La semaine de trop pour Valls Hollande

mardi 12 juillet 2016.
 

Cette semaine de la bataille contre la loi El Khomri aura été la semaine de trop pour les camps Valls et Hollande. Sur tous les points, le franchissement de seuils a été vu et assimilé par des dizaines de milliers de personnes.

Dans la rue, à Paris, on est passé des fermetures de stations de métro tout le long du parcours et du filtre des manifestants aux fouilles et palpations. Jusqu’à Philippe Martinez qui aura eu son sac fouillé ! Mais autant que lui les élus en écharpe. Et même les journalistes, pourtant aux ordres et prêts à mettre sur le dos de « la-mobilisation-qui-s’essouffle » le moindre papier jeté par terre. Encore des dizaines de gardes à vue, d’assignations à résidence et ainsi de suite, destinées à faire peur aux syndicalistes et aux jeunes.

Les récits de mes camarades présents sur le pont de la Concorde nassé, notamment celui d’Éric Coquerel pourtant en écharpe, sont consternants. C’en est au point que les policiers eux-mêmes n’hésitent plus sur le terrain à dire qu’ils ne comprennent pas ce qu’on leur demande de faire. Raccompagner des manifestants d’abord « nassés » par groupe de dix au métro, qui a trouvé cette idée ? Cazeneuve ? Valls ? Quel cerveau malade ?

Là-dessus arrive le 49.3. El Khomri affirme que ce n’est pas un passage en force. Le Premier ministre vante le dialogue qui a prévalu autour de sa loi. Et ainsi de suite. La novlangue d’Orwell est là. Le vol des mots s’affiche sans vergogne. La guerre s’appelle la Paix, la haine est nommée amour et ainsi de suite. Reste une réalité : le seul endroit de ce pays où l’article 2 de la loi, qui concentre tout le problème du renversement de la hiérarchie des normes, n’a pas été débattu est l’Assemblée nationale.

Je sais que beaucoup de commentateurs se sont gaussés des frondeurs qui ne sont pas parvenus à rassembler les signatures nécessaires au dépôt d’une motion de censure. Je ne partage pas cette moquerie. Car ceux qui ont signé savaient qu’ils seraient exclus. Leur signature souligne donc plutôt l’ampleur de la crise qui travaille le Parti socialiste. Au demeurant, l’échec de la collecte ne tombe pas du ciel. Il a été méthodiquement rendu possible par l’intervention des grands caciques qui agissent derrière le rideau et retiennent les plumes : Emmanuelli et Aubry dont les amis se sont enfuis ou ont refusé leur appui qui aurait pourtant tout changé. La campagne de moqueries est amplifiée dans les milieux officiels en sous-main par les séides de Valls dont la tactique est toujours d’inverser le sens de ce que les gens font de les déprécier pour disqualifier leur engagement.

Cela ne veut pas dire que je ne sois pas conscient des limites de toute « fronde » au PS. Elles tiennent aux individus ? Pour une part certes. Mais elles sont liées aux effets de système que déclenche l’appartenance à une machinerie de cette sorte totalement imbriquée dans l’État et ses prébendes. La 5ème République est une machine à créer une société particulière autour d’elle, où pantouflards, affidés et commensaux finissent par devenir une gangue protectrice de la monarchie présidentielle qui s’alimentent de tous les arrangements.


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