Réchauffement : Alerte rouge planétaire au taux de CO2

mercredi 30 novembre 2016.
 

La concentration en CO2 dans l’atmosphère serait devenue catastrophique selon un rapport publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Pour la première fois, la barre symbolique des 400 parties par million (ppm) de CO2 serait franchie pour une année entière et sur toute la planète.

A) Taux record de CO2 à l’échelle de la planète (Futura Sciences)

Source : http://www.futura-sciences.com/plan...

Voici un record dont la planète et ses habitants se seraient bien passés, celui de la teneur en dioxyde de carbone (CO2) dans l’air sur une année. Mesurée par la trentaine de stations du réseau de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la valeur moyenne de CO2 sur toute la planète a atteint le seuil symbolique des 400 parties par million (ppm) sur toute l’année 2015.

Ce chiffre avait déjà été constaté ponctuellement et localement sur une journée en 2013, puis sur un mois complet en mars 2015, sur la seule station de Mauna Loa, à Hawaï. Lors de ce relevé, l’inquiétude était de mise puisque cette zone située au large des terres est censée disposer d’une bonne qualité d’air.

Le seuil historique des 400 ppm de CO2 franchi pour la première fois

Le souci, c’est que, selon le bulletin que vient d’éditer l’OMM, cette concentration globale en CO2 n’avait jamais été atteinte pour une année complète. La situation est préoccupante, car cette barrière des 400 ppm marque le franchissement d’un point symbolique de non-retour, comme l’indiquait déjà Futura, en mai 2015 (voir notre article 2015, une année de records pour le réchauffement). Les scientifiques de l’organisation estiment que l’année 2016 va confirmer ce niveau de concentration, avec une valeur basse de CO2 dépassant déjà le plancher des 400 ppm en septembre. Un niveau alarmant, puisqu’il s’agit habituellement du mois le moins impacté en CO2 de l’année.

Cela signifie que, malgré les efforts en matière de réduction des émissions de gaz polluants qui pourraient être menés, ce niveau élevé de CO2 restera établi pendant plusieurs générations. Par ailleurs, l’OMM considère que le phénomène climatique El Niño a certes joué un rôle dans l’augmentation de ce taux en réduisant de fait la capacité des forêts et des océans à absorber le CO2, mais qu’il n’est pas le seul responsable de cette hausse. La mesure ne peut être que d’ordre politique selon les porte-parole de l’OMM. Rappelons que, depuis les premières mesures à Hawaï en 1958, le volume de CO2 a grimpé de façon exponentielle pour passer de 315 à 330 ppm en 1974 et atteindre les 370 ppm en 2001. Depuis le début des années 2000, il a augmenté de 2 ppm par an.

Sylvain Biget

B) Le taux de CO2 dans l’air au plus haut depuis plus de 2,5 millions d’années (Le Monde)

Source : http://www.lemonde.fr/planete/artic...

Un cap symbolique est en passe d’être franchi. Pour la première fois depuis que l’homme est apparu sur Terre. Et même depuis plus de 2,5 millions d’années… Le seuil de 400 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique devrait être atteint courant mai, au point de mesure historique de la station de Mauna Loa (Hawaï), où les premières mesures de l’ère moderne ont été menées, dès 1958, par l’Américain Charles David Keeling.

La concentration de CO2 dans l’hémisphère Sud, plus faible que celle de l’hémisphère Nord, ne franchira cependant le même palier que dans plusieurs années.

A Mauna Loa, la concentration de CO2 pointait, vendredi 3 mai, à 399,29 ppm. La veille, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) rendait public son bilan climatologique pour 2012, notant l’abondance et l’intensité de phénomènes extrêmes : sécheresses, inondations, cyclones tropicaux, etc.

"Franchir le seuil de 400 ppm de CO2 porte une forte charge symbolique, juge le climatologue Michael Mann, directeur du Earth System Science Center de l’université de Pennsylvanie. Cela vient nous rappeler à quel point la dangereuse expérience que nous menons sur notre planète est hors de contrôle."

Au rythme actuel des émissions de dioxyde de carbone, l’objectif fixé par la communauté internationale de limiter, à l’horizon de la fin du siècle, le réchauffement à deux degrés au-dessus du niveau préindustriel, est désormais quasi intenable.

AUGMENTATION MOYENNE DE LA TEMPÉRATURE DE 2,4 °C À 2,8 °C

Le franchissement imminent du seuil des 400 ppm de CO2 n’est pas une surprise. En août 1975, dans un article célèbre publié par la revue Science, le géochimiste américain Wallace Broecker non seulement prévoyait l’irruption prochaine du "réchauffement global", mais il estimait aussi la rapidité avec laquelle les activités humaines feraient grimper la concentration atmosphérique de CO2. Voilà près de quarante ans, il avançait que le fameux seuil des 400 ppm serait atteint en 2010…

Pour retrouver de tels niveaux de gaz carbonique, il faut remonter à l’ère du pliocène, il y a 2,6 à 5,3 millions d’années. Les créatures les plus proches du genre humain qui arpentaient alors la surface de la Terre étaient les australopithèques. "Les températures moyennes globales étaient de trois à quatre degrés supérieures à celles d’aujourd’hui et d’environ dix degrés aux pôles", précise la Scripps Institution of Oceanography (université de Californie à San Diego), qui publie quotidiennement les mesures de concentrations de CO2 de Mauna Loa. Et le niveau de la mer, "supérieur de 5 m à 40 m au niveau actuel".

"Il est toujours délicat de faire ce genre de comparaison", prévient cependant le climatologue Jean-Pascal van Ypersele (université catholique de Louvain), vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). "Il n’y a pas que la concentration en CO2 qui change, note-t-il. La position des continents, l’orbite terrestre ont, depuis le pliocène, également changé."

Selon les derniers travaux du GIEC, la stabilisation du CO2 entre 400 ppm et 440 ppm conduirait, sur le long terme, à une augmentation moyenne de la température terrestre de 2,4 °C à 2,8 °C. "La dilatation thermique des océans conduirait à une élévation du niveau moyen des océans comprise entre 50 cm et 1,7 m, ajoute M. van Ypersele. Et ce, sans tenir compte de la fonte des glaciers."

ÉLÉVATION DU NIVEAU MARIN COMPRISE ENTRE 20 CM ET 60 CM

Ce nouvel état d’équilibre ne serait toutefois atteint que bien après la fin du siècle en cours. Autour de 2100, vu l’inertie de la machine climatique, l’augmentation du niveau des mers devrait être en deçà de ces niveaux, même en tenant compte de la fonte des glaciers. Le dernier rapport du GIEC prévoit à cet horizon une élévation probable du niveau marin comprise entre 20 cm et 60 cm, une estimation qui devrait cependant être revue à la hausse dans le prochain rapport du groupe d’experts, attendu pour septembre.

"Une part de la question est donc de savoir si l’on doit se préoccuper du très long terme ou se limiter à considérer ce qui se produira d’ici cinquante ans à cent ans", interroge le climatologue Edouard Bard, professeur au Collège de France.

En tenant compte du temps très long, "la possibilité est réelle qu’avec les niveaux de CO2 actuels nous ayons déjà dépassé le seuil d’une influence dangereuse sur notre climat", estime pour sa part Michael Mann.

Selon le climatologue américain James Hansen, ancien directeur du Goddard Institute for Space Studies (GISS), la concentration de CO2 à ne pas excéder se situe autour de 350 ppm. Une limite qui a été atteinte peu avant 1990.

Stéphane Foucart, Le Monde


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