Le roman de Renart, expression de l’égalitarisme médiéval

mercredi 2 juin 2021.
 

Les manuels scolaires d’histoire nous présentent sans cesse le Moyen age comme une ère de hiérarchies sociales héréditaires étanches, une ère de dogmes, croyances et rites religieux non mis en cause, une ère où les pauvres s’agenouillent dévotement et craintivement aux pieds de leurs seigneurs (nobles et ecclésiastiques).

Les humains de l’époque 1175 à 1215 seraient effarés que l’on puisse donner d’eux une telle image. En réalité, ces années-là ont été marquées par une profonde mobilisation sociale, par une remise en cause profonde du dogmatisme de l’Eglise catholique, des relations humaines violentes de la féodalité...

C’est à ce moment-là que naît et s’épanouit Le Roman de Renart. Il nous livre une autre conception du monde égalitaire, critique, malicieuse...

A) Le contexte historique

Lorsque le Roman de Renart commence à être rédigé et joué sur des places publiques, la société est déstabilisée par la violence entre rois, entre seigneurs mais aussi par des bandes de routiers pouvant atteindre plusieurs milliers d’hommes. Bien armées, composées de chevaliers errants, de mercenaires sans emploi, de brigands désireux d’échapper à toute juridiction, elles s’appuient sur des repaires forestiers pour rançonner les campagnes, les voyageurs, les transports, les bourgs et même les châteaux.

L’historien Georges Duby a parfaitement retracé la réaction populaire face à ce fléau permanent des pillards. Un nommé Durand, vilissimus (pauvre parmi les plus pauvres), marié et père de deux enfants, exerçant la profession de charpentier, s’attelle à la constitution d’une confrérie apte à combattre les routiers dans la région du Puy en Velay. Tous les membres sont égaux, portent un manteau blanc et un capuchon (d’où leur nom de Capuchonnés). Leur nombre atteint bientôt cinq mille prêts à affronter les routiers. Le succès est tel que le phénomène gagne plusieurs autres régions. Rigord, chroniqueur patenté du règne de Philippe Auguste, a apporté son témoignage « Le Seigneur, exauçant les pauvres, leur a envoyé comme sauveur non point l’empereur, le roi, quelque prince de l’Eglise, mais un pauvre » nommé Durand écouté par « les princes, les plus grands et l’ensemble du peuple. »

Dans le même temps se développent :

- des mobilisations sociales et démocratiques (luttes urbaines pour obtenir des droits écrits de la part des seigneurs)

- des mouvements religieux égalitaires comme les Valdéistes, les patarins, les arnoldistes...

- des hérésies comme celle des Cathares, particulièrement dans le Midi de la France.

B) Le roman de Renart

Durant ces années 1175 à 1215, apparaissent des textes intitulés Le Roman de Renart. Sur un schéma narratif commun et des personnages communs, au moins quatorze auteurs différents et anonymes ont brodé pour intéresser leurs spectateurs. Leur production atteint environ 100000 vers.

Il s’agit :

- d’une litttérature bourgeoise et populaire contrairement aux Chansons de Geste qui correspondent à une société aristocratique

- d’une littérature satirique


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