Quand l’Éducation nationale aide la préfecture à expulser des élèves !

vendredi 5 août 2016.
 

Des associations et syndicats de l’Education nationale alertent sur plusieurs cas de discrimination à l’inscription scolaire 2016 2017 à l’encontre d’élèves étrangers.

L’école deviendrait-elle le terrain de chasse aux étrangers ? Dans le Gers, deux jeune lycéennes semblent, en tout cas, en faire les frais. La première, Leïla, a 18 ans et est Burkinabé. Elle fini actuellement sa première littéraire au lycée Alain Fournier de Mirand. Bien que son père soit Français, elle vit sous le coup d’une Obligation de quitter le territoire (OQTF) depuis janvier. Elle a, un temps, été enfermée au Centre de rétention de Toulouse, et s’est ensuite trouver dans obligation de pointer à la gendarmerie, chaque jour à 12h15. A plusieurs reprises elle a du quitter les cours en avance. Quand elle a commencé les démarches pour s’inscrire en terminale, cela lui a été interdit.

La deuxième s’appelle Megi. Cette Albanaise de 20 ans est actuellement inscrite en seconde pro au lycée du Garros d’Auch. Jeune majeure sans famille, on lui a signifié une OQTF, le 7 juin dernier. Son établissement a reçu la consigne de ne pas procéder à son inscription pour l’an prochain et à refuser de lui remettre son bulletin scolaire.

Dans les deux cas, le préfet du Gers est intervenu auprès de la Directrice académique des services de l’Education nationale (DASEN) pour l’informer des OQTF dont faisaient l’objet les deux lycéennes. La DASEN a ensuite contacté les établissements dont elles dépendent pour qu’ils refusent leur inscription.

" L’inscription des élèves doit se faire sur des critères pédagogiques et dans leur intérêt, pas sur instructions de l’administration préfectorale, rappellent dans une déclaration commune la FIDL, L’UNEF, L’UNL, L’UNSA-EDUCATION, SUD-EDUCATION, LE SNES-FSU, LA FERC-CGT, LA CGT-EDUC’ACTION, LA FCPE ET LE RESF. Les fonctionnaires de l’Education nationale, DASEN comprise, sont sous l’autorité de leur ministère, pas sous celle de l’Intérieur. La circulaire n°2002-063 du 20 mars 2002 définit précisément les conditions dans lesquelles les élèves, même sans papiers, peuvent poursuivre leurs études et passer leurs examens."

Dans les Haut-de-Seine, à Asnière, c’est une enfant de six ans à qui la municipalité LR refuse l’inscription en Cours préparatoire, dans l’école où sa sœur est scolarisée. Sa mère congolaise est sans-papier et s’est retrouvée, en cours d’année, obligée de faire appel au 115 pour se loger. Elle a obtenu de façon provisoire un hébergement à Argenteuil, dans le Val d’Oise. « Rien ne dit que dans un mois elle ne sera pas envoyée à Montreuil, Créteil, Bobigny... ou de nouveau à Asnières », précise le texte de la pétition lancée par le RESF, la FCPE et le SNUIPP. Mais la municipalité entend se servir du prétexte de la carte scolaire pour refuser l’inscription de la fillette.

« L’école est le lieu de l’éducation, de la culture et de l’enseignement des valeurs. Elle ne doit pas devenir celui de l’exclusion, de la délation et des arrestations", assènent les associations et syndicats. Et d’ajouter : "Nous attendons que la ministre de l’Education nationale le rappelle à ses collègues et à ceux des fonctionnaires de ses services qui l’oublieraient."

Emilien Urbach, L’Humanité


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