AIRBUS : Enquête judiciaire sur un gigantesque scandale de corruption !

vendredi 4 août 2017.
 

Selon Mediapart, un gigantesque scandale de corruption concerne Airbus L’avionneur européen dont le siège est basé à Toulouse fait l’objet d’une enquête judiciaire portant sur des centaines de millions d’euros de commissions occultes. Le point.

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Tom Enders, est président d’Airbus Group. « C’est le plus grand scandale financier depuis l’affaire Elf il y a 20 ans », annonce le site d’information en ligne Mediapart, dans une enquête publiée sur l’avionneur Airbus, vendredi 28 juillet 2017. Au cœur d’un été particulièrement chaud sur les bords de Garonne, c’est une affaire tout aussi brûlante qu’examine le média bien connu pour ses révélations, concernant l’avionneur européen dont le siège social est basé à Toulouse. Depuis un an, une enquête judiciaire franco-britannique pour corruption visant Airbus porte sur des centaines de millions de commissions présumées occultes.

Des pots-de-vin pour faciliter le commerce

Selon les premières conclusions du Parquet national financier et son homologue britannique, le Serious Fraud Office, ces commissions seraient l’œuvre du département Strategy and Marketing Organisation (SMO) de l’avionneur, service opérant depuis la naissance d’EADS en 2000 sur les contrats d’export les plus sensibles. « Concrètement, le service était chargé de sélectionner, de traiter et de rémunérer l’ensemble des intermédiaires utilisés pour remporter les marchés, aussi bien civils que militaires. Airbus a le droit de rémunérer des hommes d’influence… à condition que l’argent ne soit pas redistribué sous forme de pots-de-vin », détaille Mediapart. Citant un témoin proche du dossier, le site d’information ajoute que : Dans certains pays difficiles, il faut mettre de l’huile. Alors vous trouvez un agent qui a les contacts et vous alimentez la pompe à huile. le business fonctionne comme ça et Boeing fait pareil. Pendant 15 ans, ce département a donné pleinement satisfaction dans un strict anonymat.

Jusqu’à ce que les premières affaires éclatent : une alerte a lieu en 2012 après une enquête européenne sur des contrats militaires en Arabie Saoudite, en Roumanie et en Autriche. Puis, en 2014, c’est l’affaire du Kazakhgate. « Lors d’une perquisition chez Airbus Helicopters, la justice française découvre des mails qui attestent que le groupe a donné son accord de principe pour verser 12 millions d’euros de pots-de-vin au premier ministre kazakh pour faciliter une vente d’hélicoptères », dévoile Mediapart. Toujours en 2014, ce sont cette fois deux intermédiaires turcs qui portent carrément plainte contre le groupe pour réclamer le paiement de commissions dont ils estiment devoir être bénéficiaires dans le cadre de la vente de 160 Airbus à la Chine pour 10 milliards de dollars. Selon Mediapart, un feuillet rédigé par Marwan Lahoud, n°2 d’Airbus Groupe, prévoyait que les commissions pouvaient atteindre 250 millions de dollars, selon les deux agents turcs. D’après des documents cités par Mediapart, l’astuce du SMO pour dissimuler ces commissions furent des fausses factures émises au titre d’un projet fictif de pipeline en mer Caspienne…

Tom Enders, « monsieur propre »

Chez Airbus Group, l’enquête judiciaire est prise très au sérieux. Tom Enders, le grand patron, a d’ores et déjà pris plusieurs mesures, comme le démantèlement du fameux service Strategy and Marketing Organisation. Les deux cadres en responsabilités dans ce département, Marwan Lahoud et Jean-Pierre Talamoni ont, du reste, quitté le groupe. Fin mai 2017, Airbus a également annoncé la création d’un comité indépendant chargé d’évaluer la conformité des pratiques du groupe avec les règles anticorruption. Tom Enders a également diligenté plusieurs enquêtes internes et fait part de sa volonté de coopérer avec les gendarmes financiers français et britanniques selon Mediapart : Nous coopérons totalement avec les enquêteurs. Améliorer notre système de contrôle et de conformité est notre priorité numéro 1. (…) Nous irons jusqu’au fond des choses sur ce qui s’est passé dans notre entreprise. Si des erreurs ou des faits plus graves encore sont découverts, nous prendrons systématiquement les mesures appropriées.

Que risque Airbus ?

Examinant de nombreuses transactions, l’enquête judiciaire va maintenant devoir discerner les versements légaux aux intermédiaires et ceux qui posent problèmes. Elle se penchera également sur les tentatives de dissimulation de ces commissions par des montages financiers. Que risque véritablement l’avionneur européen ? « Une condamnation pour corruption serait catastrophique pour le groupe, qui se retrouverait privé de l’accès à certains marchés publics, notamment aux Etats Unis. Airbus a également intérêt à une procédure rapide afin de retrouver l’accès aux crédits export, dont il ne pourrait pas se passer très longtemps », rappelle Mediapart. La voie la plus louable et salutaire pour Airbus serait la signature d’une transaction amiable sans reconnaissance de culpabilité comme vient de le faire Rolls-Royce en janvier 2017, le célèbre constructeur ayant lui aussi fait l’objet d’une enquête pour corruption. « C’est certainement quelque chose que l’on considère », confiait Tom Enders au Financial Times en avril 2017. Toutefois, selon un porte-parole d’Airbus Groupe, cité par Mediapart : Il n’y a pas de négociation en cours. C’est aux enquêteurs de décider.

La justice américaine pourrait s’en mêler

Selon plusieurs sources du dossier, il serait loin d’être acquis que la justice britannique se contente de quelques millions de livres d’amende si pareille transaction devait intervenir. La justice américaine pourrait par ailleurs s’en mêler si elle devait juger que les sanctions sont trop légères. Autre particularité d’une transaction : la loi Sapin II, en vigueur en France, stipule qu’une transaction efface la responsabilité pénale de l’entreprise mais pas celle des dirigeants et salariés. En Grande-Bretagne, « le fait de dénoncer les acteurs qui ont participé au montage frauduleux fait même partie des conditions nécessaires pour pouvoir bénéficier d’une transaction », indique un avocat spécialisé cité par Mediapart. D’importantes turbulences attendent donc Airbus Group, son PDG Tom Enders et ses principaux dirigeants.


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