Chantal Mouffe : “Le populisme de gauche doit radicaliser la démocratie”

mardi 4 octobre 2016.
 

La philosophe belge Chantal Mouffe influence largement la gauche radicale européenne. Nous sommes allés à Londres l’interroger sur son cheminement intellectuel, et le “populisme de gauche” qu’elle appelle de ses vœux. Entretien.

L’auteure de L’Illusion du consensus, inspiratrice de Podemos et de Jean-Luc Mélenchon, revient longuement sur les racines de son engagement politique – elle qui se considère comme une “intellectuelle activiste” -, et sur le sens du “populisme de gauche” qu’elle appelle de ses vœux.

Quels événements politiques sont à l’origine de votre engagement politique ?

Chantal Mouffe – Pour moi il y a eu deux événements importants : la révolution cubaine et la guerre d’Algérie. J’étais très active dans les réseaux de soutien au FLN, ceux qu’on appelait les “porteurs de valise”. J’ai fait aussi du journalisme militant quand j’étais étudiante en philosophie. J’étais directrice de la revue des Etudiants de Louvain, qui s’appelait L’Escholier. Elle était financée par les autorités de l’université, un chanoine nous supervisait, et ils n’étaient pas contents de la direction de gauche que je lui avais donnée. Cela a donné lieu à un grand conflit car un jour j’avais demandé à un ami porte-parole des étudiants de gauche d’écrire l’éditorial, qui s’intitulait : “L’Algérie, la paix !”, en grandes lettres.

D’où vous vient votre intérêt pour l’Amérique latine ?

A Louvain j’étais dans un milieu très latino-américain. Il y avait un groupe formé par Camilo Torres, un prêtre colombien parti faire la guérilla avec l’ELN (Armée de libération nationale) et qui est mort dans une embuscade en 1966. C’est un véritable mythe en Amérique latine. L’université de Louvain attirait beaucoup de catholiques de gauche, partisans de la théologie de la libération. J’étais très en contact avec eux. J’ai rencontré Camilo Torres quelques fois. A Paris, où j’ai rejoint l’Ecole pratique des hautes études, j’ai continué à être en lien avec l’Amérique latine.

Avez-vous toujours voulu non seulement interpréter le monde, mais le transformer, selon l’énoncé de Marx ?


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