Le Pen doit être battue, dans les urnes et dans la rue

vendredi 28 avril 2017.
 

Après avoir mené avec enthousiasme la très belle campagne de Philippe Poutou, je m’inquiète face à l’anti-politique qui résulte de nombreuses analyses à la suite du premier tour.

Le contrecoup du premier tour commence à arriver. C’est la gueule de bois. Beaucoup d’entre-nous ne se remettent pas d’un second tour entre une fasciste et un représentant du MEDEF. Dans cette situation, la politique a laissé place aux intentions personnelles. Et c’est fort problématique alors que l’extrême-droite n’a jamais été si haute, et que la gauche (sans Macron donc) réalise un score de 25%…

La pire des anti-politiques, c’est l’idée que Macron serait l’égal de Le Pen. Quelle erreur dramatique. C’est ne pas connaître le fascisme, ce poison mortel. Le FN est un parti qui découle directement de la tradition pétainiste, mais aussi du pire du colonialisme français, avec son lot de racismes, de sexisme, d’homophobie. Oui, Marine Le Pen est PLUS dangereuse dans l’immédiat que Macron. Elle est un danger imminent pour la démocratie (malgré toutes les critiques, la démocratie bourgeoise ce n’est pas le fascisme), pour les libertés individuelles, pour nous-mêmes militants révolutionnaires ou simplement militants de gauche. Il n’y a pas lieu de jouer avec le feu. Le Pen doit être battue, dans les urnes et dans la rue. Et l’urgence c’est de réussir le 1er mai !

Toutefois, il est des choses évidentes à rappeler. Nous n’avons pas intérêt à céder à une politique de barrage « républicain ». Le B.A.BA c’est de pousser les gens à aller dans la rue, de faire prendre conscience du danger FN. On peut comprendre que des gens, antifascistes convaincus, ne souhaitent pas aller voter pour Macron qui, pendant 5 ans, mènera une politique qui va renforcer le FN. Il faut donc faire de la politique, expliquer, ne pas braquer mais au contraire rassembler. Et pour rassembler, il n’y a pas de leçons à donner, il faut discuter et comprendre. Puis tout reconstruire.

J’irai sans doute mettre un bulletin Macron dans l’urne dimanche 7 mai. Aucune chance ne doit être laissée au fascisme. Mais doit-on pour autant limiter l’analyse à cela ? Ma plus grosse crainte, ce n’est pas la victoire de Le Pen dans les 15 jours (je n’y crois pas) mais c’est sa victoire inévitable dans 5 ans. Et c’est aussi un doute immense sur notre capacité à dégager Macron dès le 8 mai par la rue. C’est pour cette raison que je trouve la déclaration de Philippe Poutou juste politiquement. Parce qu’elle permet de poser les bases pour demain : « À toutes celles et tous ceux qui ont refusé de voter ou à qui on refuse le droit de vote, à celles et ceux qui ont voté Mélenchon en pensant faire un vote de rupture, à celles et ceux qui ont voté LO, nous tenons à dire que nous avons besoin d’une nouvelle force pour nous représenter : un parti qui représente nos intérêts, un outil pour nos luttes quotidiennes, pour en finir avec le système capitaliste, pour porter le projet d’une société débarrassée de l’exploitation et de toutes les oppressions. ».

Faire de la politique c’est d’abord ça : proposer des perspectives mieux-faisantes. Bien sûr c’est aussi prendre ses responsabilités contre les pires risques, et nous le faisons. Sans s’interdire de réfléchir - y compris dans nos prises de positions publiques - et de populariser l’idée que Macron est aussi un danger pour quiconque se dit de gauche. Il est grand temps de construire une alternative anticapitaliste, pluraliste et combative. C’est notre unique espoir.

Alexandre Raguet


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