"Ecoute makhzen (palais royal), on n’humilie pas le peuple du Rif !" (9 articles)

samedi 22 juillet 2017.
 

Le royaume du Maroc vit sous un régime policier tyrannique typique. Nous avons déjà mis en ligne plusieurs dizaines d’ articles pour en rendre compte dans notre rubrique : http://www.gauchemip.org/spip.php?r...

9) Maroc. Dans le Rif, «  Sa Majesté le peuple   » défie le Palais

L’incarcération de dizaines de militants du Hirak, le mouvement populaire qui secoue depuis huit mois cette région frondeuse, ne décourage pas les protestataires. La stratégie de répression et d’isolement du Palais est un échec.

Dans la ville d’Al Hoceïma quadrillée par la police, toute tentative de rassemblement est désormais violemment dispersée et ses instigateurs embarqués. Lundi, c’est une adolescente de 14 ans, Houda Jelloul, qui a été arrêtée et conduite au commissariat central avant d’être relâchée. Elle entendait manifester pour la libération des porte-voix du Hirak, le mouvement social qui embrase la région du Rif depuis huit mois. Parmi ces détenus politiques, son père, Mohamed Jelloul, un syndicaliste incarcéré à la prison d’Oukacha, à Casablanca. Comme ses 47 compagnons, il est accusé de «  complot  » et d’«  atteinte à la sûreté de l’État  ». Pour tenter de décapiter le mouvement de protestation, le pouvoir a fait procéder ces dernières semaines à des centaines d’arrestations. Sans réussir à éteindre la révolte allumée le 19 octobre 2016 par la mort de Mouhcine Fikri, ce jeune poissonnier broyé par une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer sa marchandise confisquée par les autorités.

L’acharnement répressif décuple la colère des Rifains.

La place Mohammed-VI, qu’ils ont rebaptisée place des Martyrs, leur est interdite. Ils ont été chassés des faubourgs par la police. Alors les jeunes d’Al Hoceïma ont trouvé refuge dans les collines, où leurs lanternes s’allument, à la tombée du jour, comme des lucioles. De là-haut, ils chantent, scandent des slogans qui se répondent, comme un écho, d’une butte à l’autre, invectivent, dans l’obscurité, les policiers restés en bas. En jetant en prison les principales figures de la contestation, le pouvoir pensait en finir avec ce mouvement populaire qui défie le Palais. Peine perdue. L’acharnement répressif décuple la colère des Rifains. Au risque de donner aux événements un tour violent. Ces derniers jours, à Al Hoceïma, à Imzouren, lors des affrontements avec la police, de jeunes protestataires répondaient aux tirs de grenades lacrymogènes par ce cri  : «  Silmya, c’est fini  !  » («  Le pacifisme, c’est fini  !  »)

Des journalistes croupissent derrière les barreaux

Tout a basculé le 29 mai dernier, avec l’arrestation de Nasser Zefzafi, icône du Hirak. Quelques jours plus tôt, il avait fait irruption, avec d’autres militants, dans la mosquée Mohammed-V d’Al Hoceïma, pour interrompre le prêche d’un imam lié au pouvoir, hostile aux manifestations. Un coup d’éclat inacceptable pour le makhzen, l’appareil monarchique, qui fait du religieux un pilier de légitimité politique. La capture de Zefzafi, après plusieurs jours de cavale, a donné le signal d’une vague d’arrestations qui se poursuit encore. Chaque jour, des activistes sont kidnappés. Des journalistes, coupables d’avoir couvert les manifestations, croupissent derrière les barreaux. Et devant la justice, les premières sentences sont tombées. Elles vont jusqu’à dix-huit mois de prison ferme. Les leaders du mouvement, eux, attendent à la prison d’Oukacha, à Casablanca, que se décide leur sort. Leurs avocats font état d’allégations de torture et de mauvais traitements. De lourdes charges pèsent sur eux.

Zefzafi est accusé, entre autres, de «  participation au crime d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État en commettant des violences ayant pour but d’entraîner la dévastation, le massacre et le pillage  ». Présenté par le pouvoir comme un «  séparatiste  » pour avoir revendiqué la reconnaissance effective de la culture et de la langue amazighes (berbères), il est aussi poursuivi pour «  réception de dons (…) destinés (…) à mener et à rémunérer au Maroc une activité et une propagande de nature à porter atteinte à l’intégrité, à la souveraineté, ou à l’indépendance du Royaume  ». Ce n’est pas la première fois que l’accusation de complot ourdi et financé depuis l’étranger est invoquée pour justifier la répression dans cette région septentrionale enclavée, abandonnée par l’État. En 1984, Hassan II avait utilisé la même vulgate en écrasant les émeutes du pain d’Al Hoceïma. Le même, avant son couronnement, avait supervisé en 1958 la brutale répression d’un soulèvement populaire dans cette région.

Une région placée depuis 1958 sous étroite surveillance militaire

Entre le Rif et le pouvoir central monarchique, la défiance remonte plus loin encore. En 1926, sous l’Arc de triomphe, le sultan n’a-t-il pas participé à la célébration de la défaite d’Abd El Krim El Khattabi, héros de la première guerre de décolonisation, en compagnie des colonisateurs espagnols et français (voir page 6)  ? Cette mémoire traumatique n’a cessé d’affleurer dans le mouvement de contestation. Sur les manifestations flotte la bannière amazighe, mais aussi le drapeau de l’éphémère République d’Abd El Krim, un symbole jugé provocateur par le Palais. Zefzafi, lui, n’hésitait pas, avant son arrestation, à se mettre en scène, lors des interviews, aux côtés d’un portrait d’Abd El Krim, personnage effacé de l’historiographie officielle. Dans le Rif, ces contentieux mémoriels n’ont cessé d’attiser le sentiment de marginalisation, avec le soupçon d’une «  punition collective  » infligée à cette région fière et rebelle, placée depuis 1958 sous étroite surveillance militaire. Et de fait, malgré quelques investissements consentis par Mohammed VI depuis son accession au trône, notamment dans les infrastructures routières, le Rif reste bel et bien délaissé. Le taux de chômage des jeunes y est deux fois plus élevé que dans le reste du pays. Quatre personnes sur dix y sont analphabètes. La région, livrée aux trafics et à la culture du cannabis qui enrichit moins les paysans rifains que les gros barons de la drogue, manque cruellement de services publics de base.

Et le Hirak, parti de la revendication de vérité et de justice pour Mouhcine Fikri, est finalement devenu le symptôme de la crise sociale profonde et des inégalités scandaleuses qui minent tout le Maroc. «  Ils sont en prison pour avoir réclamé une université, un hôpital, des routes et des infrastructures pour notre région  », résume avec amertume le père de la jeune Silya Ziani, artiste et militante incarcérée à Casablanca, visée, entre autres, pour l’usage de ce slogan  : «  Sa Majesté le peuple  ». Autant de revendications sociales dont l’écho parvient à d’autres régions déshéritées, à d’autres villes où se multiplient les rassemblements de solidarité avec le Rif. D’où la crainte, au Palais, d’un effet de contagion. «  Après le Mouvement du 20 février 2011, le pouvoir avait multiplié les promesses d’ouverture, de démocratisation, de transition vers un État de droit, de reconnaissance de la culture amazighe. Mais la nouvelle Constitution, censée entériner de telles avancées, n’a pas été suivie d’effet. Au contraire, le régime s’est durci  », résume Khadija Ryadi, de la Coordination maghrébine des organisations de défense des droits humains. De quoi alimenter les frustrations sociales et politiques, sur fond de corruption décomplexée.

Le pouvoir monarchique choisit toujours le verrouillage

À l’épreuve du soulèvement social du Rif, le makhzen hésite sur la marche à suivre. L’appareil sécuritaire se divise entre les partisans d’une ligne répressive dure et ceux qui craignent que cette stratégie du pire ne hâte un embrasement généralisé. Ces jours-ci, des voix autorisées plaident pour des gestes d’apaisement, implorent une grâce royale pour les militants incarcérés. Une Initiative civile pour le Rif réclame «  la libération des détenus  » et «  le retrait des charges qui pèsent contre eux  ». «  Les revendications du mouvement populaire du Rif sont légitimes (…) Plusieurs chantiers sociaux lancés n’ont pas abouti. Al Hoceïma ressemble à une île isolée  », admet son coordinateur, Mohammed Nachnach. Dans les faits, pourtant, le pouvoir monarchique choisit toujours le verrouillage. Sans parvenir à isoler le Rif, ni à décourager la contestation ailleurs. Mardi soir, à Casablanca, malgré l’interdiction du ministère de l’Intérieur, la marche à l’appel de la Confédération démocratique du travail pour commémorer la sanglante répression des émeutes du pain, en 1981, a rassemblé une foule nombreuse, à la lueur des bougies. Avec, omniprésente, l’expression de la solidarité avec le Rif.

Rosa Moussaoui Journaliste à la rubrique Monde, L’Humanité

8) La dictature policière emprisonne et persécute la jeune chanteuse Silya Ziani

La militante et chanteuse rifaine de 23 ans est détenue à la prison d’Oukacha, à Casablanca, depuis plus d’un mois. Elle ne supporte plus son incarcération, à l’isolement. Le crime de Silya Ziani  ? Avoir bercé de ses chants la révolte populaire du Rif. Le régime marocain ne pardonne pas à la jeune femme d’avoir scandé, dans les rassemblements d’Al Hoceïma, cet irrévérencieux slogan  : «  Jalalat echaâb  !  » («  Sa Majesté le Peuple ! »), jugé attentatoire à la «  sacralité » de la monarchie. Visage féminin du soulèvement rifain, elle est devenue le symbole de l’arbitraire et de la répression qui s’est abattue sur les contestataires.

Parmi les 176 personnes détenues pour leur implication dans le hirak, le mouvement social, politique et culturel qui secoue la région depuis neuf mois, elle est la seule femme. «  Silya a été enlevée par des hommes en civil qui, sans se présenter, l’ont poussée dans une voiture banalisée en l’insultant. Elle n’a pris conscience de son arrestation qu’une fois arrivée au commissariat d’Al Hoceïma  », relate son père, Mohand Ziani. Là, son calvaire ne fait que commencer. Un commissaire de police prénommé Issam, mis en cause par de nombreux manifestants qui l’accusent de violences, de traitements inhumains et dégradants, commence, sur elle, une séance de tortures psychologiques. Il la menace de viol. Lui répète que son père, atteint d’une affection cardiaque, plusieurs fois opéré, succombera lorsqu’il apprendra son arrestation. En plein ramadan, la jeune femme, aux mains de ces sinistres policiers, n’est pas autorisée à rompre le jeûne. Et c’est le ventre vide, déshydratée, que Silya est conduite en voiture à Casablanca. Un pénible trajet de 600 kilomètres, qu’elle endure les mains menottées dans le dos.

«  L’État sera tenu pour responsable de tout ce qui peut lui arriver  »

Depuis le 10 juin, Silya Ziani est incarcérée à la prison d’Oukacha, à Casablanca, dans une cellule d’isolement. La scène de son arrestation hante, comme un cauchemar, ses nuits sans sommeil. «  Elle a sombré dans la dépression. En proie à de violentes crises de nerfs, elle a dû être transportée à l’hôpital à plusieurs reprises. Son état physique et psychologique est très préoccupant. Elle est brisée. L’État sera tenu pour responsable de tout ce qui peut lui arriver et des séquelles qu’elle gardera de cette épreuve  », prévient, très émue, son avocate, Me Souad Brahma. La jeune femme est aujourd’hui sous antidépresseurs. Elle ne supporte plus le moindre contact physique, même avec son père, qui ne peut la prendre dans ses bras lors des visites hebdomadaires consenties par l’administration pénitentiaire, chaque mercredi.

Silya n’a rien d’une militante aguerrie. Le 28 octobre 2016, le choc de la mort de Mouhcine Fikri, le jeune poissonnier d’Al Hoceïma broyé dans une benne à ordures en essayant de sauver sa marchandise saisie par des agents de la municipalité, a suscité chez elle une douloureuse prise de conscience. «  Je suis descendue spontanément dans la rue. J’ai voulu démontrer que les femmes sont présentes sur la place publique. Car, nous vivons dans une société patriarcale, alors que les Rifaines sont connues pour leur engagement », expliquait-elle avant son arrestation. Dès les premières manifestations, elle a interrompu le cursus de langue et de culture amazigh (berbère) qu’elle suivait à la faculté de lettres d’Oujda. Pour l’état civil, elle se prénomme Salima. Avant 2011, il était interdit, au Maroc, de baptiser les nouveau-nés d’un prénom berbère… Alors elle s’est elle-même choisi un prénom d’usage, puisé dans la tradition amazigh, Silya. Elle chante dans sa langue des mélopées dont elle compose la musique, écrit les paroles. « C’est une artiste. Elle n’était pas du tout préparée à subir un traitement d’une telle violence. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. C’est pour elle un traumatisme profond  », remarque Khadija Ryadi, militante des droits humains, très impliquée dans la campagne lancée par des femmes marocaines pour sa libération. Le sort de cette jeune voix de la révolte du Rif suscite l’émotion bien au-delà des frontières du Maroc.

En Europe, en Tunisie, en Algérie, les appels en faveur de son élargissement se multiplient. Vendredi, des centaines de femmes ont défilé dans les rues de Casablanca pour exiger que soient relâchés la chanteuse et tous les détenus politiques du Rif. Le lendemain, une manifestation similaire était brutalement réprimée à Rabat. Le même jour, le ministre des Droits de l’homme, Mustapha Ramid, muet sur la répression, se disait favorable au placement de la jeune femme en «  liberté provisoire  », pour raisons de santé. Depuis, des rumeurs sur sa libération vont bon train. «  Je n’y crois pas. Il n’y a aucun signe tangible en ce sens. Jusqu’ici, ils se sont comportés avec nous comme si nous n’étions pas des Marocains  », soupire le père de la prisonnière. «  Ce régime est imprévisible, mais il est sensible aux pressions, nuance Khadija Ryadi. Malheureusement, les sécuritaires se montrent impitoyables dans le dossier du Rif et s’ils mettent leur veto, la libération de Silya sera compromise.  » Du fond de leurs geôles, ses camarades ont exprimé leur solidarité avec la jeune femme. Hier, s’ouvrait le procès du leader du hirak, Nasser Zefzafi, poursuivi pour «  atteinte à la sûreté de l’État  ». «  Toutes les accusations qui pèsent sur eux sont mensongères  ! s’indigne Me Souad Brahma. Il n’y a aucune preuve contre ces militants qui réclament, simplement, une vie digne.  »

Rosa Moussaoui Journaliste à la rubrique Monde

7 Maroc. Dans le Rif, la soif de dignité reste inextinguible

Après l’incarcération de ses principaux animateurs, le mouvement populaire parti d’Al Hoceïma ne faiblit pas malgré une répression féroce. Pacifiquement, les jeunes se lèvent pour l’emploi, les services publics et la liberté d’expression. Reportage.

À Taza, lorsque l’on quitte l’autoroute, il faut s’armer de patience pour emprunter un itinéraire pénible, interminable. La voie express de 148 km en direction d’Al Hoceïma est en chantier depuis sept ans. Mais ce projet, censé désenclaver la région du Rif, s’est longtemps enlisé dans les sables de la corruption. Son coût total devait initialement s’élever à 2,5 milliards de dirhams (250 millions d’euros). La facture se montera finalement à 3,3 milliards de dirhams (330 millions d’euros) et la route ne sera pas achevée avant 2019. Le retard et le surcoût sont tels que le Palais, rompu à la stratégie du fusible, a ordonné une enquête de l’inspection générale des finances. Est-ce l’effet du mouvement populaire qui secoue le Rif  ? Les pelleteuses tournent désormais à plein régime. Dérisoire subterfuge, qui masque mal l’abandon de cette région septentrionale depuis l’indépendance. Sur tout le trajet, une inscription lancinante, tracée à la hâte, à la peinture noire, semble défier les barrages de gendarmerie  : «  Non à la militarisation du Rif  !  » Depuis le soulèvement de 1958, écrasé dans le sang par Hassan II, un décret royal place la région sous étroit contrôle de l’armée. Son abrogation est l’une des principales revendications des protestataires. À l’entrée d’Al Hoceïma, une autre inscription, blanche, démesurée, gravée dans la pierre, officielle celle-là, accueille le visiteur  : «  Dieu, roi, patrie  ».

Lovée dans les collines rocailleuses qui dominent les eaux turquoise de la Méditerranée, Al Hoceïma chuchote sa peine et sa colère. Dans les rues, ce dimanche, les policiers et les gendarmes sont plus nombreux que les passants. Des fourgons bleus sillonnent la ville et barrent tout accès à la place Mohammed-VI, rebaptisée place des Martyrs par les manifestants. C’est sur cette vaste esplanade que se rassemblaient les protestataires, depuis la mort de Mouh­cine Fikri, un jeune marchand de poisson broyé par une benne à ordures, le 28 octobre 2016, en tentant de sauver sa marchandise saisie par les autorités. Atroce illustration de la «  hogra  », le mépris de l’État pour le peuple, que dénonce sans relâche, depuis huit mois, le Hirak, la révolte du Rif.

Dans une ruelle du quartier populaire de Dior el Malik («  Les maisons du roi  »), on reconnaît la petite demeure de Nasser Zefzafi, le leader du mouvement, aux drapeaux noirs hissés sur la terrasse par sa famille. Le militant, arrêté le 29 mai, est incarcéré à la prison d’Oukacha, à Casablanca, avec quarante-cinq autres protestataires. Il est poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’État, accusé d’être à la tête d’un complot ourdi à l’étranger. «  Mon fils n’a pas été arrêté, il a été kidnappé. Plus qu’un détenu politique, c’est un exilé forcé  !  » s’indigne le père du militant. À 75 ans, Ahmed Zefzafi est épuisé par les longs voyages en car à Casablanca, à 600 kilomètres de là. Les détenus ont le droit à un parloir par semaine, le mercredi. L’aller-retour coûte 300 dirham (30 euros), une somme qui pèse lourd dans les maigres budgets des familles. Pas question pourtant, pour le vieil homme, d’implorer une grâce royale, comme l’y incitent certaines voix. «  Mon fils est innocent. Il n’a rien cassé, rien volé, il n’a fait aucun mal aux habitants de cette ville, tranche-t-il. Lorsqu’un homme de 39 ans est au chômage, privé de la possibilité de construire sa vie, la révolte est légitime.  » Depuis sa cellule, Nasser Zefzafi exhorte les manifestants à préserver le caractère pacifique du Hirak. Les autorités, elles, n’ont pas ménagé leurs efforts pour tenter de faire basculer le mouvement dans la violence.

«  L’État veut à tout prix mettre fin à ce mouvement social  »

Lors des célébrations de l’Aïd el Fitr, les policiers se sont déchaînés sur les habitants d’Al Hoceïma, déclenchant des affrontements dans certains quartiers. Les images de la répression, ce jour-là, ont circulé sur Internet sous le titre «  le Maroc vu du toit  ». Cruel contraste avec l’image idyllique du pays renvoyée par le Maroc vu du ciel, un documentaire de Yann Arthus-Bertrand diffusé quelques jours plus tôt. Mais si quelques-uns clament «  Silmya, c’est fini  !  » («  Le pacifisme, c’est fini  !  »), les jeunes du Hirak refusent majoritairement la violence et se montrent, sur ce terrain, très créatifs. Puisque les rues et les places publiques leurs sont interdites, le sable est devenu leur tribune.

Sur la plage de Sfiha, à la sortie de la ville, des baigneurs se regroupent, entonnent des chants de protestation. Très vite, ils sont pris dans une nasse policière. Qu’à cela ne tienne, hilares, ils se jettent à l’eau, narguent les hommes en uniformes, qui se risquent, casqués et tout habillés, dans les vagues. Dans un joyeux vacarme, les manifestants tapent sur l’eau, éclaboussent les policiers. La répression tourne au ridicule. «  Nous changeons même les façons de manifester. Le Hirak n’est plus sur terre, il est dans l’eau  !  » s’esclaffe Ghallab Mohamed, de l’Association des diplômés chômeurs. Avec tout ce tapage, le ballet des fourgons bleus quitte le centre-ville pour les bords de mer. Sur la plage de Calabonita, les familles viennent profiter d’un moment de détente… sous haute surveillance. Là, à la terrasse d’une buvette, on retrouve Rafik Hamdouni, membre de la Voie démocratique, une formation de gauche qui fait vivre une opposition courageuse et résolue au régime. «  L’État veut à tout prix mettre fin à ce mouvement social, culturel et politique. Les Rifains sont exaspérés, ils ressentent une terrible injustice avec cette répression collective  », résume-t-il. Très investi dans le Hirak, ce militant décrit les courants qui traversent le mouvement de protestation, prolongement, selon lui, des mobilisations animées en 2011 par le Mouvement du 20 février.

«  Tant que mes camarades seront en prison, le Rif poursuivra la lutte  »

«  On y retrouve des gens de gauche, des communistes, des syndicalistes, des activistes du mouvement culturel amazigh réclamant la reconnaissance de la langue et de l’identité berbères mais aussi des islamistes, très présents  », expose-t-il. Des tendances contradictoires, fédérées par le charisme de Nasser Zefzafi, qui a su trouver les mots pour mobiliser les plus démunis et lier demandes sociales et revendication culturelle, sur un ton souvent très virulent. «  Cette révolte n’est pas près de s’éteindre. Il n’y aura pas d’issue sans chute du makhzen (l’appareil monarchique – NDLR) et de sa mafia, sans transition vers la démocratie et l’État de droit  », pense Rafik Hamdouni. Le lendemain de notre entretien, le militant est arrêté, retenu durant une heure en garde à vue, puis relâché avec cette ­menace  : «  Tu cherches la prison, tu finiras par y aller. On reviendra te chercher  !  »

Nawel Ben Aïssa connaît bien ces vieilles ficelles de l’intimidation. Elle est l’une des rares porte-voix du mouvement encore en liberté. La jeune femme, mère de quatre enfants, a été arrêtée à deux reprises, ­interrogée durant trois heures, avant d’être libérée. «  Tant que mes camarades seront en prison, tout le Rif poursuivra la lutte. C’est un choix conscient, une question de dignité et la stratégie de peur du makhzen n’y changera rien  », insiste- t-elle. Le ton n’est pas vraiment le même du côté d’El Mortada Iamrachen, une autre figure du Hirak. Ce jeune salafiste passé par l’Arabie saoudite a surpris par ses positions plutôt hétérodoxes en faveur des libertés individuelles et de la laïcité. Lui aussi a été arrêté et transféré à Casablanca. Accusé de visées terroristes, il a été relâché pour les funérailles de son père, décédé peu après son interpellation. Placé en liberté surveillée, il plaide, depuis sa sortie de prison, pour une «  pause  » dans le mouvement. «  Il faut laisser le gouvernement travailler, formuler ses propositions, nous verrons bien s’il répond à nos revendications  », nous dit-il en reprenant l’antienne des autorités.

Sur la place des Martyrs, l’horizon s’est dégagé. Les fourgons bleus sont partis et, dans les rues d’Al Hoceïma, le dispositif policier a été allégé. Mise en scène  ? Les camions anti­émeute guettent toujours et, sur le terrain vague qui surplombe la rocade méditerranéenne, les innombrables tentes des policiers et des gendarmes venus en renfort n’ont pas été démontées. Tout rassemblement est encore violemment dispersé. Mais, pour parfaire le scénario d’une sortie de crise permise par la mansuétude du Palais, des rumeurs de grâce royale sont savamment distillées. Mohammed VI n’a-t-il pas privé de vacances ses ministres, sommés de faire avancer, dans le Rif, les projets en jachère  ?

«  Tortures, humiliations et menaces de viol  » sur les détenus

Les fractures, profondes, ne se réduiront pourtant pas si facilement. Le traumatisme provoqué par la mort de cinq manifestants, en 2011, puis le sort tragique de Mouhcine Fikri ont fait déborder la colère et ravivé le sentiment de marginalisation politique d’une région rebelle, qui a souvent subi les foudres de la répression. En 1984, pour justifier ­l’écrasement d’un soulèvement populaire, Hassan II avait qualifié les Rifains de «  awbach  », de «  déchets de la société  ». Le jeune poissonnier d’Al Hoceïma est mort écrasé parmi les détritus… «  Plus encore que d’autres régions, le Rif souffre du chômage, du manque de services publics, du délabrement du système éducatif. Élaborée collectivement, la plateforme revendicative du Hirak réclame simplement des écoles, une université, un centre hospitalier régional, des investissements pour créer des emplois  », explique Dihya, une jeune journaliste de la presse locale. Au lieu d’entendre ces demandes sociales, le régime n’a reculé devant aucun mensonge pour tenter d’isoler les protestataires, décrits comme des trafiquants de haschich, accusés de semer la «  fitna  », la discorde entre les musulmans, ou présentés comme des marionnettes d’Alger et du Front Polisario, le mouvement qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental. «  Jamais le Rif ne retrouvera la paix tant que nos revendications ne seront pas satisfaites, prévient la mère de Nabil Ahamjik, le numéro 2 du mouvement, détenu à Casablanca. Nos enfants ne sont ni des criminels ni des agents de l’étranger. Ils ne font que réclamer une vie digne. Au lieu de les accuser de séparatisme, l’État ferait mieux de répondre ­sérieusement à leurs demandes légitimes.  » Pris au piège de sa stratégie répressive, le pouvoir semble aujourd’hui tiraillé entre une aile conciliatrice et des faucons prêts à tout pour faire tomber le vent de contestation qui souffle déjà bien au-delà du Rif. Dès le 21 juin, la Coalition marocaine des instances des droits de l’homme (CMIDH) publiait un rapport faisant état de «  tortures, humiliations et menaces de viol  » sur les détenus. Allégations de tortures et de sévices sexuels confirmées par le très officiel Conseil national des droits de l’homme (CNDH) dans des conclusions qui n’auraient jamais dû fuiter. De quoi déclencher l’ire des barbouzes de la direction générale de la sûreté nationale (DGSN), qui ont publiquement exprimé leur «  rejet catégorique de ces accusations  ». Circulez, au Maroc, la torture, ça n’existe pas…

Rosa Moussaoui

Source : http://www.humanite.fr/maroc-dans-l...

6) Hirak : la manifestation de Rabat ce 8 juillet 2017 violemment dispersée

Source : https://telquel.ma/2017/07/09/hirak...

Une manifestation de soutien au Hirak a été violemment dispersée à Rabat le 8 juillet. Les organisateurs déplorent une dizaine de blessés.

Organisée par des femmes, en soutien à Silya et aux autres détenus du Hirak, une manifestation a été violemment réprimée samedi à Rabat. Alors que se rassemblaient, vers 19 heures, des dizaines de manifestantes devant le Parlement, les forces de l’ordre sont intervenues pour les disperser par la force.

Dans une vidéo mise en ligne par le site d’information Al 3om9, on voit des policiers tirant les militants de la pelouse où ils avaient pris place et les frappant à coups de pieds.

Le bilan, selon plusieurs témoins, compte une dizaine de blessés, dont plusieurs femmes. Parmi les victimes : un photojournaliste du site d’information Lakome et Abdelaziz Nouidi, avocat et universitaire.

Nouidi, par ailleurs ancien président de l’association Adala, avait interpellé un officier sur les sommations préalables à la dispersion d’une foule par la police, avant de recevoir un coup dans le visage, raconte l’historien et militant Maâti Monjib, qui a été « frappé au niveau du rein droit ». Contacté par Telquel.ma, le ministre de l’Intérieur n’a pas répondu à nos appels.

Les autorités ont par la suite défendu la légalité de leur intervention via un communiqué. Un représentant des autorités a "demandé à mettre fin à ce rassemblement" parce qu’il s’agit d’une "atteinte à la sécurité publique et (d’une) entrave à la circulation", précise un communiqué de la Wilaya, qui reproche à certains militants d’avoir "refuser d’obtempéré" et "agressé verbalement et physiquement" des éléments des forces de l’ordre.

Répondant à l’appel à la solidarité des Marocaines contre l’emprisonnement politique, plusieurs dizaines de femmes se sont donné rendez-vous devant le Parlement à Rabat - rendez-vous auquel se sont joints des hommes - pour réclamer la libération des détenus du Hirak et plus particulièrement Silya, incarcérée à Casablanca et dont l’état psychologique serait inquiétant selon ses avocats.

« Je compte demander au ministre de la Justice que le procureur accepte la liberté provisoire [pour Silya, ndlr] », avait d’ailleurs déclaré le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme Mustapha Ramid, lors d’une rencontre avec la société civile organisée le 8 juillet.

5) Le “Hirak” dans le Rif marocain continue sa résistance et la contestation s’étend

4) Maroc : Communiqué à l’opinion publique relatif à l’évolution de la contestation dans le RIF

3) Maroc. La révolte du Rif, ligne de faille d’une société inégalitaire

À Al Hoceïma, la contestation ne s’est pas éteinte avec l’arrestation de dizaines de militants, dont Nasser Zefzafi, porte-voix du mouvement. Ailleurs dans le pays, les sit-in de solidarité avec les protestataires rifains sont brutalement réprimés.

Pour la sixième nuit consécutive, malgré l’emprise policière, des milliers de personnes ont encore défilé mercredi soir dans les rues d’Al Hoceïma, épicentre du Rif et de la révolte qui secoue depuis bientôt huit mois cette région septentrionale du Maroc. Les protestataires, qui insistent sur leur démarche «  pacifique  », revendiquent la libération de Nasser Zefzafi, visage et porte-voix de la contestation, et des activistes arrêtés par dizaines depuis vendredi. Ce jour-là, les protestataires faisaient irruption dans la mosquée Mohammed-V, exigeant de l’imam qu’il s’en tienne aux affaires religieuses et cesse ses prêches décourageant les croyants de prendre part au mouvement, baptisé Hirak (la mouvance).

Arrêté lundi pour «  entrave à la liberté de culte  », Zefzafi a été transféré, avec 27 autres militants, à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de Casablanca, où ils sont interrogés sur des accusations d’«  atteinte à la sécurité de l’État  » et d’«  autres actes constituant des crimes en vertu de la loi  ». Mercredi, leur garde à vue de quarante-huit heures a été renouvelée. Leurs avocats font état d’allégations de torture et de mauvais traitements.

Une population exaspérée par les inégalités sociales et la corruption

Les autorités marocaines confirment, avec cette vague d’arrestations, leur choix de la réponse sécuritaire et répressive à ce mouvement social ininterrompu depuis la mort, le 28 octobre, de Mohcine Fikri, ce jeune poissonnier broyé par la benne à ordures en tentant de récupérer sa marchandise saisie. Des milliers de personnes avaient accompagné les funérailles du jeune homme, enterré comme un «  martyr  » dans sa ville natale d’Imzouren. Depuis, la colère n’est pas retombée, relayée par les diatribes en tarifit (langue berbère du Rif) de Zefzafi sur «  l’État makhzénien  » (l’État monarchique) et même, tabou absolu, sur le roi, qui devrait selon lui être «  comptable du bien-être de ses concitoyens ».

« C’est un jeune des quartiers populaires d’Al Hoceïma, impliqué dans les mouvements sociaux comme celui des diplômés chômeurs, mais il n’a aucune appartenance associative ni politique. Zefzafi est charismatique, il s’est imposé comme un leader accepté par tous. Son arrestation témoigne d’une volonté de décapiter le mouvement  », résume Khadija Ryadi, de la Coordination maghrébine des organisations de défense des droits humains. à Al Hoceïma, l’appel à une grève générale de trois jours était très suivi hier. Interrogée par la police, la nouvelle porte-parole du mouvement, Nawal Benaïssa, a finalement été relâchée dans l’après-midi.

Six ans après les promesses royales de progrès démocratique et social, sous la pression, en 2011, du Mouvement du 20 février, le Hirak a surgi dans un contexte de déception et de tension au Maroc. La nouvelle Constitution n’a pas institué d’État de droit, au contraire, les atteintes aux libertés se multiplient, plus décomplexées que jamais. Sur le front social, la population est partout exaspérée par les inégalités sociales et par la corruption. Mais dans le Rif, région traditionnellement frondeuse, le sentiment de subir la «  hogra  », le mépris des autorités, est décuplé. «  Le mouvement de contestation à Al Hoceïma et ses environs a comme particularité d’être une rencontre entre des problèmes socio-économiques et une mémoire collective traumatisée. (…)

Cette mémoire renvoie aussi à un sentiment de marginalisation et d’injustices subies par la région depuis l’indépendance  », remarque l’historien et politologue Nabil Mouline dans les colonnes du magazine TelQuel. Les contestataires, qui se réclament de la figure d’Abdelkrim El Khattabi, héros de la guerre du Rif, cultivent aussi la mémoire des soulèvements de 1958 et 1984, brutalement réprimés par Hassan II. Le 22 janvier 1984, dans un discours télévisé, le monarque avait qualifié les protestataires rifains de «  awbach  » («  déchets de la société  »), les accusant d’être à la solde des communistes, des «  services secrets sionistes  » et même de l’Iran chiite.

Aujourd’hui encore, le pouvoir monarchique présente le Hirak comme un mouvement irrédentiste, fruit d’un complot étranger. «  Nous ne sommes pas des séparatistes  », répète pourtant Zefzafi, tout en assumant la revendication culturelle amazighe qui traverse le mouvement. Et l’écho de la révolte rifaine porte partout dans le pays. Chaque soir, après la rupture du jeûne, des sit-in de solidarité s’organisent. Ils sont très vite violemment réprimés.

Rosa Moussaoui Journaliste à la rubrique Monde

2) Maroc : Le roitelet, le violeur et la benne à ordures

1) Mouhcine Fikri, le marchand de poissons dont la mort indigne le Maroc

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/mond...

Mouhcine Fikri, marchand de poissons à Al-Hoceima, a été tué vendredi 28 octobre, happé par une benne à ordures. Le trentenaire tentait de s’opposer à la destruction par des agents de la ville de sa marchandise, des espadons, dont la pêche est interdite.

Les circonstances de sa mort ont choqué la population. Une photo circule sur les réseaux sociaux, qui montre la victime inanimée, la tête et un bras dépassant du mécanisme de compactage.

Dimanche, des milliers de personnes ont participé aux funérailles de Mouhcine Fikri, rendant hommage au "martyr Mouhcine" et marchant pendant plusieurs heures dans le calme du centre-ville d’Al-Hoceima jusqu’à la localité d’Imzouren, où la dépouille a été inhumée.

Des manifestations dans plusieurs villes

Sur Internet, des appels à manifester ont circulé sur les réseaux sociaux avec les mots-clefs "Broie-le" et "Nous sommes tous Mouhcine Fikri", explique le magazine marocain TelQuel.

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Sa mort tragique a indigné le Maroc. Mouhcine Fikri, marchand de poissons à Al-Hoceima, a été tué vendredi 28 octobre, happé par une benne à ordures. Le trentenaire tentait de s’opposer à la destruction par des agents de la ville de sa marchandise, des espadons, dont la pêche est interdite.

Les circonstances de sa mort ont choqué la population. Une photo circule sur les réseaux sociaux, qui montre la victime inanimée, la tête et un bras dépassant du mécanisme de compactage.

Dimanche, des milliers de personnes ont participé aux funérailles de Mouhcine Fikri, rendant hommage au "martyr Mouhcine" et marchant pendant plusieurs heures dans le calme du centre-ville d’Al-Hoceima jusqu’à la localité d’Imzouren, où la dépouille a été inhumée. Des manifestations dans plusieurs villes

Sur Internet, des appels à manifester ont circulé sur les réseaux sociaux avec les mots-clefs "Broie-le" et "Nous sommes tous Mouhcine Fikri", explique le magazine marocain TelQuel. Vous aimez cet article ?Inscrivez-vous à la Newsletter de l’Obs

Dimanche soir, une marée humaine a envahi le centre-ville d’Al-Hoceima. "Criminels, assassins", scandaient notamment les milliers de manifestants, "Arrêtez la hogra [l’arbitraire]", ou encore "Ecoute makhzen [palais royal], on n’humilie pas le peuple du Rif !". Le rassemblement, au fort accent identitaire berbère et revendiquant l’héritage rebelle de la région, s’est déroulé jusqu’à 21h30 locales, sans incident.

Des manifestations de moindre ampleur ont aussi eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif, mais aussi à Casablanca, Marrakech et Rabat, où plus d’un millier de personnes ont défilé au cri de "Nous sommes tous Mouhcine !", brandissant la photo de la victime ou une pancarte avec le slogan : "Bienvenue à la COP22, ici on broie les gens"

Une région frondeuse

La ville côtière d’Al-Hoceima, qui compte environ 55.000 habitants, fut le cœur de la révolte contre le colonisateur espagnol dans les années 1920, puis le théâtre d’une insurrection populaire en 1958.

Longtemps délaissée sous le règne de Hassan II, la région du Rif a une réputation de frondeuse et entretient des relations difficiles avec le pouvoir central. Elle fut aussi l’un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011.

Le suicide d’un vendeur ambulant fin 2010 en Tunisie est souvent vu comme l’un des éléments déclencheurs de ces Printemps arabes. L’homme s’était immolé par le feu en réaction à la saisie de sa marchandise par les autorités.

En pointe dans les manifestations de 2011, l’Association marocaine des droits humains a "dénoncé" le rôle de l’Etat qui "foule aux pieds la dignité des citoyens" et mis en garde contre "une possible répétition" du mouvement du 20-Février.

Un scénario particulièrement délicat pour les autorités alors que s’ouvre dans une semaine à Marrakech la conférence internationale sur le climat, la COP22, dont Rabat entend faire une vitrine internationale.

A.R. (avec AFP)


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