La candidature Mélenchon agglutine des soutiens...

lundi 30 mai 2016.
 

Vilipendé par certains de ses camarades pour s’être déclaré en solo candidat à la présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon semble être en passe de remporter son pari. Car entre-temps, l’idée d’une "primaire de toute la gauche" a montré ses limites et, portée par un retour du mouvement social en France, sa candidature grappille toujours plus de points dans les sondages.

Gauche de la gauche : l’OPA de Mélenchon en bonne voie

Ils avaient vu rouge, à la direction du PCF mercredi 10 février, lorsque Jean-Luc Mélenchon avait annoncé sur le plateau de TF1 sa candidature pour la présidentielle de 2017. "Le Front de gauche n’a pas été consulté ni informé. Cette proposition de candidature se fait en solo, sans aucune démarche collective", avait vivement regretté Olivier Dartigolles, le porte-parole du Parti communiste, dans le JDD. Oubliant au passage que le secrétaire national du PCF en avait fait autant lorsqu’il avait annoncé son intérêt pour une "primaire de toute la gauche". Mais depuis, la situation a sensiblement évolué et à Colonel Fabien, les teints ont dû blêmir tant Jean-Luc Mélenchon semble bénéficier ces derniers temps d’un alignement des planètes favorable à la réussite de son pari : se déclarer le plus tôt possible pour prendre de court des possibles prétendants de la gauche de la gauche, miser sur l’échec de la primaire et s’appuyer sur la résurgence du mouvement social français.

Il y a bien sûr ce récent sondage TNS Sofres-OnePoint pour Le Figaro, LCI et RTL, publié dimanche soir, qui montre l’assise confortable dont il bénéficie dans l’opinion publique. Face à chacun des quatre postulants les mieux placés dans la primaire de la droite (Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bruno Le Maire), Jean-Luc Mélenchon ferait ainsi mieux que son score à la présidentielle de 2012. Surtout, il talonne François Hollande et, dans l’hypothèse d’une candidature Le Maire, arrive même devant le président sortant. De quoi faire sérieusement tousser à l’Elysée et à Solférino. Une étude de l’Ifop publiée le 10 avril dans le JDD confirme cette bonne santé sondagière. Si Emmanuel Macron y apparaît comme le candidat préféré de l’ensemble des Français (de gauche et de droite) et Manuel Valls comme celui des sympathisants du Parti socialiste, les deux personnalités qui arrivent en tête chez les sympathisants de gauche sont Martine Aubry (51%) et Jean-Luc Mélenchon, devancé d’un petit point seulement (50%). Loin devant Cécile Duflot, Arnaud Montebourg ou Nicolas Hulot.

"C’est une confirmation de ce que l’on sentait sur le terrain"

Encore mieux, pour le candidat de "la France insoumise" qui aimerait attirer à lui les déçus de François Hollande et les absentéistes : une récente étude de YouGov France pour le Huffington Post et iTélé, réalisée les 30 et le 31 mars, révèle que dans la tranche d’âge des 18-34 ans, Jean-Luc Mélenchon est la personnalité politique qui bénéficie le plus d’opinions positives (26%) à droite comme à gauche. Sur son blog, Antoine Léaument, le responsable de la commission "réseaux sociaux" du Parti de Gauche, n’y voit rien "d’étonnant" : "Jean-Luc Mélenchon ne ménage pas ses efforts en direction de nos compatriotes les plus jeunes. Depuis des mois, il sillonne la France pour donner des conférences dans des universités ou des écoles. Et il rassemble à chaque fois une foule considérable de jeunes autour de lui". Or, ce sont les "jeunes" qui rechignent le plus à se déplacer dans les isoloirs.

De quoi réjouir, donc, l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon. "C’est une confirmation de ce que l’on sentait sur le terrain, que cette candidature de Jean-Luc prend. Et nous n’en sommes qu’au début de l’inversement de la courbe", se félicite Eric Coquerel, coordinateur politique au Parti de gauche. "La société française est en plein mouvement, sur la fin de la Vème république, sur le partage des richesses ou l’écologie. Autant de thèmes que Jean-Luc porte depuis longtemps ", appuie-t-il. Et le retour du mouvement social en France, avec la mobilisation contre la loi El-Khomri et Nuit Debout, lève des vents propices à sa candidature. Quand Emmanuel Macron avance fièrement le chiffre de 13.000 soutiens sur son site, le Parti de gauche revendique sur le sien plus de 100000 appuis à la proposition de candidature de Mélenchon.

Un atout pour convaincre les alliés du Front de gauche, communistes en tête, de se rallier à sa candidature.

"Avec un score entre 11% et 15%, et ce risque plus présent que jamais d’un FN au deuxième tour, il serait surréaliste de ne pas utiliser ce point fort. Mais je suis d’un tempérament optimiste, j’ai confiance dans la direction et le peuple communiste", veut croire Eric Coquerel.

La primaire divise au PCF

Au sein du PCF, par ailleurs, l’attitude de Pierre Laurent face à la primaire agace de plus en plus. Il y a par exemple cette pétition lancée début mars par Francis Parny, qui a démissionné en janvier du comité exécutif du parti, intitulée "Communistes, nous soutenons Jean-Luc Mélenchon pour 2017". Le candidat peut aussi compter sur la députée Marie-George Buffet, candidate communiste à la présidentielle de 2007 et ancienne ministre du gouvernement Jospin. Par petites touches, l’ancienne secrétaire nationale distille discrètement son soutien. Ainsi s’étonne-t-elle, le 30 janvier sur son compte Facebook, "de l’engouement suscité par une primaire à gauche, (...) Certains conditionnent la tenue de cette primaire à la présence de F Hollande et de JL Mélenchon, il faudra donc choisir entre celui qui met en œuvre une politique et celui qui la combat et après selon le résultat, on met nos idées, valeurs dans la poche, un mouchoir dessus et on fait du vainqueur notre candidat à la présidentielle !" Dans un autre post sur le dernier remaniement, elle s’amuse encore à glisser le slogan de la "France insoumise", l’air de rien...

A "Ensemble", l’une des composantes du Front de Gauche, certains militants ont pris eux aussi la plume pour siffler la fin de la partie et réclamer un soutien clair au candidat. "L’heure n’est plus à attendre et à tergiverser, mais à agir et rassembler dans la clarté (…) La candidature de Jean Luc Mélenchon est un premier pas concret pour rassembler tous ceux qui ne se résignent pas", écrivent-ils. Clémentine Autain, porte-parole du mouvement, a relativisé quelque peu cet appel "qui n’est pas majoritaire" au sein de sa formation, tout en ne cachant pas sa proximité intellectuelle avec l’eurodéputé : "Ce n’est pas une fin de non-recevoir. Je sais ce qui me rapproche de Jean-Luc Mélenchon, c’est substantiel je vous assure. Il a été notre candidat en 2012, ce serait logique qu’il le soit en 2017. Notre socle commun est considérable". Un socle commun qui semble dorénavant dépasser largement les simples contours du Parti de gauche.


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