Les Sioux sur le sentier de la guerre contre l’oléoduc de la grande finance

lundi 12 décembre 2016.
 

A) Standing Rock, la plus grande mobilisation indigène depuis plus d’un siècle

Source : http://www.elcorreo.eu.org/Standing...

Dans l’état du Dakota du Nord, Standing Rock fait partie de la Réserve Sioux, comme on appelle communément les peuples originaires Dakota, Lakota et autres tribus des prairies. La rivière Missouri, source d’eau potable d’environ 17 millions de personnes, traverse le territoire, qui est sous juridiction des autorités indigènes de la Standing Rock Indian Reservation selon les traités signés avec le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique.

En violation des traités et contre la volonté des sioux, le groupe pétrolier Energy Transfer Partners construit un oléoduc qui va détruire le site sacré et le cimetière indigène de Standing Rock et dont le tronçon souterrain passerait en dessous du lit de la rivière le Missouri. Le projet est un investissement de 3,8 milliards de dollars, financé par Goldman Sachs, Bank of l’Amérique, HSBC, UBS, Wells Fargo et d’autres grandes banques. Il a une étendue de 1 880 km, il va des gisements de pétrole de Bakken dans le Dakota du Nord, en passant par le Dakota du Sud, l’Iowa pour arriver à Illinois.

Depuis le printemps 2016, des milliers de personnes se sont rassemblées à Standing Rock, plusieurs d’elles de diverses nations indigènes, pour protester contre la construction de l’oléoduc qui détruirait leurs sites sacrés et contaminerait l’eau. Ils s’auto appellent les « protecteurs de l’eau ».

On estime que 300 fuites de pétrole par an ont lieu dans les oléoducs du pays [1], et c’est pourquoi les défenseurs de l’eau ne croient pas aux promesses de l’entreprise, du Corps d’Ingénieurs de l’Armée et des autorités que « cet oléoduc est sûr ».

La plus grande mobilisation indigène depuis plus de cent ans

« Standing Rock est la plus grande concentration indigène que j’ai vue dans ma vie ; chaque jour de nouveaux drapeaux de différentes tribus se sont ajoutés... À partir de la sixième semaine, cela a cessé d’être un campement pour se transformer en communauté … Nous prenons position contre l’oléoduc, nous ne savions pas que nous aurions cet immense soutien... Cette terre est un site sacré du peuple Lakota ; de plus l’oléoduc contaminera l’eau de la rivière Missouri... Le Corps d’Ingénieurs de l’Armée n’a pas mené de consultation avec les tribus. L’oléoduc le Dakota Access Pipeline a des tronçons souterrains sous le lit de la rivière Missouri. Les oléoducs ont un historique de fuites, ils ont contaminé le sol, l’air, et les nappes souterraines... S’il est construit, il détruira non seulement la rivière dans cette zone, mais en aval aussi. Les tribus assument leur responsabilité comme protecteurs. Il faut prendre soin de la terre, de l’eau, de l’air … Un jour lors de notre marche quotidienne vers le site sacré, les grand-mères et les mères ont dit aux terrassiers qu’elles n’allaient pas permettre qu’ils détruisisent un site sacré. Comme réponse, les gardiens de sécurité privée ont lancé les chiens contre les gens. Quelques protecteurs de l’eau sont fini à l’hôpital à cause de leurs blessures … Après les chiens, ils apporteront les armes … » Dennis Banks (79 ans) disait cela en octobre dernier, c’est un leader historique indigène et le cofondateur d’American Indian Movement. [2]

Comme Dennis Banks l’a prédit, la répression contre la communauté de Protecteurs de l’eau a grandi au cours des semaines suivantes jusqu’à atteindre son pic le dimanche 20 novembre. Dans des températures glacées de moins cinq degrés, la police a réprimé les manifestants avec des lances à eau et en provoquant des centaines de cas d’hypothermie. Ils ont aussi utilisé des gaz lacrymogènes, du gaz poivre et les balles en caoutchouc qui ont blessé environ trois cents manifestants. Le cas le plus grave a été celui de Sophia Wilansky (21 ans) qui a été blessée par une grenade qui l’a touché au bras et lui a cassé l’os et les tissus. En ce moment elle attend sa troisième opération chirurgicale, et elle devra en supporter d’autres pour sauver son bras qui a été pratiquement séparé du corps par la grenade. Cette jeune fille de New York, qui comme de nombreuses autres personnes se sont présentées à Standing Rock par solidarité avec les peuples originaires a été victime d’un abus de force quand elles exercent leur droit à manifester, garanti par le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique. Un droit qui est systématiquement violé par la police de Morton (Dakota du Nord) et la Garde nationale.

Linda Black Elk, membre du corps médical de Standing Rock, qui a été témoin de la répression de dimanche dernier, a soutenu que : « La police a augmenté le niveau de violence contre les protecteurs de l’eau. J’ai vu les différentes armes utilisées contre nous : gaz lacrymogène, balles en caoutchouc, grenades. Il semble qu’ils mettent à l’épreuve leurs armes contre nous dans une militarisation croissante de la répression ». Et elle a ajouté : « Nous ressentons une grande déception avec le président Obama. Il est venu ici, il a fait des promesses et il n’a tenu aucune d’elles. »

Cette conduite gouvernementale contre les droits des peuples originaires n’est pas surprenante, mais cohérente avec la conduite historique du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, qui a commis et/ou permis des abus sur des terres indigènes depuis le commencement de la colonisation. Exemples des abus contre les peuples Lakota et Dakota sont l’appropriation de terrains dans Black Hills (les Montagnes Noires [Sacrées pour les peuples originaires]) du Dakota du Sud après la découverte d’or dans les années 1870, et la construction de barrages dans la rivière Missouri qui a causé des inondations dans des hameaux, dans des zones forestières et dans des fermes dans le Dakota du Nord et du Sud pendant les années 1950.

Mni Wiconi : L’eau est vie

Le jeudi 24 novembre des médias alternatifs comme Unicorn Riot et Indigenous Rising Moyen ont émis en direct depuis Standing Rock. C’est le jour où aux Etats-Unis a lieu le Thanksgiving (Expression de gratitude). Selon l’ « histoire officielle » les indigènes ont « sauvé » les pèlerins de la mort en leur offrant à manger (version accusée de mensonge par des historiens comme Roxanne Dunbar-Ortiz, qui dit que les indigènes n’ont jamais reçu à bras ouverts leurs oppresseurs [ou génocidaires plutôt]).

En souvenir ironique de cette date, les Protecteurs de l’eau ont disposé des tables avec de la nourriture. À quelque mètres d’eux, quelques dizaines de policiers coupaient la route, de l’un et l’autre côté, à la manière d’un cercle. Il y a des pancartes avec la phrase : « Ne nourrissez pas les pèlerins » (Don’t Feed the Pilgrims). La consigne du jour est : « Pas de pèlerins, pas d’ oléoducs, pas de prisons, pas de problèmes ».

Une légère neige tombe dans la prairie désertique, les gens avec leurs gros manteaux, la tête couverte de bonnets ou de capuchons se maintiennent en mouvement, certains commencent à entonner les chants puissants traditionnels Lakota, et le cri « Mni Wiconi » (L’eau est vie !) [3]

A pris fin une autre journée dans la longue bataille pour Standing Rock, le plus grand rassemblement de peuples autochtones depuis plus d’un siècle, depuis la Bataille de Little Bighorn - ou Greasy Grass - qui a eu lieu en 1876. Elle a été une grande victoire de l’alliance des tribus des prairies-Lakotas, Cheyennes et Arapahos – qui ont battu le Septième Régiment sous la conduite du général Custer. On dit qu’une vision du chef Lakota Sitting Bull a été l’inspiration des guerriers ; un rêve dans lequel les soldats de l’armée des Etats-Unis d’Amérique tombaient du ciel. Ce fut la dernière victoire des indigènes des prairies. Aujourd’hui la communauté de Standing Rock joue le rôle principal dans une mobilisation historique qui par sa capacité de mobilisation, de diversité, de continuité et d’esprit de lutte est en train de réussir une nouvelle et grande victoire.

Note : Il y a quelques heures, le Corps d’Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis d’Amérique a lancé un ordre d’évacuation – à exécuter le 5 décembre - aux autorités de la Réservation Sioux. Le chef sioux Dave Archambault, de même que d’autres représentants de la communauté, ont répondu qu’ils ne bougeront pas.

Silvia Arana

A) Les Sioux du Dakota du Nord victorieux face à l’oléoduc

Source : http://www.la-croix.com/Monde/Ameri...

Les Amérindiens et les écologistes s’opposaient à la construction d’un oléoduc dans cet État riche en pétrole de schiste. Ils ont finalement obtenu gain de cause dimanche 4 décembre.

Phyllis Young parle d’une enfance au fil de l’eau, sur les rives du Missouri. « Le plus bel endroit du monde », affirme cette ancienne membre du conseil tribal des Standing Rock. « Nous mangions le produit de nos vergers. Nous buvions l’eau de la rivière. Nous étions libres », ajoute-t-elle, encore tourmentée par le souvenir de cette dépossession.

Pour Phyllis Young et sa famille, tout a changé en janvier 1960, au milieu de l’hiver. Le barrage d’Oahe, construit par le U.S. Army Corps of Engineers, – le corps des ingénieurs de l’armée américaine –, a englouti plus de 22 000 hectares de terres et forcé 197 familles de la réserve à déménager.

Phyllis Young et les siens ont trouvé refuge dans une caserne abandonnée sur les hauteurs de Fort Yates, siège de la tribu. « J’avais 10 ans. Nos vies ont été bouleversées. Nous avons connu la faim et la malnutrition. Ce barrage nous a fait passer de l’autosuffisance à la dépendance aux aides sociales, sans oublier les pathologies créées par le déracinement. Je ne veux pas que ma communauté revive cette situation. »

Un camp improvisé pour bloquer le chantier

Cinquante-six ans plus tard, la mémoire du traumatisme revient hanter sa tribu. « Nous avons payé le prix de la prospérité américaine mais nous avons survécu. La résilience fait partie de notre ADN », confie l’ancienne responsable du logement et de la protection des ressources naturelles pour les Standing Rock, assise dans la prairie, au milieu des tipis, des tentes et des camping-cars.

Au confluent des rivières Missouri et Cannon Ball, en bordure de la Highway 1806, construite sur l’itinéraire de l’expédition Lewis et Clark, les drapeaux des tribus amérindiennes flottent au vent. Depuis le début de l’été, des membres des tribus, rejoints par des militants écologistes, se rassemblent dans un camp improvisé pour s’opposer à la construction d’un oléoduc.

François d’Alançon

A) Dans le Dakota du Nord, des Sioux se mobilisent contre un oléoduc

Plusieurs centaines de manifestants ont défilé sur le site Dakota Acces Pipeline pour marquer leur refus.

Après plusieurs mois de mobilisation, le gouvernement américain est finalement intervenu  : vendredi 9 septembre, l’administration Obama a demandé le gel d’un projet de construction d’un oléoduc dénoncé par les Indiens dans le Dakota du Nord. La balle reste néanmoins dans le camp de la justice.

Une mobilisation sans précédent

Depuis l’essor du gaz de schiste, le Dakota du Nord est un État qui pèse lourd dans la balance énergétique américaine. Encore faut-il pouvoir acheminer l’or noir des plaines du nord, situées non loin de la frontière canadienne, vers les lieux d’habitation et vers les raffineries.

Tel est le but du Dakota Access Pipeline, qui doit traverser quatre États américains pour faire couler le pétrole jusque dans l’Illinois, dont Chicago est la grande ville.

Mais en chemin, le projet traverse aussi des terres indiennes, y compris des sites sacrés où sont enterrés des ancêtres de la tribu sioux de Standing Rock. Pour cette communauté, ce projet représente également une menace environnementale, risquant de contaminer des sources d’eau potable en cas d’accident.

En signe de protestation, des membres de quelque 200 tribus sont réunis depuis avril dans un campement qui compte parfois plusieurs milliers de personnes. Avec le soutien d’écologistes et de défenseurs des droits des Amérindiens, y compris à Hollywood (Susan Sarandon, Leonardo Di Caprio, etc.).

L’appui prudent de Washington

Si cette mobilisation est pacifique, elle a déjà donné lieu à des affrontements. Des violences ont ainsi éclaté samedi 3 septembre lors d’un rassemblement. Des manifestants avaient donné des coups de bâton à des vigiles privés assurant la sécurité qui avaient utilisé des gaz lacrymogènes.

Le gouvernement fédéral, qui a déjà bloqué un projet d’oléoduc reliant le Canada aux États-Unis, a fini par intervenir, dans un souci d’apaisement et par crainte d’effet de contagion dans les États voisins.

Face à une situation qui « mérite une solution claire et opportune, nous demandons que la société construisant l’oléoduc suspende volontairement toute activité dans un rayon de 20 miles (32 km) à l’est et à l’ouest du lac Oahe », ont ainsi écrit vendredi 9 septembre les ministères de la Justice et de l’Intérieur.

En dépit de cette intervention du gouvernement dans le débat, c’est à la justice qu’il appartient de trancher. Un peu plus tôt, un juge fédéral à Washington avait ordonné la poursuite du chantier, tout en prenant des précautions pour évoquer un sujet devenu sensible.

Précisant « ne pas prendre à la légère toute déprédation de terres considérées comme importantes par les Sioux de Standing Rock » et se disant « conscient des avanies subies par cette tribu depuis des siècles », le juge avait toutefois conclu que les plaignants « n’avaient pas démontré qu’une injonction (d’arrêt du chantier) était justifiée ».

Ce jugement donnait ainsi raison aux partisans de l’oléoduc qui assurent, à l’image de Julie Fedorchak, membre de la Commission des services publics du Dakota du Nord, qui a approuvé son tracé dans l’État, qu’il s’agit là d’« une infrastructure de pointe ». L’oléoduc, explique-t-elle, a été conçu avec des parois plus épaisses par endroits et des valves de fermeture commandées à distance.

Mais la procédure devant la justice n’en est qu’à ses débuts. Un autre rendez-vous est prévu à Washington le 16 septembre.


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