Le Parti Socialiste marchera vers l’alliance avec le Centre tant que... (Jean-Luc Mélenchon)

vendredi 15 janvier 2016.
 

Tant que l’autre gauche ne sera pas ressortie du coma ou ses fautes stratégiques l’ont conduit, le Parti Socialiste marchera vers l’alliance avec le Centre et son alignement sur la gauche social démocrate européenne domestiquée (Jean-Luc Mélenchon, 3 mai 2007)

Depuis ma précédente note il me semble qu’il s’est écoulé une éternité. C’est ainsi dans les périodes politiques intenses : chaque heure compte triple. J’écris ces lignes pour tenir à jour ce qui finalement fonctionne aussi comme un journal de campagne. D’un point de vue général voici mon impression. Je vois que nos partisans radicalisent leur rejet de Nicolas Sarkozy davantage qu’ils n’adhèrent à nous, encore que sur ce plan précis, les choses évoluent plutôt en notre faveur dans la toute dernière longueur. Cette radicalisation, ce durcissement n’est pas un effet de campagne, ni une affaire de personne. A droite aussi la radicalisation des points de vues se constate. Des lors on doit chercher la racine commune dans l’état de la société exaspérée qui nous entoure. Il est dans la société, dans les rapports sociaux. Cette exaspération d’en bas, j’en vois la marque quand je vois le mouvement social chez airbus en Loire atlantique. J’ai rappelé que c’est de la SNIAS à Bouguenais en Loire atlantique qu’était parti la grève générale de mai 1968 dont il est tellement question ces jours-ci.

La force de la droite, la réussite de Sarkozy et de l’UMP est d’avoir mis en mot cette exaspération, de la pousser vers un éxcutoire en la référant à une doctrine cohérente et construite, de l’avoir portée en étendard et d’avoir rallié autour. Je suis frappé par l’esprit typiquement petit blanc qui fait la toile de fond de tous les discours de droite. Et quel choc d’entendre Nicolas Sarkozy dire qu’il est le premier homme de droite à avoir compris Gramsci et la lutte pour « l’hégémonie culturelle ». Les victoires culturelles, celles des mots et des représentations symbolique précèdent nécessairement les victoires politiques. Nous, la gauche tout entière nous n’avons pas su le faire au cours des cinq années qui se sont écoulées depuis le signal d’alerte maximum de 2002. Il n’est donc pas sur que cette radicalisation du rejet de Sarkozy signifie en même temps que s’élargit la mobilisation vers d’autres secteur de la société plus hésitants, indécis, désorientés.

Hier soir c’était le Grand Débat, avec des majuscules pourrait-on dire.

Dans le débat, je pense qu’elle s’est montrée extraordinairement pugnace. Lui a passé un sale quart d’heure. Mais il est vrai qu’il a essuyé les plâtres d’un exercice nouveau : un homme affrontant en public une femme. Ca change beaucoup de choses. Aucun des codes habituels ne fonctionnent. On peut comprendre qu’il ait eu du mal. Ségolène Royal de son côté a montré qu’elle était entrainée à la confrontation avec un compétiteur masculin. Normal à sa place et dans ce registre. A ceux qui l’accusent d’avoir été agressive, je réponds qu’elle a été pugnace. Si l’on ne peut pas l’être entre les deux tours d’une élection présidentielle, quand le sera-t-on ? Bref, selon moi, Ségolène Royal marque le point.. Elle conclut une semaine où elle a repris la main en ne restant jamais dans un registre passif. Dès lors je dis tout bonnement que je ne comprends pas du tout comment cet institut de sondage a pu arriver au résultat d’après lequel 53 % des téléspectateur auraient trouvé Sarkozy plus convaincant et seulement 31 % elle.

J’ai répondu a un entretien pour le portail ORANGE à propos de ce débat. J’avais déjà été sollicité il y a quelques temps par le portail ORANGE sans me rendre compte de l’impact de ce média. J’ai pu mesurer depuis. J’ai aussi noté qu’il n’insulte jamais les gens comme la presse dite de gauche du type Libération dont l’éditorialiste m’a traité de « dinosaure » dont « les idées auraient du mal à monter jusqu’au cerveau » ou « Le nouvel Observateur » qui sous la plume de ce pauvre Jacques Julliard fait de même. Je me dis que des gens aussi considérables ne s’abaissent pas à ce genre d’éructations poisseuses sans un objectif qui vaille de se déshonorer de la sorte. La vérité c’est qu’ils sentent le moment venu de réussir ce qu’ils ont échoué à faire depuis si longtemps. Ils veulent obtenir coûte que coûte le grand bond en avant du Parti Socialiste vers l’alliance avec le Centre et son alignement sur la gauche social démocrate européenne domestiquée. Pour faire bref, ce sont des grandes manœuvres qui comme en Italie ou en Allemagne vont bon train. En cas de défaite de la gauche cela ne les ralentira pas. Au contraire leur clef d’explication est toute trouvée. Cette pression là ne se relâchera plus tant que l’autre gauche ne sera pas ressortie du coma ou ses fautes stratégiques l’ont conduit.

Dans l’immédiat, il ne fait pas de doute que campagne électorale ou pas les grandes manœuvres se mènent dans les coulisses qui font le couloir commun entre centristes, socialistes bien pensants et rédactions de bon ton. Il aura été frappant de voir comment le harcèlement pour l’alliance au centre a pris appui sur un matraquage qui ne négligeait aucun détail. De ma modeste place je l’ai bien repéré. Ainsi quand j’ai commenté le débat entre Bayrou et Royal de façon positive. Je le faisais volontiers puisque que je constatais qu’il n’était plus question de ministre UDF. La dépêche AFP à ce sujet est tout a fait claire. Mon propos est pourtant passé au rabot. Il n’en est resté que mon approbation. Plus rien sur mon constat. Elle est donc ainsi devenu inconditionnelle et personnelle dans le style réducteur destiné aux petites têtes auxquelles pense s’adresser un grand nombre de médias. Tout va ainsi. Sur « Canal » la journaliste demande à Ségolène Royal si elle prendrait François Bayrou pour premier ministre. Celle-ci, qui ne veut pas ficher par terre tout le travail de la semaine répond qu’elle ne s’interdit rien. Aussitôt l’info qui circule en boucle est : « Ségolène Royal déclare ne pas s’interdire de nommer François Bayrou premier ministre ». C’est-à-dire tout autre chose que ce qui est dit littéralement. Dans ce registre j’ai noté plus fort encore.

Emmanuelli dit dans une interview des pages départementales des Landes du quotidien régional Sud Ouest qu’il espère un « nouveau grand parti progressiste avec les alter mondialistes ». La machine se met en route pour nous demander ce qu’on pense de cette idée de créer « un nouveau parti à côté PS ». Ca tourne en boucle. Certes, c’est à cause d’une dépêche. Et c’est aussi à cause d’ambiguïtés calculées de l’intéressé qui en créant une diversion s’émancipe ainsi de donner clairement son avis sur les ministres centristes. Une fois passée la première vague, le texte publié dans Sud Ouest parait. On découvre alors dans le texte intégral que selon Emmanuelli c’est à « Ségolène de créer ce parti si elle gagne et sinon à la direction du parti socialiste lui-même »... C’est-à-dire le contraire de ce qui se répétait en boucle. Le burlesque de cette situation s’épanouit le lendemain quand monsieur Séguéla explique son passage au camp de Sarkozy dans une phrase stupéfiante où il déclare que les propos d’Emmanuelli l’ont poussé à réagir ! Comprenne qui pourra la logique du publicitaire et comprenne qui pourra pourquoi ceux qui l’interrogeaient n’ont pas relevé cette aberration.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message