Le Pen au tribunal

lundi 12 décembre 2016.
 

Marine Le Pen poursuit son harcèlement judiciaire contre moi et ceux qui partagent mon combat politique. Mercredi 7 décembre, elle poursuivait en appel mon avocate Raquel Garrido, après avoir pourtant été déboutée en première instance. Le Pen nous attaque pour diffamation parce que mon avocate l’a qualifiée de « délinquante » en juin 2012 quand nous avons déposé plainte dans l’affaire des faux tracts du FN contre moi à Hénin-Beaumont. Réaliser et diffuser ce faux tract était un délit, de tromperie sur mon image et de manœuvre électorale frauduleuse. La justice a d’ailleurs établi à tous les niveaux qu’il y avait bien délit. Et Le Pen elle-même avait d’ailleurs revendiqué la responsabilité de ce faux tract sur France 3 et Canal +. Elle se désignait elle-même comme auteure de ce délit, allant même jusqu’à dire « je l’ai fait ».

Mon avocate étant donc dans son rôle quand elle a déposé plainte à ma demande contre Le Pen en la qualifiant logiquement de « délinquante ». Que penserait-on d’un avocat qui poursuivrait quelqu’un en doutant qu’il soit coupable ? La mission, et l’honneur, de l’avocat, est au contraire de plaider l’évidence de la cause qu’il défend. Que Mme Le Pen décide de poursuivre la lutte politique contre nous en s’attaquant ainsi à mon avocate dans l’exercice de ses missions est donc particulièrement odieux. Cela constitue même un abus de recours à la justice. Le Pen a donc logiquement été déboutée le 31 mai dernier par la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Elle récidive dans cet abus en faisant appel.

Cet acharnement judiciaire contre le travail irréprochable d’une avocate a d’ailleurs suscité la solidarité de la profession d’avocat. A tel point que c’est une figure éminente du barreau de Paris, Christian Charrière-Bournazel, qui s’était déplacé pour défendre Raquel. Celle-ci avait d’abord courageusement choisi de se défendre toute seule en première instance. Une situation délicate pour un avocat se retrouvant subitement à la place du prévenu. Ancien bâtonnier de Paris, maître Charrière-Bournazel a présidé le Conseil national des barreaux, plus haute instance représentative des avocats de France. Son choix de défendre mon avocate en appel est une manière de signifier au FN et à Marine Le Pen un refus catégorique de voir ainsi détournées et instrumentalisées les lois de la République. Il l’a d’ailleurs dit très clairement à l’audience en plaidant la « bonne foi totale de l’avocate dans la défense de son client ». Et en signalant la lâcheté de Marine Le Pen, pourtant ancienne avocate. Il n’y a en effet, selon ses mots « pas beaucoup de courage à assumer à la télévision » d’être responsable d’un délit – et donc délinquante – puis de venir dire le contraire devant la justice.

La réalité est que Mme Le Pen se moque de la justice et des lois. L’avocate de l’AFP, également poursuivie dans cette affaire pour avoir relayé les propos de Raquel dans une dépêche, a d’ailleurs souligné que Marine Le Pen n’hésite pas à désigner des personnes comme délinquantes sans en avoir aucune preuve, quand ça l’arrange. Ainsi quand elle désigna des « immigrés délinquants » suite à des débordements autour d’un match du PSG. Malheureusement cet abus permanent du FN va se poursuivre. D’ailleurs l’avocat de Le Pen a indiqué avant même cette audience qu’elle se pourvoirait en cassation si elle perdait encore. Ce harcèlement est déplorable. Tout comme le silence, désormais récurrent face aux agissements antidémocratiques du FN, du ministère public à l’audience. Appelée à présenter ses conclusions au nom de la société et des lois de la République, la procureure a en effet préféré ne faire aucune observation. Comme si l’ordre public s’était évanoui dés qu’il s’agit de m’attaquer des pires manières.

Ce n’est pas nouveau. Le parquet déjà avait brillé par sa négligence appliquée en ne poursuivant pas le faux tract de Le Pen. M’obligeant à utiliser une procédure de citation directe, sans pouvoir m’appuyer sur aucune instruction judiciaire. Le représentant du procureur au tribunal correctionnel de Béthune avait même cru bon de justifier cette indifférence de l’État face de telles violations des lois de la démocratie en indiquant que l’enquête de police avait été « égarée » pour une raison indéterminée. Une attitude non républicaine du parquet sur laquelle je n’ai pas manqué d’alerter à l’époque la Garde des Sceaux Christiane Taubira, sous l’autorité de laquelle il est directement et hiérarchiquement placé. Je suis consterné de n’avoir jamais reçu aucune réponse. Nous voilà en tout cas prévenus pour la suite de nos combats. Le Pen ne reculera devant rien, même ce qui est illicite, manipulatoire et mensonger contre nous. Et les puissants qui sont aujourd’hui au gouvernement la laisseront faire comme ils l’ont fait depuis plusieurs années. Cet abandon volontaire est aussi une partie du bilan des gouvernements PS depuis 2012.


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