Les mots qui fâchent (par Philippe Torreton, acteur)

lundi 27 juin 2016.
 

Vous voulez baisser drastiquement les salaires pour rendre notre pays plus attractif.

Vous pensez que les protections sociales affaiblissent les remontées de cash vers les actionnaires.

Vous rêvez secrètement d’une France panaméenne attractive et peu regardante.

Vous pensez que la concurrence est mondialisée et que cela autorise et permet tout.

Vous appelez de vos voeux une main d’œuvre sans représentation syndicale, endettée de crédit à la consommation, prête à signer n’importe quel accord interne pour sauver son poste.

Vous pensez que les entreprises sont trop taxées, qu’il est grand temps que la France en finisse avec les conneries ouvrières de 36 et les lois idéalistes et boy scout de lendemain de guerre.

Vous regardez les yeux mouillés quelques jusqu’au-boutiste de la cause qui ont pour mission d’avancer leur gros sabots libéraux dans le terrain miné de la France sociale pour voir là où ça pique encore, vous portez très haut dans votre estime par exemple un Patrick Lelay qui en son temps a eu le courage de dire qu’il ne faisait pas de la télé mais du lavomatic de cerveau, mais vous vous rangez encore et toujours du côté du tout venant libéral, plutôt hypocrite, qui préfère évoquer la liberté d’entreprendre, la souplesse, l’attractivité, l’énormité de la pression fiscale, le coût exorbitant du travail toutes ces expressions que Dominique Seux et ses labadens sont chargés de nous répéter en boucle chaque matin avant le point route de Rosny Sous Bois.

Mais vous sentez instinctivement que vous ne pouvez pas le dire comme ça.

Et c’est là que la loi El Khomri arrive et vient à leur secours, un pied dans la porte et la main sur le coeur, sous couvert de souplesse et de dialogue se cache ni plus ni moins le chantage à l’emploi. En localisant les débats à la seule entreprise on affaiblit la force syndicale, on expose le salarié aux ultra violets libéraux sans lunettes de protection. En cassant l’unicité du code du travail on fragilise les patrons citoyens qui pouvaient bénéficier des mêmes règles et des mêmes codes que les autres les protégeant ainsi du cynisme concurrentiel. El Khomri rétablit la loi de la jungle mine de rien. Elle prépare le terrain à la droite qui s’échauffe en coulisse et qui devra une fière chandelle, au parti socialiste...


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