Présidentielle 2017 : institutions, écologie, Europe... ce que propose Mélenchon (vidéo, articles)

vendredi 14 octobre 2016.
 

LE GRAND JURY LCI RTL Le Figaro du 9 octobre 2016 - Le candidat de la France insoumise a décliné les propositions phares de son programme présidentiel.

A) Mélenchon garde le cap et avance vers la présidentielle (compte rendu Le Figaro)

LE SCAN POLITIQUE - Une semaine avant de définir son programme présidentiel lors de sa grande « Convention » de Lille, le candidat de la « France insoumise » était dimanche l’invité du « Grand Jury » RTL/Le Figaro/LCI.

Il ne manque pas de rythme. Comme a son habitude, Jean-Luc Mélenchon a adopté un ton offensif dimanche sur le plateau du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI ». Une démonstration de force que le candidat de « la « France insoumise » a voulu placer sous le signe de la « révolution pacifique et démocratique », une semaine avant la convention qu’il prévoit d’organiser la semaine prochaine à Lille. Là-bas, un millier de représentants de son courant (dont deux tiers tirés au sort) se réuniront pour « trier » parmi les propositions retenues par les internautes sur le site de l’eurodéputé.

C’est au terme de cette consultation que l’élu issu de la gauche radicale révélera son programme présidentiel. « Il ne s’agira pas d’un grand déballage, le vote a déjà eu lieu », a tenu à prévenir l’intéressé, jurant qu’il disposait à ce jour d’un « texte synthétique découpé en chapitres » et non d’un vaste et imbitable « gloubi-boulga ».

« Ceux qui n’ont pas voté pour moi se disent “On s’est fait avoir” »

En attendant, Jean-Luc Mélenchon n’a pas développé d’idée nouvelle et a une nouvelle fois déroulé les thèmes qui lui sont chers : soutien au peuple face à l’« oligarchie », changement de Constitution pour établir une Assemblée constituante, retour à la « souveraineté économique » par une politique massive de relance, révision des traités européens, élargissement de l’impôt à tous les citoyens, planification écologique… « J’ai été candidat il y a cinq ans. À l’époque, quatre millions de personnes m’ont jugé crédible. Ç’a été un premier rassemblement. Aujourd’hui, je n’ai pas l’impression de m’être trompé et (…) le social-libéralisme n’a pas sauvé la France. Au contraire ! Certains parmi ceux qui n’ont pas voté pour moi se disent même “On s’est fait avoir !” », a-t-il expliqué pour justifier l’intérêt de sa candidature malgré sa défaite en 2012.

De même, s’il a concédé que le Front de gauche (parti qu’il a cofondé en 2008 sur la base de l’agrégation du Parti de gauche (PG) et du PCF) était « mort de ses ambiguïtés », Jean-Luc Mélenchon a affirmé que « l’idée » était toujours bien vivante. Et ce malgré le froid polaire qui l’oppose à ses anciens camarades communistes.

Mélenchon assume une « indispensable personnalisation » de la campagne

« Ils ne sont pas d’accord avec moi. Ils ne vont donc pas soutenir quelqu’un avec qui ils ne sont pas d’accord », a-t-il évacué, faisant mine de ne pas être concerné outre mesure par la question. En cause, son refus de participer à une primaire de toute la gauche, pour ne pas avoir à soutenir François Hollande si celui-ci venait à l’emporter. « La loyauté, c’est important, en politique. Or tout le monde devient pourri, tordu et cynique. Même les électeurs ! Il y en a qui sont de gauche et sont prêts à aller voter à la primaire de la droite. Je combats et condamne cette corruption générale de l’esprit et de la morale civique », a-t-il martelé, affirmant que c’était pour toutes ces raisons qu’il avait décidé de faire cavalier seul.

Assumant ainsi une « indispensable personnalisation » de sa campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon en a profité pour prendre un peu plus ses distances avec les communistes. Réuni samedi pour la restitution d’une enquête menée pendant l’été par ses militants, le PCF a résumé son état d’esprit pour 2017 de la manière suivante : « Notre candidat, c’est le programme. »

Par Arthur Berdah

B) Compte rendu RTL

Comme c’est le cas pour beaucoup de candidats, Jean-Luc Mélenchon commence à dégainer son programme pour 2017. Les 15 et 16 octobre prochains, le tribun tiendra la première "Convention de la France insoumise" près de Lille. Il évoquera à n’en pas douter l’une de ses idées phares, à savoir la convocation d’une assemblée constituante dont l’objectif est de "répondre aux trois urgences : démocratiques, écologiques et économiques et sociales" et surtout de dénoncer ce qu’il nomme "la monarchie présidentielle absurde".

"Il faut réécrire le texte fondateur qui nous organise (constitution de 1958 écrite par le général de Gaulle, ndlr)", répète celui qui défend depuis 2012 l’instauration d’une VIe République pour réconcilier les citoyens avec la démocratie. Cette assemblée constituante serait composée "des députés qui seront élus par le peuple. Aucun des députés qui seront là ne devra avoir siégé dans une assemblée précédemment." Jean-Luc Mélenchon va même plus loin en imaginant qu’une "partie de cette assemblée constituante soit tirée au sort."

Une assemblée constituante pour faire quoi ?

Après son éventuelle accession à l’Élysée, Jean-Luc Mélenchon souhaite laisser du temps à l’assemblée constituante pour "rafraîchir la Constitution". Le candidat de la France insoumise est "partisan du fait que toutes les libertés individuelles soient augmentées. Je suis pour mettre dans la Constitution le droit à l’avortement, le droit de mourir dans la dignité ou la règle verte." C’est à elle aussi que reviendra le choix du régime : présidentiel ou parlementaire. À l’image de Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon souhaite, lui aussi, faciliter l’organisation d’un référendum révocatoire visant à destituer "un élu quel qu’il soit."

La création de 14 tranches d’impôts

En matière fiscale, le député européen a été clair. Il n’est pas question pour lui d’augmenter les impôts. "Je n’ai pas l’intention de supprimer l’impôt sur la fortune comme tous les candidats de droite et je n’ai pas l’intention de réduire le nombre de tranches." Au contraire, Jean-Luc Mélenchon veut en augmenter le nombre. "Tout le monde paiera un impôt dans ce pays, aussi léger soit-il. Mais tout le monde le paiera d’un bout à l’autre de la chaîne car je créerai 14 tranches. Ils paieront en proportion de leurs moyens, c’est-à-dire que le petit paiera peu et le gros paiera gros."

Revenir à une agriculture raisonnée

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la France de Jean-Luc Mélenchon a besoin de "400.000 paysans de plus capables de faire de l’agriculture bio", alors même que les agriculteurs éprouvent le plus grand mal à boucler leur fin de mois aujourd’hui. La faute à la suppression des quotas laitiers, fustige le candidat, qui dénonce les dérives de l’agriculture productiviste et industrielle. "On fait du protectionnisme solidaire, c’est-à-dire on ne laisse plus faire le marché. On s’assoit et on dit : "Ça on sait le faire on le produit, ça on ne sait pas le faire, qui pourrait nous en vendre ?", détaille-t-il.

Favoriser l’éthique et le produire en France fait aussi partie des "normes" souhaitées par Jean-Luc Mélenchon. "Ne rentre plus en France une marchandise produite par un enfant dans un autre pays. Ne rentre plus en France un seul légume qui soit pourri jusqu’au cœur par les glyphosates, par les pesticides. Tout d’un coup, un tas de production, nous serons obligés de les faire nous-même. J’aurais tout le temps de convaincre mes compatriotes que la planification écologique est un bienfait absolu pour eux."

Enclencher le bras de fer avec l’Allemagne en Europe

Avec Jean-Luc Mélenchon aux commandes du pays, la France se maintiendra-t-elle dans l’UE ? "Il y a deux écoles : celle de la capitulation, c’est le Front national. Eux, il considère que tout est perdu et que les Allemands ont gagné. Pas moi." Le candidat de la France insoumise ne veut pas d’une "Europe allemande", qui demande le respect de la règle d’or budgétaire. "La droite allemande impose un programme qui est en train de tuer l’Europe et l’idée d’Europe. Je crois que la France, on ne fait pas l’Europe sans elle, donc je me sens fort."

Néanmoins, Jean-Luc Mélenchon n’imagine pas une seconde l’Allemagne laisser partir la France sans négocier. "Si M. Tsipras avait fait ça au lieu de signer n’importe quoi, elle aurait eu Mme Merkel qui lui courait derrière dans le couloir. Si la Grèce avait déclaré qu’elle faisait banqueroute, ça aurait coûté 60 milliards aux Allemands."

La suppression de la directive travailleurs détachés

Jean-Luc Mélenchon veut en finir avec les travailleurs détachés. "Je suis contre le statut de travailleurs détachés. Si je suis élu, plus un seul travailleur détaché ne rentrera en France parce que c’est immoral, parce que ça met les travailleurs en concurrence les uns avec les autres."

C) 2017 : Jean-Luc Mélenchon défend sa "stratégie révolutionnaire, pacifiste et démocratique" (L’Humanité)

Le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a décrit dimanche sa "stratégie révolutionnaire, pacifiste et démocratique", pour permettre, s’il est élu en 2017, "le retour du pouvoir du peuple sur ses affaires" par la convocation d’une Assemblée constituante.

"Les révolutions, en général, ne surgissent pas à la commande, mais elles sont le résultat de grandes tensions que la société a été incapable d’évacuer par des méthodes pacifiques et démocratiques, comme c’est le cas aujourd’hui", a expliqué le candidat de "La France insoumise" lors de l’émission Le Grand Jury - RTL/Le Figaro/LCI.

"Le bouchon est là, et à un moment donné, la superstructure explose et les choses se mettent en place", a-t-il développé, estimant que les révolutions violentes "sont toujours des échecs". "Je ne prône, d’aucune façon, aucune violence, au contraire, je les combats", a insisté le député européen, assurant encourager par son programme "la lutte à fond contre la violence que représentent 530 morts au travail par an ou le suicide tous les 2 jours d’un paysan".

Défendant une pensée "réaliste", il a détaillé une des mesures phares de son programme : "la convocation d’une assemblée constituante qui permette au peuple de définir lui-même quelles seront les règles du jeu", une assemblée "de députés élus par le peuple" mais dont "aucun membre ne devra avoir siégé dans une assemblée précédemment".

Cette assemblée, réunie parallèlement à l’application du programme présidentiel, mettrait "un certain temps à travailler", vu "beaucoup de choses à organiser", dont certaines à "autoriser" comme l’inscription dans la Constitution du droit à l’avortement, à mourir dans la dignité. Il a également prôné un "référendum révocatoire" utilisable contre les élus.

Interrogé sur des similitudes de diagnostic sur l’effacement du clivage droite-gauche, avec le Front national, M. Mélenchon a répondu : "tout le monde dit ça !". Il a réfuté défendre "le peuple contre l’élite", préférant "le peuple contre l’oligarchie, parce que c’est ça le vrai problème".

"L’oligarchie, c’est pas pareil, c’est la caste, les parasites, les bons à rien, qui sont là, qui occupent les postes, qui vous font la leçon (...) Il n’y a pas que les énarques, il y a les cupides : ceux qui ont ruiné Alstom, détruit l’industrie française, ceux qui ont abaissé notre patrie, ceux qui ont été incapables de négocier avec le gouvernement allemand parce qu’ils en ont peur", a-t-il lancé.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message