Dangereuse escalade de l’OTAN à l’Est de l’Europe

mardi 14 juin 2016.
 

Pour la toute première fois, des blindés paraderont sous peu en Finlande, autre frontière de la Russie. Que cherche Washington  ? Et surtout qu’espèrent gagner les dirigeants européens à s’embarquer dans cette nouvelle et dangereuse provocation vis-à-vis de ­Moscou  ? Est-ce donc de plus de tensions dont nous avons besoin sur notre continent dans cette période  ? L’OTAN vient d’inaugurer en Roumanie (le 12 mai) un premier site, qualifié de « stratégique » par l’organisation elle-même, de missiles antimissiles, tandis que les travaux d’un second site ont été lancés, le lendemain, en ­Pologne. Sont appelés à suivre des installations de radars en Turquie et des navires de guerre américains en Méditerranée. Les Pays-Bas, le Danemark seront également associés sous ­différentes formes à cette aventure  ! Quant au QG du « bouclier antimissile », il sera à la base de Ramstein en Allemagne. Or, chacun sait depuis de longues années que ce projet est, avec l’élargissement de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, la pomme de dis­corde par excellence en­tre l’Ouest et l’Est, ­Moscou y voyant une ­rupture de l’équilibre stratégique et, par conséquent, une menace pour la sécurité du pays. Désormais, « une partie du potentiel nuclé­aire américain (est) implantée en Europe de l’Est », a aussitôt déclaré Vladimir Poutine. Il n’y a aucun doute pour personne sur le fait que le Kremlin va répliquer, sous une forme ou une autre, à cet acte délibérément hostile à son encontre. L’escalade est en marche.

D’autant que ce nouvel épisode de la « néo-guerre froide » s’inscrit dans une série de ­décisions de même inspiration. Ainsi, en ce moment même, se déroulent en Estonie – et plus précisément dans une zone frontalière de la Russie – des exercices de grande ampleur, mobilisant 6 000 soldats de dix pays de l’OTAN, ainsi que des bombardiers, des ­chasseurs et des hélicoptères. Des manœuvres navales de l’OTAN sont, par ailleurs, annoncées, à partir du même pays, dans la mer ­Baltique, dans quelques semaines. Pour la toute première fois, des blindés américains paraderont sous peu en Finlande, autre ­frontière de la Russie. Sans oublier l’accueil ­favorable réservé par le Pentagone, à la ­demande des pays baltes et de la Pologne, de voir déployer quatre bataillons supplémentaires sur leur territoire – une mesure qui a, naturellement, aussitôt entraîné une « riposte appropriée » de la Russie sous forme de la création de trois divisions militaires supplémentaires. ­Spirale mortelle.

Rappelons que « l’Acte fondateur OTAN-­Russie », signé en 1997, engage notamment l’OTAN à ne pas déployer de forces importantes, ni d’infrastructures supplémentaires dans les nouveaux pays membres de l’Alliance occidentales. Mais, pour le ministre des ­Affaires étrangères polonais, il ne s’agit là que d’une « déclaration politique et non d’un ­document contraignant ». À ses yeux, la Russie est un « adversaire géopolitique »  : il a donc demandé d’annuler ce passage du texte  ! L’OTAN a décidé de tenir son prochain ­sommet des 8 et 9 juillet… à Varsovie. Celui-ci fixera en particulier la mission des troupes occidentales dans les pays baltes, ainsi qu’en Pologne et en Roumanie. Selon « Der Spiegel », il est prévu que chacun des 28 pays membres de l’OTAN envoie un bataillon pouvant ­comporter jusqu’à 1 000 soldats (vous avez bien lu). Qu’en pensent nos concitoyens  ? Les Européens en général  ? En sont-ils seulement informés  ? Il est temps de les aider à ­ouvrir les yeux.


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