Le régime suédois : ou comment faire payer la crise aux retraités

samedi 22 juillet 2017.
 

L’économiste Thomas Porcher, membre des économistes atterrés souligne sur Twitter que « la retraite à points de Macron a été appliquée en Suède. Elle a abouti à une baisse des pensions. Ce système ne profite qu’aux cadres ».

En effet, dès lors, la pension dépend de trois facteurs : les cotisations du salarié, l’âge lors du départ (plus l’âge est élevé, meilleur est le coefficient) et l’espérance de vie de la génération. A terme, l’espérance de vie prise en compte pourrait être différentiée, au sein d’une même génération, en fonction de la catégorie socioprofessionnelle, avait précisé Macron durant la campagne présidentielle.

En Suède, la grande réforme des pensions, entre 1994 et 2001, vendue comme recette miracle, a fait basculer le système de retraite suédois d’un système à prestations définies, où le niveau des retraites est garanti a priori, comme en France, vers un système dit à cotisations définies, où seul le niveau des recettes est fixé, ce qui revient à déplacer les risques liés aux changements futurs du contexte économique des cotisants aux retraités. Dès lors, ceux qui vivent seuls et qui ont effectué une carrière non linéaire, avec des périodes de travail à temps partiel, particulièrement les femmes, ou encore les personnes ayant immigré en Suède, ont vu leur pensions d’autant plus fortement baissés.

La baisse des pensions, une porte enfoncée pour introduire plus de retraite par capitalisation ?

De fait, le calcul des pensions en fonction de l’âge du départ à la retraite invite les salariés à travailler encore et toujours plus. Si on se rapproche du « Travailler plus pour gagner plus » si cher à Sarkozy, ici, il s’agit non seulement d’inciter à travailler plus longtemps mais aussi à gagner moins, et ce d’autant plus que les conditions de la crise économique sont dégradées. Pour autant, étant donné que les retraites restent pour l’heure toujours payées par les actifs, ce n’est pas encore la remise en cause jusqu’au bout du régime de retraite par répartition. Même si ce dernier, au vu des coups de boutoir opérés au fur et à mesure, est vidé de son sens.

Pourtant, ce n’est pas tout : la retraite par point pourrait bien être un cheval de Troie pour introduire dans un premier temps une dose de retraite par capitalisation. Ainsi, le modèle suédois tant vanté par Macron repose sur deux piliers. Le premier, les retraites liées au revenu, sur la base du régime « en compte notionnel », le second, au travers des retraites capitalisées, comme aux Etats-Unis. Avec un régime de retraite par capitalisation, c’est l’inverse du régime par répartition, qui induit une solidarité intergénérationnelle : chaque salarié accumule un capital qui servira à payer sa propre retraite. Un modèle à l’américaine, donc, que Macron compte bien introduire à petite dose, pour commencer à saper l’un des principaux acquis du mouvement ouvrier de l’après-guerre : la retraite par répartition, et sa solidarité intergénérationnelle.


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