Débat au Parti communiste : Résolution du Conseil national votée le 24 avril 2007

jeudi 26 avril 2007.
 

Le Conseil national a procédé à l’analyse des résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Ils sont marqués par une participation exceptionnelle, une dangereuse percée de Nicolas Sarkozy, un effet massif de vote utile en faveur de la candidate socialiste qui a laminé les autres candidats de gauche, un résultat très préoccupant, à peine 2 %, de notre candidate.

Le Conseil national salue la mobilisation remarquable des communistes comme de toutes celles et tous ceux qui, dans leur diversité, ont mené avec Marie-George Buffet une campagne magnifique de mobilisation et de détermination. Il partage leur déception devant ces résultats qui sont très loin de nos espérances.

Tout en appelant les communistes à approfondir l’analyse de ces résultats, le Conseil national a d’abord pris sans tarder les décisions qu’imposent la situation créée par le premier tour et les deux grandes échéances à venir : le second tour de la présidentielle et les élections législatives.

Les communistes abordent ces échéances avec combativité et avec la volonté renouvelée de battre la droite et de porter des propositions susceptibles de faire réussir une politique de gauche. Aucune de ces échéances n’est jouée d’avance. C’est seulement au terme de l’ensemble de ce cycle électoral que le paysage politique sera dessiné pour le quinquennat à venir.

Le Parti communiste confirme avec lucidité, et sans aucune hésitation, l’appel que Marie-George Buffet a lancé dès le 22 avril au soir, à voter et faire voter Ségolène Royal : Nicolas Sarkozy est un homme dangereux qui a délibérément choisi de reprendre les thèses insupportables du FN afin de devenir le candidat de la droite et de l’extrême droite. Il doit absolument être battu.

Il appelle les communistes à ne pas relâcher leur effort. Tout doit être fait, jusqu’au 6 mai, pour battre la droite et l’extrême droite. C’est vital pour notre peuple qui subirait sans cela durant cinq ans la politique ultra-libérale d’une droite décidée à en finir une fois pour toutes avec notre système social.

Nous inscrirons ces efforts dans la perspective, pour les législatives et au delà, d’une véritable alternative de gauche. C’est possible. Tout au long de la campagne, nous avons pu mesurer combien les attentes qui se sont manifestées puissamment dans les luttes contre les réformes Raffarin, dans la campagne contre la constitution libérale de l’Europe ou pour arracher le retrait du CPE sont toujours présentes et attendent des réponses de la gauche. Quel qu’ait été leur vote le 22 avril, des millions de femmes et d’hommes aspirent à une véritable politique de gauche, rompant enfin avec les logiques libérales.

C’est donc en nous appuyant sur ces attentes que nous allons mener pour les législatives une campagne très offensive avec les candidates et les candidats que les communistes auront choisis, avec d’autres, dans chaque circonscription pour rassembler le maximum possible de femmes et d’hommes désireux de faire émerger une véritable alternative à gauche, une majorité de gauche à l’Assemblée nationale. La constitution à l’Assemblée nationale d’un important groupe de députés communistes et républicains sera un atout décisif pour tous les combats à venir.

Dans toutes ces batailles comme dans les luttes sociales à venir, les communistes et leurs élu-e-s entendent continuer à porter les propositions avancées dans la campagne de Marie-George Buffet avec la conviction qu’elles sont susceptibles de rassembler largement, d’être utiles aux changements qu’attendent les femmes et les hommes de notre pays.

Le premier tour de l’élection présidentielle a montré la détermination de notre peuple à ne pas revivre le 21 avril 2002, en écartant fermement l’extrême droite et en permettant un choix de second tour entre la gauche et la droite. La participation exceptionnelle à ce scrutin a donné une force exemplaire à cette volonté.

Parvenant à recycler les voix du Front national, Nicolas Sarkozy arrive dans une position de force inquiétante. François Bayrou, qui est parvenu à capter une part significative de l’électorat de gauche, vient renforcer considérablement le poids de la droite sur l’échiquier politique.

La gauche, quant à elle, est à son plus bas niveau depuis 1969, avec 36,44 %.

Ségolène Royal gagne 2 % sur le score cumulé de L. Jospin, JP. Chevènement et Christiane Taubira. Mais ce gain se fait au détriment des autres candidatures à gauche.

Dans ce contexte, Marie-George Buffet, candidate soutenue par notre Parti, obtient seulement 1,94 % des voix. Les hommes et les femmes les plus déterminés à battre Nicolas Sarkozy, particulièrement dans l’électorat communiste et écologiste, ont été très nombreux, malgré beaucoup d’hésitations, à voter Royal dès le premier tour. Mais le vote utile n’explique pas tout. Certains n’ont pas souhaité y résister parce qu’ils n’ont pas fait leur l’enjeu de l’influence, de la place et du rôle du Parti communiste français.

Le score d’Olivier Besancenot se maintient (4,08 %). Mais l’extrême gauche - Besancenot, Laguiller, Schivardi - recule globalement de 10,5 % à 5,79 %. José Bové fait 1,32%.

La crise de la gauche - une crise idéologique, politique et structurelle - s’approfondit. Tout au long de cette campagne se sont exprimées des attentes fortes à l’égard de la politique et des volontés de changement. Mais cela ne s’est pas traduit dans les urnes. Manifestement, notre peuple n’a pas considéré comme possible d’utiliser son vote pour exprimer pleinement ses aspirations. C’est pour une part l’effet, grandissant avec le temps, d’institutions qui visent à installer le présidentialisme et le bipartisme dans la société française. A la perspective d’une alliance entre Nicolas Sarkozy et l’extrême droite, ont répondu des appels répétés à y opposer celle de Ségolène Royal et de François Bayrou, visant à construire une démocratie à l’américaine où les idées d’alternative et de changement sont totalement absentes. Le premier tour est de moins en moins l’occasion d’un débat de fond permettant aux électrices et aux électeurs de se prononcer pour un projet politique. Il se trouve pour l’essentiel réduit à une « primaire » dominée par les choix tactiques visant à qualifier deux finalistes pour le second tour. Les médias et les sondages ont, jour après jour, puissamment contribué à accentuer cette tendance.

Au delà, ces résultats posent de très grandes questions. L’échec de nos efforts pour reconstruire à l’occasion de ces élections l’espoir considérable qui s’était levé avec le large rassemblement de gauche pour faire obstacle à la constitution libérale de l’Europe a beaucoup contribué à boucher toute perspective de réel changement à gauche.

Mais la campagne a aussi révélé la profondeur de la crise de la gauche et de la société tout entière. Des repères politiques essentiels se sont effacés dans l’esprit de millions de femmes et d’hommes. Dans l’état de crise que provoquent la précarisation généralisée et l’aggravation de la souffrance sociale, nous assistons à d’importantes régressions idéologiques, attisant les divisions et les oppositions au sein des couches populaires, déconstruisant les sentiments de solidarité, alimentant le repli sur soi et la recherche de boucs émissaires. Et notre Parti a continué à s’affaiblir électoralement, posant de façon incontournable la question de la place et du rôle d’une force de transformation sociale dans la société française dominée par le capitalisme financier mondialisé.

Cette situation est grave. Elle nous impose un effort d’analyse et de réflexion qui ne peut être différé. Le Conseil national décide donc d’organiser un congrès extraordinaire, dès l’automne prochain si le calendrier politique le rend possible. Rassemblés, les communistes devront y aborder de front, en toute liberté, toutes les grandes questions idéologiques et politiques, celles qui portent sur l’état de la société, sur nos choix stratégiques, sur la manière dont nous les avons mis en œuvre, sur la campagne que nous avons menée, et sur le rôle de la direction du Parti. Le calendrier de ce congrès et ses modalités seront fixés après les élections législatives.


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