Je te hais Valls

dimanche 10 juillet 2016.
 

Fils d’un guérillero espagnol, résistant dans l’Aveyron durant la Seconde guerre mondiale, Jean Ortiz est à présent maître de Conférences à l’Université de Pau. Il participe à la revue en ligne de l’association Mémoire des luttes, écrit des chroniques pour L’Humanité et pour Le Grand Soir.

Chacun croyait que le matamore de Matignon avait touché le fond du cynisme et de « l’horreur politicienne »... Que nenni !

Tout fait ventre à ce « chicago-boy » à la française pour se refaire la cerise dans l’opinion. Quitte à la caresser dans le sens le plus crasseux du poil. Quitte à créer une atmosphère irrespirable. Quitte à enfanter de nouveaux monstres, utiles pour en appeler à « l’union nationale », à « l’union sacrée », et reléguer la lutte des classes, la question sociale..., livrées aux compétences de ses amis du MEDEF. Quitte à jouer avec des barils de poudre. Quitte à diviser durablement les peuples. Quitte à attiser les haines et la déshumanisation. Quitte à recevoir les encouragements intéressés de la droite. Quitte à accélérer le « génocide » des valeurs de « la gauche », à faire table rase de son patrimoine, à plonger des millions de braves gens dans la déshérence, le désespoir. Quitte à instrumentaliser des colères légitimes vers des objectifs au plus haut point dangereux.

Les poubelles de l’histoire retiendront qu’un premier ministre « socialiste » s’est essayé, par calcul, à reprendre le discours fascisant de l’extrême droite sur « la guerre de civilisation », théorie développée surtout depuis le « best seller » (1997) du spécialiste américain en relations internationales Samuel Huntington, reprises par le médiocre, mais va-t-en guerre président George W. Bush, et son petit élève français, N. Sarkozy. G. Bush, le papa du liberticide « Patriot Act », qui a inspiré Manuel Valls pour sa « loi de renseignement » et de flicage généralisé... Valls serait-il un « néoconservateur » à la française ?

L’amalgame (volontaire) suggéré, entre Islam et terrorisme, Islam et barbarie, n’est pas nouveau, mais n’en demeure pas moins dévastateur. Quant à l’opposition entre civilisation et barbarie, elle n’est pas nouvelle non plus dans l’histoire, la « civilisation » étant bien entendu le « monde occidental ». Elle a servi toutes les mauvaises causes, tous les satrapes, tous les impérialismes, tous les saigneurs de peuples, depuis des siècles.

En réveillant « l’esprit de croisade », en jouant politiciennement sur les amalgames, les réactions viscérales, le matamore M. Valls avance et amplifie des valeurs antinomiques aux traditions humanistes et progressistes françaises. A vouloir copier Marine, il risque d’ouvrir la voie à des eaux fangeuses, et à des flots mortels pour la démocratie.

Jean ORTIZ


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