2017 : Profonde crise de confiance envers les élites tant de droite que de gauche néolibérale.

jeudi 16 mars 2017.
 

De l’expérience française à l’expérience grecque de ces dernières années, on sent qu’une forte crise de confiance à l’encontre des élites politiques mine la société.

I - Cette crise de confiance s’inscrit en France dans la durée

29 mai 2005. La France connait cette crise de confiance depuis le 29 mai 2005 date du Non au traité constitutionnel européen (TCE), date à rapporter à la trahison de février 2008 avec la collusion Sarkozy-Hollande pour faire passer le traité de Lisbonne. Depuis plus de dix ans la confiance envers les élites qui trahissent les intérêts des couches populaires au profit de l’oligarchie et du 1% d’en-haut s’est encore aggravée. Elle s’est doublée en outre d’une crise de confiance envers les grands médias (Libération, Le Monde, et les chaines de télévision ) serviles qui flattent les idéologies des élites néolibérales, tant de droite que de gauche.

Effets et conséquences. La perception du clivage droite-gauche s’est déplacée vers la gauche. Ce qui frappe frontalement le PS totalement discrédité . Un discrédit populaire très profond qui percute les appels à l’unité et l’usage chez certains de la notion de « peuple de gauche » qui est invalidée car ce « peuple de gauche » comprend en son sein des élites politiques jugées droitières, ou en tout cas en incapacité notoire et durable de se mettre au service du peuple, sous ses trois composantes, tant les couches sociales moyennes fragilisées par la crise que des couches sociales modestes qui peinent à terminer le mois (souvent à cause de la précarité et des bas salaires) et enfin les pauvres qui le restent malgré tous les discours et dispositifs qui les concernent. En France, si l’on évoque celles et ceux qui pensent aller voter - ce qui est à considérer en creux -, ils sont nombreux les femmes et les hommes qui misent plus sur Jean-Luc Mélenchon que sur Hamon comme leader en capacité de lancer un processus d’une autre République, ce qui lancerait possiblement une dynamique de bouleversement constitutionnel. Il y a aussi l’idée d’avoir au Parlement en France des élus qui veulent abroger la loi El Khomri, qui ne passe toujours pas chez les travailleurs du privé.

II - Cette crise de confiance intègre l’expérience grecque surtout et moindrement britannique

L’expérience française est venu s’ajouter l’expérience grecque, qui à distance a laissé des traces, que l’on connaisse peu ou relativement bien ce qui s’y passe réellement (2). L’idée forte est celle d’une véritable dictature de la Troïka imposée au peuple-classe grec, ce qui implique d’emblée déni de démocratie et casse des droits sociaux et d’autres aspects encore (cf « coup d’Etat » du 13 juillet 2015). L’autre idée, plus nuisible encore, c’est l’incapacité de la gauche grecque à répondre à la Troïka, alors que Syriza était bien perçu, à raison, comme plus à gauche et plus déterminé que Hollande et ses gouvernements. De ce fait les débats stratégiques ne sont plus guère massivement portés. Retour ligne automatique Il y a besoin d’une expérience politique victorieuse pour que ces débats soient réappropriés massivement.

Brexit ? Ce n’est pas, semble-t-il, le Brexit qui a favorisé cette nouvelle expérience car trop porteuse d’ambiguïté, notamment par sa charge nationaliste. Autrement dit, le peuple-classe britannique et la gauche de façon générale n’y a pas gagné nettement. C’est le moins qu’on puisse dire.

Le Brexit relève d’une contestation populaire qui demeure largement instrumentalisée par les élites du capitalisme financiarisée qui peuvent être aussi bien pro-Union européenne que pro-Nation en fonction du contexte. Il y a passage d’une bourgeoisie compradores tournée vers les marchés extérieurs et la finance mondialisée à une bourgeoisie nationale qui valorise dans le verbe surtout un capitalisme national ce qui rééquilibre peut-être (c’est à vérifier) l’état des forces capitalistes en faveur des petites et moyennes en entreprises mais sans déconnexion du marché mondial de la finance pour les acteurs mondialisés de la Bourse. Or dans la phase actuelle du capitalisme, ce sont eux qui impriment les orientations dominantes, vers plus d’inégalités (3). Il y a là un « intégrisme économique » (4) très dur, aussi nuisible que les intégrismes religieux !

Pour mémoire. Les gauches qui choisissent un nationalisme de gauche avec un volet social à imposer à la bourgeoisie nationale afin d’une relative émancipation du peuple se font trop souvent voler la victoire par les forces nationalistes de droite et d’extrême-droite qui savent mieux forger une alliance entre petit patronat victime de la crise et classe ouvrière en déroute. En plus ces forces réactionnaires réactivent tôt ou tard sexisme, racisme et autre promotion d’une idéologie réactionnaire spécifique issue du contexte, comme le refus de l’homosexualité, le refus de l’IVG.

Orientation. Un vote en faveur de Macron candidat du système risque fort de rajouter de la distance et pousser plus encore la composante nationaliste du peuple vers le FN. Un vote vers Hamon ne lève pas le doute du fait de son appartenance au PS discrédité. En fait, tout le poids de l’avenir repose sur les épaules d’un Mélenchon. Mais il ne s’agit pas, pour nous, de valoriser un homme (ou une femme). C’est sans doute le moment de rappeler que la libération d’un peuple du joug de son oligarchie passe par sa mobilisation consciente. Ce qui suppose des forces militantes intermédiaires conscientes et actives dans cette orientation.

Christian DELARUE,

1) 2005 : quand les Français ont dit non à l’Europe - YouTubeRetour ligne automatique https://www.youtube.com/watch?v=_UB... Excellente vidéo

France : Sarkozy gagne le vote sur le traité européen avec l’aide du Parti socialiste https://www.wsws.org/francais/News/...

2) Lire notamment deux ouvrages publiés en nov 2015 « Les Grecs contre l’austérité » in Le Temps des Cerises et Europe, et « L’expérience grecque - Le débat stratégique » in éditions du croquant ainsi que plus récemment le fascicule Le combat du peuple grec continue d’Unité populaire.

3) Egalité ! par Cynthia Fleury - YouTubeRetour ligne automatique Video sur l’inversion actuelle de la dynamique historique, vue jadis par Tocqueville, d’égalitarisation des conditions !Retour ligne automatique Dénoncer et que cela reste sans effet signifie atteinte et corruption dit Cynthia FleuryRetour ligne automatique Etat de droit va, en principe, avec son double l’Etat social. Ce n’est plus vrai. (Sans compter que l’Etat social accompagnait l’Etat impérial)Retour ligne automatique https://www.youtube.com/watch?v=Js4...

4) Il faut combattre l’intégrisme économique | Le Club de Mediapart https://blogs.mediapart.fr/eric-ber...


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message