Candidats de la présidentielle 2017 : C’est le grand chamboule tout !

vendredi 10 février 2017.
 

Tous les « spécialistes » de la politique, les sondeurs et les supposés faiseurs d’opinions qui monopolisent micros et caméras, voient leurs thèses de l’été s’envoler en hiver.

C’est comme si on assistait à une révolte sourde et transversale, à une sorte de reprise en main par les bases électorales de leur destin, décidées à subvertir tous les scénarios préétablis. De Sarkozy à Juppé, de Hollande à Valls, aucun de ceux qui ont à un moment tenu les rênes du pouvoir ne sera présent sur les bulletins de vote le 23 avril. Le signal est évident d’une aspiration au changement.

Mais cette demande d’autre chose est loin d’être nourrie d’une claire conscience du chemin à emprunter et des choix à opérer pour que ce ne soit ni la déception ni la seule colère qui l’emporte.

Plus que jamais, rien ne sert de plaquer sur les mois prochains un schéma rêvé. L’imprévu est de retour comme pour manifester une forme d’orgueil populaire. Il n’y a donc pas de raccourci possible à un processus de rencontres, de débats, pour une construction alternative lors des élections présidentielles et législatives. Sans cet effort, le risque est grand que la forme de changement qui l’emporte tourne le dos à une visée progressiste, démocratique et écologiste.

Plusieurs consultations en Europe et aux Etats-Unis montrent que le pire n’est plus très loin. Le brouillage organisé autour du prétendu « ni droite, ni gauche » auquel contribuent à leur façon l’extrême-droite et M. Macron, constitue un piège terrible pour celles et ceux qui ont tout intérêt au retour d’authentiques politiques de gauche. La politique résumée aux critères comptables de l’ordo-libéralisme allemand et bruxellois est une autre nasse. Qu’il s’agisse d’un choc ultralibéral imposé soit par M. Fillon ou par M. Macron, que ce soit la régénérescence du national-capitalisme de l’extrême droite, toutes ces politiques ne pourront qu’aggraver la situation de nos concitoyens.

Le soi-disant « réalisme » invoqué par l’ancien premier ministre s’est fracassé sur la réalité des souffrances sociales : celle d’une opposition majoritaire et massive dans sa propre famille politique à une politique d’allégeance au patronat et d’exacerbation des thématiques identitaires. Le réel qui s’est manifesté à cette occasion est celui du désir de gauche. Si le message ne peut que nous réjouir, nous ne nourrissons pas l’illusion qu’il serait majoritairement partagé dans le pays, ne serait-ce qu’au regard de la participation limitée et du filtre social inhérent au principe des primaires. Tout indique que le candidat socialiste n’est plus en mesure de porter seul une dynamique politique à vocation majoritaire dans le pays. Il en est conscient puisqu’il a appelé au dialogue avec les autres candidats et forces de la gauche et de l’écologie.

Benoit Hamon a fédéré une majorité de ce qui reste du noyau électoral socialiste, fidèle aux valeurs de la gauche et inquiète du virage opéré au cours de ce quinquennat crépusculaire. Le très discutable revenu universel a servi de catalyseur pour un électorat qui se pose avec insistance et angoisse la question du travail et de son avenir dans un système de production marqué par l’apparition fulgurante des technologies numériques.

A partir de cette aspiration au travail émancipé, que nous ne cessons de porter dans ces colonnes, il serait possible d’ouvrir dans les semaines qui viennent une large confrontation nourrie des apports de syndicalistes, de militants du mouvement associatif, de collectifs citoyens et d’économistes. Ce débat pourrait permettre de trouver des points de convergence de projet, notamment sur la possibilité d’une sécurisation des parcours professionnels conjuguée à des périodes de formation indispensables pour faire face aux mutations technologiques et environnementales.

Il n’y aura pas d’issue progressiste non plus, sans s’attaquer à la mainmise de la finance sur l’économie et la production, sans réorienter celle-ci afin de permettre la transition écologique, sans changer de république à partir d’un processus constituant, et engager la refondation d’une Europe des peuples associés et solidaires. Par-delà les démarches, les histoires, la manière d’être, la candidature de Jean-Luc Mélenchon nous apparaît comme incarnant le mieux et le plus efficacement la dynamique dont a besoin le monde du travail et le peuple de gauche. C’est le levier décisif pour réclamer la sortie de l’austérité, du chômage et de la pauvreté. La hisser dans le duo de tête de l’élection présidentielle devient le moyen le plus efficace pour ouvrir enfin les portes du changement à gauche. Dans la foulée, lors des élections législatives, pourrait se construire une solide et indispensable majorité nouvelle de députés, garante des aspirations qui s’expriment dans les différents courants de la gauche de transformation sociale, démocratique et écologiste.

Mener l’indispensable débat politique et idéologique, chercher les voies du dialogue et de l’union est d’autant plus indispensable que menacent d’accéder au pouvoir une nouvelle droite dure voire l’extrême droite, que s’exacerbe la crise de l’Union européenne et que se répandent populismes et autoritarismes de Washington à Ankara en passant par Budapest.

Il n’y a pas de temps à perdre !


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