Réseau France insoumise et contournement du système médiatique « officiel »

vendredi 13 janvier 2017.
 

le chapitre que j’ai consacré à l’analyse du mouvement politique « La France insoumise » m’a valu de nombreux courriers en mode privé. J’y reviens donc pour donner analyses et des informations supplémentaires tirées des résultats chiffrés que je viens de recevoir. La construction d’un réseau social numérique occupe une place centrale dans ma vision de l’action politique depuis la rédaction de mon livre « L’Ère du peuple ».

Les désormais plus de cent quatre-vingt mille participants du réseau de soutien à ma candidature et à son programme en sont une forme particulière. C’est un chiffre très impressionnant et j’ai raconté ce que ces personnes « sans carte » et quasi « sans cadre » ont déjà réalisé en matière d’action politique très concrète. Le plus intéressant est de regarder la progression des engagements sur plusieurs mois. Ceux-ci ne se sont jamais interrompus. C’est le signe que le choix d’entrer dans le réseau reste favorablement apprécié par ceux qui se décident à faire le pas. L’observation montre que l’évolution des effectifs entre en résonance avec le réchauffement de la température politique. Les raisons d’être du réseau sont donc bien actives. Et son auto-production montre qu’il s’agit d’un organisme vivant capable de s’en nourrir. En plein mois d’août, traditionnellement mois creux en politique, 3720 appuis supplémentaires se déclarèrent. Puis la cadence s’est accélérée. 8 754 en septembre, 12 628 en octobre et 21 960 en novembre. Sur les 23 premiers jours de décembre, nous avions déjà enregistré plus de 17 000 appuis, soit une moyenne de 740 par jour ! La construction de ce réseau doit se comprendre comme une adhésion à une action précise et elle réagit à l’échauffement de la température politique à laquelle elle participe. Ni plus ni moins. Surtout pas moins.

C’est de cette façon qu’il faut aussi comprendre l’explosion du nombre des abonnés à ma chaîne YouTube. Car c’est encore un réseau. C’est ici l’évènement numérique de ce dernier trimestre dans notre campagne. La progression rapide de ma chaîne YouTube suit exactement le réchauffement de la température politique. Elle comptait 20 000 abonnés début septembre, 40 000 fin octobre, 80 000 fin novembre et elle dépassait les 145 000 quand je fis ce point. Une multiplication par plus de six en deux mois et demi. Je pavoise certes en constatant que cela me place en position de premier Youtubeur politique de France. Le deuxième est Nicolas Sarkozy, avec 7500 abonnés, soit 18 fois moins. J’estime que cela renvoie à notre stratégie pour traiter la construction d’un réseau de cette nature. Ce qui est le plus significatif à mes yeux c’est que sur le plan de l’audience atteinte, chaque vidéo de ma série « Revue de la semaine » atteint le niveau de diffusion d’une émission ordinaire sur une chaîne d’info en continu.

Cette progression s’est construite pour une large part avec le lancement de mon émission hebdomadaire : la « Revue de la semaine ». Diffusé le 8 octobre, le premier épisode a reçu un accueil très positif en dépit des mauvaises conditions techniques de réalisation. Depuis, nous avons amélioré les choses en tenant compte des conseils que nous a donné le public lui-même. L’émission décolle avec le 6e épisode. C’est frappant. Car il porte sur les élections américaines et l’élection de Trump. Désormais, chaque épisode dépasse les 100 000 vues. Le 9e et le 11e épisodes dépassent même les 200 000 vues. Autre versant de cette mobilisation interactive : la FAQ (foire aux questions), où j’ai répondu aux questions des internautes. Sa première édition a dépassé les 350 000 vues. Au total, nous enregistrons plus de 2,6 millions de vues par mois. Et ce chiffre est en progression constante. Cela a été noté dans l’officialité et largement relevé par de nombreux articles de presse. Jusqu’en Allemagne ! Il en a également été question dans plusieurs émissions de télévision. Ce qui n’est pas notre but et n’a pas d’importance pour ce que nous entreprenons.

À mes yeux, ce qui est décisif c’est que des youtubeurs eux-mêmes ont observé et commenté le phénomène pour s’en emparer à leur propre compte. Le youtubeur MisterJDay consacre même une émission entière aux « politiques sur Youtube ». Il analyse largement la progression de ma chaîne. Il devient clair alors que l’introduction d’un candidat à la présidentielle dans ce monde-là est habilement utilisé par ses principaux protagonistes comme une occasion de légitimer le genre, de lui ouvrir des portes. Je fais le pari que sur le moyen terme les youtubeurs réussiront à créer une nouvelle sphère de référence et d’influence aussi décisive que la sphère actuelle de ce que je nomme « l’officialité ». Car eux inventent une nouvelle réalité. Ce sont eux les youtubeurs. Pas moi. Je suis un personnage provisoire de leur monde. Je passerai. Ils resteront. On peut alors parler de symbiose comme on le fait pour désigner de ce genre de complémentarité dans la nature entre deux organismes indépendants mais liés.

De mon côté, l’objectif est opérationnel : porter des coups à « l’officialité », épuiser la guerre que me mène celle-ci en la combattant sur un terrain qui lui est le plus défavorable. Pour comprendre la drôle de guerre que c’est là, et pourquoi nous pouvons la gagner, il faut aussi comprendre l’état d’auto-aveuglement de « l’officialité ». Un jour j’entendis Christophe Barbier s’exprimer sur mon rapport aux médias, il y a trois ans de cela. Il disait « ce qu’il fait est aberrant on ne peut pas gagner une bataille contre les médias ». Un aveu autant qu’une appréciation. Je crois pourtant désormais que si, on le peut. À condition de bien délimiter le résultat que l’on veut obtenir. Ce qui est certain, c’est que le système officiel ne peut ni percevoir ni accepter les limites de son pouvoir de nuisances. Au demeurant, son unique arme de réplique est aussi dérisoire que le nuage d’encre d’un poulpe : c’est l’invisibilisation de ce qu’il rejette. Et comme corolaire : la surreprésentation, jusqu’à la nausée, de ce qu’il soutient.

Je ne donne pas d’exemple français pour ne pas gâcher l’usage que nous en faisons ni les coups que nous allons encore porter. Je sais cela : quand certaines conditions sont réunies, ces deux modes d’action médiatique officielle peuvent se retourner totalement contre leurs auteurs. C’est ce qu’a prouvé la campagne de Bernie Sanders aux USA. Elle fut radicalement « invisibilisée » par les neuf dixièmes de la sphère médiatique nord-américaine. Les réseaux la portèrent et les youtubeurs firent des cartons à ses côtés. Le retour de bâton réel fut tel que la candidate du système, Hillary Clinton ne se tira de la menace d’être battue à la primaire que par d’intenses et honteuses tricheries. Le coût final pour elle fut considérable. Le harcèlement médiatique officiel en sa faveur, le rabâchage de mensonges avérés renvoya dans l’abstention au moment de l’élection elle-même des millions de personnes ainsi outragées.

La recherche du contournement de la sphère télévisuelle officielle n’est pas l’exercice le plus facile. La marche reste très haute qui nous sépare de ses potentiels de masse dans les émissions généralistes. Mais ce n’est pas avec celles-ci que nous entrons en compétition. Au contraire, ces dernières peuvent appuyer notre travail. C’est pourquoi la participation à n’importe quelle émission hors du cadre politique conventionnel est un atout maître pour marginaliser les moments de manipulation et traquenard du type émission politique officielle. Pour nous, ce type d’émission ne doit donc être utilisée exclusivement que dans le but de fournir aux réseaux sociaux la matière première d’amples et récurrentes campagnes de démystification et de marginalisation de l’info officielle. Elles peuvent désormais commencer pendant le cours même de l’émission. Cela se fait sous la forme de vagues de tweets et autres messages, que les réseaux déclenchent d’eux-mêmes dans une joyeuses cacophonie qui relègue les pâles officiant en plateau à leurs mornes mastications. Nous entreprîmes une réplique de cette sorte après la séquence où je fus confronté à une fausse vraie agricultrice, un faux vrai boulanger ordinaire et aux calomnies de François Langlet contre Evo Moralès, sans oublier le défilé de tweets grossièrement partisans. Ou bien après la lourde provocation qui me fut infligée par Cohn-Bendit le soir de résultat de la primaire de droite. La contre-offensive atteignit dans les deux cas davantage de monde que l’émission elle-même.

Ainsi petit à petit, en développant nos propres outils, nous parvenons à un objectif important : avoir les moyens de contourner le système médiatique « officiel » . Bien sûr, nous n’y sommes pas encore, ne serait-ce que parce que ce ne sont pas les mêmes personnes qui regardent la télévision, qui écoutent la radio ou qui s’informent sur internet. Ces médias ont donc une complémentarité dont il faut jouer. Dans cette stratégie de combat, n’importe quel moment du type de celui passé sur le plateau de « on n’est pas couché » ou bien, dans un autre genre, avec Karine Lemarchand ou « le divan » de Fogiel vaut deux cent fois les pantalonnades d’une émission « politique » officielle. Et elles font mieux ressortir ensuite la dérisoire limite qu’atteint désormais la capacité de dénigrement de « l’officialité ». Naturellement, il ne s’agit pas de la sous-estimer. Mais nous avançons sur un chemin important : la reconquête de la liberté de faire vivre nos propres thèmes dans l’espace public. Et la fabrication d’une arme qui produit une impuissance décisive du système médiatique : il ne peut plus flétrir sans se flétrir lui-même.

En fin de course, si le bras de fer avec la télé se joue de façon encore nuancée, il en va tout autrement avec la presse écrite. Dans ce domaine, la victoire peut-être totale. Le principal but à atteindre est de disposer d’une diffusion de masse supérieure à la sienne. C’est le cas pour ce qui me concerne. Tenez compte de ce que la comparaison ne se fait pas forcément avec la diffusion du média écrit lui-même. Il faut comparer à la diffusion de l’article qui pourrait me concerner : compte rendu pourri, interview avilissante, portrait flétrissant et autres activité ordinaire des médias mainstream à l’égard de gens comme moi. La lecture de ces productions ne concernent qu’une médiocre partie du total souvent déjà dérisoire de lecteurs de maints d’entre eux. En effet leur public, déjà acquis et conditionné, recrache avant même d’avoir goûté. Il s’en tient au titre et à la photo dans lesquels se trouvent d’ailleurs déjà logés 90% du message négatif que ces médias veulent diffuser à notre sujet. Il est donc décisif de disposer d’une surface de diffusion ciblée supérieure. C’est fait pour ce qui me concerne.

Ainsi, ce blog a reçu 3 millions de visites de plus d’un million de visiteurs uniques depuis le lancement de ma candidature le 10 février 2016. C’est-à-dire cinquante fois la diffusion quotidienne de l’édition papier du journal « Libération ». Le rapport est encore plus écrasant s’agissant des articles en ligne de ce journal « social libéral » qui me concernent. Même chose pour le site « jlm2017 » qui a accueilli 2,7 millions de visites de 1,5 millions de visiteurs uniques depuis cette date. On note sur ces deux sites une nette augmentation de la fréquentation depuis le mois de septembre à mesure que l’ambiance se politise alors même que la distribution de ces médias ne connaît pas de progression de son côté. C’est ce que montre le site Alexa pour l’un et l’autre de mes sites. Mes sites font donc désormais partie des 2500 sites de France les plus fréquentés, toutes catégories confondues, c’est-à-dire depuis le site du parc Asterix jusqu’à celui du musée du Louvre.


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