Après un quinquennat "socialiste" désastreux, votons Macron en se pinçant le nez

dimanche 30 avril 2017.
 

Le titre a été choisi par la rédaction du site.

Intervention de Gérard Filoche au Bureau National du PS lundi 24 avril au matin

Le résultat du scrutin d’hier soir 23 avril est cruel à double titre : parce qu’il sanctionne le bilan désastreux du quinquennat, et parce qu’il sanctionne l’incapacité de la gauche à s’unir alors qu’elle aurait gagné la présidentielle si elle l’avait fait.

Oui, le quinquennat a été catastrophique de bout en bout. Nous avions tout en mai juin 2012, l’assemblée, le sénat, la présidence, les villes, les régions, les départements, nous avions un mandat pour combattre la finance et redistribuer les richesses, il a été trahi notamment par François Hollande et Manuel Valls, et nous avons en conséquence perdu nos électeurs cinq scrutins de suite, aux municipales, aux européennes, aux sénatoriales, aux territoriales, aux régionales. La politique d’austérité suivie, les casses successives et gravissimes du code du travail de l’Ani à la loi El Khomri, le CICE donnant 41 milliards au Medef plutôt qu’à l’emploi et aux services publics, tout cela a conduit nos électeurs, notre base sociale, à nous quitter.

Nous allions retrouver une chance unique de tourner cette triste page, de nous réorienter quand même à gauche, lors de cette présidentielle, grâce au résultat des primaires du 29 janvier 2017, mais une partie du PS a choisi sciemment de savonner la planche au candidat de la gauche socialiste, et d’appeler à soutenir Macron. Ainsi ceux qui ont trahi les électeurs socialistes et de gauche de 2012 entre 2013 et 2016, ont encore poignardé dans le dos nos électeurs de la primaire de janvier 2017. Comment s’étonner du résultat ?

Et comme la gauche Hamon Mélenchon divisée par la politique libérale droitière du quinquennat n’a pas su saisir l’opportunité, n’a pas eu le courage de se rassembler entre le 29 janvier et le 23 avril, nous avons tous, tout perdu, et nous nous retrouvons devant le sinistre choix entre Macron et Le Pen.

Que cela soit clair : ils sont tous les deux nos ennemis. Il n’y a pas de bonne solution.

Mme Le Pen est une fasciste, même si nombre de ses électeurs ne s’en rendent pas compte à ce stade. J’ai entendu certains me dire « Il faut essayer le Pen » j’ai répondu « n’essayez pas Hitler, vous aurez un ticket aller mais pas de billet retour ». Ce sera la guerre civile, la chasse aux facies, des pogroms, des bandes qui se combattront dans les rues selon la couleur de la peau, la traque aux militants de gauche.

Mr Macron est un OVNI, parvenu jusque là de façon incroyable, stupéfiante, honteuse pour un grand pays comme le notre, propulsé par la haute finance mondialisée et les centaines de « une » des grands médias des milliardaires, un prédicateur évangéliste dangereux qui veut en finir avec notre protection sociale payée directement en cotisations sociales par le capital dans le cadre de nos salaires bruts. Son parti est de droite, comme l’UDF de Giscard mais en plus fanatiquement ultra libéral. Il n’a rien de gauche et rien du centre, et nous avons à le combattre, pas à nous allier ni à nous subordonner à lui.

Donc si nous nous résignons à nous servir de son bulletin de vote pour faire barrage à Le Pen, comme le propose JC Cambadelis c’est sans ambiguïté : c’est en nous pinçant le nez qu’on l’utilisera.

D’ailleurs nous savons les limites de ce geste, car Macron n’est pas un barrage sérieux à Le Pen, ce n’est qu’une barrière de sable, sa politique servira à aggraver la situation et in fine de marche pied à Le Pen.

L’utilisation du bulletin de vote Macron ne sert qu’a gagner du temps, pas à empêcher la montée du FN.

Et ce sera par nos luttes et la reconstruction de la gauche que nous pourrons arrêter le pire.

Qui croit qu’on fait reculer Le Pen et le FN avec des mots et des bulletins de vote ? On ne la fera reculer qu’avec une politique de redistribution des richesses, qu’en donnant des choses dans l’assiette aux gens, de l’emploi, du salaire, qu’en faisant reculer massivement les inégalités.

Et pour faire cela, il faut l’unité de toute la gauche, il faut encore et encore aller chercher Mélenchon, Jadot, Laurent, et toute la gauche politique et syndicale qui maille majoritairement notre pays ; qui croit maintenant que le PS revivra sans unité de la gauche, sans accord avec Mélenchon ? et il faut choisir l’accord avec Melenchon, clairement, contre la politique de Macron : car ceux qui ne le feront pas dériveront sans rivage comme des « néos » des anciens temps, bientôt il faudra des mobilisations de masse contre les ordonnances Macron anti ce qui reste du code du travail, bientôt il faudra défendre notre protection sociale pied à pied, arracher nos salaires à l’impitoyable finance qui va gouverner, en nous appuyant sur notre classe sociale, le salariat.

Si le PS ne le fait pas, il implosera et de disloquera davantage. Sa seule chance avec ses 6 % d’hier soir est de revenir à gauche et de s’unir à tout le reste de la gauche. C’est aussi la seule chance de notre peuple, de nos électeurs, de toute la gauche, avant que la haute finance ne finisse par choisir Le Pen, contre son commis Macron, quand elle l’aura usé.

Gérard Filoche


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