La Résistance juive face au fascisme (2 articles)

lundi 22 octobre 2018.
 

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19 avril 1943, début de la révolte du ghetto de Varsovie (par Maurice Rajsfus)

De l’antisémitisme aux causes de la Shoah (modestes remarques)

1) La Résistance juive contre le Troisième Reich

... Les politiques d’oppression et de génocide alimentèrent la résistance aux nazis à l’intérieur du Troisième Reich et en Europe occupée. Des Juifs comme des non-Juifs répondirent à l’oppression nazie de nombreuses façons.

La résistance armée organisée fut la forme la plus directe de l’opposition juive aux nazis. La plus grande révolte armée fut le soulèvement du ghetto de Varsovie (en avril-mai 1943), qui fut déclenché par des rumeurs disant que les nazis voulaient déporter ce qui restait des habitants du ghetto vers le camp d’extermination de Treblinka, situé en Pologne. Lorsque les forces allemandes pénétrèrent dans le ghetto, les membres de l’Organisation de combat juive (Zydowska Organizacja Bojowa ; Z.O.B.) lancèrent des grenades à main contre les blindés allemands. Les nazis mirent 27 jours à détruire le ghetto et à capturer les derniers résistants.

Des soulèvement eurent lieu à Vilno et à Bialystok, ainsi que dans un certain nombre d’autres ghettos. De nombreux combattants des ghettos savaient que la résistance armée conduite par une minorité ne parviendrait pas à sauver les masses juives de la destruction. Mais ils combattirent pour l’honneur des Juifs.

Un certain nombre de combattants résistèrent en s’enfuyant des ghettos dans les forêts et en rejoignant les partisans. Des dirigeants de Conseils juifs (Judenrat) résistèrent en refusant d’obéir et de livrer d’autres Juifs à la déportation.

Des soulèvement se produisirent dans trois camps d’extermination. A Sobibor et Treblinka, les prisonniers pourvus d’armes volées attaquèrent les membres du personnel SS et leurs gardes auxiliaires ukrainiens. La plupart des révoltés fut abattue, mais plusieurs douzaines de prisonniers parvinrent à s’échapper. A Auschwitz, quatre femmes juives aidèrent les travailleurs juifs du Sonderkommando du crématoire IV à le faire sauter en leur fournissant des explosifs. Ces quatre femmes furent exécutées.

Dans la plupart des pays satellites ou occupés par les nazis, la résistance juive concentra ses efforts sur l’aide et les secours. Les autorités juives de Palestine envoyèrent clandestinement des parachutistes tels que Hannah Szenes en Hongrie pour aider les Juifs. En France, des membres de la résistance juive se réunirent pour constituer l’Armée Juive. De nombreux Juifs combattirent au sein des mouvements de résistance nationaux en Belgique, en France, en Italie, en Pologne et dans d’autres pays d’Europe orientale.

Les Juifs des ghettos et des camps répondirent aussi à l’oppression nazie par diverses formes de résistance spirituelle. La création d’organisations culturelles juives, la poursuite des pratiques religieuses et la volonté de ne pas oublier et de transmettre l’histoire des Juifs (par le biais, par exemple, des archives de l’Oneg Shabbat à Varsovie) furent des tentatives conscientes pour préserver l’histoire et la vie communautaire du peuple juif malgré les efforts des nazis pour les éliminer définitivement.

2) Le rôle des résistants communistes juifs dans le sauvetage des enfants juifs

(Retour sur le documentaire France2/arte : la Résistance en France)

par Max Weinstein Ancien résistant de l’Union de la Jeunesse Juive et ses Groupes de Combat (zone sud) Vice Président de M.R.J.-M.O.I.

Le documentaire sur la Résistance, diffusé mardi soir 19 février soir sur FR2, s’il est plein de bonnes intentions, ne donne pas la réalité des évènements tels qu’ils se sont passés.

Parler du sauvetage des enfants juifs à partir des dirigeants de l’UGIF me semble réducteur. C’est oublier que l’UGIF a été constituée à l’initiative de l’occupant nazi, tout comme le Judenreich en Allemagne. Même et y compris si certains des dirigeants de l’UGIF espéraient s’en servir pour la bonne cause, la défense et la sauvegarde des familles juives, la réalité, qui n’apparaît pas tellement dans le document, a fait que les fichiers constitués ont été utiles aux allemands et à la police française pour accentuer la répression contre les familles juives, les arrêter et les déporter.

Ce documentaire est réalisé de telle sorte qu’on a l’impression que la population française s’est dès le début de l’occupation portée au secours des juifs.

On a aussi l’impression que la Résistance à l’ennemi et ses soutiens s’est développée sans attendre, ce qui est faux. Il a fallu du temps à ceux de la société française qui voulaient résister pour s’organiser, mettre en place les réseaux.

La révolte des mineurs du Nord de la France est montrée comme un phénomène spontané alors que les militants communistes en étaient les initiateurs et dirigeants.

C’est tout du même tonneau dans cette émission : éviter d’avoir à faire connaître le rôle qu’ont joué les communistes dès l’entrée des armées nazies en France. C’était aussi une façon d’éviter d’avoir à évoquer le rôle important des communistes juifs de la MOI dès le début de la guerre. Ils en ont payé le prix fort.

Ce documentaire, tout à fait dans la ligne des campagnes qui ont visé à minimiser la Résistance des communistes depuis de longues années, les reprends à son compte en faisant partir la résistance des communistes de l’invasion hitlérienne de l’URSS.

Je ne sache pas qu’il y ait eu un seul autre parti, en tant que tel, qui se soit engagé comme l’a fait le P.C.F.

De plus, il ignore complètement, en faisant la part belle aux Eclaireurs Israélites de France et autres mouvements, l’action décisive des résistants de l’U.J.R.E. pour le sauvetage des enfants, en particulier, le coup de Vénissieux dont il est largement fait écho.

Ma tante Sabine, actuellement en Israël, âgée de 94 ans, qui fut de ces femmes de l’Union des Femmes juives clandestine à participer à cette action formidable, serait sans doute indignée de cette partialité. Et puis, parler de monseigneur Salièges et de sa lettre pastorale, sans citer le nom de celui qui lui avait rendu visite pour l’alerter sur la situation des juifs, Charles Lederman, un des dirigeants de l’OSE, Oeuvre de Secours à l’Enfance, sous prétexte sans doute qu’il était un militant communiste, est un scandale.

Ce scandale à propos de Charles Lederman est fréquent et bien des historiens se gardent bien de le citer lorsqu’ils abordent cette question.

Le regard révisionniste qu’ont porté sur l’histoire de ce temps les réalisateurs de ces films laisse mal augurer de ce que vont être les quatre films qui vont être projetés sur France5.

En tant qu’ancien résistant, communiste d’origine juive, je sais que la Résistance n’est pas l’apanage des seuls communistes, qu’elle fut multiforme.

Au fur et à mesure des mois, elle s’est organisée, elle a grandi.

Laisser entendre, comme on pourrait le croire à la vue du documentaire, que les français se sont engagés dès l’abord dans la résistance ou dans son soutien, est une façon erronée d’écrire l’histoire.

Je me souviens encore de la foule énorme qui est venue acclamer Pétain peu avant le débarquement du 6 juin 1944 sur la Place des Terreaux à Lyon où je me trouvais.

Il y a eu des résistants, certes, mais les juifs avaient plus de raisons que d’autres de se méfier et de s’engager dans la lutte contre l’envahisseur. Ce qui fut le cas, dès avant l’occupation allemande par la création par les juifs de la MOI du mouvement « Solidarité », puis, par la suite, des organisations de résistance active que furent l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide), l’U.J.J. (Union de la Jeunesse Juive), l’U.F.J. (Union des Femmes Juives).

Je n’oublie pas les groupes de F.T.P. de la M.O.I. où les jeunes juifs, aux côtés d’autres antifascistes, firent merveille. Cela ne diminue en rien les mérites des dirigeants du comité Amelot dans lequel figuraient aussi des communistes juifs.

Sans doute n’est-il pas dans l’air de notre période de reconnaitre enfin sans réticence, sans a priori et sans arrière-pensées, ce que fut le rôle des communistes dans la Résistance à l’ennemi, dès l’occupation de notre territoire, sans négliger pour autant la Résistance dans son ensemble et sa diversité.>

Fraternellement,

Max Weinstein

Ancien résistant de l’Union de la Jeunesse Juive et ses Groupes de Combat (zone sud)

Vice Président de M.R.J.-M.O.I.


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