A quoi sert la campagne de Benoît Hamon ?

mercredi 15 mars 2017.
 

Pour parler vite, la campagne Hamon ne sert à rien ni à personne. Incapable de capitaliser sur les 1.2 millions de voix qui lui ont fait remporter la primaire et qui sont extérieures au cercle militants/adhérents du PS, Hamon n’a pas saisi (pas voulu saisir) la ligne de fracture qui parcourt le PS, ses élus, son appareil.

Ceux qui revendiquent le bilan "positif" du quinquennat ont tout intérêt à rejoindre Macron, à lui apporter positions de forces locales, baronnies et surtout à ne pas se laisser marginaliser dans la recomposition en cours. C’est le jeu de Valls et consorts qui espèrent jouer un rôle déterminant dans ce pôle central. Hamon a été incapable de faire des choix, de positionner sa campagne clairement et a cherché à donner des gages programmatiques pour ne pas briser l’unité d’un parti qui est, de toute façon en train d’exploser. Il est affligeant de voir certains dire qu’ils ne rejoindront pas Macron sauf.... si Hamon s’écroule dans les sondages et de voir que leurs déclarations elles-mêmes sont dans ce but. En refusant un débat politique public avec JLM, en ne disant pas clairement qu’il opposera des candidats "PS" à tous ceux qui soutiennent Macron, en ne mesurant pas que les appels et pétitions pour l’unité représentent un enjeu politique majeur pour l’avenir, Hamon se condamne à l’inutilité.

Quelles que soient les difficultés et les divergences, importantes, que nous pouvons avoir avec la campagne de FI et de JLM, il est alors indispensable de faire le maximum pour que celui-ci atteigne le score le plus élevé possible (j’espère qu’ici personne ne croit réellement, comme E. Coquerel que JLM puisse arriver au second tour, mais, après tout, on a vu tellement de rebondissements depuis deux mois...), et surtout l’atteigne sur la base de réelles mobilisations locales, qui puissent, d’une manière ou d’une autre, servir de réceptacle à ce "besoin d’une vraie gauche" qui s’exprime aussi dans les pétitions et les initiatives locales unitaires. C’est là que notre responsabilité est immense au regard de nos faibles forces, et que les irresponsabilités sectaires de FI pourraient être dramatiques.

Les législatives enfin. Il s’agit là d’un enjeu majeur. En effet, quel que soit le vainqueur de la présidentielle, il-elle ne viendra pas d’un parti de gouvernement traditionnellement implanté et quasi certainement assuré d’obtenir une majorité après la présidentielle (sauf si c’est Fillon, et encore... ). Une victoire de Le Pen ne signifierait certainement pas une majorité pro FN en juin et une victoire de Macron ouvrirait la voie à de nombreuses tractations pour construire une majorité composite et instable. Il faut donc poser la question clairement aux soutiens de Hamon et à Hamon lui-même : feriez-vous partie de la majorité de Macron, aux côtés de Bayrou, Dutreil et autres transfuges de la droite ? C’est bien là la ligne de crête, non ? Car Hamon n’hésitera pas à appeler à voter Macron dans le cas d’un second tour contre Le Pen... et nous ne saurions de nous contenter de réponses du genre on verra au coup par coup, projet de loi par projet de loi ! Ce sont donc les législatives qui fixeront le rapport de forces à l’issue de la séquence électorale, contrairement à ce que l’inversion du calendrier voulait pérenniser. Là aussi, dans cette optique, il nous faut pousser à l’unité et s’appuyer sur des situations et des mobilisations locales pour obtenir les scores les plus élevés et significatifs possibles. C’est autour de ces 577 campagnes locales que se trouvent sans doute des éléments importants de la recomposition à venir.

Mathieu Dargel


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