5 juin : Jean-Luc Mélenchon salue le « retour des questions sociales » (L’Humanité)

mercredi 15 juin 2016.
 

Le candidat de «  la France insoumise  » a tenu son meeting de lancement de campagne, hier à Paris, en s’appuyant sur les luttes contre la loi travail. Devant un public constitué pour beaucoup de ses soutiens de 2012, il a appelé les électeurs à «  rêver fort, désirer fort  ».

Le décor est planté – et soigné. Pour le grand lancement de sa campagne présidentielle, hier, l’équipe de Jean-Luc Mélenchon a mitonné une scénographie du rendez-vous, mélange de « défilé » sur scène des luttes du moment, étudiants, métallos, cheminots, et d’un discours de clôture du candidat de « la France insoumise ». « C’est un tout », insiste-t-on chez les organisateurs, qui avaient mis à disposition des « insoumis » de la place Stalingrad, à Paris, des pancartes prérédigées « santé gratuite », « eau et énergie gratuites », ou encore « vite, la VIe République ». Le candidat, en effet, juge que les luttes contre la loi El Khomri fournissent un contexte propice  : « C’est du contexte que vient l’impulsion la plus forte  ! Les questions sociales et démocratiques sont de retour au cœur de la conscience du pays. » La ministre du Travail lui avait fourni dans le Journal du dimanche une nouvelle occasion de tempêter contre elle, jugeant que Jean-Luc Mélenchon « combat obsessionnellement un gouvernement de gauche et invite des députés de gauche à censurer un premier ministre de gauche », avant d’asséner  : « Avec de tels responsables de gauche, la droite devient presque superflue. »

« Un porte-parole rusé plutôt qu’un poulet de l’année »

« On verra le 5 juin si je suis un homme seul  ! » avait lancé le candidat comme un défi lors d’un récent débat. De fait, la foule massée devant la rotonde de la Villette n’est pas sans rappeler celle qui avait fait son score en 2012. Dix mille personnes, revendique Jean-Luc Mélenchon, qui sermonne la place à son arrivée  : « On ne crie pas mon nom, on crie “Résistance  !” » Des drapeaux de la CGT, des communistes affichés comme Anne, montée du Lot-et-Garonne, autocollant PCF-Front de gauche à la poitrine. Pour elle, « une primaire à gauche avec les socialistes est inacceptable, moi je veux le rassemblement ». Éric, venu de Mulhouse, entend lui « lancer les esprits sans attendre. Je considère, moi l’ex-socialiste, représenter l’union de la gauche, pour qu’elle ne se disperse pas ».

Plusieurs personnalités hors du Parti de gauche (PG), qui soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon, étaient présentes sur place, ou via un message vidéo, comme, côté culture, des partenaires de longue date de la gauche de la gauche, Yvan Le Bolloc’h, Jacques Weber, Sophie de La Rochefoucauld, Daniel Mermet. Côté politique, Clémentine Autain (Ensemble), l’économiste Liêm Hoang-Ngoc (Nouvelle Gauchesocialiste), la députée communiste Marie-George Buffet ou Francis Parny, ex-membre de l’exécutif du PCF et cosignataire d’un appel de soutien à Jean-Luc Mélenchon.

Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon n’hésite pas à déplorer  : « Depuis le début de ma proposition de candidature, les seuls coups (sont) venus de certains secteurs du PCF et des mondains de la “gôche”. » À la tribune, il se garde de toute attaque du même genre. Il cultive au contraire le souffle  : « De nos refus vient sur nos lèvres le goût d’un monde neuf  ! »  ; et brocarde une « primaire d’amnistie générale où nous trouverions notre chemin » derrière « les plus usés ». Il décline longuement des propositions sur l’écologie  : « Il nous faut passer aux 100 % d’énergies renouvelables » et « sortir du nucléaire » car « nous savons que c’est dangereux, danger aggravé par le dérèglement climatique ». Ou encore  : « Tourner la page de l’agriculture intensive productiviste par la planification écologique ». « Tout le reste », à ses yeux, « n’est que bavardage ». « Ne vous souciez pas de l’argent, je m’en débrouille. Rêvez fort, pensez fort, désirez fort et cela suffira », lance-t-il encore, dans un appel du pied très net à l’électorat écologiste.

Presque quatre mois après avoir dit, le 10 février, qu’il « propose » sa candidature à l’élection présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon défend son expérience pour que le choix se porte sur « un porte-parole rusé plutôt qu’un poulet de l’année », car, selon lui, l’époque n’est plus « au temps des programmes minimums. Pas le temps des candidats champignons ou passe-muraille, qui surgissent après la rosée médiatique. Il faut du caractère pour défier ces lobbies immenses dressés contre nous ». Aussitôt, il fait un pas de côté  : « Je porte votre parole, un point c’est tout. Pour le reste, agissez  ! » Il fixe néanmoins l’objectif  : « Nous avons été 4 millions en 2012. Il en faut 8 pour gagner. Chacun doit convaincre un autre », et cela « tête par tête, cœur par cœur ». Avant d’en convenir  : « La marche est haute. »


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