Vérité vraie et Justice pour Adama Traoré

jeudi 4 août 2016.
 

- 4) Mort d’Adama Traoré : l’étrange communication du procureur Jannier
- 3) Le « New York Times » dénonce « l’impunité » de la police française
- 2) Vérité et Justice pour Adama Traoré (Ensemble)
- 1) Vérité pour Adama Traoré (3 articles, PG, PCF, NPA)

5) Mort d’Adama Traoré : des pièces importantes manqueraient au dossier (JDD)

Selon Mediapart, le rapport d’intervention détaillé du Samu et des pompiers daté du jour de la mort d’Adamé Traoré n’a pas été communiqué à la juge d’instruction.

La famille d’Adamé Traoré réfléchit à porter plainte pour "dissimulation de preuves". Mediapart révèle mercredi que depuis la mort du jeune homme de 24 ans lors de son interpellation à la gendarmerie de Persan (Val d’Oise), plusieurs pièces manquent toujours au dossier. Une source judiciaire assure au site d’investigation que le rapport du Service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) et des pompiers qui sont intervenus manquent au dossier transmis à la juge d’instruction. "Nous n’excluons pas de déposer une plainte"

"Sans ce document, il est impossible de connaître l’heure d’appel des pompiers sur place ou la nature exacte des soins médicaux prodigués à Adama Traoré, ni même d’avoir une description précise de l’intervention", écrit Mediapart. Les médecins légistes qui ont procédé à l’autopsie du corps d’Adama Traoré n’auraient donc pas eu non plus accès à ces informations, mais seulement aux "procès verbaux de transports, constatations et mesures prises par la gendarmerie."

Un dernier élément manquerait au dossier selon Mediapart : "Le rapport de police technique et scientifique rassemblant les constations et prélèvements effectués dans le véhicule des gendarmes." Yassine Bouzrou, l’un des avocats de la famille d’Adama Traoré, a déclaré au site Internet que "nous réfléchissons et n’excluons pas de déposer une plainte pour dissimulation de preuves."

Source : http://www.lejdd.fr/Societe/Faits-d...

4) Mort d’Adama Traoré : l’étrange communication du procureur Jannier

Les affirmations successives et contradictoires du magistrat sèment le trouble dans une affaire déjà explosive.

Si l’affaire Adama Traoré suscite tant d’émoi et de colère, c’est que les déclarations d’Yves Jannier, procureur de la République de Pontoise, sur les circonstances de la mort du jeune homme le 19 juillet dernier lors de son interpellation par les gendarmes à Beaumont-sur-Oise, ont pour le moins été incomplètes, voire sélectives. Retour sur une communication ponctuée d’erreurs et d’omissions :

"Allé au contact" avec les gendarmes ?

Dès le lendemain des faits, soit le jeudi 20 juillet, Yves Jannier, magistrat en charge du parquet de Pontoise, affirme qu’Adama Traoré est "allé au contact" avec les forces de l’ordre.

Or, les auditions des gendarmes ont été recueillies dans la nuit suivant le décès du jeune homme de 24 ans. Tous trois y racontent une même version, plus complexe que celle avancée par le procureur de la République. Les gendarmes, en mission, cherchaient ce soir-là le grand frère Traoré. Ils sont tombés sur Adama. Au moment où ils enfilent leurs brassards et s’annoncent pour un contrôle, "l’individu à vélo s’enfuit".

"Voyant qu’il ne va pas être assez rapide", il lâche le vélo et continue en courant. Un gendarme le rattrape "dans le parc à côté de la mairie. Il semble obtempérer au contrôle", explique-t-il. "Je lui demande de me présenter une pièce d’identité mais il refuse, me repousse brusquement d’un coup d’avant-bras […] Je le maîtrise sans le frapper […] nous procédons à la pose des objets de sûreté sur l’individu".

Les gendarmes passent les menottes à Adama Traoré, un seul reste avec le jeune homme interpellé. Une personne aurait alors pris à partie le gendarme, permettant à Adama Traoré de s’enfuir à nouveau. Et quand ils le retrouvent dans un appartement, les gendarmes racontent :

"Nous distinguons une forme humaine par terre, comme cachée dans un drap, au pied du canapé. Nous comprenons immédiatement qu’il s’agit de l’individu […] Nous nous jetons sur lui avec mes deux collègues".

L’un des gendarmes dit : "On se trouvait à trois dessus pour le maîtriser".

Ils le menottent, le palpent. "A l’issue de la palpation, l’individu indique qu’il a des difficultés à respirer".

Détails auxquels Yves Jannier au parquet de Pontoise a accès, puisque c’est lui qui a saisi la Section de recherches de la gendarmerie et l’inspection générale de la gendarmerie nationale pour mener l’enquête.

"Un malaise cardiaque" ?

Toujours le lendemain des faits et dans les jours qui suivent encore, Yves Jannier prétend qu’Adama Traoré a fait "un malaise cardiaque".

Or, rien de probant à ce moment-là ne lui permet de formuler une telle affirmation. Le compte-rendu préliminaire d’autopsie est rédigé le 21 juillet par un médecin légiste de l’Institut médico-légal à l’hôpital de Garches.

Nulle part et d’aucune manière que ce soit, il n’est fait mention d’un "malaise cardiaque" dans ce rapport. Par contre, la première ligne de ce compte-rendu indique clairement : "Absence de cause immédiate au décès". Et la phrase qui suit évoque d’ores et déjà "un syndrome asphyxique spécifique".

"Les pompiers alertés immédiatement" ?

Le procureur de la République de Pontoise a expliqué qu’Adama Traoré "a fait un malaise pendant le trajet dans le véhicule" et que "les pompiers ont été immédiatement alertés".

Là encore, le magistrat est allé trop vite. Dans l’appartement déjà, les gendarmes l’indiquent dans leurs dépositions, Adama Traoré se plaint de "difficultés à respirer" : "Nous le relevons immédiatement". Les gendarmes l’embarquent dans leur véhicule, l’attachent. Ils prennent les coordonnées de la personne chez qui a eu lieu l’interpellation. Puis, le véhicule rejoint la brigade située à quelques minutes de là.

Dans le véhicule, le gendarme adjoint volontaire fait part à ses collègues du fait qu’Adama Traoré "est en train de s’assoupir comme s’il perdait connaissance". Il a "la tête qui part vers l’avant" et "présente les signes d’un malaise". Arrivés à la brigade, les gendarmes sortent le jeune homme de la voiture, et "au moment de le lever, nous remarquons une auréole laissant penser à de l’urine." "Nous accompagnons l’individu dans sa sortie, il a l’air mou, il n’est pas ferme sur ses appuis, il a besoin d’assistance pour sortir de la voiture […] Au vu de son état, nous décidons de le placer en position latérale de sécurité dans la cour de la brigade".

C’est alors seulement que le chef "demande à un collègue de la brigade de prévenir les secours". Adama Traoré a été contrôlé une première fois à 17h15, puis interpellé peu avant 17h45. Sa mort a été prononcée par le médecin à 19h05.

"Une infection très grave" ?

Le vendredi 21 juillet, Yves Jannier assure que, selon les premiers éléments de l’autopsie, "Adama Traoré souffrait d’une infection très grave touchant plusieurs organes".

Le premier rapport d’autopsie ne fait pas du tout mention d’une telle pathologie, il relève seulement "des lésions d’allures infectieuses (poumons, foie, ganglions cervicaux et de la carène)". Ce qui signifie que des prélèvements plus poussés doivent être réalisés pour déterminer si, au-delà de cette simple apparence infectieuse, un ou plusieurs foyers existent réellement.

Dans ces mêmes conclusions, le procureur de la République n’a pas retenu un point important : "il a été décelé une inhalation de matériel gastrique obstruant partiellement les bronches souches pouvant être en lien avec les manœuvres de réanimation et/ou ayant pu participer au mécanisme du décès". Dans le rapport de la seconde autopsie pratiquée le 26 juillet, les deux médecins légistes de l’Institut médico-légal de Paris notent en caractères gras "l’absence de point d’appel infectieux sévère". Et toujours en caractères gras, il relève "l’absence d’anomalie cardiaque"... Ce que le procureur de la République omet de pointer, alors qu’il affirmait le contraire la veille.

"Un sujet en hyperthermie" ?

Le procureur de la République ajoute que la cause de la mort d’Adama Traoré "semble être médicale chez un sujet manifestement en hyperthermie au moment où il a été examiné par les services de secours".

Ce qui laisse à penser que la victime pouvait avoir de la fièvre. Or, le jour du drame, l’atmosphère était caniculaire. Adama Traoré est resté une heure sur le sol de la cour de la gendarmerie, ce qui peut expliquer que la température du corps était montée à plus de 39 degrés au moment de son décès. Yves Jannier s’est trompé : il n’y a rien de "médical" pour l’heure dans les causes de la mort d’Adama Traoré.

Elsa Vigoureux

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/just...

3) Adama Traoré : le « New York Times » dénonce « l’impunité » de la police française

Dans un éditorial consacré à la mort du jeune noir à Beaumont-sur-Oise, le quotidien américain fustige le racisme de la police hexagonale et l’indifférence du gouvernement.

« Black Lives Matter in France, Too » : dans un éditorial, qui reprend en titre le nom du mouvement de lutte contre les violences policières né aux Etats-Unis, le New York Times dénonce le comportement de la police française dans l’affaire Adama Traoré – ce jeune Noir décédé le 19 juillet lors de son interpellation à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise).

Le décès de ce jeune homme de 24 ans, dont la mort reste toujours sans explication officielle, alors que deux expertises font état d’une « asphyxie », a entraîné « de violents affrontements entre les minorités en colère et des officiers de police », rappelle le quotidien américain, qui dresse un parallèle avec les émeutes d’octobre 2005 déclenchées après la mort de Zyed et Bouna dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois - dossier dans lequel les deux policiers poursuivis ont d’ailleurs été relaxés, rappelle le quotidien.

« Culture d’impunité profondément ancrée »

Depuis, les manifestants ont repris à leur compte le mouvement Black Lives Matter, né de l’autre côté de l’Atlantique, se félicite le New York Times, qui ne s’étonne pas de cette réappropriation : « Il y a des différences importantes entre les histoires des relations interraciales aux Etats-Unis et en France, où le racisme prend racine dans le passé colonial français, explique le quotidien. Cependant, il n’est pas surprenant que le mouvement Black Lives Matter trouve un écho en France : les organisations de défense des droits de l’homme ont fait état ces dernières années d’une culture d’impunité, profondément ancrée au sein de la police française, et donnant lieu à des abus à l’égard des minorités », détaille le quotidien américain, qui cite notamment une étude de 2009 sur le délit de faciès, selon laquelle un Noir ou un Arabe (ou perçu comme tel) a six à huit fois plus de chances de se faire contrôler à Paris.

Ce type de discriminations se sont multipliées depuis le début de l’état d’urgence, déclaré après les attentats du 13 Novembre à Paris et Saint-Denis, poursuit l’éditorial. Et à l’heure de la lutte contre le terrorisme, la recension des abus policiers contre les minorités ne semble pas non plus être une priorité. Le quotidien américain rappelle également la promesse formulée en 2012 par le candidat Hollande de lutter contre le contrôle au faciès, et la décision inédite, fin juin, de la Cour d’appel de Paris de condamner l’Etat pour des contrôles d’identité réalisés à l’encontre d’hommes noirs ou arabes. Malgré cette mise en garde, les députés ont enterré fin juin l’expérimentation du récépissé, censé lutter contre les contrôles au faciès, notamment après que Bernard Cazeneuve a répété que ce n’était pas le moment de jeter la moindre « suspicion » sur les forces de l’ordre.

« Un argument dangereux » pour le New York Times, qui appelle la justice française à mettre un terme aux discriminations. « L’Etat islamique a montré qu’il sait exploiter les sentiments de colère et de l’aliénation à des fins meurtrières », met en garde le quotidien, avant de conclure : « Maintenant plus que jamais, la police a besoin d’instaurer la confiance avec les minorités en respectant les droits de tous les citoyens français, quelle que soit leur religion ou leur couleur de peau, et montrer que la justice doit être appliquée de manière équitable. »

Source : http://www.liberation.fr/france/201...

2) Vérité et Justice pour Adama Traoré (Ensemble)

Une fois encore, un jeune d’un quartier populaire, Adama Traoré, 24 ans est décédé suite à une intervention policière. Les autorités affirment qu’il aurait fait un simple malaise cardiaque causé par une infection et qu’il n’y aurait pas « de traces de violence significatives » sur le corps.

La famille et les proches contestent cette version affirmant qu’Adama Traoré aurait été « tabassé ». Mais une fois encore, comme à chaque fois qu’il y a un mort lors d’une interpellation policière, les autorités s’empressent avant même que l’enquête ait commencé de dédouaner la police et les médias à l’unisson reprennent leur version.

C’est comme si la parole des proches ne comptait pas. Les autorités ont commencé par refuser à la famille le droit de voir le corps du défunt. Et face à une manifestation pacifique devant la gendarmerie de Persan mercredi soir, les policiers n’ont pas hésité à matraquer et à gazer.

Comment s’étonner après que les jeunes de Persan et de Beaumont sur Oise laissent éclater leur colère ? Ils subissent au quotidien les contrôles au faciès, les provocations policières et cette mort c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Le Parquet de Pontoise a ouvert une enquête sur la mort d’Adama Traoré. Ensemble s’associe à la douleur de ses proches, appelle évidemment à toutes les mobilisations à venir et exige que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame.

Le 22 juillet 2016.

Source : http://www.reperes-antiracistes.org...

1) Vérité pour Adama Traoré (3 articles, PG, PCF, NPA)


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message