Affaire Ferrand : de l’argent public a servi à l’installation des Mutuelles de Bretagne dans le bâtiment loué à sa compagne

dimanche 11 juin 2017.
 

A la fin des années 2011 et 2012, et au début de l’année 2013, les Mutuelles de Bretagne, dont Richard Ferrand a été le directeur général, ont perçu des fonds publics pour aider l’installation des Mutuelles dans des locaux brestois possédés par la compagne de l’actuel ministre de la Cohésion des territoires.

Le Conseil municipal de Brest et le Conseil général du Finistère ont versé de l’argent public aux Mutuelles de Bretagne, dont Richard Ferrand a été le directeur général jusqu’à son entrée à l’Assemblée nationale en juin 2012, pour financer - au moins en partie - l’installation des Mutuelles dans les locaux appartenant à la compagne du ministre de la Cohésion des territoires et abritant un centre de soins pour personnes âgées à Brest. Ce sont les informations que BFMTV a tiré de la consultation de documents officiels. Au total, ce sont 55.000 euros de subventions que les Mutuelles de Bretagne ont récoltés pour l’installation et l’équipement des locaux.

La révélation de ces versements constituent un nouveau volet dans l’affaire soulevée autour d’une opération immobilière polémique qui a conduit le parquet de Brest à ouvrir une enquête préliminaire.

55.000 euros en trois fois

Sur un premier document, une demande de subvention adressée au Conseil général du Finistère, datée du 1er décembre, les Mutuelles de Bretagne disent tabler sur un coût total de 300.000 euros pour la création d’un "nouvelle plateforme". Dans la volonté d’éviter, écrivent-elles, que des frais trop importants ne viennent peser sur la prochaine activité et pour contribuer à l’équilibre financier, elles demandent une aide. Le Conseil général débloque alors 15.000 euros.

Un second document, issu d’une délibération du Conseil municipal de Brest du 23 octobre 2012, apporte aux Mutuelles de Bretagne une autre subvention, d’une valeur, cette fois-ci, de 20.000 euros. Il s’agit d’aider à la "mise en place d’une plateforme unique de gestion des services brestois des Mutuelles de Bretagne". Quatre mois plus tard, plus précisément le 12 février 2013, le Conseil municipal double cette aide. Ces 55.000 euros sont délivrés en trois documents. Benjamin Griveaux, porte-parole de "La République en marche", avait pourtant affirmé le 24 mai sur France Info qu’il n’ y avait "pas (eu) d’argent public" engagé dans cette opération dévoilée dans un premier temps par Le Canard enchaîné.

L’entourage de Richard Ferrand ne change cependant pas de registre devant ces nouveaux éléments. L’entourage du ministre et candidat aux législatives, assure en effet à BFMTV qu’"on cherche un scandale à partir de quelque chose qui n’est rien". Pour les proches du ministre, "ces choix sont de saine gestion". "Richard Ferrand a sauvé 130 emplois, mais ça, on ne le dit jamais ; C’est l’une des seules mutuelles qui ne perd pas d’argent", ajoutent-ils encore.

Comme il avait pu le faire à la suite d’une enquête du Monde, l’entourage du ministre donne ses précisions sur chaque point. S’agissant de la provenance des subventions, il note : "Admettons que ce soit le cas. En décembre 2011, Richard Ferrand ne siège plus au Conseil général. Il n’a jamais été membre du conseil municipal de Brest."

Et sur le fond, les proches de Richard Ferrand ne voient rien d’alarmant :

"La plupart des collectivités et des communes ont des programmes d’aide à l’installation d’infrastructures de ce type ; cela n’a rien d’extravagant. (...) Chaque fois, trente fois, (pour la création d’un nouveau centre), Les Mutuelles ont sollicité toutes les subventions disponibles. C’est une pratique qui n’a aucune singularité. A ce moment-là, qu’on donne la liste de tous ceux qui en ont bénéficié. (...) Il s’agit d’interventions publiques auxquelles les Mutuelles de Bretagne, comme toutes les structures comparables, sont éligibles."

L’utilisation des fonds perçus au cœur des interrogations

Il est également souligné que l’argent délivré est allé aux Mutuelles de Bretagne et non à la compagne du lieutenant d’Emmanuel Macron : "Ce n’est pas la compagne de Richard Ferrand qui a bénéficié des subventions, c’est l’exploitant (c’est-à-dire les Mutuelles) .(...) Ces subventions sont au bénéfice des Mutuelles de Bretagne, elles ne sont pas au bénéfice du propriétaire bailleur."

Quant à l’utilisation des fonds publics perçus, il s’agit aussi de savoir si ces sommes ont bien servi à l’acquisition d’équipement ou si elles ont aussi permis de financer une part des rénovations. A cette question, l’entourage répond avec prudence qu’"on ne peut pas" le dire avec certitude, tout en réaffirmant que "les fonds en question ne sont pas affectés aux locaux : ils servent à financer le mobilier, le matériel informatique, les armoires pour garder les médicaments à température". Ce sera à la justice de le dire. Une enquête préliminaire a été ouverte dans cette affaire.


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