Macron se met en marche dans les pas de Sarkozy

mardi 7 mars 2017.
 

En proposant d’exonérer les heures supplémentaires des « charges » qui ne sont de fait qu’un salaire différé servant à financer la protection sociale, les caisses de retraite et l’indemnisation du chômage, Emmanuel Macron veut mettre en place une précarisation sans cesse croissante de la condition de salarié en France. Ce faisant, il reprend à son compte le programme de Nicolas Sarkozy de 2007.

L’une des principales mesures annoncées hier par Emmanuel Macron a trait à l’exonération des charges dites patronales et salariales sur les heures supplémentaires. Il reprend ainsi l’essentiel d’un dispositif pour lequel Sarkozy et Fillon avaient fait voter une loi dès leur arrivée au pouvoir en 2007. La durée hebdomadaire du travail étant de 35 heures en France, un salarié qui effectue 43 heures de travail dans sa semaine voit actuellement ses 8 heures supplémentaires majorées de 25% sur son bulletin de paie. S’il effectue 48 heures de travail dans sa semaine, les 5 heures de travail faite au delà de 43 heures hebdomadaires seront majorées de 50%. C’est une vieille disposition visant à dissuader les patrons d’allonger sans cesse la durée du travail. Avec sa déclinaison verbale du « travailler plus pour gagner plus » , Nicolas Sarkozy en avait fait de la relance des heures supplémentaires un slogan de campagne en 2007.

Mais le salaire qui rémunère la force de travail est composé de deux parties en France. Il y a part de rémunération directe, à savoir le salaire net en bas de la feuille de paie. Il y a aussi ce que l’on nomme le salaire différé qui finance la protection sociale et les caisses de retraite. La loi de Sarkozy et Fillon avait été abrogée avec l’arrivée des socialistes au pouvoir en 2012. Manuel Valls a récemment déclaré que ce fut une erreur et promettait de la rétablir dans la campagne de l’élection primaire où il a été battu par Benoît Hamon. La proposition de Valls se trouve donc dans le programme d’Emmanuel Macron. Si ce type d’accord permet d’augmenter peu ou prou le salaire net en fin de mois, l’absence de cotisation pour la Sécurité sociale, la retraite et le chômage conduit à diminuer les recettes de l’Assurance maladie, des caisses de retraite et de l’ASSEDIC. Plus on fait faire des heures supplémentaires, moins on a besoin d’embaucher. Le chômage risque donc d’augmenter. Parallèlement, les heures supplémentaires exonérées des charges patronales et salariales sont de nature à accroître les déficits de la Sécu, des caisses de retraite et de l’assurance chômage.

Emmanuel Macron raisonne comme un esclavagiste

Mais il existe un risque supplémentaire qui peut conduire sous payer les heures supplémentaires aux salariés qui les acceptent. Depuis que Manuel Valls a fait passer par le 49-3 la loi El Khomri au nom d’un gouvernement dans lequel Macron était le ministre de l’Économie, il est possible de « négocier » des accords de branche et même d’entreprise dans lesquels les heures supplémentaires ne sont majorées que de 10% . Dès lors, en tenant compte de l’exonération des charges patronales et salariales, chaque heure de travail effectuée en plus des 35 heures hebdomadaires coute nettement moins cher aux employeurs que chacune des 35 premières heures. Il devient ainsi possible d’exploiter plus en payant moins, charges comprises. On peut penser que le chantage à la délocalisation des productions dans des pays à bas coûts de main d’œuvre serait souvent utilisé par les patrons si le projet de Macron était mis en place dans les prochaines années. Un constat s’impose : qu’il s’agisse de précariser les salariés en usine ou les auto-entrepreneurs rémunérés à la course, Emmanuel Macron raisonne toujours comme un esclavagiste.

Concernant la lutte contre le réchauffement climatique, Emmanuel Macron se conduit en véritable bandit sur fond d’incompétence. Il propose d’augmenter de 12,5 milliards d’euros la fiscalité sur les carburant d’ici 2022. Il faut savoir que nous payons près de 62% de taxes sur chaque litre d’essence et environ 56% sur chaque litre de gazole en France. Mais le produit de cette taxe alimente le budget annuel de l’Etat et ne sert nullement à créer des infrastructures qui permettraient de réduire la circulation automobile en France. Macron propose qu’une partie de la taxe, qu’il promet d’augmenter chaque année, soit utilisée pour verser 1.000€ à chaque utilisateur qui achètera une voiture à essence à la place de son diesel. Mais on voit mal comment ce genre d’initiative peut contribuer à réduire les émissions de CO2 si on continue de mettre autant de véhicules en circulation dans notre pays. Surtout si chaque vieux diesel retiré du marché en France continue d’être vendu en Afrique pour une seconde carrière.

Gérard Le Puill, L’Humanité


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