouvertes » qui a recueilli des dizaines de milliers d’adhésions dans les premières heures de son lancement.

La délégation du NPA s’est rendue dans plusieurs lieux d’enseignement occupés par les élèves eux-mêmes ou par les parents. À l’école primaire Auro, dans le centre de Barcelone, Mari occupe l’établissement depuis le vendredi, au moment où la cloche a sonné la fin de la semaine : « L’idée est de maintenir l’école ouverte jusqu’au moment où les urnes arriveront ». Au lycée Ernest Lluch, les jeunes occupent durant toute la nuit et sortent dès 5h30 pour former un « mur humain » en cas d’intervention de la police.

Répression « comme sous le franquisme »

À l’aube, les téléphones vibrent pour renforcer les équipes qui défendent l’arrivée des urnes. À l’École industrielle, ce sont plusieurs milliers de personnes qui occupent l’ensemble du campus. Dès le matin, un des premiers bureaux de vote attaqué est celui où le président de la Généralité, Puigdemont, aurait dû voter. Au total, 250 bureaux de vote ont été fermés (160 par les Mossos d’Esquadra – police catalane qui n’est pas intervenue violemment et s’est même parfois posée en solidarité avec la désobéissance – et 90 par la police nationale et la Guardia civil), selon l’équipe qui a supervisé le référendum.

Grève générale !

Avant le référendum, seuls trois syndicats alternatifs ont appelé à une grève générale le 3 octobre. Mais la répression qui s’est abattue dimanche dernier a poussé les deux grandes confédérations syndicales (Commissions ouvrières et Union générale des travailleurs), mais aussi l’Assemblée nationale catalane, Omnium, des associations patronales de petites et moyennes entreprises et plusieurs associations à appeler à la mobilisation, sans faire usage du droit de grève. Pourtant, tôt le matin, des piquets se sont organisés en différents points du pays2.

Cette grève est en soi une victoire qui ouvre la possibilité au mouvement ouvrier de donner une suite politique et sociale au référendum. La convergence entre les secteurs en grève, le maintien des comités de défense du référendum comme cadres d’organisation de quartier et l’occupation des places pourraient permettre aux revendications sociales et ouvrières de faire leur irruption dans le processus d’indépendance.

En effet, le gouvernement de la Generalitat est bien incapable de résoudre les problèmes cruciaux du mouvement : l’affrontement avec la police nationale, le pouvoir des banques et des grandes entreprises du tourisme. Les revendications sociales pour les migrantEs, concernant le prix des loyers, les salaires, et l’auto-organisation dans les entreprises, les quartiers et la jeunesse seront la clé pour que le mouvement franchisse un nouveau cap !

Alex G.


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