Manu Dalton veut-il aussi se payer la fonction publique ?

dimanche 29 mai 2016.
 

Ce rapport que Valls ne veut pas voir sortir maintenant

Manon Gauthier-Faure, Marianne

"La remise a été décalée pour des raisons de calendrier”, affirme Matignon à L’Obs, qui révèle l’information. Bien qu’alambiquée, la formule laisse peu de place au doute : il eut été bien malvenu de la part du gouvernement d’annoncer ce jeudi 26 mai les recommandations de Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux et auteur d’un rapport sur “le temps de travail dans la fonction publique”.

En pleine journée d’action syndicale, sur fond de blocage des raffineries voire de centrales nucléaires afin de s’opposer à la loi El Khomri, on comprend aisément les "raisons du calendrier"… Car les recommandations de Philippe Laurent (34 exactement) ne sont guère de nature à adoucir les fonctionnaires : il propose de "mettre fin au maintien de régimes dérogatoires à la base légale de 1.607 heures et l’attribution de jours d’absence dépourvus de base légale". Comprendre, aligner le temps de travail et les congés payés des fonctionnaires sur ceux des salariés du privé.

Sur un an, selon ce rapport, les fonctionnaires travailleraient en moyenne 15 jours de moins, soit 110 heures, que les salariés du privé. Autre anomalie relevée par Philippe Laurent : certains agents feraient l’amalgame entre congés payés et RTT, tandis qu’outre-mer, certains jours fériés seraient carrément aléatoires. De même, les congés accordés dans le cadre d’événements familiaux varieraient par exemple de 3 à 10 jours accordés pour un mariage, sans qu’aucune justification ne vienne étayer un tel écart.

Enfin, les fonctionnaires feraient un mauvais usage des jours de fractionnement et du compte épargne-temps (CET), au goût de Philippe Laurent. Prévu dans un premier temps "pour engager les agents à mieux étaler leurs congés quand ils en avaient moins, dans un souci de bonne marche des services", certains en abuseraient, se retrouvant à les "étaler tout au long de l’année". Quant au CET, grâce auquel il est possible d’accumuler des jours de congé non pris pour les poser plus tard ou se les faire rembourser, il cause à l’Etat une dette faramineuse, figeant 3 à 4 millions d’euros rien que dans les hôpitaux et la police.

Interrogée par L’Obs, Brigitte Jumel, de la CFDT Fonction Publique, a réagi : "Si des agents font moins que la durée légale de 1.607 heures, on peut en discuter. Il n’est dans l’intérêt de personne de laisser penser qu’il y a plus de 5 millions de fonctionnaires qui se tournent les pouces." Surtout pas, Manuel Valls en est manifestement d’accord, en pleine crise sociale…


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message