Non merci, je ne voterai pas Macron le 7 (PRCF)

dimanche 7 mai 2017.
 

MACRON, ou de la double injonction

Macron a justifié son refus en prétendant que « les Français » (en réalité, seulement 24% des exprimés et 16% des inscrits ont voté Macron, mais sans doute les autres électeurs ne sont-ils pas « français »…) ont validé ces réformes au 1er tour et qu’il les ferait passer toutes coûte que coûte (et pour cause, c’est pour cela que la finance internationale a massivement investi sur Macron !). Il a certes ajouté qu’il rencontrerait l’ensemble des syndicats (c’est un minimum !) mais bien évidemment, le but ne sera pas de négocier : tout est bouclé !, mais de doter d’une apparence « concertée » les ordonnances programmées pour l’été : merci d’avance à la CFDT ! Bref, le grand « démocrate antifasciste » qu’est Macron s’apprête à piétiner à nouveau la CGT, FO, SUD, la FSU et l’UNEF, qui ont contesté la Loi Travail, et à leur imposer un super-49.3 pour les remercier d’un éventuel vote de « barrage antifasciste » portant PAR DEFAUT le candidat d’En marche à l’Elysée. Qui est déloyal, ceux qui refusent ce chantage doublé d’un viol des consciences, ou le maître-chanteur qui PREND EN OTAGE les antifascistes pour faire passer le NEOLIBERALISME au prix de ce que les psychanalystes appellent une « double contrainte » ?

Qu’il soit clair que nous ne polémiquerons pas à l’infini avec les « antifascistes » qui, tous les cinq ou dix ans, traitent de crypto-nazis les gens de gauche qui refusent de valider par leur vote les contre-réformes qui broient nos vies sous prétexte de « barrer la route au fascisme ». Que ces « antifascistes » de circonstance, dont la plupart n’a jamais affronté physiquement les nervis de l’extrême droite, ni tenté d’empêcher l’expulsion policière d’une travailleuse étrangère à 6 h du matin, fassent ce qu’ils ont prévu de faire : nous respectons leur choix comme ils se doivent, eux les « tolérants » professionnels, de respecter ceux qui ne font pas le même choix qu’eux. Mais que du moins ces bons apôtres n’essaient pas de nous faire accroire que leur candidat, Macron lui-même, cherche à édifier un vote de barrage antifasciste au moment même où le seul souci de Macron, quitte à faire monter irresponsablement Le Pen, est d’obtenir clairement un vote d’adhésion. En clair, ce personnage machiavélique veut obtenir le MANDAT populaire le plus fort possible qui lui permettrait de légitimer sa guerre-éclair de l’été 2017 contre les retraites, le code du travail, les statuts, les conventions collectives, les indemnités chômage des SALARIES (qui paieront pour les « start-upers » et qui, « en contrepartie », perdront leurs indemnités chômage s’ils refusent une offre d’emploi familialement ingérable !), bref, contre les ultimes acquis du CNR. Sans parler du « saut fédéraliste européen », déjà dans les cartons de Merkel et d’Hollande, ou de la fin des textes juridiques déjà si poreux qui protègent la langue française contre le tout-anglais. Il suffit d’examiner les faits et les déclarations répétées de cet arrogant personnage pour se convaincre que Macron lui-même ne veut pas d’un vote de barrage, ou plutôt qu’il veut travestir en vote de « barrage » un blanc-seing pour sa politique antipopulaire : rappelons en effet ceci :

· Au soir du 1er tour, dans son spectacle à l’américaine sur fond de « Bri-gitt’/Bri-gitt’ ! » débilitants, de Marseillaise chantée les yeux clos et la main sur le cœur (à l’américaine, là encore !) et de drapeaux européens, Macron a claironné qu’il ne demandait pas un « vote contre » mais bel et bien un vote d’adhésion sur son projet. Chacun peut encore le vérifier sur l’internet…

· La réponse apportée par Macron à Mélenchon est on ne peut plus claire : aucun compromis, aucune main tendue aux communistes, aux insoumis, aux syndicalistes antifascistes qui sont sommés de faire unilatéralement tout le chemin (de croix !) en avalant à 100% un programme néolibéral qui, dès le 9 mai, explosera les conditions de vie déjà bien dures des travailleurs. Et là, combien d’ « antifascistes macroniens » (c’est presque un oxymore !) viendront-ils dans les manifs – si elles sont autorisées, car le clone de Macron, M. Valls, a bel et bien tenté de les interdire en juin dernier, pour « faire barrage » à l’ubérisation générale de la société ? Combien d’ « antifascistes macroniens » qui prennent aujourd’hui des postures héroïques délirantes viendront-ils alors défiler entre matraques et gaz lacrymogènes ? Bref, la gauche populaire est sommée par Macron de se sacrifier sans l’once d’une concession et avec la promesse, en guise de remerciement, d’en prendre plein la tête dès le 9 mai, la bien nommée « journée de l’Europe » !

· Enfin, il y a l’expérience : en 2002, la gauche populaire a apporté son soutien massif à Chirac contre Le Pen. Dès le printemps 2003, la droite étant la droite et se fichant dpas mal e l’antifascisme, Raffarin lançait coup sur coup la contre-réforme maastrichtienne des retraites – qui a institué les « décotes » en plongeant des millions de pensionnés dans la pauvreté – et la première étape de la dénationalisation de l’école publique (régionalisation des TOS). Et malgré d’énormes manifs et un mois de grève scolaire, l’ « antifasciste » Chirac agissant sur mandat impératif de l’UE n’a pas reculé d’un pouce, signifiant à des millions de Français qu’ils comptaient pour pain et beurre dans leur pays.

· Et nous ne sommes plus en 2002 : entretemps, la fascisation – dont le FN est l’aile marchante, mais qu’il ne résume nullement – a fait un bond de géant : treize lois liberticides en douze ans, état d’urgence à perpètuité, milliers de syndicalistes traînés en justice ou licenciés, y compris dans des entreprises dirigées par le gouvernement « de gauche » (sic)… Sans parler des manifs menaçantes et NON SANCTIONNEES de flics en service, en armes et en tenue devant les Palais de justice… Que sera-ce demain avec un gouvernement macronien « de gauche et de droite » qui annonce déjà, par la voix de Macron lui-même, la « tolérance zéro » pour les manifestants, et qui encense les forces de répression sans questionner un seul de leurs agissement (il y aura donc de l’argent public pour embaucher 10 000 CRS en plus, faire des prisons, etc., mais c’est parce qu’ « il en manque » que Macron veut supprimer 150 000 fonctionnaires ?!) ?

Fils de Résistant, l’auteur de ces lignes a toujours combattu le racisme ; il ne demanderait donc pas mieux que de POUVOIR exprimer au second tour un vote loyal de barrage anti-FN autour d’un paquet, réduit, mais significatif, de « valeurs républicaines ». Encore faut-il que ce soit bien ce « paquet » qui soit au cœur du vote du 7 mai et non pas un projet néolibéral CRUEL, qui ne pourra passer qu’à coups de matraque, qui s’accompagnera de l’euro-dissolution finale de la souveraineté nationale, et qui sera appliqué, Macron s’en vante, en marche » forcée, sans même transiter par le futur parlement… Est-ce cela la « république », la « démocratie », l’ « antifascisme » ???

Alors non merci, je ne voterai pas Macron le 7. Cela signifie-t-il que je resterai les bras croisés devant le FN, ce parti qu’il ne faut aucunement banaliser ? Non, car c’est un sophisme que d’affirmer que, pour faire baisser le vote FN, il est « incontournable » d’utiliser « l’autre bulletin ». On peut parfaitement militer, et c’est ce font les militants franchement communistes dans les cités populaires et à la porte des usines, pour dégonfler le score du FN en milieu populaire sans rabattre sur Macron. Et surtout, on peut et on doit préparer la résistance sociale et l’alternative populaire qui passent par la mise en place d’un Front antifasciste, certes, mais également patriotique, populaire et écologique tourné à la fois contre le FN et contre l’UE/OTAN dont Macron est le proconsul missionné.

Par Georges Gastaud (Prcf)


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