Les sarkozistes manipulent les chiffres du chômage

mercredi 4 avril 2007.
 

De Villepin ne manque pas d’air quand il ose affirmer que la droite a fait passer le taux de chômage de 10,1% à 8,4%. Ferait-il le jeu de Sarkozy ? Le taux annoncé de 8,4% est, d’abord, tout simplement faux. L’Insee ne publiera pas de chiffres officiels avant la présidentielle (on se demande bien pourquoi...) mais son équivalent européen (Eurostat) chiffre le taux de chômage dans notre pays à 8,8% en février 2007.

De Villepin oublie surtout de préciser que le taux de chômage était de 8,9% quand la droite Chirac-Raffarin-Sarkozy est arrivée au pouvoir en 2002 mais que c’est elle qui, ensuite, l’a fait monter à 10,1% ! Pour parvenir à ce brillant résultat, elle avait supprimé les emplois-jeunes, contourné les lois sur les 35 heures, facilité les licenciements, freiner l’augmentation du Smic pour 80 % des salariés payés au salaire minimum.

De Villepin oublie aussi, mais faut-il vraiment s’en étonner, de préciser que le gouvernement de Lionel Jospin avait, quant à lui, créé 1,8 million d’emploi et faire reculer d’un million le nombre de chômeurs que la droite avait laissé lors de son départ précipité en 1997.

Il faut dire que pour faire baisser le chômage, la gauche avait fait exactement l’inverse de ce que préconisait les libéraux. Elle avait, tout d’abord, bénéficié d’une baisse de l’euro par rapport au dollar. Elle avait ensuite diminué le temps de travail à 35 heures (hélas pas dans toutes les entreprises). Elle avait, enfin, augmenté le Smic de plus de 3 % à plusieurs reprises.

Les libéraux préconisaient et préconisent toujours exactement l’inverse : un euro cher, l’augmentation de la durée du travail, le blocage des salaires. C’est ce que les gouvernements Raffarin et de Villepin ont mis en oeuvre. Le résultat est là. Le taux de chômage n’a pas reculé, il est (à 0,1% près) le même que lors de l’arrivée de la droite au pouvoir en 2002.

Malgré l’augmentation accélérée des radiations administratives à l’Anpe. Malgré le curieux glissement de dizaines de milliers de chômeurs de la catégorie 1 de l’Insee (la catégorie du chômage "officiel") vers d’autres catégories. Malgré une évolution très favorable de la démographie (début du départ en retraite des baby-boomers et arrivée de "classes creuses" sur le marché du travail) qui fait qu’il suffisait de créer 50 000 emploi en 2006 pour commencer à faire reculer le chômage alors qu’il fallait en créer 250 000 chaque année entre 1997-2002 pour arriver au même résultat.

Un recul de 0,1% du taux de chômage en 5 ans ! A ce rythme là, il faudrait 88 ans à la droite pour résorber le chômage !

C’est pourtant cette politique là que Sarkozy veut continuer, mais en pire !

Il refuse de revaloriser le Smic. Il veut augmenter la durée du travail et rendre le coût des heures supplémentaires moins cher que l’embauche. D’aucuns travailleront deux fois plus à la place de ceux qu’on aura pas embauché. Il veut ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Il veut cumuler emploi et retraite : ce qui est une façon de reconnaître que les retraites ne permettront plus de vivre mais aussi d’interdire l’accès à l’emploi à des centaines de milliers de jeunes.

Jean-Jacques Chavigné, le lundi 3 avril 2007


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