SARKOZY ET LE RETOUR DE LA "RACE"

jeudi 19 avril 2007.
 

Nicolas Sarkozy utilise le mot race dans ses discours, alors que celui-ci, dénué de sens en ce qui concerne l’homme, est banni par la science et l’usage commun depuis longtemps.

Opinion

Reçu par Christrine Ockrent dans l’émission France Europe Express, Nicolas Sarkozy avait fait usage du mot race, expliquant que la Chine était principalement peuplée par une seule race, une seule ethnie.

Ce mot étrange dans la bouche d’un homme politique, vite repris, et pour ainsi dire gommé par l’usage « d’ethnie » dans la même phrase, pouvait passer pour un lapsus, un usage impropre né de l’improvisation de l’oral.

Mais la derniere vidéo diffusée dans le cadre de la campagne officielle par le candidat UMP reprend à nouveau ce mot dans la phrase suivante :

« La France ce n’est pas une race, c’est une communauté de valeur » [1]

Le doute n’est donc plus permis. « Race » fait bien partie du vocabulaire du candidat. C’est pour lui un concept, une catégorie d’usage, qui, même s’il ne l’applique pas à la France, fait partie de son paysage mental.

Voici comment le dictionnaire Larousse de 1995 définit l’emploi du mot race en ce qui concerne l’Homme :

« La diversité humaine a entrainé une classification raciale sur les critères les plus immédatements apparents : leucodermes (blancs), melanodermes (noirs), xanthodermes (jaunes). Cette classification a prévalu, avec diverses tentatives de perfectionnement dues à l’influence des idées linnéennes, tout au long du 19ème siècle. Les progrès de la génétique conduisent aujourd’hui à rejeter toute tentative de classification raciale ».

« Rejeter toute tentative de classification raciale ». On ne saurait mieux dire. Ce mot chargé des connotations terribles associées à son histoire, est abandonné par la science, mais aussi par l’usage commun, qui y voit à juste titre la réminiscence d’un passé sinistre.

Même Jean Marie Le Pen, dont l’art de la provocation calculée fait de lui une sorte d’expert quant à la définition des limites acceptables pour les sous entendus véhiculés, a banni ce terme sulfureux de son vocabulaire, et lui préfère « ethnie ».

Mais Nicolas Sarkozy n’a pas ces préventions. Il ose briser le tabou.

Et nous assistons, dans un silence sidérant, à la résurgence de ce terme honni, aujourd’hui dans un discours officiel, et demain si nous n’y prenons garde, à l’Elysée.

Il est temps, grand temps, de nous réveiller.

Philippe Barbrel


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message