Santé et éducation, une communauté de destin

vendredi 27 janvier 2017.
 

Contre l’offensive libérale et la marchandisation par Francis Daspe, secrétaire général de l’Agaureps-Prométhée.

La santé et l’éducation ont partagé une communauté de destin au cours de l’Histoire. Ces deux activités furent prises en charge par l’Église  : à ce titre, elles relevaient du champ de la charité. Le combat laïque et ouvrier, en un mot républicain, s’est évertué à les transférer dans le champ de la solidarité et de l’intérêt général. Ce fut l’objet des lois Ferry de 1881-1882 et de l’avènement de la Sécurité sociale en 1945, étapes décisives. Éducation et santé subissent aujourd’hui une offensive libérale de grande ampleur visant à leur démantèlement. Marchandisation et privatisation constituent les deux leviers de l’entreprise de destruction. Le projet de François Fillon de « redressement » de la Sécurité sociale est particulièrement illustratif de la tendance.

Une de ses propositions majeures vise à redéfinir les rôles respectifs de l’assurance publique et de l’assurance privée. L’assurance maladie (publique) serait invitée à se recentrer sur les affections graves ou de longue durée  : ce serait le panier de soins dit « solidaire »  ; les autres dépenses du quotidien jugées moins graves devraient être prises en charge par l’assurance complémentaire  : ce serait le panier de soins dit « individuel » (en d’autres termes, il y aurait déremboursement de certains soins). On peut au passage relever le non-sens que constitue la supposée « moindre gravité ». Tout peut devenir grave s’il n’est pas soigné à temps, d’autant plus que la hausse des renoncements aux soins devient un inquiétant problème de santé publique. C’est un raisonnement de la même veine que celui de Marine Le Pen pensant que les microbes disposeraient (ou pas) de papiers…

La parallèle santé/éducation prend alors tout son sens. C’est instaurer une santé à deux vitesses, comme le socle commun de compétences fait triompher une vision minimaliste et utilitariste des savoirs dans l’éducation. C’est dérouler le tapis rouge aux intérêts du privé qui s’engouffreront dans la manne que représentent les soins non remboursés par l’assurance-maladie publique.

Comme les officines de cours privés ont saisi l’occasion de compenser la transmission de savoirs rabougris et racornis du socle, en bénéficiant de surcroît d’exonérations fiscales. Le panier de soins individuel fait penser au chèque éducation que les libéraux rêvent de mettre en place pour parachever le grand marché de l’éducation auquel ils aspirent. La marchandisation – et la privatisation – de la santé trouve son pendant dans la notion d’investissement éducatif que les libéraux veulent imposer aux familles pour le seul bénéfice d’intérêts privés.

Il existe un point commun à ces évolutions constatées dans l’éducation et la santé  : François Fillon. Ministre de l’Éducation nationale, il avait porté la loi d’orientation d’avril 2005 qui instaurait le socle commun, repris ensuite par la loi Peillon de juillet 2013. Désormais candidat à l’élection présidentielle, il annonce vouloir procéder à la désintégration de la branche maladie de la Sécurité sociale, après avoir porté de rudes coups à une autre branche, celle des retraites par répartition.


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