SARKOZY-AZNAR. JE T’AIME, MOI AUSSI

lundi 30 avril 2007.
 

Dans les années 1940, le journal pétainiste aveyronnais "L’Union Catholique" citait souvent Manuel Aznar, théoricien fasciste traditionnaliste nommé ambassadeur puis directeur de La Vanguardia par Francisco Franco.

Le petit-fils José Maria Aznar n’a jamais renié le grand père. Dans les dernières années du Caudillo, il militait au Front des étudiants syndicalistes, organisation catholique d’extrême droite. Devenu premier ministre, il faisait subventionner par son cabinet la Fondation Franco « oeuvrant pour diffuser la connaissance humaine, politique et militaire » du Caudillo. Pire, il faisait réhabiliter Melitón Manzanas, ex-auxiliaire de la Gestapo et tortionnaire notoire.

Voilà quel est le grand ami de Nicolas Sarkozy comme l’explique l’article ci-dessous de Marianne.

Jacques Serieys

Les deux hommes sont amis, idéologiquement jumeaux. Ils incarnent une nouvelle droite sans complexe vis-à-vis des idéologies les plus extrêmes.

En mars 2006, lors de la convention du Parti populaire (PP) à Madrid, le héros du jour n’était ni l’actuel leader de la droite espagnole, le Galicien Mariano Rajoy, ni l’ancien président du gouvernement, José Maria Aznar. La vedette était Nicolas Sarkozy, venu soutenir ses « amis espagnols », deux ans après la gifle électorale que leur avait administrée par sa victoire le jeune socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. Ovationné par un public en liesse, le ministre de l’Intérieur français nageait dans le bonheur.

« Je me sens très proche de cette droite moderne et dynamique », commentera-t-il plus tard dans la soirée. Un an après, les conservateurs renvoyaient l’ascenseur au candidat de l’UMP Sarkozy a pu compter sur la présence de l’état-major du PP, lors d’un meeting avec 2 000 expatriés organisé au Palais des congrès de Madrid.

Les liens qui unissent le candidat de l’UMP à l’Espagne ne sont pas nouveaux. Son épouse, Cécilia, est cousine du maire conservateur de Madrid, l’ambitieux Alberto Ruiz-Gallardon. Mais les liens privilégiés entre Sarkozy et le PP vont au-delà de cette relation familiale. Plus qu’aucun autre leader en Europe, Sarkozy maintient une forte affinité idéologique avec cette droite espagnole ultraconservatrice. Les huit ans au pouvoir de José Maria Aznar (1996-2004) restent un modèle à suivre pour le leader de l’UMP

Sarkozy admire surtout la figure de l’ex-chef de l’exécutif espagnol, qu’il considère comme « un grand politicien, mais aussi un ami ». Les deux hommes s’entendent très bien dans la vie privée. Aznar a même rédigé la préface du livre de Sarkozy sur la religion, le présentant comme un éclaireur dans le combat à mener contre « la domination idéologique d’une gauche relativiste ».

De la même génération, ils incarnent une nouvelle droite sans complexe vis-à-vis des idéologies les plus extrêmes. Ils sont, par exemple, d’accord sur le dossier de l’immigration. Aznar et Sarkozy défendent les mêmes méthodes musclées pour contrôler les flux migratoires (expulsion en masse, blocage des frontières). Le Parti populaire avait fait ses choux gras des récentes critiques du ministre de l’Intérieur français contre l’opération massive de régularisation des immigrés menée par le socialiste Zapatero en 2005.

Réduction des aides sociales

Le discours sécuritaire du PP, d’une virulence jamais vue depuis la fin du franquisme, est également salué par le dirigeant français. Tout comme les privatisations à la pelle et la réduction des « allocations, dignes d’une société du minimum et de l’assistanat », selon Sarkozy. Au cours de ses deux mandats présidentiels, le Parti populaire a réduit de moitié les aides sociales sans susciter de vagues de protestations populaires. L admiration du Français doit aussi beaucoup à la façon dont Aznar a remodelé le Parti populaire. Aznar reste l’homme qui, après l’effondrement du franquisme à la mort du dictateur (1975), a su reconstituer un grand parti de droite libérale.

« C’est aussi un parti qui tourne autour de l’image de son leader et dans lequel personne ne moufte », assure le politologue Josep Ramoneda. Idéal pour le dirigeant de l’UMP. « La force du PP, ce sont ses 10 millions d’électeurs fidèles, son poids dans les médias et la magistrature, et le fait qu’il occupe tout l’échiquier politique de droite », dit l’analyste Ignacio Sanchez-Cuenca.

Lors de son ultime visite à Madrid, Sarkozy a bénéficié de la complaisance de la presse conservatrice (tous les quotidiens nationaux sauf El Pais). Les éditoriaux d’El Mundo, ABC, La Razon l’ont salué comme l’homme providentiel, un « leader charismatique » appelé à « restaurer le mérite et l’effort dans une France en pleine décadence ». Depuis qu’Aznar a pris sa retraite politique et que le leader Rajoy est toujours en quête de légitimité, c’est au tour de la droite espagnole de mettre sur un piédestal Sarkozy et ses mérites, « et sa force de leadership »

DE NOTRE CORRESPONDANTE À MADRID, JULIETTE LORCA Marianne. avril - mai 2007

De : Marianne


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