François Hommeril, élu président de la CGC en juin 2016, s’engage contre la loi "El Khomri"

mardi 21 juin 2016.
 

- A) CGC : Vas-y François H....

- B) François Hommeril «  Cette loi est le magasin des antiquités du néolibéralisme  »

- C) Position de la CFE CGC concernant l’article 2

- D) La CGC "n’a pas vocation à être un toutou qui salue toutes les réformes... Le gouvernement devrait avoir le courage politique de faire marche arrière"

A) CGC : Vas-y François H....

Non pas François Hollande mais François Hommeril qui assure : "notre organisation n’a pas vocation à être le toutou qui salue toutes les réformes".

Celui qui a été investi ce 1er juin à la tête de la CFE-CGC (cadres) , a accordé une interview aux Echos dans laquelle il dénonce l’action du gouvernement dans sa gestion du projet de loi travail.

"Je ne vois pas ce qu’elle apporte de positif pour l’emploi. Ce n’est pas avec le compte personnel d’activité qu’on va faire baisser le chômage", a-t-il fustigé en affirmant sa vive opposition contre le texte.

Heures supplémentaires, inversion de la hiérarchie des normes... Le futur patron de la CFE-CGC a vivement critiqué les arbitrages du gouvernement pour ce texte.

Une condamnation qui tranche avec les positions habituellement modérées de ce syndicat de salariés. Selon lui, "le gouvernement devrait avoir le courage politique de faire marche arrière" et renvoyer "le sujet à la négociation entre les partenaires sociaux".

Pas sûr qu’il soit entendu sur ce point...

MAIS NOUS ON PREND EN COMPTE CETTE POSITION DES CADRES CGC ...ET ON LÄCHE RIEN !

Source : http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...

B) François Hommeril «  Cette loi est le magasin des antiquités du néolibéralisme  »

« Cette loi travail restera dans l’histoire comme un exemple assez extraordinaire de tout ce qu’il ne faut pas faire. »

François Hommeril, élu depuis mercredi président de la CFE-CGC au congrès de Lyon, fustige les attaques contre le Code du travail et appelle le gouvernement à rouvrir les négociations.

Quelle va être la priorité de votre mandat  ?

FRANÇOIS HOMMERIL La représentativité, parce que c’est vital pour notre syndicat de continuer à progresser en termes d’audience. Mais c’est aussi être représentatif des populations en intégrant des personnes de l’ensemble des générations et en insistant sur la féminisation, en intégrant des objectifs un peu contraignants.

Quel diagnostic faites-vous de la situation des cadres actuellement  ?

FRANÇOIS HOMMERIL Toutes les catégories sont attaquées, tous les statuts sont précarisés. Depuis vingt ou trente ans, quand on regarde les salaires d’entrées de grilles, l’augmentation de la pression, la souffrance au travail, les injonctions paradoxales, on voit que les cadres ont dégusté. On a réussi à faire passer dans les têtes que le progrès de tous, ce serait la régression de chacun. Ça me surprend beaucoup. Les organisations syndicales ont un créneau pour agir. Nous souhaitons reprendre la parole confisquée par les éditorialistes de la pensée unique.

Comment souhaitez-vous prendre la parole, alors même que vous n’êtes pas partie prenante du mouvement social actuel contre la loi travail, pourtant assez emblématique de cette tendance à la régression sociale  ?

FRANÇOIS HOMMERIL Cette loi travail restera dans l’histoire comme un exemple assez extraordinaire de tout ce qu’il ne faut pas faire. Sur le fond, c’est un peu le magasin des antiquités du néolibéralisme  : on va chercher dans les tiroirs ce qui a été fait ou pas encore fait dans les autres pays et on dit que grâce à ça il va y avoir un impact sur l’emploi. C’est totalement faux. Il y a énormément d’amateurisme de la part de nos dirigeants politiques. Cela montre à quel point ils sont déconnectés. Sur la forme, il y a la loi Larcher de 2007 qui impose sur toute législation qui touche au champ social de passer par la négociation avec les partenaires sociaux. Pourquoi cela n’a pas été fait  ? Je ne pense pas qu’il y aura de solution si, au moins sur certains sujets de la loi, on ne remet pas l’affaire entre les mains des partenaires sociaux. Il faut que le gouvernement suspende la procédure parlementaire car, au Sénat, les surenchères vont commencer et les parlementaires risquent de jeter de l’huile sur le feu. Si le gouvernement pouvait avoir la sagesse de renvoyer les acteurs à leurs responsabilités, on pourrait sortir de la crise assez rapidement. La position de la CFDT qui dit qu’il y a des acquis – garantie jeunes, compte personnel d’activité – est intéressante. Mais j’ai aussi quelques doutes. Je ne suis pas prêt à sacrifier des principes de défense collective à des nouveaux droits individuels dont on n’a aujourd’hui pas la preuve qu’ils sont fonctionnels. Sur le fameux article 2 qui agite tout le monde, je ne suis pas contre le dialogue social dans les entreprises, au plus près du terrain. Mais on est aussi au plus près de la fragilité des acteurs dans le rapport de forces.

Quel regard portez-vous sur le mouvement social actuel  ?

FRANÇOIS HOMMERIL À la CFE-CGC, on ne pense pas que l’entrée dans le conflit soit positive parce qu’il existe encore une possibilité pour le gouvernement d’accéder à un peu de sagesse et de raison. On est dans une position d’attente. Mais c’est inacceptable de stigmatiser ceux qui s’engagent. Tant que ce droit de grève s’exerce dans le cadre de la loi, jamais je ne le critiquerai.

Entretien réalisé par Loan Nguyen, L’Humanité

C) Position de la CFE CGC concernant l’article 2

Non à l’inversion de la hiérarchie des normes, oui à la primauté de la branche !

L’article 2 est à la fois le coeur du dispositif de la loi Travail et le principal point de crispation pour la CFE-CGC. Ledit article prévoit en effet que, dans le domaine de la durée du travail (nombre maximum d’heures quotidiennes et hebdomadaires, temps de repos, congés payés), l’accord d’entreprise puisse prévaloir sur l’accord de branche. L’accord d’entreprise pourrait donc être « moins disant » que l’accord de branche…

Cette inversion de la hiérarchie des normes serait dangereuse car génératrice de distorsion de concurrence, comme l’explique Franck Mikula, Secrétaire national CFE-CGC Emploi et Formation : « L’avantage d’une norme négociée au niveau de la branche est de réduire le dumping social dans celle-ci en harmonisant les conditions d’emploi et de rémunération. En commençant à supprimer cette norme, les entreprises vont se faire concurrence les unes contre les autres : baisse des emplois et des effectifs, détérioration des conditions de travail… Ceci aura pour conséquence de tirer tout le monde vers le bas. A contrario, avec la hiérarchie actuelle des normes, la négociation n’est pas un souci puisqu’on est protégé par la branche. Il faut donc laisser à cette dernière le pouvoir de négocier ! »

D) « Notre organisation n’a pas vocation à être un toutou qui salue toutes les réformes » (Les Echos)

Vous succédez à la tête de la CFC-CGC à Carole Couvert qui vous avait soufflé la place de numéro un en 2013. Alors rupture ou continuité ?

Je défendais à l’époque le rassemblement de l’organisation et c’est toujours le cas. Au congrès de Saint-Malo, Carole Couvert l’a emporté. Je suis retourné à mes activités professionnelles dans le groupe Altéo et j’ai continué à militer dans mon entreprise, dans la Fédération de la chimie et dans la confédération. Je n’aurais pas été candidat si Carole Couvert s’était représentée. Il se trouve que la Fédération de l’énergie dont elle vient ne l’a pas souhaité. La confédération a essayé de voir s’il était possible de contourner ce veto ; cela n’a pas été possible. Elle en a pris acte. Maintenant, mon objectif, comme en 2013, est de rassembler.

Quel est votre programme ?

Il n’y a aura pas de rupture avec le mandat précédent. La CFE-CGC revendique une participation active au dialogue social. Plus on respectera les acteurs sociaux, plus on leur fera confiance, meilleur sera le résultat. La CFE-CGC n’a pas vocation à être un toutou qui salue toutes les réformes. Il faut respecter l’esprit de la loi Larcher, qui prévoit que ce sont le patronat et les syndicats qui ont le premier mot sur les réformes qui touchent à l’emploi et au travail. François Hollande et Manuel Valls n’auraient pas dû l’oublier.

La CGC est-elle un syndicat réformiste ?

La formule me met mal à l’aise, car, aujourd’hui, réforme égale simplification, or je ne crois pas que le progrès aille vers la simplification. Au contraire, on est engagé dans un mouvement de complexification. Il suffit pour s’en convaincre de regarder un microprocesseur. Notre organisation n’a pas vocation à être un toutou qui salue toutes les réformes. Nous sommes pragmatiques. La société évolue et il faut s’adapter, mais le progrès de tous ne peut pas être la somme des régressions de chacun.

Faut-il que la CGC syndique tous les salariés sans exception comme la CGT ou la CFDT ?

Non, s’il y a des exceptions dans certaines branches, la CFE-CGC a en principe vocation à syndiquer les techniciens, les agents de maîtrise et les cadres. Ça ne l’empêche pas de peser lourd dans certaines entreprises. La BNP, Renault et beaucoup d’autres... Nous sommes le premier syndicat dans de nombreuses grandes entreprises toutes catégories de salariés confondues. D’ailleurs, lors des prochains résultats de représentativité, en mars 2017, notre progression va être marquée.

Pourtant, même là où nous représentons plus de 10 % de la totalité du personnel, on nous impose de ne signer des accords qu’au nom des techniciens, agents de maîtrise et cadres. Même dans les entreprises où nous représentons un salarié sur deux, on nous dénie ce droit, alors que, dans les branches, on nous le reconnaît déjà ! Le législateur doit reprendre la main sur ce sujet. C’est trop tard pour le faire dans la loi travail et puis c’est un sujet qui ne doit pas être l’otage des passions politiques. Mais il faut le traiter.

La loi travail, justement, la CGC est-elle pour ou contre ?

La CFE-CGC est contre la loi travail. Le problème est déjà dans le titre : je ne vois pas ce qu’elle apporte de positif pour l’emploi. Ce n’est pas avec le compte personnel d’activité qu’on va faire baisser le chômage. En outre, je ne vois pas en quoi cela va améliorer la situation d’ensemble des entreprises. Et ce qui infuse partout dans cette loi, c’est une culpabilisation permanente des personnes qui travaillent. C’est exaspérant. La CFE-CGC sera toujours là pour démonter ce genre de discours.

Où sont les problèmes dans la loi travail ?

Il y en a de nombreux. Prenons les heures supplémentaires : les détaxer est une action anti-économique à tous points de vue. En permettant de baisser leur majoration dans l’entreprise, on crée les conditions d’un dumping social, on encourage les distorsions de concurrence. D’ailleurs, la CGPME est foncièrement contre. C’est la branche qui doit décider. Nous sommes contre l’inversion de la hiérarchie des normes.

Pourquoi alors n’êtes-vous pas dans la rue ?

Ce n’est pas dans les habitudes de la CFE-CGC. Mais il n’est pas vrai que nous soutenons cette loi comme le font la CFDT et la CFTC. Le gouvernement a pris l’affaire à l’envers avec le résultat que l’on voit. Et maintenant il ne sait plus comment s’en sortir.

Demandez-vous comme la CGT que le gouvernement ouvre des discussions ?

Le gouvernement devrait avoir le courage politique de faire marche arrière. Je veux négocier avec les employeurs. Il faudrait donc que l’exécutif ait la sagesse d’accepter de mettre de côté le projet qu’il a fait à l’envers et renvoie le sujet à la négociation entre les partenaires sociaux, en s’engageant à en accepter le résultat.

Propos recueillis par Leïla de Comarmond


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