Fillon éliminé, Le Pen largement battue, Macron affaibli... Aux Insoumis de convaincre les citoyens

vendredi 9 avril 2021.
 

- 1) 33,9% Lourde défaite pour Mme Le Pen
- 2) 25,4% d’abstention, 8,8% de blancs et nuls (12% des exprimés)
- 3) 66,1% pour Emmanuel Macron
- 4) LR et le PS dans une opération "Dernière chance de survie" lors des législatives
- 5) Jean-Luc Mélenchon : "Une nouvelle majorité parlementaire est possible autour de nous"

1) 33,9% Lourde défaite pour Mme Le Pen

Il était hautement souhaitable et prévisible qu’une majorité de citoyens français vote contre elle. C’est fait et cela constitue un soulagement pour nous, un échec pour le Front national.

Je constate en particulier un faible report de voix de l’électorat Fillon du premier tour vers elle au second, même dans des secteurs géographiques où la porosité entre droite et extrême droite était forte. Je m’attendais à un pourcentage plus élevé (la principale raison semble être l’impression donnée lors du dernier débat) mais je m’en réjouis.

Longtemps annoncée par les instituts de sondage à plus de 30%, la candidate FN s’était retrouvé au soir du premier tour à 21,3%, avec une avance faible sur Jean-Luc Mélenchon et François Fillon.

Cet insuccès se double à présent d’un score de second tour dévastateur pour un FN qui espérait depuis deux ans en la victoire.

Plusieurs médias divulguent ce soir des déclarations de dirigeants du FN qui règlent déjà leurs comptes quant aux fautes commises. « Avant le débat, Marine était présidentiable, elle avait fait une bonne séquence la semaine d’avant, Whirlpool et le bateau [dans le port du Grau-du-Roi, dans le Gard – ndlr], c’était bien joué, le ralliement de Dupont-Aignan aussi, et les gens à droite n’attendaient que ce fichu débat pour se décider. J’entendais des mecs de droite partout dire “m’en fous, je vote Marine”. Après le débat, dans notre fédé on se prend des courriers avec des cartes du Front coupées en deux. »

Mme Le Pen en conclut que son mouvement doit rompre encore plus avec le passé symbolisé par son père "Le FN doit lui aussi profondément se renouveler. Je proposerai donc d’engager une transformation profonde de notre mouvement afin de créer une nouvelle force politique". Une telle perspective n’aboutira pas sans forts tiraillements ; si l’extrême droite connaît une nouvelle défaite aux législatives, une nuit politique des longs couteaux n’est pas à exclure.

2) 25,4% d’abstention, 8,8% de blancs et nuls (4200000 citoyens soit 12% des exprimés)

16 millions de citoyens français (plus du tiers de l’électorat), n’a donc voté ni pour Emmanuel Macron, ni pour Marine Le Pen. Un sondage BVA, réalisé le 7 mai auprès de 2877 personnes, donne 21% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui ont voté blanc ou nul, 16% pour François Fillon, 15% pour Nicolas Dupont-Aignan et 9% pour Benoît Hamon.

Pour l’abstention, il s’agit d’un record depuis 1969. Pour les Blancs et Nuls, il s’agit d’un pourcentage jamais relevé depuis l’instauration du suffrage universel.

3) 65,5% pour Emmanuel Macron

Ce score haut est positif dans la mesure où il affaiblit d’autant le Front National.

Ceci dit, le nouveau président ne sort pas en position de force de ce 2ème tour :

- 43% de ses électeurs ont choisi son bulletin "par défaut" et non par adhésion

- 43% des inscrits n’a voté ni pour lui, ni pour le FN

- plus grave, une étude Ipsos/Sopra Steria affirme que 61% des sondés ne souhaitent pas lui donner une majorité absolue à l’Assemblée nationale

- son score comprend des électeurs Macron du premier tour mais aussi des électeurs Fillon, des électeurs Hamon, des électeurs Mélenchon...

Le parti de droite LR tout comme le Parti Socialiste paraissant décidés à présenter leurs propres candidats face aux macronistes lors des législatives, - la recomposition politique d’ensemble entamée au premier tour va se poursuivre d’ici aux législatives, lors des législatives et ensuite. Mais l’Elysée ne disposera pas de la majorité parlementaire aux ordres comme ce fut souvent le cas sous la 5ème république.

Dans le contexte de clarification politique qui se fait jour, il est évident que les Insoumis ne peuvent accepter les compromis politiciens proposés par exemple par EELV

4) LR et le PS dans une opération "Survie" lors des législatives

Le bipartisme sur lequel repose la 5ème république a été profondément bousculé, déstabilisé lors de cette élection présidentielle 2017. Cependant, les deux grandes forces qui profitaient de ce bipartisme ne vont pas laisser la place sans combattre car de nombreuses notabilités auraient trop à y perdre.

Dès ce soir, des dirigeants de LR comme du PS ont clairement affirmé leur choix de candidats autonomes de En Marche lors des législatives, préparant un soutien seulement conditionnel au futur gouvernement en attendant le moment favorable pour s’en autonomiser et préparer les échéances futures .

Il sera intéressant de suivre dans les jours à venir les choix des uns et des autres entre ralliements à Macron et maintien dans leurs anciennes formations.

Pour LR, ce qui se passe autour de la démarche de Bruno Lemaire est significatif. Ayant affirmé qu’il n’aurait "aucune hésitation" à intégrer le gouvernement si le président se retrouvait sans majorité claire à l’Assemblée, François Baroin a mis aussitôt les points sur les i. S’il entrait au gouvernement, il aurait "un candidat LR face à lui" aux élections législatives.

Quant au Parti Socialiste, bien malin qui pourrait deviner les suites de la présidentielle. Quelques personnalités et élus locaux poussent à une dissolution de l’organisation pour participer à la nouvelle majorité présidentielle (Gérard Collomb, Jean-Pierre Mignard, Ségolène Royal...). Il s’agira d’une véritable scission droite du PS mais elle restera pour le moment probablement limitée. Dans les organes dirigeants, trois positions vont s’affronter :

- les vallsistes souhaitant une intégration du PS dans la nouvelle majorité gouvernementale

- la direction autour de Cambadélis qui s’apprête, pour ne pas être mangée par En Marche, à gauchir son langage en jouant sur la nécessité de l’unité de la gauche et autres tactiques.

- les ex-frondeurs socialistes, par-delà quelques positions velléitaires, vont probablement s’insérer dans le sillage de la direction plutôt que maintenir l’orientation politique défendue lors des primaires, plutôt que participer à une nouvelle force politique avec les Insoumis.

Les institutions de la 5ème peuvent-elles survivre dans un contexte de réel multipartisme (En Marche, Insoumis, FN, LR, PS, PCF...), j’en doute.

5) Jean-Luc Mélenchon : "Une nouvelle majorité parlementaire est possible autour de nous"

Pour visionner la vidéo de l’intervention de Jean-Luc Mélenchon ce 7 mai au soir, cliquer sur le titre ci-dessous.

« Une autre majorité est possible » (Jean-Luc Mélenchon


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